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Les élans précurseurs 1860-

Dans le document Villageois sans agriculture ! (Page 50-62)

Par leur histoire spécifique, et après l’Angleterre, les États-Unis ont rompu au début de leur histoire avec l’héritage du passé paysan de l’Europe. Il faut remonter au dix-neuvième siècle pour comprendre la dynamique rurale du Nouveau Monde.

Des campagnes imprégnées de capitalisme

Dès , l’homestead Act est venu légitimer la distribution des terres : à chaque colon était attribuée, gratuitement et sous des condi- tions particulières d’exploitation, une parcelle de cent soixante acres, soit soixante-quatre hectares. Le sceau nordiste de la ville indus- trielle s’est affirmé avec l’écrasement du Sud cotonnier et esclava- giste ; c’était aussi l’heure des immigrations massives en provenance d’une Europe bouillonnante, les convoitises s’aiguisant en direction des immensités continentales à maîtriser. Elles faisaient miroiter la garantie d’une richesse illimitée à ceux qui se rendraient capables d’en exploiter le sol ou le sous-sol. Les pionniers n’ont alors eu de cesse d’étendre jusqu’à l’océan Pacifique le territoire américain. Par- tout, des vastes plaines centrales aux vallées maritimes, la terre s’est trouvée distribuée en grandes exploitations (deux cents acres en moyenne) lesquelles ont favorisé la diffusion de nouvelles pratiques de culture ou de gestion au gré des inventions et perfectionnements

techniques. Désormais, la progression de la frontière vers l’Ouest

s’accompagnait de la mise en culture de superficies agricoles sans cesse croissantes, jusqu’à ce que la stabilisation s’opère, au vingtième siècle, autour de milliers d’acres.

Hormis les notables exceptions que représentent les comtés les plus traditionalistes, la mise en valeur de ces terres arrachées de haute lutte aux populations indiennes précédemment établies relève d’un nouveau type d’organisation sociale : individualistes sur leurs parcelles, les fermiers cherchent à assurer la subsistance familiale mais aussi à dégager un surplus commercialisable afin de s’inté- grer au circuit commercial constituant la base du libéralisme amé- ricain naissant. Système qui conduit inévitablement à minimiser toujours davantage la part d’autoconsommation au bénéfice de la part négociable, source active de rentrées financières. Celles-ci auto- risent, outre une consommation alimentaire, une consommation industrielle largement ouverte, et un accès à des services de plus en plus diversifiés.

Aussi le fermier américain se distingue-t-il immédiatement du pay- san européen de l’âge préindustriel. Celui-ci, comme l’indien nord- américain ou le cultivateur arrivé dans le Nouveau Monde avec le pro- jet d’en faire le prolongement de l’Ancien, a toujours cherché à réa- liser une forte adéquation entre les données naturelles et les savoir faire ancestraux ; il vit sur ses terres, attentif à la succession des sai- sons et des générations, à la survie familiale et communautaire ; il redoute toute nouveauté venue d’ailleurs, toute innovation hardie sor- tie de son entourage ; il laisse l’épreuve du temps forger l’adaptation aux lentes évolutions.

À la différence du paysan enraciné et épris de pérennité, le migrant aventurier est pressé de réussir sur son lopin, c’est-à-dire de s’enrichir. Tous les moyens sont donc bons à expérimenter : moyens techniques, moyens chimiques, qui ont pour but de faire rendre à la terre tout ce dont elle est capable, quitte à l’épuiser rapidement, et à partir ailleurs poursuivre son destin. Ainsi l’exige la révolution agricole en marche ; la production industrielle est au service de la production agricole et vice-versa ; les fermiers américains, en échange des services rendus

. Peter D. McClelland, Sowing Modernity, America’s First Agricultural Revolu-

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par la société industrielle, assurent le ravitaillement des aggloméra- tions au meilleur prix. Les notions de « rendement », « productivité », « profit » guident les choix de culture. Dans la mentalité de l’agricul- teur, il n’y a pas de place pour la patience du paysan ; contre les intem- péries, les épidémies, les accidents de tous genres, les assurances rem- pliraient leur mission de protection (). Contre la concurrence, il suffirait de savoir éliminer le plus faible... et de ne pas être regardant sur les abus à exercer sur le potentiel naturel.

Les États-Unis n’ont pas tardé à envoyer à la vieille Europe les images de leurs combines, de leurs avions semeurs, de leurs fer- miers industriels et richissimes. L’agriculture américaine amoncelle les records ; la progression du rapport producteurs/consommateurs peut les résumer : en , il est de un pour quatre ; de un pour huit quarante ans plus tard ; entre  et , il passe de un pour vingt à un pour quarante-sept.

Records qui ont longtemps retenu l’attention des observateursaux

dépens des réajustements structurels et démographiques qu’ils impo- saient. Car, le phénomène est bien connu, la machine soulage l’effort physique, tout en chassant la main-d’œuvre devenue inutile ; l’exode agricole s’intensifie alors, les campagnes se dépeuplent, au gré des crises successives qui, depuis le dix-neuvième siècle ont éprouvé un grand nombre de fermiers. Les places laissées vacantes par les uns —

les ruraux agriculteurs —, sont vites occupées par ceux qui préfèrent vivre à la campagne, plutôt qu’en ville dès que le permettent le déve- loppement des voies de communication et la facilité des transports comme le font les routes et voitures automobiles depuis la fin de la première guerre mondiale.

. René Dumont, Les Leçons de l’agriculture américaine, Paris, Flammarion, . . Jacques Blanchet et alii, La Révolution agricole américaine, Paris, Economico, .

. John Steinbeck, Les Raisins de la Colère, Paris, trad. française. W. Browers, The

Country Life Movement in America,-, Washington, National University Pub-

lication, Kennikat Press, . J. Craig Jenkins, The Politics of Insurgency, the Farm

L’émergence d’une nouvelle ruralité

Les États-Unis offrent un terrain des plus favorables pour saisir le phénomène considéré, d’abord parce qu’il s’y développe depuis le début du vingtième siècle, et, en conséquence, parce que les statis- ticiens l’ont pris en compte dès . En effet, ceux-ci opèrent, depuis cette date, la distinction rural farm et rural non farm populations afin de mieux saisir l’évolution des sociétés qu’ils chiffrent. Ils fournissent ainsi un outil méthodologique précis et opératoire. L’on sait partout que rural n’a jamais été synonyme d’agricole, que vivre à la campagne n’a jamais contraint au métier d’agriculteur, mais de nombreux pays négligent de traduire mathématiquement ce qui paraît évident quali- tativement.

Une dynamique rurale originale

Les statistiques américaines, régulièrement et abondamment publiées par le Bureau of the Census, prêtent donc leur précieux concours à ce type d’investigation ; elles rendent aisée une recherche pour laquelle les successives Statistical History of the United States, et notamment celle publiée en constituent un élément fondamen-

tal. Elles permettent de quantifier ce que chacun ressent au contact du paysage, puisqu’à peine quittés les downtowns (centres-villes), la vie quotidienne américaine se déroule sur un tapis de pelouses, dans un cadre d’habitat dispersé et égayé de verdure, dans une atmosphère irrésistiblement campagnarde.

L’appareil statistique dont l’intérêt méthodologique est précurseur, faut-il le rappeler, s’est perfectionné parallèlement à l’évolution de la société à mouler : à la distinction opérée en , s’est ajoutée, en , une précision spatiale ; jusqu’à cette date en effet, le seuil de   habitants servait exclusivement à la définition des populations rurales. Depuis, les populations résidant dans des agglomérations de

. The Statistical History of the United States, From Colonial Times to the Present, United States, Bureau of the Census, Washington, Basic Books Inc. Publishers, New York, . Les Census of Population publiés par le Bureau of the Census, Washington, constituent la base statistique de notre étude.

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moins de   habitants, mais incluses dans des aires urbanisées

sont comptabilisées comme populations urbaines. Ce qui impute d’autant les effectifs des populations vivant dans des agglomérations de taille villageoise, mais qui a pour mérite de ne pas amplifier le phé- nomène au-delà de ses limites.

Malgré une telle rigueur de mesure, en , comme en ,  % de la population totale est classée « rurale », soit un américain sur quatre, vivant hors des agglomérations de plus de   habitants. Si l’on ne résistait pas à la tentation de prendre en compte l’ensemble des agglomérations villageoises, le pourcentage s’élèverait à , un américain sur trois... Plus de soixante millions de citoyens !

À la fin d’un siècle d’urbanisation et d’industrialisation dont le corollaire fut et reste, à échelle planétaire, l’exode de troupes massives d’agriculteurs en direction des villes, tant de vigueur rurale contraste avec les prévisions et les perspectives formulées par les observateurs : le phénomène est spontané, il a surpris, et s’il n’a pas encore livré ses tenants ni aboutissants, il est prompt à stimuler la réflexion. Celle-ci ne doit pas se soustraire au poids du réel.

Quelques précisions statistiques, les plus légères possibles dans le cadre de cet exposé, permettent de tracer le profil de la société rurale

américaine. Elles traduisent, de façon concrète, le démantèlement de la société agricole américaine de type industriel : la population agri- cole s’est effondrée de trente à huit millions de personnes entre  et  ; le nombre d’exploitations et de travailleurs agricoles a fondu dans les mêmes proportions.

La déprise agricole a particulièrement affecté le Nord-Est où, depuis la fin du dix-neuvième siècle, sévissait la redoutable concur-

. Current Population Census, p. , no,  « The Development of Urban Rural Classification in the United States » ; cf. aussi Census of Population , vol. , p. XV- XVIII.

. Geneviève Gavignaud-Fontaine, La Révolution rurale. Essai à partir du cas

américain (U.S.A.), Le Coteau, Horvath, .

.

Années Populations agricoles Travailleurs agric. Exploitations agric.

      

         

         

         

rence des fermiers de l’Ouest : la chute de la population est nette- ment repérable dans les statistiques des onze États septentrionaux depuis -. La spirale meurtrière de la concurrence effrénée était à l’œuvre ; au cours de la décennie suivante, ce fut au tour du Centre-Nord d’être frappé, à l’exception du Wisconsin, du Minnesota, du Nord-Dakota bénéficiaires d’un répit de dix ans. Les États du Sud et de l’Ouest réussirent dans l’ensemble à maintenir leur population agricole jusque vers . La régression la priva alors des trois quarts de ses effectifs. Non sans remous.

Dès  en effet, « les fermiers ont formé le groupe social le plus turbulent» ; sévèrement frappés par la récession de -, ils ont

échoué dans leur mouvement de contestations et de revendications présenté comme expression d’un « populisme » rétrograde. Après l’ac- calmie des décennies -, les années  ont à nouveau semé l’effroi dans les campagnes, et multiplié les évictions ; la retraite géné- rale de la population agricole a sonné, après le sursis des années  ; quarante ans plus tard, les plus tenaces d’entre eux mettraient néan- moins la clé sous le paillasson, pressés par le banques d’honorer des engagements impossibles à tenir.

Paradoxe s’il en est : les États-Unis d’Amérique, aux espaces conti- nentaux, aux immenses plaines, abritent le plus faible pourcentage mondial d’agriculteurs (quelque moins de  % de la population active). Tel est le résultat de l’organisation économique et sociale du pays, régie par la logique capitaliste : le farmer y affronte des risques énormes, « il dépend étroitement des puissances sans visage qui encadrent son activité : des fournisseurs de matériel à qui il doit payer de lourdes sommes, des compagnies de chemins de fer, d’élévators, d’abattoirs qui peuvent lui imposer leurs conditions, des banquiers qui lui ont prêté à des taux hypothécaires élevés pour acquérir la terre». Il n’est jamais qualifié de « paysan », et ressemble davantage

à un entrepreneur qu’à un agriculteur.

Admettre que l’agriculture industrielle n’est pas peuplante doit- il conduire à conclure que les États capitalistes sont réduits à une bipolarisation extrême de l’espace avec gigantesques concentrations

. Claude Folhen, La Société américaine, -, Arthaud, . . L’année - a particulièrement éprouvé les fermiers du Centre. . Pierre Barral, Société rurales auXX esiècle, A. Colin, .

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urbaines d’une part, et déserts territoriaux ponctués de fermes isolées, d’autre part ? Les flux intenses d’exode agricole ont, par endroits, laissé constater les dégâts opérés sur certains anciens ter- roirs agricoles stérilisés par leur surexploitation. Parallèlement à de tels désastres écologiques, la ville triomphait sur le terrain, et sous la plume des observateurs. Était-ce un point final mis à la bipolarisa-

tion du territoire, une fin de l’histoire à la gloire de villes ? La science fiction ne fait pas bon ménage avec l’histoire.

Il faut donc éviter de conclure trop hâtivement ; le recours aux sta- tistiques s’impose une nouvelle fois pour approfondir l’analyse en cours.

Une lecture globale des chiffres de population pouvait laisser diag- nostiquer la stagnation de la population rurale de  à  — entre cinquante-quatre et cinquante-trois millions — la réalité étant pour- tant plus complexe et plus originale. En effet, la population agricole régressait, elle, de vingt-trois à huit millions, tandis que la population rurale non agricole progressait de trente et un à quarante-cinq mil- lions d’individus. En fait, le chassé-croisé des populations qui affec- tait en profondeur le peuplement rural était gommé par l’addition de leurs contingents respectifs : un gain de quatorze millions cent mille ruraux non agricoles, une perte de quatorze millions sept cent mille ruraux agriculteurs. Plus précisément, les statistiques attestentque

les années  ont enregistré, dans chacun des secteurs, des évolu- tions plus contrastées que les années .

La réduction de la population agricole porte donc bien, à elle seule, la responsabilité de la stagnation, à peine orientée à la baisse, de la population rurale considérée dans son ensemble : les deux évolutions, population agricole et non agricole se neutralisent, mais en appa- rence seulement. Car les pourcentages enregistrés par les hausses de population non agricole sont supérieurs à ceux de la croissance

. Abrams, The city is the Frontier, Harper Colophon Books, New York, Evanston, London, .

.

décennies pop. rurale non agricole pop. agricole pop. rurale

- +  % -  % - , %

- +  % -  % - , %

- +  % -  % - , %

urbaine, respectivement  et  % pour les décennies considérées. La vitalité des campagnes est aux États-Unis, affaire de populations rurales non agricoles.

La vitalité des populations rurales non agricoles

Les populations venues des villes à la faveur de la crise aiguë qui a ponctué de violences raciales les années , se sont ruées vers la construction de maisons neuves ; chaque année, au cours de la décen- nie -, sont édifiées un demi-million de constructions nou- velles. Les raisons de s’installer sur les aires rurales se sont renforcées les unes les autres : une spéculation foncière moindre, une pression fiscale atténuée, une atmosphère plus sereine. Le prestige architectu- ral marque certaines réalisations ; Charles W. Moore, a livré, en , les plans pour Owen Brown Village (Columbia, Maryland) tandis que le premier village des sept projets de Reston, Lake Ann Village, venait border un lac artificiel aménagé à vingt-cinq kilomètres de Washing- ton.

Les agglomérations de la catégorie  -  habitants sont les principales bénéficiaires de ces mouvements de population, ne serait- ce que parce qu’elles englobent celles de la catégorie des moins de   habitants, lorsque le dynamisme les gonfle. Ce qui, à terme, signifie que les agglomérations, alourdies par leur expansion, se trans- forment statistiquement en agglomérations urbaines, si l’on s’en tient au seul critère quantitatif. Ce qui ne saurait convaincre. D’aucuns réfléchissent sur le meilleur seuil à retenir : cinq ou dix mille habi- tants ? Dans l’immédiat et en l’état des choses, le paradoxe est le suivant : la progression de la population rurale n’est statistiquement repérable que dans une courte période, en raison du glissement des catégories rurales vers les catégories urbaines, par-delà le seuil arbi- traire du nombre d’habitants. Autant d’agglomérations rurales — de villages — qui disparaissent et, avec elles, un mode de vie qui se trans- forme.

Les activités professionnelles non agricoles ont le vent en poupe. La régression de la population agricoleaccompagne celle de la popula-

tion active agricole dont le taux de , % par rapport à l’ensemble de

. Régression de la population agricole : -  % par an de  à  ; -  % par an de  à .

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la population active est, en , l’un des plus bas du monde ; il serait encore allégé par la suite.

Le secteur tertiaire occupait déjà, dans les campagnes des années , autant de travailleurs que les deux autres secteurs réunis : les « services », « commerces », « transports », « finances », « assurances », « immobilier », « publicité », « administration publique » faisaient cava- lier seul devant les « manufactures». Le caractère « industrieux » de

la société américaine s’effaçait nettement, remplacé par le caractère « relationnel » des sociétés acquises à la mondialisation économique. De  à , le taux d’augmentation du nombre d’emplois est d’autant plus élevé que les régions de référence étaient fortement ruralisées. Outre le fait mathématique dû à une base de départ plus

faible pour ces dernières, il n’en reste pas moins vrai que les créations d’emplois n’ont pas manqué d’affecter les zones rurales : de  à , le nombre d’emplois dans les industries rurales augmente de , % par an ; les services (+ , % par an) suivent les populations et se démultiplient. Les géants du machinisme agricole, les conglomé- rats de la chimie, les entreprises de conditionnement, de stockage et de transports de l’agroalimentaire confortent le complexe agroindus- triel.

Ce qui revient à dire que ces « villages » abritent des populations qui logent et travaillent sur place, aux côtés de celles qui ont gardé leur emploi en ville : si les commuters (migrants quotidiens), et les salaires gagnés à la ville contribuent sans aucun doute à irriguer les activités locales, il n’en est pas moins vrai que les aires rurales amé- ricaines conservent leurs propres moteurs économiques. Les progrès technologiques des années  qu’ont été le télétravail, les télécom- munications, la télématique, se sont mis au service d’une distancia- tion encore plus souple entre lieux de résidence et métropoles affai- ristes. En attendant les bénéfices d’une telle mutation en gestation, nombre de commerces, d’entreprises industrielles, de banques, de collèges, animent, inlassablement, les zones rurales. En conséquence,

. S. Robock, « Rural Industries and Agricultural Development » dans Journal of

Farm Economics, , , détaille les industries rurales pour les États du Sud-Est.

. Calvin Beale, « Demographic Trends of the Rural population », dans The Devel-

opment of the Rural America, The University Press of Kansas, , p. .

. Cf. Galston William, Rural Development in the U.S., Washington D.C., Island Press, .

en période de crise, les mêmes avatars frappent les établissements, qu’ils soient ruraux ou urbains.

Il est temps de silhouetter les populations récemment installées au vert.

Traits caractéristiques des populations rurales non agricoles (1970)

La composition de la population rurale non agricole est plus proche de celle de la population urbaine, que de la population agricole : les femmes sont proportionnellement plus nombreuses , % (, % dans les villes) qu’elles ne le sont dans le secteur agricole (, %). Les différences entre populations rurales non agricoles et popula- tions urbaines sont à rechercher dans la localisation des populations blanches et des populations noires.

La population rurale non agricole est à  % blanche,  % noire. Or, les populations noires représentent  % de la population urbaine. Ce qui signifie que les populations noires, au lendemain de leur éman- cipation, ont massivement émigré vers les villes, et notamment vers les villes du Nord, leur exode débouchant sur les villes en général, et leurs centres en particulier. Quant aux populations blanches, elles occupent de préférence les aires rurales ou les aires suburbaines ; elles ont remplacé les faubourgs et les banlieues pour des aires d’habitations familiales plus ou moins cossues, mais toutes friandes

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