• Aucun résultat trouvé

La posture épistémologique et la méthodologie de la recherche

DE LA RECHERCHE A TRAVERS UN PLURALISME METHODOLOGIQUE

1. La posture épistémologique et la méthodologie de la recherche

Il est important de préciser le positionnement méthodologique du chercheur. C’est un préalable qui apporte un éclairage sur la stratégie de recherche adoptée. De plus, l’explication de la méthode retenue permet de contrôler la démarche de la recherche, d’accroître la validité de la connaissance qui en est issue et de lui conférer un caractère cumulable (Thiétart et al., 1999).

1.1. La posture épistémologique adoptée

D’un point de vue épistémologique, quels sont donc, dans le cadre de cette recherche, les principes relatifs à la connaissance ?

La perspective choisie est ici principalement positiviste. Il s’agit, par l’observation d’une réalité considérée comme objective (l’activité Internet) de dégager des relations expliquant notamment la contribution de l’Internet à la performance. Le positivisme est parcouru de courants contradictoires entre empirisme, fonctionnalisme et rationalisme (Monod, 2002-b). Dans le cas présent, il s’agit d’étudier de manière ex-post, à l’aide d’un dispositif expérimental, la cohérence de l’activité Internet au sein de la firme. La position adoptée relève donc du positivisme descriptif et de l’empirisme.

1.2. La démarche scientifique de la recherche

Cette approche positiviste est appliquée à la démarche scientifique de la recherche. Elle se décompose en trois temps comme le préconisent Quivy et Van Campenhoudt (1995) (Schéma 24). Lors de la première étape de « rupture », la question de départ (Comment gérer l’Internet de manière efficace au sein de l’entreprise?) est posée en tentant de rompre avec les idées préconçues du domaine abordé Le thème de la recherche est étudié à travers la revue de littérature et les entretiens exploratoires, ce qui permet ensuite de préciser la problématique (Comment la perspective de l’alignement permet-elle d’évaluer l’activité Internet ?). La deuxième étape de « construction », concerne l’élaboration du modèle d’analyse de la recherche, c’est à dire une représentation théorique du phénomène observé en précisant chacun des concepts utilisés et les relations existantes. Enfin, durant la troisième étape de « constatation » les données sont collectées puis analysées pour pouvoir tirer les conclusions de la recherche.

Schéma 24 Les étapes de la démarche scientifique

Etape 1 : La question de départ

Etape 2 : L’exploration

Les lectures Les entretiens exploratoires

Etape 3 : La problématique

Etape 4 : La construction d’un modèle d’analyse

Etape 5 : L’observation

Etape 6 : L’analyse des informations

Etape 7 : Les conclusions Rupture

Construction

Constatation

Source : Quivy et Van Campenhoudt, 1995.

1.3. La méthodologie retenue

Au cours de cette démarche scientifique, quelles sont précisément d’un point de vue méthodologique les modalités d’acquisition des connaissances ?

La distinction classique différencie les méthodes quantitatives traditionnellement rattachées aux sciences naturelles, des méthodes qualitatives le plus souvent utilisées en sciences sociales.

La méthodologie mixte retenue combine de manière complémentaire une démarche exploratoire qualitative basée sur des entretiens et une approche confirmatoire quantitative réalisée par l’administration d’un questionnaire (Schéma 25 ).

Schéma 25 Un processus de recherche intégrant une méthodologique mixte

Premiers entretiens Problème de recherche Descripteurs Questionnaire Littérature Entretiens avec saturation

Méthode

quantitative

Méthode

qualitative

Source : personnel.

La collecte des données qualitatives vise à atteindre quatre objectifs principaux.

Il s’agit tout d’abord de vérifier si la théorie abordée (modèle de l’alignement stratégique et théorie des ressources et compétences) est applicable sur le terrain envisagé. Afin d’apprécier empiriquement la pertinence et les insuffisances des construits sur le terrain, les entretiens sont menés assez tôt. Ils permettent de traduire les termes du langage de la recherche en des termes naturellement utilisés par les répondants, en cernant le type de langage utiliser sur le

Ensuite la fréquentation du terrain permet de côtoyer concrètement le secteur économique retenu pour notre étude. Il convient, en effet, de se familiariser avec le secteur du tourisme afin de pouvoir intégrer, par la suite, ses spécificités dans notre réflexion. D’autant plus que nous voulons mener une recherche qui réponde aux attentes des professionnels, les entretiens doivent permettrent d’identifier leurs besoins actuels en matière d’Internet.

Enfin, il s’agit d’identifier les descripteurs liés à l’activité Internet. Plus précisément nous souhaitons découvrir les variables clefs de la gestion de l’activité Internet pouvant expliquer la performance de l’entreprise liée à l’Internet.

En répondant à ces quatre objectifs, la collecte des données qualitatives nous permet en même temps de délimiter la problématique générale de la recherche et d’expliciter les questions de recherche qui s’y rattachent.

Cette démarche exploratoire s’avère d’autant plus nécessaire que le champ d’application est relativement nouveau (il y a peu d’études, portant sur l’étude du lien entre l’alignement et la performance, appliquées à l’activité Internet).

L’approche qualitative constitue donc un complément indispensable à l’analyse de la littérature.

L’approche quantitative confirmatoire par questionnaire consiste d’abord à construire un

instrument de mesure permettant d’appliquer le modèle de recherche sur un large échantillon. Une attention particulière est portée à la validité et à la fiabilité de l’instrument de mesure ainsi développé. Il est alors possible de vérifier statistiquement les hypothèses initiales ainsi que le modèle de recherche.

Le recours à un dispositif de recherche quantitatif est doublement justifié.

Tout d’abord, le modèle de l’alignement a le plus souvent fait l’objet d’études qualitatives et plus rarement d’applications quantitatives (1. Chapitre 2 ).

Par ailleurs, l’un des objectifs de l’étude est de réussir à développer une échelle de mesure de l’alignement Internet dont la validité et la fiabilité auront pu être vérifiées. Les mesures quantitatives se prêtent particulièrement bien à cet exercice.

1.4. Le type de raisonnement adopté

Le protocole de recherche en deux temps s’inscrit donc dans un raisonnement hypothético- déductif classiquement associé à un positionnement épistémologique positiviste.

Il convient toutefois d’apporter une certaine nuance.

Si la deuxième partie du raisonnement, lors du test et la généralisation du modèle, est clairement déductive, la première partie du raisonnement est quant à elle abductive. En effet, la partie exploratoire de la recherche hybride qui se compose d’allers-retours entre des observations par entretiens et les connaissances théoriques, correspond à une démarche abductive. Certaines hypothèses sont d’ailleurs issues de ces allers-retours entre le terrain et la littérature.

Il convient donc davantage de parler ici d’un positionnement épistémologique aménagé selon lequel « notre tâche consiste à formuler les régularités sociales aussi précisément que

possible, en restant attentifs à leur portée et généralité, ainsi qu’aux contingences locales et historiques qui président à leur apparition » (Miles et Huberman, 1991, p. 31)

Le pluralisme des techniques de recherche employées (qualitatives et quantitatives) ancre finalement la recherche dans un positivisme aménagé. Soulignons d’ailleurs que l’opposition entre positivisme et antipositivisme est de plus en plus remise en cause, notamment si l’on recherche les sources communes de ces approches (Martinet et Thiétart, 2001 ; Monod, 2002- b).

1.5. La chronologie de la recherche

La recherche s’étale sur une période de quatre années, rythmée par six activités majeures : la revue de la littérature, la réalisation et l’analyse des entretiens, l’élaboration de la problématique et du cadre conceptuel correspondant, la construction du questionnaire, l’administration du questionnaire et enfin l’analyse des résultats.

Les activités se situent plus en amont ou en aval du processus de recherche et interviennent de manière séquentielle tout au long de la recherche (Schéma 26). Enfin, le travail continu de rédaction est effectué parallèlement à ces six activités.

Schéma 26 La chronologie de la recherche

2002