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Comme le titre l’indique, la présence d’un exorciste présuppose celle d’un personnage à exorciser, ce personnage est une fillette qui s’appelle Regan. Ce prénom, qui signifie

« Reine », provient du latin « Regina », titre donné, par l’Eglise, à Marie, la mère de Jésus. Le choix de ce prénom souligne le caractère sacré de la maternité, et suggère la profanation, par la possession. La mère de la fillette l’affuble pourtant d’un diminutif dépréciatif qui transforme radicalement le sens premier. Elle l’appelle « Rags », littéralement « guenilles ».

139 La mère, à l’instar de Médée, devient monstrueuse ; l’infanticide, c’est non seulement tuer sa propre chair, mais aussi tuer ce qui incarne l’innocence. Ce désir infanticide de Rosemary est aussi l’œuvre du diable, en grec

« diabolen », qui signifie diviser ; il s’agit d’une pulsion monstrueuse.

140 Mais n’est-ce pas un phénomène naturel puisque le diable est, au sens étymologique et au sens biblique, le Diviseur ?

Une reine en guenilles rappelle que, dans certains contes tels Peau d’Ane ou Cendrillon, la jeune fille cache sous ses guenilles un corps de reine, c’est-à-dire un corps de femme, annonçant ainsi le passage de l’enfance à la puberté. Cela rappelle le complexe du homard, expression créée par Françoise Dolto141, qui consiste pour les pubères à cacher leur corps, car ils se sentent, comme les homards qui perdent leur carapace en période de mue, sans défense face à la transformation qui s’opère à leurs dépens. Ainsi, la mère de Regan, consciente ou non de cette métamorphose, contribue par l’emploi de ce surnom et d’autres comme « baby »,

« honey » à garder Regan au stade de l’enfance. Mais le surnom « Rags » est aussi associé à d’autres surnoms, moins flatteurs pour l’odorat – tels que « stinky » 142 (« puanteur ») ou

« stinkpot » 143 –, qui servent d’indices à la métamorphose ultérieure de l’enfant.

Avant sa métamorphose, la fillette fait l’objet d’une description très sommaire :

Sa jolie fillette de onze ans dormait, en serrant contre elle un gros panda en peluche aux yeux ronds (…). Elle regarda sa fille, son petit nez retroussé et son visage couvert de taches de rousseur. (…) Déconcertée, elle revint vers le lit et posa la main sur la joue de Regan. Elle était douce, moite d’une légère transpiration. (…) Elle entra dans la pièce en bondissant, tendant ses bras minces.

Une queue de cheval rousse. Un petit visage doux et rayonnant couvert de taches de rousseur. (…) Sa fille était dégoûtée et terrifiée par les rats.(…) La fillette était aussi mince qu’un espoir fugitif .(...) Chris se retourna vers sa fille, et comme cela lui arrivait souvent, retint son souffle et sentit que cela lui faisait encore mal de retrouver l’image d’Howard sur le visage de Regan.

141 Françoise DOLTO, La Cause des adolescents, Paris, Laffont, 1997.

142 Peter William BLATTY, L’Exorciste, London, Corgi Book, 1971 [traduit en français par L’Exorciste, Paris, Robert Laffont, 1971], p. 41.

143 William Peter BLATTY, L’Exorciste, op.cit., p. 26. Littéralement « pot puant », le terme stinkpot désigne plus généralement la « salope », avec les connotations de saleté et de sexualité qui y sont associées.

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Her pretty eleven-year-old was asleep, cuddled tight to a large stuffed round-eyed panda. Pokey .(…) She looked at her daughter, at the turned up nose and freckled face (…). Puzzled, she moved to the bedside and touched her hand to Regan’s cheek. It was smooth as thought and lightly perspiring (…). She was bounding through the door, slim arms out stretched. Red ponytails. Soft, shining face full of freckles.(…) Her daughter was squeamish and terrified of rats. (…)The child was slender as a fleeting hope (…) Chris turned to her, and as often happened, caught her breath and felt again that ache on seeing Howard’s image in Regan’s face. 144

Ses cheveux roux, ses taches de rousseur, sa gracilité, sa ressemblance avec son père, le besoin de dormir avec un nounours et sa peur des rats sont autant d’indices de sa normalité.

Pourtant, chacun des adjectifs qui la définit sera changé en son contraire ou accentué en défaut : de jolie, elle deviendra laide, son petit nez retroussé prendra les allures d’un groin, ses taches de rousseur seront transformées en hématomes, sa peau douce et moite prendra un aspect rugueux et sec, ses bras minces auront une force surhumaine, une tignasse de sorcière remplacera sa queue de cheval, son visage ne sera plus ni doux ni rayonnant, mais haineux et méchant, enfin sa minceur se muera en maigreur exagérée.

C’est un regard médical qui décrit sa transformation :

Les médecins l’observèrent pendant une demi-heure. Elle gesticulait.

Tournait sur elle-même comme un toton, s’arrachait les cheveux. Grimaçait parfois en se bouchant les oreilles des deux mains pour se défendre d’un bruit assourdissant. Elle vociférait des obscénités. Hurlait de douleur.

The doctors observed for half an hour. Flinging. Whirling. Tearing at the hair.

She occasionally grimaced and pressed her hands against her hears as if blotting out sudden, deafening noise. She bellowed obscenities. Scream in pain.145

L’alternance d’actes auto-agressifs et d’actes de défense montre assez efficacement la double personnalité de l’enfant, et le caractère schizophrénique de la situation. Après une dose massive de calmants, Regan se réveille « docile et rêveuse » : « Où est ma maman ? Je veux

144 William Peter BLATTY, L’Exorciste, op.cit., pp. 12, 13, 26, 31,143.

145 William Peter BLATTY, L’Exorciste, op.cit., p. 143.

voir ma maman, pleura-t-elle » (« Where’s Mom ? I want Mom, she wept » 146). Il est clair que Regan connaît ici une régression.

Le regard porté sur elle, par sa mère, montre une enfant qui ne grandit pas, dont elle ne pressent pas la précocité : le besoin de dormir avec un nounours, sa peur des rats, le portrait morcelé sont des signes de l’infantilisme de l’enfant. Pourtant, il semble que Regan soit en conflit avec sa mère :

Chris quitta la cuisine et descendit dans la sale de jeu du sous-sol où Regan avait passé toute la journée. Elle la trouva en train de jouer avec le oui-ja. Elle paraissait boudeuse, distraite, lointaine. Bon, au moins elle ne va pas faire de colère (…)

Chris left the kitchen and went down to check Regan in the basement playroom, where her daughter had spent the entire day. She found her playing with the Ouija board. She seemed sullen ; abstracted ; remote. Well, at least she isn’t feisty (…)147

Regan possède des facultés extrasensorielles qui dépassent les facultés de sa mère pour ce jeu ; sa précocité apparaît dans l’art et donc dans l’imagination créative. Elle vit dans un monde et dans l’autre. Et dans l’autre monde, elle excelle, renforçant ainsi une sorte d’autisme, de schizophrénie. Regan passe la plupart de son temps au sous-sol148, dans une salle de jeu. Elle y a de nombreuses activités artistiques :

La salle de jeu était toute lambrissée et décorée gaiement. Des chevalets, des tableaux. Un électrophone. Des tables de jeu et une table réservée à la sculpture.

The playroom was panelled and brightly decorated. Easels. Paintings.

Phonograph. Tables for games and a table for sculpting. 149

146 Ibid.

147 William Peter BLATTY, L’Exorciste, op.cit., p. 79.

148 Le sous-sol représente symboliquement le lieux des pulsions du « Ça ».

149 William Peter BLATTY, L’Exorciste, op.cit., p. 41.

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La solitude de l’enfant, son mutisme en ce qui concerne le divorce de ses parents la font recourir au oui-ja150 par l’intermédiaire duquel elle communique avec le capitaine « Howdy » :

« Je lui pose des questions » (« I’ll ask him some questions »)151. Cela signifie qu’elle pose des questions à un tiers puisque ses proches ne le lui permettent pas et, surtout, qu’elle obtient des réponses. S’agit-il d’un compagnon imaginaire ou de l’esprit du capitaine qui habitait cette maison auparavant ? Le glissement d’une interprétation à l’autre évolue avec le roman. La mère de Regan essaie d’analyser ce mot et voit une analogie entre « Howdy » et « Howard », prénom du père de Regan. Si le terme « Howdy » signifie « salut ! », on ne peut s’empêcher de voir ce que la mère ne voit pas : le pronom « how », « comment », peut être interrogatif ou exclamatif, comme dans l’expression « it is a real how-d’ye-do ! », signifiant « c’est un vrai gâchis ! » – ce qui expliquerait le sentiment de Regan face à ce divorce, à cette nouvelle cellule familiale qui n’est plus triangulaire152. Là où l’on attendrait la question « pourquoi » de la part d’une petite fille, l’utilisation du « comment » est bien un signe de précocité153. Quelles sont les questions que Regan pose à Howdy ? Les pensées de Regan sont voilées. Le texte ne le dit pas mais la réponse est dans le nom de ce capitaine : sa vie est un gâchis.

Les métamorphoses de Regan sont progressives, son esprit est touché avant son physique. Son caractère commence à se détériorer à partir du moment où Chris et elle

150 Le oui-ja est un instrument composé d'un petit triangle de bois monté sur trois sphères de cristal qu'on guide avec la main et qu'on fait glisser en le poussant sur une tablette. On indique par le dessus une des lettres qui sont inscrites sur le pourtour pour constituer des mots, des phrases, pour établir une communication Le terme oui-ja est formé du "oui" français et du "ja" allemand. Le oui-ja était déjà utilisé par Pythagore et par son école cinq siècles avant Jésus-Christ. Le oui-ja développe les énergies psychiques du groupe, il fournit parfois des réponses valables, il augmente les facultés extrasensorielles. Pendant l'expérimentation, l'inconscient de chaque participant se fond dans l'entité collective, un ensemble qui coordonne et amplifie les facultés de chacun et qui fait fonction d'aimant attirant l'entité désincarnée, le trépassé qui désire communiquer avec notre monde. On notera en outre la ressemblance entre ce terme et celui utilisé par Freud.

151 William Peter BLATTY, L’Exorciste, op.cit., p. 43.

152 Regan interroge sa mère sur son éventuel mariage avec Burke Dennings.

153 Le « pourquoi ? » des enfants renvoie à un questionnement sur la sexualité tandis que la question

« comment ? » ressortit à une recherche métaphysique.

entendent des bruits au grenier154. La peur de la fillette jointe à sa solitude se mue en colère, en agressivité pour elle et pour les autres.

Dans le roman, le statut du narrateur présente des stratagèmes énonciatifs. Sur tous ses personnages principaux, il offre un point de vue omniscient, sauf sur Regan, comme si la compréhension de son environnement servait à justifier sa métamorphose. On sait ce que pensent Chris, Karras, Karl, Kinderman,155 de mieux en mieux au fur et à mesure que le récit avance et se resserre autour du démon. Chacun d’eux a son propre point de vue sur l’enfant.

Pour Chris, il n’y a plus de doute, sa fille a disparu :

Cette chose, là-haut, n’est pas ma fille ! I know that thing upstairs is not my daughter! 156

Par l’intermédiaire de Karras, le prêtre jésuite psychiatre, le lecteur a accès à une bibliographie complète qui touche tant à la psychanalyse freudienne et jungienne qu’aux travaux psychiatriques sur l’hystérie, qu’aux traités théologiques concernant la possession.

Les résumés qu’il fait de ces ouvrages mettent en évidence un paradoxe : l’Eglise est plus réticente que les psychiatres en ce qui concerne le surnaturel. Or il ressort de l’ensemble du roman qu’il s’agit surtout d’un roman sur la haine, la haine du père. Cela commence par le père absent de Regan, puis le père coupable et laxiste sous les traits de Karl, le faux père en la personne de Kinderman, les pères jésuites ne sont pas épargnés et enfin Dieu lui-même. Le père de Regan est absent ; Chris explique que c’est par orgueil qu’il les a quittées, car il ne supportait plus d’être « Monsieur Chris MacNeil157 ». Karl est le père d’Elvira, une jeune

154 Lieu inaccessible à Regan, celui qui représente symboliquement le « Surmoi ».

155 Ce qui surprend ici, c’est la répétition du « K » dans les noms : Karl, Karras, Kinderman (en allemand, Kinder signifie enfant), le prénom de la mère, Chris, a la même consonance (« K » phonétique de substitution).

Les trois K masculins font-ils allusion au Ku Klux Klan ? Chris serait-elle celle qui transgresse les règles d’une société régie par les hommes en se haussant à leur niveau ?

156 William Peter BLATTY, L’Exorciste, op.cit., p. 253.

157 Ainsi même lorsqu’il était présent, le père de Regan n’avait pas d’existence réelle, dominé par la notoriété de sa femme.

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femme droguée et handicapée par un pied-bot158. Kinderman demande un autographe pour sa fille, mais a-t-il une fille, puisque, en vérité, l’autographe est pour lui ? Les pères jésuites, très obéissants à la hiérarchie de leur ordre, sont rejetés par les autres ordres et malmenés à cause de l’image qu’ils véhiculent de leur système éducatif. Enfin, Dieu est depuis très longtemps haï par des anges récalcitrants et rebelles. La conséquence de cette haine du père, de plus en plus tangible dans la société rebelle des années soixante-dix, mène à des cas d’hystérie, de dédoublement de la personnalité qui sont reconnus par le système médical, mais non expliqués.

En lisant l’ouvrage sur les personnalités doubles et multiples de Jacqueline Carroy159, qui rapproche les cas pathologiques aux cas littéraires, on ne s’étonne pas de trouver en référence L’Etrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, mais davantage de trouver celui de Mme Bovary. Le cas de Regan est plus proche de la première œuvre en apparence mais non loin de la seconde, en vérité. A l’origine du roman160, Blatty explique qu’il s’est inspiré d’un fait divers. Pourtant, il a choisi de substituer au garçon de quatorze ans, une fillette de onze ans. Regan est le personnage principal du roman dans la mesure où elle cristallise des énigmes existentielles. Ce que veut nous faire comprendre (ou croire) Blatty, c’est que l’absence du père a amené la fillette à ouvrir une porte interdite. Elle a transgressé un interdit en entretenant des conversations avec le capitaine Howdy par l’intermédiaire d’un oui-ja. Or, les fillettes savent, avec l’histoire du Petit Chaperon rouge, qu’il leur est vivement déconseillé de s’adresser à des inconnus. On apprend de façon suggérée qu’un amiral avait habité la maison

158 Comme les cheveux roux, le pied-bot est fortement connoté sexuellement. Cf. Xavier FAUCHE, Roux, Rousses. Un éclat très particulier, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes », n° 338, 1997.

159 Jacqueline CARROY, Les Personnalités doubles et multiples, Paris, PUF, 1993.

160 En août 1949, W.P. Blatty, étudiant à l’université jésuite de Georgetown découvre dans un article, l’histoire édifiante et terrible d’un jeune adolescent de 14 ans possédé par le diable et exorcisé par un prêtre, le père William E. Bowden. Vingt ans plus tard, il décide, sur les conseils d’un de ses anciens professeurs de Georgetown, de consacrer un livre aux événements mystérieux de 1949. La famille du jeune homme refuse de l’aider, mais le père Bowden lui certifie par lettre la véracité de l’histoire.

que sa mère et elle occupent, et qu’il y est mort161. Ensuite, Regan lit un livre, emprunté à la bibliothèque des jésuites par une voyante, sur les phénomènes de possession. La fillette, en jouant avec l’occulte, a été jouée par l’occulte ; c’est à ce moment qu’elle se rapproche d’Emma Bovary. Devenue une poupée de chiffon162, un réceptacle aux démons, elle peut en effet porter le diminutif que lui attribue sa mère, c’est-à-dire « Rags ». Si Blatty a changé le sexe de l’enfant, c’est sans doute pour mieux faire ressortir le complexe d’Electre163. Mais on ne peut pas oublier la part de sexisme qui entoure les cas d’hystérie. Comme le rappelle l’étymologie même du terme164, le sexe dit faible est plus réceptif aux manifestations surnaturelles et donc à la folie, ce qui accroît encore sa faiblesse aux yeux de ceux qui ne souhaitaient pas son émancipation. Regan est une fille, qui vit avec une mère, seule, indépendante financièrement, émancipée et, pour ne rien arranger, actrice.

Peut-on penser que les choix délibérés de Blatty servent à dénoncer une certaine image de la femme et voir, derrière la haine apparente du père, poindre la haine de la mère aussi ? Le roman mentionne les profanations de statues de la Vierge, on peut reprocher à la mère de Damien Karras de lui empoisonner la vie, de le culpabiliser… Ce qui arrive à Regan, c’est ce qui risque d’arriver aux jeunes filles de cette génération : une « dégénération ». Ce roman est-il réactionnaire ? Il semble qu’est-il soit nécessaire aux personnages de choisir entre l’émancipation et la foi. Le diable lui-même, qui règle leur compte à tous les personnages, ne se gêne pas pour dire à Chris :

161 Ceci n’est pas sans rappeler aux cinéphiles L’Etrange Aventure de Madame Muir. Mais la comparaison s’arrête là. Blatty est un scénariste avant d’être un écrivain et son roman est parsemé d’indices sur le cinéma.

162 Comme le suggère son surnom, Rag, puisque la « rag doll » signifie poupée de chiffon.

163 On peut voir dans la haine qu’Électre voue à sa mère Clytemnestre l’effet symétrique du complexe d’Œdipe : l’attachement excessif de la fille pour son père. Dans le même ordre d’idée, Cendrillon, tout comme Le Petit Chaperon rouge – mais de façon diamétralement opposée – présente le passage de l’état enfantin à l’état adulte, comme presque tous les personnages féminins de conte. Blottie frileusement auprès de son feu, c’est une vestale, donc une vierge qui redoute – et rêve aussi – de devenir une femme. Ses relations difficiles avec sa mère – souvent devenue une marâtre dans de nombreuses versions – révèlent un complexe d’Électre, un amour jaloux et exclusif du père ; un stade encore enfantin dans l’évolution sentimentale.

164 En grec, « hustera » désigne l’« utérus », et l’hystérie qualifiait à l’origine un « accès d’érotisme morbide féminin ».

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Ah, oui, viens voir ton travail, mère-truie ! Viens ! (…) Regarde cette ordure ! Regarde cette salope d’assassin (…) Es-tu contente ? C’est toi qui l’as faite ! Oui, toi, avec ta carrière avant ton mari ! avant elle, avant… (…) Elle est folle ! Elle est folle ! Le petit cochon est fou ! c’est toi qui l’as conduite à la folie et au meurtre ! (…) et à la mort, espèce de salope…

Ah, yes, come see your handiwork, sow-mother! Come!” (…) 165 See the puke! see the murderous bitch! (…) Are you pleased ? Is you who have done it!

Yes, you with your career before anything, your career before your husband, before her, before…” (...) “She is mad! She is mad! The piglet is mad! You have driven her to madness and to murder and…(…) in her coffin, you bitch, by …166

Ces critiques, venant du démon, font partie d’un argumentaire sur le sujet de la cause réelle des événements survenus. Tout comme on a tendance à céder à la tentation de rejeter sur Dieu la responsabilité de la folie des hommes et des épidémies, on rejette sur le pestiféré, le sidéen, le dû de ses propres fautes ; ou bien, on attribue à la malédiction familiale ce qui arrive à la descendance167. Ici, le démon utilise cette vue étroite des choses mais il utilise aussi la faiblesse de Chris, à savoir son sentiment de culpabilité vis-à-vis de ce qui arrive à sa fille et surtout de ce qu’elle est devenue. Cela fait partie des fantasmes parentaux. L’avenir des enfants se souhaiterait auréolé de réussite. Or, le spectacle de la fille de Karl illustre les

Ces critiques, venant du démon, font partie d’un argumentaire sur le sujet de la cause réelle des événements survenus. Tout comme on a tendance à céder à la tentation de rejeter sur Dieu la responsabilité de la folie des hommes et des épidémies, on rejette sur le pestiféré, le sidéen, le dû de ses propres fautes ; ou bien, on attribue à la malédiction familiale ce qui arrive à la descendance167. Ici, le démon utilise cette vue étroite des choses mais il utilise aussi la faiblesse de Chris, à savoir son sentiment de culpabilité vis-à-vis de ce qui arrive à sa fille et surtout de ce qu’elle est devenue. Cela fait partie des fantasmes parentaux. L’avenir des enfants se souhaiterait auréolé de réussite. Or, le spectacle de la fille de Karl illustre les