• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 3: DÉMARCHE DE RECHERCHE

4.1 Présentation des quatre profils d’interprètes

4.1.3 Portrait du profil C

Les élèves du profil C comprennent qu’il y a un dragon et un train dans l’histoire ou attribuent une identité farfelue (automobiles, moustiques) aux chevaliers.

Les deux élèves qui ne parviennent pas à effectuer l’association entre le dragon et le train au terme de la rencontre croient que les chevaliers sont frappés à deux reprises : d’abord par un dragon, puis par un train. C’est le cas d’Emma, qui est d’avis que les chevaliers sont frappés par un dragon, puis que leurs corps sont téléportés à l’époque moderne où ils sont aussitôt frappés par un train. Lorsque l’engin roule sur les chevaliers, ceux-ci sont donc déjà morts :

é : Je pense que [les chefs de train] sont passés sur quelque chose. I : Ok, ils sont passés sur quoi?

é : Euh, j’imagine ça doit être sur les gens. I : Sur les qui?

é : Bien les deux chevaliers là. I : Ok.

é : Qui sont supposément morts maintenant que… I : Fait que là…

é : Fait que le dragon, c’est comme si y serait reparti là, puis que personne sait y’est où. Qu’y avait laissé deux morts là, puis ce temps-là y faisait de quoi...

é : Ouais.

I : C’est deux personnes qui se parlent, puis là tu me dis que le train aurait frappé quelque chose, mais le train a frappé quoi?

é : Y frapperait les corps qui seraient restés sur la rail genre.

I : Ok. Les corps qui étaient déjà morts à cause du dragon seraient restés sur les rails, puis le…

Jean-Sébastien n’infère pas lui non plus le lien entre le dragon et le train. Son avis est que les chevaliers ont été fauchés deux fois : une première fois par le dragon et une deuxième fois par le train. Lors du contact avec le train, les chevaliers étaient déjà morts. Contrairement à Emma, il n’envisage pas que les corps aient été téléportés à une autre époque. Sa représentation n’est donc pas fantastique. Il pense plutôt que les corps dans les armures sont restés au sol pendant des centaines d’années jusqu’à ce qu’un jour, à l’époque moderne, des chefs de train les découvrent en les accrochant avec leur locomotive :

é : Bien, je pense que c’est eux autres qui chauffent le train là, y conduisent le train.

I : Ok, puis à part de conduire un train, qu’est-ce qui s’est passé dans la dernière… À la fin de l’histoire?

é : Y’ont trouvé le, le, le squelette d’un chevalier parce que ça fait une couple d’années là mettons.

I : Ok, toi tu penses qu’y a un délai dans le fond entre le milieu puis la fin de l’histoire?

é : Ouais. Y’a un délai, puis y trouvent euh, genre des années plus tard y trouvent le chevalier, euh bien qu’y disaient que y s’est fait propulser quand même plus loin, qu’y est décédé là.

I : Ok.

é : Probablement, que y’est en armure là, y’est encore en armure.

I : Ok. Ok, puis qu’est-ce qui te ferait dire que c’est une couple d’années plus tard, plusieurs années plus tard? Sur quoi tu te bases pour dire que ce serait surement euh… longtemps après que les chevaliers aient été frappés? é : Bien parce que premièrement y’a un train (rires). Un train, tout ça, puis y’est impressionné de voir le chevalier en armure, puis y vont voir le chevalier, puis euh c’est ça là.

I : Ok, mais le chevalier y serait mort comment?

é : Bien, je sais pas, y’est euh... y’est mort… bien y’est arrivé sur une pierre je pense. Euh y’est… Le dragon l’avait propulsé à trente mètres plus loin y disaient.

I : Ok, le dragon aurait tué les deux chevaliers? é : Ouais.

I : Puis là, plusieurs, plusieurs années plus tard, un train serait passé par là? é : Ouais.

é : Y’aurait trouvé un des deux corps là. Mais le corps serait un squelette, mais y’est en armure.

Les deux autres élèves classés dans le profil C comprennent que les chevaliers ont été confrontés à un train et non à un dragon, mais ils inventent une tout autre identité aux chevaliers pour rendre l’histoire plausible. Ils précisent que les chevaliers n’en sont pas vraiment, mais que ce terme est employé parce que l’auteur effectue des comparaisons ou des métaphores. Selon Pier-Olivier, ce serait plutôt des moustiques qui seraient heurtés par un train et non des chevaliers comme le laisse croire le texte. Le parallèle entre des chevaliers et des moustiques serait ainsi une forme de métaphore. Il soumet cette idée parce qu’il croit que la rencontre entre des chevaliers et un train à la même époque est insensée :

I : Ok. Puis en, en revenant à cette hypothèse-là, comment on pourrait expliquer que deux chevaliers se retrouvent à l’époque où y’a des trains? Tu sais, c’est qui ces hommes-là, est-ce que ce sont de vrais chevaliers?

Quelques secondes de silence. é : Hum, moi j’crois pas là. I : Ce serait, ce serait qui?

é : Ça commence, tantôt quand qu’y disait que y se sont fait frapper, écrabouiller par euh mettons le train là, dans mon hypothèse là, on aurait dit que ça me fait penser à comme de quoi comme y’a un moustique qui se fait frapper par un train ou quelque chose comme ça là, je sais pas ça…

I : Qu’est-ce que tu veux dire, un moustique qui se fait frapper par un train? é : Que le chevalier dans le fond ce serait un moustique ou pas un moustique mais, mettons…

I : T’es pas si sûr que c’est un chevalier? é : Non, là non.

I : On a quand même relevé plusieurs indices qui nous laissaient croire que c’était des chevaliers?

é : Ouais.

I : Ok, mais ce qui te pose problème, c’est le train à l’époque des, des chevaliers… Que des chevaliers soient à l’époque des trains, c’est ça?

é : Ouais.

I : Ok, est-ce que c’est une histoire qui est vraisemblable? é : Non.

I : De ce que t’en comprends?

é : Bien… dans le double sens, ça l’aurait du sens, mais si on le prend aux mots, non ça l’a pas de sens.

propose lui aussi qu’il s’agit d’une comparaison suggérée par l’auteur de manière implicite :

é : Ouais tu sais sans paupière, on peut dire que c’est une lumière, la lumière a pas de paupière. Tu sais quand t’as redit les descriptions, tu sais, un chevalier en armure, on pourrait le comparer à une automobile aussi.

I : Ok.

é : Par les descriptions, d’autres, quand tu redis, j’ai fait comme des liens, chevalier en armure, une automobile c’est fait, on peut dire, en métal, le châssis.

I : Hum, hum.

é : Euh un moteur, ça a des chevaux pour le propulser comme on dit tant de chevaux-vapeur, donc on pourrait comme présager que les deux chevaliers c’est comme conducteurs, passagers ou…

I : Ok.

é : Peut-être… I : Puis le dragon lui?

é : Le dragon dans le fond si on le compare au, comme au train. Son allure tu sais œil d’ambre clair, sans paupière, tu sais une lumière jaune comme jaune clair. Euh…

I : Ça, c’est la lumière du train ou hum?

é : Dans le fond, ce serait la lumière du train, tu sais… I : Ok.

é : Dans la description du dragon qu’on… I : On peut voir les parallèles.

é : Ouais, des parallèles entre les deux.

I : Ok. Puis hum, donc ton explication la plus plausible c’est que au, début c’est un dragon, mais le dragon on pouvait le comparer à un train puis les chevaliers on pourrait les comparer à…

é : À une automobile.

I : À une automobile. Mais, y a-t-il quelque part dans le texte qu’on dit y’a une automobile?

é : Non, y’a pas de place qu’on le dit. […]

é : Peut-être l’auteur a voulu faire un parallèle entre un dragon et un train avec deux époques différentes, mais que on pourrait à la fin comparer ou… I : Ok.

é : De façon comme euh, pas écrit dans le texte, mais si tu lis entre les lignes tu serais peut-être capable de déduire…

I : Déduire quoi?

é : Que le dragon serait un train et les chevaliers seraient comme automobiles.

En bref, la singularité du profil C repose sur le fait que, contrairement aux profils précédemment présentés, il regroupe des lecteurs qui éprouvent des difficultés liées aux

processus d’intégration et qui se livrent à une surenchère de certains éléments du texte. De plus, les hypothèses des élèves classés dans cette catégorie ne convergent pas toutes dans la même direction en ce qui a trait à la vraisemblance de l’histoire.