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Présentation succincte des ensembles du Lincombien-Ranisien-Jerzmanowicien

1. S ITES RETENUS Grande-Bretagne

1.5. Pologne Grotte Koziarnia

Fouilles : F. Roemer récolte du matériel lors de travaux d’exploitation du guano de chauve-souris, entre 1879 et 1882. W. Chmielewski, en 1958 et de 1960 à 1962. La grotte a certainement livré une pointe de Jerzmanowice (fig. 34.2), récoltée par F. Roemer au XIXe siècle, peut-être plus si on en croit L. Kozłowski (1924 : 143-144), mais cette information n’a jamais été confirmée par les autres chercheurs et il n’existe pas non plus d’illustrations de ces hypothétiques pièces.

Le contexte stratigraphique de la pointe de Jerzmanowice n’est pas connu et il n’est pas possible d’associer d’autres artefacts à cette pièce, ni un fragment de lame, ni une ca- nine perforée comme cela était proposé par L. Kozłowski (1924) et W. Chmielewski (1961 : 36-37).

Les fouilles des années 60 ont révélé une longue séquence de dépôts, étudiée de manière détaillée. Cependant, l’idée selon laquelle la pointe de Jerzmanowice provient de la couche 7, proposée par W. Chmielewski (Chmielewski et al., 1967) et reprise ensuite par la plupart des chercheurs (Kozłowki, 1969, 1983 ; Nadachowski, 1976 ; Madeyska, 1981 ; Allsworth-Jones, 1986), ne se base sur aucune don- née et est bien trop hypothétique que pour en tirer des conclusions sur l’âge de l’occupation LRJ de cette grotte. Par ailleurs, même si on accepte cette hypothèse, l’âge de la couche 7 n’est pas fixé avec certitude, cette couche n’ayant été retrouvée que sur une petite partie de la zone fouillée et étant particulièrement pauvre en restes fauni- ques et microfauniques, ce qui explique les aléas dans son positionnement chronologique selon les différents cher- cheurs. L’âge de la pointe foliacée de Koziarnia est donc considéré ici comme inconnu.

Grotte Nietoperzowa

Fouilles : F. Roemer récolte du matériel lors de travaux d’exploitation du guano de chauve-souris, entre 1871 et 1884 et fait des fouilles entre 1879 et 1882. L. Kozłowski, en 1918. W. Chmielewski, de 1956 à 1958.

Il y a 263 artefacts, tous lithiques, provenant des ensem- bles « jerzmanowiciens » de la grotte (couches 6 à 4) qui ont pu être étudiés, ce qui ne représente pas l’ensemble de la collection (fig. 35 à 41). En outre, 14 pièces connues par les illustrations sont intégrées dans le décompte livré ici

mais sans avoir pu être étudiées directement (cf. infra tableau).

La composition exacte des trois ensembles (6, 5a et 4) reconnus par W. Chmielewski (1961) est partiellement hypothétique et difficile à reconstituer aujourd’hui. W. Chmielewski a reclassé le matériel provenant des fouilles de F. Roemer et de L. Kozłowski selon différents critères pour l’intégrer dans les trois ensembles qu’il a reconnus lors de ses propres fouilles. Il se base notam- ment sur les restes de sédiments adhérant aux pièces (sédiment noir marquant l’appartenance à la couche 6), sur l’aspect de leur retouche (pièces ébréchées rattachées au niveau 5a), ainsi que sur les matières premières (les pièces en silex chocolat attribuées à la couche 4). Cette méthode n’offre pas de véritable certitude. Si l’in- dustrie provenant du niveau 5a (et de la limite supérieure de la couche 6) est caractérisée par l’ébréchure du bord des pièces, l’auteur mentionne également que la couche 4 a été l’objet de cryoturbation. En outre, un intéressant remontage, reliant deux fragments d’une même pointe de Jerzmanowice, a pu être effectué (fig. 37.1). Le fragment proximal est fortement ébréché et a été découvert par W. Chmielewski dans la couche 5a. Cependant, il est jointif d’un fragment mésial, provenant des fouilles de L. Koz- łowski, et présente, par contre, des bords tout à fait in- tacts. Soit une partie des artefacts de la couche 5a ne sont pas ébréchés et la classification du matériel sur ce seul critère est trop simpliste, soit la séparation opérée entre le matériel de la couche 6 et le matériel de la couche 5a est artificielle et la totalité ou une partie de ces deux ensem- bles provient d’une même phase d’occupation qui aurait été « dilatée » par des phénomènes taphonomiques. La distinction entre ces deux ensembles semble d’ailleurs avoir parfois été difficile dans certaines zones (Chmielewski, 1961 : 23).

De plus, le fait qu’il ait découvert des artefacts en silex chocolat dans la couche 4 n’implique pas forcément que les pièces provenant des anciennes fouilles et réalisées dans la même matière première soient bien originaires de ce niveau.

Des problèmes se posent également quant à l’identifica- tion des niveaux d’origine du matériel provenant des fouilles de W. Chmielewski. Une partie des artefacts sont illustrés dans la publication et la légende des planches précise la couche dont ils sont issus. Il n’y a donc pas d’hésitation concernant ces pièces, mais celles-ci ne repré- sentent qu’une petite partie de l’ensemble. Si l’auteur fournit la liste complète des artefacts pour chaque niveau, la description qu’il en donne est relativement imprécise, notamment parce qu’il identifie de manière erronée toute une série de modifications (retouche, denticulation, coup de burin, troncature).

La numérotation portée par les pièces permet d’attribuer avec une certaine probabilité une partie du matériel aux différentes couches. Cependant, le système de numérota- tion est assez variable ; celui des couches semblant avoir été modifié au cours du temps. Ceci est confirmé par les différences notées entre les stratigraphies publiées dans un premier temps (Chmielewski, 1958) et la description des couches dans la monographie (Chmielewski, 1961). De plus, certaines pièces, illustrées dans la monographie, provenant certainement de couches différentes, portent néanmoins des numéros similaires. Ces divers problèmes rendent donc difficile la reconstitution précise des trois ensembles.

En résumé, quelques pièces ont une attribution certaines (pièces découvertes par W. Chmielewski et illustrées dans

149 La transition du Paléolithique moyen au supérieur dans la plaine septentrionale de l’Europe

sa publication), d’autres une attribution probable (d’après le recoupement des numéros d’inventaire qu’elles portent et d’après l’ébréchure importante des bords pour les pièces de la couche 5a) et d’autres n’ont pu être raccrochées à une des couches. Cela complique donc la vérification de certai- nes idées proposées par W. Chmielewski, en particulier en ce qui concerne l’évolution typologique et technologique qui serait révélée par la succession de ces trois ensembles. W. Chmielewski (1961) identifiait trop d’outils, souvent composites ou recyclés. Le décompte de l’outillage présen- té ici se rapproche plus de la révision proposée par Ph. Allsworth-Jones (1986) qui avait corrigé les nombreuses interprétations typologiques hasardeuses de W. Chmie- lewski, ce dernier considérant systématiquement les ébré- chures comme des modifications volontaires. L’exclusion de ces nombreux pseudo-outils conduit à la description d’assemblages beaucoup plus monotones où les armatures, en particulier les pointes de Jerzmanowice, mais aussi quelques pointes foliacées bifaciales et des lames appoin- tées, dominent largement. Le reste de l’outillage est large- ment dominé par les simples lames retouchées. La nature de halte de chasse de ces occupations s’en trouve renfor- cée.

Les imprécisions dans l’attribution de certaines pièces à l’un des trois niveaux ne changent cependant pas grand- chose, les trois ensembles apparaissant comme typologi- quement et technologiquement très proches.

Aucun artefact en matière osseuse ne peut être rapporté avec certitude à ces niveaux. Le fragment mésial de pointe en os associé aux pointes foliacées par L. Sawicki (1925), idée reprise par Ph. Allsworth-Jones (1986), mais dont la nature artificielle a été contestée par W. Chmielewski (1961), n’a pas été vu dans les collections étudiées. Cepen-

Couche 6 Couche 5a Couche 4 Indéterminé Total

Cer- tain Proba- ble Cer- tain Proba- ble Cer- tain Proba- ble Pointe de Jerzmanowice 11 6 4 18 3 18 60 P.Jerzmanowice atypique 1 2 3 Lame retouchée 1 3 1 3 7 1 11 27 Lame appointée 2 1 5 8

Pointe foliacée bifaciale 1 1 1 3 6

Burin 1 1 2

Troncature 1 1 2

Couteau à dos (sur lame) 1 1

Couteau à dos bifacial 1 1

Racloir et éclat retouché 1 1 1 1 4

Pièce à dos 1 1

Lame 4 3 7 3 2 10 29

Lame à crête 1 1 2

Éclat 2 1 3 2 2 11 21

Nucléus 2 1 3

Lithique non taillé 1 1 1 1 4

Éclats de retouche 18 18

Esquilles, débris 1 84 85

TOTAL 19 18 14 36 17 6 167 277

Tabl. 11. — Décompte du matériel des couches 6, 5a et 4 de la grotte Nietoperzowa. Fouilles de F. Roemer, L. Kozłowski, W. Chmielewski. Artefacts étudiés de visu (263) et pièces connues par les publications (14). .

dant, J. Kozłowski (com. pers.), qui a pu voir la pièce, confirme l’aspect peu convaincant de cet « artefact ». Même s’il s’agissait bien d’un fragment de sagaie, ce qui n’est pas établi avec certitude, la provenance stratigraphi- que de cette pièce est inconnue puisqu’elle provient des travaux de F. Roemer. Rappelons que ce dernier a égale- ment mis au jour des artefacts en matière osseuse (aiguilles à chas, sagaie à biseau simple) qui évoquent le Magdalénien. Il n’y a donc aucune raison de rattacher cet artefact douteux à un des ensembles jerzmanowiciens. En ce qui concerne la chronologie des couches contenant les industries jerzmanowiciennes, la couche 6 est celle dont la position est établie avec le plus de certitude. En effet, les données paléoenvironnementales indiquent clai- rement que les couches sous-jacentes, 7 et 8, correspon- dent à un interstade, ce sur quoi s’accordent les différents auteurs (Kowalski K., 1961 ; Nadachowski, 1976 ; Ma- deyska, 1981). La couche 6 se place dans la phase de refroidissement qui suit cet interstade et a reçu deux data- tions, une sur charbon et l’autre sur os : 38.160 ± 1.250 B.P. (GrN-2181) et 37.600 ± 1.300 B.P. (Gd-10569) (Kozłowski 2002b : 57). Cela laisse penser que l’inters- tade sous-jacent est celui d’Hengelo.

L’âge des couches 5a et 4 est, par contre, nettement plus flou, ce qui est attesté par les différentes attributions dont elles ont fait l’objet, tantôt considérées comme des phases rigoureuses, tantôt comme des interstades, qu’il s’agisse de celui de Denekamp, selon Ph. Allsworth-Jones (1986), ou de celui de Tursac, selon J. Kozłowski (1969). Elles se placent forcément entre la couche 6, post-Hengelo, à 38.000 B.P., et la couche 3, dépôt lœssique avec faune très froide, rattachée au second Pléniglaciaire. Ce qui laisse une marge d’au moins 15.000 ans et rend probable

l’existence d’un hiatus stratigraphique. Quoi qu’il en soit, les datations de la couche 4 vers 20.000 B.P. (Kozłowski 2002b : 57-58) sont incohérentes par rapport aux données paléoenvironnementales et stratigraphiques ; la provenance des échantillons est, en outre, floue ou inconnue. Celle de 30.500 ± 1.100 B.P. (Gd-10023) semble cohérente mais il s’agit d’un ossement non modifié à la provenance stratigra- phique floue (couche 5a ou 4 ; Kozłowski & Kozłowski, 1996 : 106).

Grotte Puchacza Skała

Fouilles : S. Czarnowski, en 1899. K. Kowalski, en 1963. Un fragment proximal de pointe de Jerzmanowice (fig. 42.1), brûlée, fut découverte lors des fouilles de 1899. Elle n’a pas de provenance stratigraphique précise ; cependant, les fouilles des années 60 indiquent qu’elle provient hypo- thétiquement d’une couche correspondant à un interstade de l’Interpléniglaciaire (Kowalski K. et al., 1965).