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L’atelier de débitage aurignacien de Maisiè res-Canal

L’Aurignacien dans la plaine septentrionale de l’Europe 1 I NTRODUCTION

4. D ESCRIPTION DU DÉBITAGE LAMINAIRE DE DIF FÉRENTS ENSEMBLES AURIGNACIENS DE LA

4.1. L’atelier de débitage aurignacien de Maisiè res-Canal

Les fouilles récentes de l’Université de Liège à Maisières-Canal ont permis de mettre au jour un atelier de débitage aurignacien, dont la présence s’explique par un gisement proche de matière pre- mière de bonne qualité, comprenant 2.872 artefacts dont seulement 40 outils (en y incluant les burins

Site Datation Code laboratoire Type d’échantillons

Hoyle’s Mouth 27.900 ± 600 OxA-1024 os non modifié

Hoyle’s Mouth 26.500 ± 550 OxA-6227 bois de renne non modifié

Hoyle’s Mouth 26.200 ± 600 OxA-6226 os de renne non modifié

Paviland 27.600 ± 1.300 BM-1367 os non modifié

Paviland 29.600 ± 1.900 OxA-365 ossements brûlés

Paviland 28.860 ± 260 OxA-7789 Idem

Paviland 27.780 ± 320 OxA-7877 Idem

Kent’s Cavern 27.730 ± 350 GrN-6325 os non modifié

Kent’s Cavern 30.900 ± 900 OxA-1621 reste humain

Uphill Quarry 28.080 ± 360 OxA-8408 pointe de sagaie

Hyeana Den 24.600 ± 300 OxA-3451 pointe de sagaie

Pin Hole 31.300 ± 500 OxA-3405 bois de renne modifié

Pin Hole 32.640 ± 340 OxA-15053 Idem

Grotte de la Princesse Pauline 23.460 ± 500 IRPA-201 esquilles d’os

Trou du Renard 24.530 ± 470 Lv-721 esquilles d’os

Traweye Rotche 25.440 ± 470 Lv-1241 esquilles d’os

Trou Al’Wesse 32.325 ± 660 Ly-212 os

Trou Al’Wesse 36.500 ± 1.100 OxA-7634 os

Trou Magrite, couche 3 41.300 ± 1.690 CAMS-10352 os non modifié

Trou Magrite, couche 3 >33.800 GX-18539G os

Trou Magrite, couche 3 27.900 ± 3.400 GX-18540G os

Tiène des Maulins 39.640 ± 625 KIA-26235 dent de rhinocéros

Tiène des Maulins 39.470 ± 640 KIA-26227 dent de cheval

Tiène des Maulins 36.540 ± 445 KIA-26234 dent de cheval

Tiène des Maulins 34.350 ± 370 KIA-26224 os

Tiène des Maulins 26.250 ± 160 KIA-26491 os de cheval

Trou Walou, couche 6 27.760 +780/-710 GrN-22094 sédiments humifères Trou Walou, couche 6 28.010 ± 340 GrN-22769 Idem

Grotte Obłazowa, couche VIII 32.400 ± 650 OxA-4584 ?

Piekary II 31.100 ± 1.100 OxA-7347 charbon de bois

65 La transition du Paléolithique moyen au supérieur dans la plaine septentrionale de l’Europe

Bibliographie Raison du rejet

Aldhouse-Green & Pettitt, 1998 : 764 Aucun lien établi entre les échantillons et le burin busqué prove- nant de ce site.

Aldhouse-Green & Pettitt, 1998 : 764 Aldhouse-Green & Pettitt, 1998 : 764

Campbell, 1980 : 53 Aucun lien établi entre les échantillons datés et l’occupation auri- gnacienne de la grotte.

Aldhouse-Green & Pettitt, 1998 : 765 Aldhouse-Green & Pettitt, 1998 : 765 Aldhouse-Green & Pettitt, 1998 : 765

Campbell, 1980 : 53 Pas de lien établi avec l’industrie aurignacienne.

Djindjian et al., 1999 : 178 Contaminé par de la colle. Pas de lien établi avec l’industrie auri- gnacienne.

Jacobi & Pettitt, 2000 De nouvelles datations ont donné des résultats plus anciens (cf. Tableau 5).

Jacobi et al., 2006

Swainston, 1999 : 43 ;

R. Jacobi, com. pers. Pas d’Aurignacien à Pin Hole. Provenance de l’échantillon incer-taine. Seconde datation avec ultrafiltration. Swainston, 1999 : 43 ;

R. Jacobi, com. pers.

Gilot, 1984 : 119 Ossements non modifiés, fouilles anciennes, association avec les artefacts lâche.

Otte, 1976 Réunion d’esquilles diverses. Préparation de l’échantillon défail- lante.

Toussaint et al., 1986 Industrie non significative.

Otte et al., 1998 Pas de lien établi avec l’industrie aurignacienne. Otte et al., 1998

Straus, 1995 : 64-65 Couche cryoturbée dont la position chronostratigraphique est floue. L’industrie associée n’est pas aurignacienne.

Straus, 1995 : 64-65

Straus, 1995 : 64-65

Groenen, 2005 : 73 Indices de perturbations. Ossements non modifiés. Lien avec les artefacts lâche. Caractère aurignacien et homogénéité de l’indus- trie incertains.

Groenen, 2005 : 73

Groenen, 2005 : 73

Groenen, 2005 : 73

Groenen, 2005 : 73

Vrielynck, 1999 : 41 Existense de datations plus fiables pour le même niveau (cf. Tabl. 5)

Vrielynck, 1999 : 41

Djindjian et al., 1999 : 179 L’industrie n’est pas attribuée à l’Aurignacien. Pettitt, 2004 L’industrie associée n’est pas aurignacienne.

Site Datation Code laboratoire Type d’échantillon

Trou Magrite 25.080 ± 320 OxA-6564 pointe de sagaie

Trou Magrite, couche 2 30.100 ± 2.200 GX-18538G os

34.225 ± 1.925 GX-18537G os

Grotte de la Princesse Pauline 25.580 ± 170 GrA-28024 os de bouquetin ocré

Breitenbach 27.800 ± 340 OxA-8512 os de mammouth

27.480 ± 340 OxA-8511 os de cheval 27.340 ± 320 OxA-8509 os de renne 27.180 ± 320 OxA-8510 os de renne 25.950 ± 850 OxA-8513 os de mammouth 25.050 ± 320 OxA-12057 os de cerf (?) 28.380 ± 170 OxA-11889 os de renne Ranis 3 >33.000 Gd-4590 os

28.950 ± 800 OxA-12048 os, tibia d’équidé

33.220 ± 310 OxA-11888 os, humérus cerf (?)

Tabl. 5. — Datations 14C (B.P. non calibré) de l’Aurigna-

qui sont ici plutôt des nucléus à lamelles ; Flas et al., 2006). L’étude de la stratigraphie et de la répartition spatiale des artefacts, associées aux nombreux re- montages, a bien montré l’intégrité de la collection (Miller, 2004).

Certaines faiblesses du contexte limitent les résultats d’une analyse technologique de cette indus- trie. La destruction d’une partie de l’occupation lors de travaux récents (creusement d’un fossé de drai- nage), l’absence de certaines catégories d’artefacts, tels les nucléus, laissent des lacunes et des incertitu- des dans la reconstitution des schémas opératoires mis en œuvre par les tailleurs aurignaciens. Cepen- dant, la faible ampleur de l’occupation, son homogé- néité et l’importance des remontages qui ont pu être réalisés permettent d’aborder de manière relative- ment précise la technologie du débitage.

On peut résumer comme suit les caractéristi- ques principales du débitage laminaire de l’Aurigna- cien de Maisières. Sur base des éléments entiers ou presque, et grâce à certains remontages, on peut identifier deux modules de blocs qui furent sélection- nés, le plus commun faisant minimum 15 cm, l’autre plus proche des 10 cm (présence de deux lames à crêtes partiellement corticales de moins de 8 cm de longueur). Morphologiquement, les blocs semblent être de forme relativement régulière, parfois allon-

gés, le plus souvent de section circulaire, avec par- fois un aplatissement donnant des flancs plats et parallèles.

Le plus souvent, il y a préparation d’une crête centrale. Douze lames à crête à deux versants, dont deux entières et dix fragmentaires, sont présen- tes. Les éclats provenant de la préparation de ces crêtes (dont certains furent remontés) sont nom- breux. Il y a, par ailleurs, onze lames sous-crête. Quand elles sont intégrées dans des remontages, on peut voir si elles sont liées à une crête d’entame (deux cas) ou à une néo-crête aménagée lors d’une phase postérieure du débitage (trois cas).

Par contre, quand la morphologie du bloc s’y prête, l’initialisation du débitage peut être corticale. Trois fragments de lames complètement corticales sont présents. Il y a, par ailleurs, 22 lames partielle- ment corticales qui peuvent également provenir d’un débitage sans préparation ou à préparation peu éten- due. Le dos du nucléus ne subit aucune préparation. C'est bien visible sur les tablettes et fragments de tablettes inclus dans des remontages (17 pièces) qui, sans exception, sont corticales dans la zone corres- pondant au dos du nucléus.

Le débitage des lames se fait exclusivement de manière unipolaire (nucléus à plan de frappe uni-

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Bibliographie Remarques

Charles et al., 2003 L’attribution à l’Aurignacien sur base typologique reste incer- taine. Réalisée avant l’utilisation de l’ultrafiltration par le labora- toire d’Oxford.

Straus, 1995 : 64-65 Nature aurignacienne de l’industrie incertaine.

Flas, 2005 Présence d’une occupation gravettienne ne peut être exclue. Street & Terberger, 2000 : 282-283 Ossements non modifiés et fouilles anciennes.

Avant l’utilisation de l’ultrafiltration par le

laboratoire d’Oxford.

Grünberg, 2006 Ossements non modifiés et fouilles anciennes.

Grünberg, 2006 Avec ultrafiltatrion.

Kozłowski, 2002 Os non modifié et fouilles anciennes.

Grünberg, 2006 Idem

Grünberg, 2006 Idem

cien du Nord de l’Europe, à considérer avec prudence.

que). Sur l’ensemble des lames de plein débitage (122), seuls deux fragments mésiaux présentent les traces d'un enlèvement précédent débité dans le sens opposé. Tous les remontages et tous les fragments laminaires pour lesquels le sens de débitage des enlèvements précédents est détermi- nable indiquent une unipolarité exclusive.

Au cours du débitage, il peut y avoir enlè- vement d’une lame néo-crête antéro-latérale pour assurer le cintrage de la surface de débitage à sa jonction avec le flanc qui lui est perpendiculaire. Ces lames sont le plus souvent aménagées sur le bord gauche de la surface de débitage (5 pièces sur 6).

Notons que si certaines de ces pièces sont courbes, elles n’indiquent cependant pas de convergence dans la partie distale du bloc. Cer- taines lames partiellement corticales jouent le même rôle d’enlèvement débordant à la jonction entre la table de débitage et un flanc cortical. Comme cela est visible sur les tablettes, le débi- tage ne s’étend que rarement sur les flancs.

Les ravivages du plan de frappe par l’en- lèvement d’éclats ou de tablettes partielles, ainsi que le débitage de tablettes complètes, sont rela- tivement fréquents. Cela provoque une réduction

assez rapide de la taille des supports obtenus (Fig. 157).

Les supports produits ont été emportés. Les éléments de plein débitage qui nous sont parvenus sont tous fragmentaires. Il s'agit parfois de lames cassées au débitage en raison d'inclusions ou d'élé- ments rebroussés. Les remontages ont permis de reconstituer quelques lames entières ou presque complètes, mais relativement peu. On peut donc difficilement donner une image précise des supports recherchés. Les lames remontées entièrement ou presque sont de grande dimension (entre 12 et 13 cm de long ; Fig. 155.1 & 2). Parmi les pièces fragmentaires, ainsi que parmi les lames qui furent emportées, certaines étaient encore plus longues (fig. 48). La largeur des supports produits7 (n = 76)

est située entre 1,3 et 4,8 cm, pour une moyenne de 2,16 cm. En ce qui concerne l’épaisseur, observée sur les mêmes types de pièces, elle se situe entre 0,2 et 1,2 cm, pour une moyenne de 0,56 cm. Les sup- ports se classent en fait majoritairement entre 1,6 et

7 Comme pour les ensembles décrits par la suite, les lames à

crête et néo-crêtes, les pièces dont la retouche a modifié ces aspects, ainsi que les fragments proximaux et distaux courts, ne sont pas pris en considération dans la mesure des largeurs et des épaisseurs ; par contre, les lames partiellement corticales sont prises en compte.

Site Datation Code laboratoire Type d’échantillon

Uphill Quarry 31.730 ± 250 OxA-13716 pointe de sagaie

Hyeana Den 31.550 ± 340 OxA-13803 pointe de sagaie

Trou Al’Wesse 30.750 ± 850 OxA-7496 pointe de sagaie

Trou Walou, couche 6 29.800 ± 760 LV-1587 charbon de bois

29.470 ± 640 LV-1592 os

Trou du Renard 27.920 ± 210 GrA-28196 os avec traces de dé-

coupe

Spy 32.830 +200/−190 GrA-32619 pointe de sagaie (base

fendue ?)

30.170 +160/-150 GrA-32617 retouchoir en os

Lommersum, couche IIc 33.420 ± 500 GrN-6197 os brûlé

31.950 ± 320 GrN-6699 os brûlé

31.882 ± 950 H-4148-3356 os

31.700 ± 520 Pta-2753 os brûlé

31.000 ± 1.500 H-4754-4144 os brûlé

Wildscheuer, couche III 34.200 ± 900 OxA-7394 os, bois de renne ou

34.100 ± 1.200 OxA-6920 ivoire avec traces

33.350 ± 750 OxA-7393 d’actions humaines et

32.650 ± 700 OxA-7390 traces d’ocre

31.050 ± 600 OxA-7392

30.200 ± 1.100 OxA-7499

30.050 ± 550 OxA-7391

28.340 ± 420 OxA-7391

Hermmannshöhle 29.210 ± 210 OxA-13048 pointe de sagaie

Kraków-Spadzista A 31.000 ± 2.000 ? ?

Tabl. 6. — Datations 14C (B.P. non calibré) de

2,2 cm de large et entre 3 et 7 mm d’épaisseur. Les lames sont plus souvent courbes que rectilignes, mais peu ou pas convergentes en partie distale. Sur 67 fragments de lames de plein débitage jugés significa- tifs quant à la courbure, on dénombre 27 courbes, 6 courbes et torses, 19 rectilignes et 14 torses.

L’observation des éléments de plein débitage montre un usage exclusif de la percussion tendre (organique), indiquée par l’épaisseur des talons et la fréquence de la présence de lèvres à l’arrière de ceux-ci. Sur 68 fragments proximaux de lame de plein débitage (incluant huit fragments de lames par- tiellement corticales), 38 talons sont lisses, 20 facet- tés, 6 dièdres et 4 punctiformes. Parmi les talons facettés et dièdres, quatre pièces se rapprochent de l’éperon. Sur ces 68 pièces, 53 présentent une lèvre.

Cinquante-six talons ont une épaisseur inférieure ou égale à 5 mm, en fait, principalement entre 2 et 4 mm (44 pièces). On peut aussi noter que les tail- leurs ont très souvent réduit la corniche créée par les enlèvements précédents.

L’exploitation des nucléus laminaires ne semble pas avoir été poussée jusqu’à son terme et la fin de la chaîne opératoire n’est pas représentée sur le site. Il paraît probable que les nucléus aient été emportés. Soit parce qu’ils pouvaient encore livrer des supports adéquats (lames, lamelles ou éclats), soit pour être recyclés sous une autre forme (comme percuteur, par exemple).

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Bibliographie Remarques

Jacobi et al., 2006 Ultrafiltration. Jacobi et al., 2006 Ultrafiltration. Otte et al., 1998

Vrielynck, 1999 : 30 Foyer dans la couche aurignacienne.

Cohérente avec la datation précédente.

Flas, 2005

Fouilles anciennes mais os associé à l’industrie aurignacienne et Flas et al., sous presse aucun indice de mélange.

Flas et al., sous presse Pas directement attribuable à l’Aurignacien Hahn, 1989 : 55 Datations sur des ossements provenant

d’une couche en place. Selon les données

stratigraphiques, ce sont les résultats plus

vieux que 31.000 B.P. qui sont les plus

cohérents.

Street & Terberger, 2000 : 282-283 Fouilles anciennes mais ossements avec

traces d’actions humaines. Grande

dispersion des dates inexpliquées. Avant

l’utilisation de l’ultrafiltration par le

laboratoire d’Oxford.

Grünberg, 2006 Ultrafiltration.

Kozłowski & Kozłowski, 1996 : 107 En accord avec les données stratigraphiques.

l’Aurignacien du Nord de l’Europe, les plus fiables.