• Aucun résultat trouvé

L’Aurignacien dans la plaine septentrionale de l’Europe 1 I NTRODUCTION

2. R ÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET CA RACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES

2.4. Le Nord de l’Allemagne

Situé dans le bassin moyen du Rhin, Lom- mersum est un site de plein air découvert en 1968 et fouillé par intermittence jusqu’en 1978. Le matériel aurignacien provient de niveaux en place (horizons Ia et IIc) et de dépôts soliflués. Quelques pièces ont, en outre, été récoltées en surface. Les remontages d’artefacts provenant de ces différentes couches montrent qu’il s’agit bien d’une industrie homo- gène. La collection comprend plus de 3.700 arte- facts. L’outillage (254 pièces) compte des grattoirs simples, souvent à retouches latérales, des grattoirs carénés et des grattoirs à museau. Les burins sont moins nombreux que les grattoirs et sont surtout représentés par des formes sur cassure. Par ailleurs, il y a également des pièces esquillées, des lames et des éclats retouchés, ainsi que quelques lamelles Dufour (fragmentaires, de dimensions relativement restreintes, courbes mais apparemment non torses).

Un matériel osseux relativement réduit (dont une pointe de sagaie) est présent, ainsi que des éléments de parure. Le débitage a principalement été effectué sur place et met en jeu des nucléus laminaires mais aussi du débitage d’éclats (sur nucléus laminaires recyclés ou sur nucléus discoïdes). Un débitage de lamelles, que ce soit à partir de nucléus prismatiques ou de pièces carénées (grattoirs carénés et à museau), est également présent (Hahn, 1989).

Des pointes en matières osseuses de grandes dimensions, attribuées à l’Aurignacien, proviennent de la grotte Karstein dans l’Eifel, ainsi que de Bu- chenloch Höhle (Hahn, 1977 : 97, 99 ; Bosinski et al., 1995 : 849 ; Löhr, 1990 : 4).

Plusieurs sites de surface de la région de Trè- ves ont livré des pièces considérées comme aurigna- ciennes. Au vu des illustrations, certaines d’entre elles ne semblent pas être suffisamment caractéristi- ques pour être attribuées avec certitude mais il y a bien des grattoirs carénés et à museau, ainsi que des grattoirs sur lame aurignacienne à Prümzurlay, Bies- dorf, Wettlingen, Ralingen-Godendorf et Winters- dorf-Assem (Löhr, 1987 ; Boecking, 1992 : 42-65). La prudence est d’autant plus de mise concernant l’attribution d’éléments « aurignacoïdes » provenant de collections de surface depuis que l’industrie du site de plein air, stratifié celui-ci, de Wiesbaden- Igstadt a reçu plusieurs datations 14C AMS le plaçant

aux environs du maximum du Pléniglaciaire (Street & Terberger, 2000), alors qu’elle avait été classée dans l’Aurignacien en raison de la présence de quel- ques pièces carénées (Terberger, 1995).

Un peu plus à l’Est (Hesse), la couche III de la grotte Wildscheuer (Hahn, 1977 : 98) a livré une industrie aurignacienne comportant 167 outils lithi- ques. Le débitage laminaire se fait à partir de nucléus à un plan de frappe. L’outillage comprend des grat- toirs simples, sur lames ou sur éclats, aux bords re- touchés ou non, ainsi que des grattoirs à museau et carénés. Les burins sont nombreux ; il s’agit surtout de pièces sur cassure et sur troncature, seuls quatre burins carénés sont présents. Des éléments de parure et des fragments de sagaies sont également mention- nés.

La grotte de Wildhaus (Idem : 99), proche de la précédente, a livré un matériel mélangé provenant de fouilles anciennes dans lequel quelques artefacts osseux, dont une pointe de sagaie à base massive, sont rattachés à l’Aurignacien. Quelques éléments lithiques (lames) sont éventuellement à associer à cette industrie osseuse. Un peu plus au Nord, Balver Höhle a fourni quelques grattoirs à museau et caré- nés, accompagnés de lames retouchées.

Toujours en Hesse, des pièces carénées (principalement des grattoirs, parfois à museau) sont

présentes dans plusieurs collections de surface ré- coltées à Gilsa, Belterhausen, Rossdorf et Friedlos (Fiedler, 1994). Des pièces attribuées à l’Aurigna- cien sont également reconnaissables dans la collec- tion de Ziegenhain, mais la grande majorité de cette collection relève de périodes plus anciennes (Luttropp & Bosinski, 1971).

Plus à l’Est, dans le bassin inférieur de l’Elbe (Thuringe et Saxe-Anhalt), se trouvent d’autres en- sembles aurignaciens. Le site le plus important y est la station en plein air de Breitenbach qui a livré plus de 5.000 artefacts dont 737 outils (Hahn, 1970 : 214-215 ; 1977 : 101-103 ; Richter, 1987). Le maté- riel a été mis au jour lors de différentes fouilles en 1925, 1927 et 1962 et se trouvait dans un dépôt en position secondaire (paléosol soliflué). Les grattoirs sont la catégorie la plus représentée (plus de 40 % de l’outillage) avec des grattoirs carénés, dont cer- tains circulaires, plus nombreux que ceux à museau et que les formes simples et sur lame retouchée. Les burins sont principalement sur cassure ou sur tron- cature, seuls deux burins carénés, qui apparaissent atypiques sur les illustrations, sont mentionnés. En raison de la présence marquée de petites lamelles retouchées (24), qui sont plus souvent des lamelles à retouches directes que des lamelles Dufour, et l’im- portance des grattoirs carénés, J. Hahn (1970 : 214- 215) a classé cette industrie dans l’Aurignacien de type Krems. L’ensemble a également livré une fai- ble industrie osseuse et des éléments de parure (quatre canines de renard perforées).

Dans la Hermannshöhle (Rübeland), on a trouvé une grande pointe de sagaie à base massive en os (Mania, 1975 : 119) ou en bois animal (Hahn, 1977 : 101 ; Grünberg, 2006 : 97) à laquelle on peut hypothétiquement associer quelques artefacts lithi- ques peu caractéristiques.

Par ailleurs, deux collections de surface com- prenant des pièces carénées proviennent de Merkers et de Zoitsberg (Feustel, 1961 : 13-14 ; Feustel, 1965). Il s’agit cependant de quelques pièces isolées au sein de collections datant principalement du Pa- léolithique supérieur récent ; leur attribution à l’Au- rignacien reste donc hypothétique.

En Thuringe, l’industrie provenant des cou- ches VIII et VII de la grotte Ilsen à Ranis (= Ranis 3) a fait l’objet de classifications variées selon les chercheurs. Cette collection ne comprend que 140 pièces dont une majorité d’outils (ca. 90) (Hülle, 1977 : 113). Il s’agit principalement de lames retou- chées et de grattoirs (souvent sur lame retouchée, parfois double, ou associés à une pointe). L’outil- lage comporte également des lames appointées et quelques pièces classables comme racloir conver- gent, mais aucun burin. Quelques poinçons en os sont présents (Fig. 51 et 52).

57 La transition du Paléolithique moyen au supérieur dans la plaine septentrionale de l’Europe

Elle fut d’abord comparée à l’industrie paléo- lithique moyen d’Ehringsdorf (Hülle, 1935 : 30). Par la suite, elle fut classée dans l’Aurignacien (Andree, 1939 : 364 ; Jacobi, 1980 : 20 ; Kozłowski & Koz- łowski, 1981 : 151 ; Allsworth-Jones, 1990a : 210), mais elle présente certaines particularités qui ont parfois conduit à la rapprocher d’autres complexes. J. Hahn (1977 : 103) considérait cette industrie comme hétérogène et, tout en l’intégrant dans son travail, émettait des doutes quant à son attribution à l’Aurignacien. En effet, on n’y retrouve pas de piè- ces carénées et le matériel osseux n’est pas caracté- ristique (simples poinçons). De plus, cette industrie est marquée par la présence de pièces d’allure « Paléolithique moyen » (pièces ressemblant à des pointes moustériennes ou des racloirs convergents) et de pièces rattachées à la technologie Levallois (éclats et nucléus considérés comme Levallois dans Hülle, 1977). Deux autres traits paraissent inhabituels pour une industrie aurignacienne : la présence de pièces à retouches plates (dorsales) envahissantes (Fig. 52) et celle de pointes ou couteaux à dos courbe. En raison de cette importance des pièces à retouches plates, L. Zotz (1951 : 139) et R. Feustel (1961 : 12) considé- raient cette industrie comme un Aurignacien avec des réminiscences des industries à pointes foliacées, H. Müller-Beck (1968) en faisant même une indus- trie transitionnelle montrant le développement de l’Aurignacien depuis le Jerzmanowicien. Elle a éga- lement été comparée à l’industrie à pointes pédoncu- lées de Maisières-Canal (Otte, 1981 : 102 ; Otte, 2001a ; Chirica, 2002) ; elle avait d’ailleurs été clas- sée dans le Maisiérien par J. Campbell (1986). D’au- tres ont établi un parallèle entre les pièces à dos de Ranis 3 et celles du Zwierzyniecien (Kozłowski & Kozłowski, 1996 : 56).

Après une révision du matériel conservé au Landesmuseum für Vorgeschichte de Halle-an-der- Saale, plusieurs éléments peuvent être apportés au débat. En effet, il apparaît que l’attribution des arte- facts de Ranis 3 à la couche VIII ou à la couche VII, telle qu’elle est présentée dans la publication pos- thume de W. Hülle (1977), est parfois en contradic- tion avec la numérotation et les indications inscrites sur les pièces elles-mêmes (problème confirmé par Grünberg, 2006). Souvent, des pièces classées dans la couche VII portent l’indication « Schwarze Schichte » indiquant qu’elles proviennent, en fait, de la couche VIII. Cela n’empêche pas complètement les possibilités de mélanges. Cependant, les données spatiales (carrés d’où proviennent les artefacts et profondeurs) n’indiquent pas une forte dispersion de l’industrie.

Les aspects « Paléolithique moyen » de cette industrie sont moins prononcés qu’il n’y paraît à la lecture de la publication. En effet, il y est fait men- tion d’éclats et de nucléus Levallois. Il apparaît que, dans la plupart des cas, ces éclats ou nucléus Leval-

lois sont, en fait, des artefacts s’intégrant dans la chaîne opératoire d’un débitage laminaire de type paléolithique supérieur, plusieurs de ces pièces sont effectivement des éclats de ravivage de plan de frappe de nucléus laminaires. Un seul éclat retou- ché, présentant un talon facetté et débité au percu- teur dur, peut se rapprocher de la technologie Leval- lois. En outre, une des pièces classées comme nu- cléus Levallois correspond plutôt à la définition du nucléus discoïde (Boëda, 1993) et une pointe mous- térienne est plutôt un grattoir-pointe. Il n’en reste pas moins qu’il y a bien quelques racloirs, pointes et limaces mais en nombre limité. La présence de ces éléments sur éclats et d’un nucléus discoïde n’est, par ailleurs, pas vraiment surprenante dans le contexte aurignacien où le débitage d’éclats est une pratique marginale mais courante. La transformation de nucléus laminaires en nucléus à éclats en fin de chaîne opératoire est attestée dans certains sites au- rignaciens2, ainsi que la présence de nucléus discoï-

des3.

Si certains types caractéristiques (pièces ca- rénées, pointes de sagaie en matière osseuse) sont absents, une partie des artefacts ont cependant bien une allure aurignacienne : les grattoirs sur lame re- touchée (Fig. 51.4), les lames aurignaciennes (parfois appointées ; Fig. 51.2) et les grattoirs- pointes (Fig. 51.5 & 6) ont de claires similitudes avec d’autres industries aurignaciennes, en particu- lier celles du Vogelherd (Hülle, 1977 : 116 ; Hahn, 1977). Une sorte de grattoir pédonculé (Fig. 52.3), comparé par M. Otte (2001a) à une pièce du Gravet- tien de Maisières-Canal, est similaire à un grattoir- pointe du Vogelherd V. Outre le nucléus discoïde déjà mentionné, le débitage est en grande majorité basé sur des nucléus laminaires à un plan de frappe d’une technique proche de celle observée dans les autres sites aurignaciens (cf. infra).

D’après les données fournies dans la publica- tion posthume de W. Hülle (1977), les éléments « Paléolithique moyen » (nucléus discoïde, racloirs, limaces), aurignaciens (grattoirs, lames retouchées) et les pièces à retouches plates proviennent des mê- mes zones (mêmes carrés et mêmes altitudes). En raison de la technique de fouille, il n’y a pas de complète certitude quant à l’homogénéité de cet ensemble, cependant il n’y a pas non plus d’argu- ments pour en dissocier les différentes composantes. Par contre, ce n’est pas le cas pour les pièces à dos. La répartition spatiale de ces pièces semble indiquer qu’elles ne sont pas à grouper avec le reste

2 Notamment à la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure (Bon &

Bodu, 2002).

3 Notamment à Lommersum (cf. supra) et dans la couche 11 de

de l’industrie. Alors que la majorité de l’ensemble Ranis 3 se retrouve sur la terrasse, ces pièces à dos sont concentrées dans la fissure sud (Sudspalte), exactement dans la zone d’où proviennent des pièces similaires de l’ensemble Ranis 4 (Gravettien). Si ces dernières ont été classées avec Ranis 3, c’est parce qu’elles ont été découvertes à une profondeur plus importante que celle de l’industrie gravettienne. Mais ce phénomène pourrait s’expliquer par diffé- rents facteurs (défauts dans la technique de fouille ou actions des animaux fouisseurs). Ces pièces sont donc probablement à écarter de Ranis 3 et à placer dans l’ensemble Ranis 4, comme cela avait déjà été proposé pour deux d’entre elles, sur base uniquement typologique (Hülle, 1977 : 114).

Malgré l’absence de pièces carénées (qui peut être due à la fonctionnalité de cette faible occupa- tion) et la présence de pièces portant des retouches plates, cette industrie ne semble donc pas incompati- ble avec une classification dans l’Aurignacien. Elle est en tout cas plus proche de certains ensembles aurignaciens, en particulier du Vogelherd, que de n’importe quelle autre industrie de l’Interplénigla- ciaire.

2.5. La Pologne

Plus de vingt ensembles aurignaciens sont dénombrés dans le sud de la Pologne (Sachse- Kozłowska, 1978 : 34-35) mais une partie de ces sites sont quantitativement réduits et n’ont pas fait l’objet d’études et de publications détaillées. De plus, il s’agit le plus souvent de fouilles anciennes et de dépôts perturbés.

Le site le plus représentatif est celui de Kra- ków-Zwierzyniec I dont l’industrie aurignacienne, correspondant principalement à des activités de débi- tage, est issue de fouilles menées par différents cher- cheurs et provient de divers dépôts (argile lœssique, paléosol, dépôts soliflués) où les mélanges avec d’autres complexes (pointes foliacées bifaciales, Gravettien) sont avérés (Jarosińska, 2006a, 2006b). La collection provenant des fouilles de A. Jura du- rant les années 1930 est sans doute une des plus ho- mogènes (Kozłowski, 1966) sans être exempte d’in- trusion (présence de pièces à dos ; Hahn, 1977 : 137). Elle a livré une centaine d’outils dont des grat- toirs sur lame, des grattoirs carénés et à museau aty- piques, des grattoirs sur éclat, des burins dièdres, des burins sur troncature, des burins carénés et des lames retouchées, ainsi que deux lamelles Dufour4

(Kozłowki, 1966 ; Hahn, 1977 : 137 ; Sachse- Kozlowska, 1978 : 16). Les travaux de W. Chmie- lewski (fouilles 1976-1978) ont livré une industrie aurignacienne tout à fait similaire (Jarosińska,

4 Plutôt du sous-type Roc-de-Combe, d’après les illustrations.

2006b). Les différentes collections rattachées à l’Aurignacien de Kraków-Zwierzyniec I ont été utilisées par E. Sachse-Kozłowska pour définir un « Aurignacien de type Zwierzyniec » où les burins (surtout dièdres et sur troncature, parfois carénés mais jamais busqués) dominent les grattoirs (parfois carénés ou à museau). Les industries provenant de Kraków-Spadzista (site A couche 4 et site C couche 7) ont également été classées dans ce faciès. L’outil- lage de Kraków-Spadzista C, comprenant 42 arte- facts, inclut trois lamelles Dufour. Les burins (dièdres, sur troncature et carénés) y sont plus nom- breux que les grattoirs.

Cracovie recèle, par ailleurs, d’autres gise- ments aurignaciens. L’Aurignacien de Kraków-Góra Bronisławy (Kozłowski, 1966 ; 1968 : 260 ; Hahn, 1977 : 137 ; observation de la collection conservée au Musée archéologique de Cracovie) a été décou- vert au début du XXe siècle. Les artefacts présentent des altérations très diverses : certains portent une patine blanche (c’est le cas des pièces aurignacien- nes typiques), d’autres sont dans un silex fin et bril- lant (nucléus à deux plans de frappe opposés, lames et certains outils). Parmi les pièces attribuables à l’Aurignacien, on peut mentionner un grattoir caré- né, une lame étranglée et une autre à retouche auri- gnacienne (cf. infra).

Un autre ensemble problématique est celui de Kraków-Sowiniec. La collection provient de deux zones distinctes fouillées par A. Jura dans les années 1930. Les niveaux inférieurs (couches A et B) contiennent une industrie du Paléolithique moyen. Les couches supérieures C et D ont livré des arte- facts dont des grattoirs carénés, ce qui a conduit à la classification de l’industrie dans l’Aurignacien (Kozłowski, 1966 ; Hahn, 1977 : 138).

D’autres outils sont présents, notamment un fragment de lame portant des retouches plates ven- trales, mais l’homogénéité de l’ensemble est loin d’être assurée (cf. infra) ; des mélanges, avec no- tamment du Moustérien, sont probables (Kozłowski & Kozłowski, 1996 : 107). Deux autres gisements aurignaciens pauvres ont été mis au jour à Craco- vie : Kraków-Retoryka et Kraków-Wawel (Sachse- Kozlowska, 1978).

Au sud de Cracovie, le complexe de sites de Piekary a livré plusieurs ensembles aurignaciens. À Piekary I, les fouilles de G. Ossowski, à la fin du XIXe siècle, et celles de S. Krukowski, dans les an- nées 1930, n’ont révélé que quelques pièces attri- buables à l’Aurignacien, en position secondaire (Sachse-Kozłowska & Kozłowski, 2004a : 21-36).

Piekary II a fourni plusieurs industries rap- portées à l’Aurignacien. Une industrie aurignacien- ne marquée par la présence de grattoirs à museau,

59 La transition du Paléolithique moyen au supérieur dans la plaine septentrionale de l’Europe

est issue du sondage I/54 de L. Sawicki (Sachse- Kozłowska & Kozłowski, 2004b : 55-56).

Provenant d’une couche sus-jacente, une col- lection issue des fouilles de S. Krukowski (qu’il ap- pelait « Okrąglikien »), constitue le second faciès aurignacien, « type Piekary », de la classification d’E. Sachse-Kozłowska, où les grattoirs, surtout des formes carénées et à museau, sont plus nombreux que les burins. Ces derniers ne comprennent pas de formes carénées, il s’agit uniquement de burins sur troncature et dièdres (Idem : 57-61 ; Sachse- Kozłowska, 1978 : 18-19).

Un autre ensemble, provenant du secteur I des fouilles de L. Sawicki, correspond à un atelier de débitage laminaire aurignacien, avec peu d’outils mais comprenant un grattoir à museau. Cet atelier se singularise par le débitage de lames longues, massi- ves et courbes. Les dimensions particulièrement im- portantes de ces lames par rapport aux autres ensem- bles polonais pourraient notamment s’expliquer par le caractère d’atelier de débitage où une matière pre- mière particulièrement favorable était exploitée (Kozłowski & Kozłowski, 1996 : 60) (cf. infra).

Le site de Góra Puławska II, plus au Nord, sur le bassin moyen de la Vistule, compte 19 grattoirs carénés ou à museau et deux burins dièdres d’angle. L’industrie comprend, par ailleurs, 11 lamelles retou- chées (le plus souvent à retouches directes, mais aus- si au moins une lamelle Dufour) dont les supports proviennent de nucléus type grattoir caréné. La pré- sence de ces lamelles retouchées a conduit à une classification dans l’Aurignacien de type Krems (Idem : 60-61 ; Sachse-Kozłowska, 1978 : 30 ; De- midenko & Otte, 2000-2001 : 144).

Parmi les quelques ensembles en grotte, celui de la grotte Mamutowa (Jura cracovien) a fourni une importante collection de pointes en matières osseu- ses. Il s’agit principalement de très grandes pointes à base massive, similaires aux pièces découvertes à Mladeč en Moravie, mais il y a aussi une pointe à base fendue (dont le caractère délibéré de la fente nécessiterait une confirmation) et des artefacts lithi- ques aurignaciens (Kozłowski, 1966 ; Hahn, 1977 : 136). Cinq grattoirs carénés dont un sur lame à retou- che aurignacienne sont, en effet, présents dans la collection du Musée archéologique de Cracovie. La position stratigraphique exacte de ces éléments auri- gnaciens n’est pas déterminée (cf. annexe). Dans la même région, des industries aurignaciennes sont également signalées dans l’abri pod Oknem à Strze- gowa et à Żytnia Skała (Kozłowski, 1968 : 255-256). Quelques artefacts aurignaciens proviendraient éga- lement de la grotte Obłazowa (Kozłowski, 2000a : 82).

E. Sachse-Kozłowska (1978 : 35) mentionne de l’Aurignacien dans la grotte Puchacza Skała, ce

qui est difficilement compréhensible puisque aucune pièce rattachée à ce complexe n’y a été observée (Kowalski K. et al., 1965 et cf. annexe). L’indus- trie de Kraków-Przegorzały a également été clas- sée dans l’Aurignacien (Kozłowski, 1969 : 201 ; Sachse-Kozłowska, 1978 : 34) ; cependant, ce maté- riel ne comporte pas de pièces caractéristiques (observation de la collection conservée au Musée archéologique de Cracovie) et est aujourd’hui plutôt considéré comme gravettien (Kozłowski & Koz- łowski, 1996 : 107). La présence d’Aurignacien dans la grotte Koziarnia, sur base d’une seule lame brute (Chmielewski et al., 1967 : 63), est également à écarter.

3. L

ACHRONOLOGIE5