• Aucun résultat trouvé

Points en géométrie rigide

Dans le document Motifs des variétés analytiques rigides (Page 25-30)

1.1 Rappels et compléments de géométrie rigide

1.1.5 Points en géométrie rigide

Comme dans le paragraphe précédent, la valuation de ksera supposée non triviale etπdésignera un élément non nul dek. Étant donné unk-schéma formelX, on noteraXσ le˜k-schémaX/k.

Les points fermés d’unek-variété rigide ne suffisent pas pour décrire les propriétés locales. Il est naturel d’introduire (suivant [FP04, Chapter 7]) la notion suivante.

Definition 1.1.32 — SoitX unek-variété rigide quasi-compacte et séparée. On poseP(X) = LimX∈Mdl(X)Xσ

où la limite est prise dans la catégorie des espaces topologiques. On notered :X // P(X)l’application évidente. Les éléments deP(X)sont appelés les points rigides (ou simplement les points) deX.

Étant donnés p, q ∈ P(X), on écrit p ≺ q si p appartient à l’adhérence {q} du point q. L’ensemble des points maximaux pour cette relation est notéM(X). Les éléments deM(X)seront appelés les points maximauxdeP(X).

LorsqueU est un ouvert quasi-compact d’unek-variété rigide quasi-compacte et séparéeX, le morphisme évident P(U) // P(X)est l’inclusion d’un ouvert de P(X). Ceci est une conséquence directe du théorème 1.1.30. On peut alors définir par recollement un espace topologiqueP(X)pour toutek-variété rigide. Comme avant, on noteM(X)⊂ P(X) le sous-ensemble des points maximaux. Remarquons que si Y ⊂ X est une sous-variété fermée, P(Y) est naturellement une partie fermée deP(X).

Proposition 1.1.33 — 1-Si xest un point fermé deX, alors red(x)est un point maximal deP(X).

2- SoientY ⊂X une sous-variété fermée etp∈P(X). Sip /∈P(Y), alors {p} ∩P(Y) =∅.

3- Un point p ∈ P(X) est contenu dans l’adhérence d’un unique point maximal m(p). On obtient ainsi une applicationm:P(X) // M(X)qui est une rétraction à l’inclusion évidente.

Demonstration Le premier point découle facilement du second. Soit p∈ P(X)tel que {p} ∩P(Y) 6=∅. Pour un modèle Xde X, on notepX l’image de p dans Xσ et ZX son adhérence. On note aussi YX l’adhérence schématique deY dans X. On a donc (YX)σ∩ZX6=∅pour tout modèle X. Sip6∈P(Y), il existe un modèleXtel que l’inclusion (YX)σ ∩ZX ⊂ ZX est stricte. Quitte à remplacer X par un voisinage affine de pX, on peut se ramener au cas où X = Spm(A) est unk-affinoïde etX= Spf(A) un schéma formel affine (une norme résiduelle étant choisie surA).

On a dansSpec(A)deux sous-schémas fermésZXetSpec(A/I)avecI l’idéal du sous-schéma formelYX. Ce dernier étant essentiel,Iest de type fini. SoitJ ⊂Aun idéal de type fini ayantZXpour lieu d’annulation. On peut supposer que J est ouvert de sorte que I+J est le centre d’un éclatement admissible X0 de X. Les transformés purs YX0 et ZX0 dansX0 sont disjoints par le lemme 1.1.34 ci-dessous. OrpX0 est forcément le point générique deZX0 . Ceci est une contradiction.

La dernière partie se démontre de la même manière. Soient en effet deux pointsp1 etp2 deP(X)tels que {p1} ∩ {p2} 6=∅. Nous allons montrer quep1≺p2 oup2≺p1. En effet, si ce n’était pas le cas, il existe un modèleXde X tel que (Z1)X∩(Z2)X est un sous-schéma strict de (Zi)X pour i ∈ {1,2} (où l’on a noté (Zi)X l’adhérence Zariski de (pi)X). On choisit un idéal ouvert et de type fini Ii ⊂OX ayant pour lieu d’annulation la partie fermée (Zi)X. En éclatant l’idéalI1+I2 on obtient (par le lemme 1.1.34 ci-dessous) un modèleX0 avec(Z1)X0∩(Z2)X0 =∅. Ceci

contredit l’hypothèse{p1} ∩ {p2} 6=∅. c.q.f.d.

Lemme 1.1.34 — SoientX un schéma etI1,I2⊂OX deux idéaux quasi-cohérents de type fini. SoitX0 l’éclaté deI =I1+I2 dans X. On note Ii0 = (Ii·OX0)·(I ·OX0)−1 le transformé faible de Ii pour i∈ {1,2}. On a alorsI10+I20=OX0. En particulier, les transformés purs des fermésX/I1 etX/I2 sont disjoints dansX0.

Soit X une k-variété rigide. Étant donné un point p ∈P(X), on note Flt(p) l’ensemble des ouverts admissibles U de X tel que p ∈ P(U). C’est un ensemble ordonné cofiltrant. De plus, le sous-ensemble de Flt0(p) ⊂ Flt(p) formé des ouverts affinoïdes est cofinal. On pose OX,p = ColimU∈Flt(p)Γ(U,O), OX,p = ColimU∈Flt(p)Γ(U,O) et OX,p = ColimU∈Flt(p)Γ(U,O) (voir la notation 1.1.13). L’anneauOX,ppossède une semi-norme définie par

(1.8) kfkp= inf{|f0|; f0∈Γ(U,O), U ∈Flt(p) etf = (Γ(U,O)→OX,p)(f0)}.

On notemp ⊂OX,p l’idéal des f aveckfkp = 0. On a clairement mp ⊂OX,p ⊂OX,p . On a le résultat suivant (voir [FP04, Proposition 7.1.8]).

Proposition 1.1.35 — L’anneau OX,p est local hensélien d’idéal maximal mp et la fonction k·kp définit une valuation sur le corps résiduel k(p) = OX,p/mp. De plus, si k(p)ˆ désigne le complété de k(p) pour la valuationk·kp, alorsk(p)est séparablement clos dans ˆk(p).

Demonstration On divise la preuve en deux parties.

Partie A : Montrons quemp est l’unique idéal maximal de OX,p. Soitf ∈OX,p et supposons quekfkp >0. On sait que |f0| ≥ kfkp pour tout relèvement f0 ∈ Γ(U,O) de f à U ∈ Flt(p). Soit λ ∈ |k| tel que 0 < λ < kfkp. On peut écrireU comme la réunion admissible de deux ouvertsD(f0|λ)∪D(λ|f0). Étant donné que la norme infinie de la restriction def0 à D(λ|f0)est strictement inférieure àkfkp, on déduit queD(λ|f0)∈/ Flt(p). On a donc forcément D(f0|λ)∈Flt(p). Mais la restriction def0 à D(f0|λ)est inversible. Ceci montre quef est inversible.

Pour voir quek·kpdéfinit une valuation surk(p)il suffit de montrer l’égalitékakp· ka−1kp= 1poura∈k(p)− {0}.

Soit g ∈ Γ(U,O) un relèvement de a à U ∈ Flt(p). Soient λ1 et λ2 dans p

|k×| tels que 0 < λ1 < kakp < λ2. Alors, D(λ1|g) 6∈ Flt(p) et D(g|λ2) 6∈ Flt(p). On a donc forcément D(λ2|g|λ1) = D(λ2|g)∩D(g|λ1) ∈ Flt(p). Mais

|g|D(λ2|g|λ1)|≤λ2 et|g−1|D(λ

2|g|λ1)|≤λ−11 . Ceci montre quekakp· ka−1kp≤λ2λ−11 . En faisant tendreλ1 et λ2 vers kakp, on obtient l’inégalité kakp· ka−1kp ≤1. Or,kakp· ka−1kp ≥ k1kp = 1 car k · kp est une semi-norme. D’où le résultat recherché.

Partie B :Dans cette partie on montre simultanément queOX,pest hensélien et quek(p)est séparablement clos dans ˆk(p). On peut pour cela supposer X réduit quitte à le remplacer parXred. Soit P ∈OX,p[T] et f¯∈k(p)ˆ une racine

séparable de la réduction P¯ ∈ k(p)[T] ⊂ˆk(p)[T] de P. Il suffit de montrer que P admet une racine dans OX,p. On

Soit M ≥ 1 un réel qui majore strictement les normes des coefficients de P(T) et R(S, T). (Remarquons que cela entraîne queM majore strictement les normes des coefficients de ∂R

∂T(S, T).) On fixef0∈OX,ptel quekf0(p)−f¯kp <

3. les normes infinies des coefficients deR˜ sont majorées parM, 4. |P˜( ˜f0)|≤ λ2

2M.

Quitte à raffinerU une deuxième fois (afin de se débarasser des composantes irréductibles ne contenant pasp), on a également la relation

(1.10) P(S˜ +T) = ˜P(S) + ˜P0(S)T+ ˜R(S, T)T2. On considère alors la suite récurrente (de Newton)( ˜fn)n∈Ndéfinie par

(1.11) f˜n+1= ˜fn− P˜( ˜fn)

0( ˜fn).

Notons qu’à priori, cette suite est à valeurs dans les fonctions méromorphes sur U puisque f˜n peut avoir des pôles.

Montrons par récurrence les trois propriétés suivantes : (i) f˜n ∈Γ(U,O)et|f˜n|≤1,

(ii) |P˜0( ˜fn)(x)| ≥λpour toutx∈U, (iii) |P˜( ˜fn)|≤ λ2

22nM.

Lorsque n = 0 les trois propriétés ci-dessus sont vraies. On suppose que ces propriétés sont prouvées pour n. Il vient quef˜n+1∈Γ(U,O)puisqueP˜0( ˜fn)est inversible. Comme |P˜0( ˜fn)(x)| ≥λpour toutx∈U, on déduit que

De la formuleP˜0(S+T) =∂P˜ est un point maximal, alorsk(p)coïncide avec l’anneau de valuation de la norme k·kp définie par (1.8). Il est donc de hauteur1 et son idéal maximal est k(p) =OX,p /mp. deux des anneaux de valuation de hauteur1, ils sont forcément égaux.

Supposant toujours que p est maximal, le fait que k(p) est de hauteur 1 montre que l’idéal maximal de k(p) estp

k(p)(puisquek(p)est non nul). Mais par construction, k(p)/k(p)est isomorphe à la colimite des algèbres réduitesΓ(U,O)/Γ(U,O) pourU ∈Flt(p). Elle est donc elle même réduite. Ceci prouve quep

Demonstration On suppose queX= Spm(A)avecAunek-algèbre affinoïde munie d’une norme résiduelle. On peut supposer que fi ∈A. On note X l’éclaté deSpf(A)en l’idéal(f0, . . . , fn)⊂A. Dire que p∈M(D(f0|f1, . . . , fn)) revient à dire qu’il existe une factorisation du morphisme évidentA // k(p):

A //

k(p)

A[t1, . . . , tn]/(f0t1−f1, . . . , f0tn−fn).

66

Notonsfi(p)l’image de fi dansk(p). Une telle factorisation existe si et seulement sif0(p)6= 0 etfi(p)/f0(p)∈k(p) pour 1 ≤i ≤n. Par le lemme 1.1.36 et l’hypothèse que pest maximal, cela revient à dire que kf0kp ≥ kfikp pour 1≤i≤n. (Remarquer que cette condition entraîne que kf0kp6= 0.) c.q.f.d.

Corollaire 1.1.38 — Soient X une k-variété rigide, U ⊂X un ouvert quasi-compact et p∈M(X) un point maximal. On suppose quep6∈M(U). Alors, il existeV ∈Flt(p)tel queU∩V =∅.

Demonstration La question est locale en U et autour de p. On peut donc supposer que X = Spm(A) est un k-affinoïde et U = D(f0|f1, . . . , fn) est un domaine rationnel associé à des générateurs f0, f1, . . . , fn de A en tant qu’idéal. Par la propostion 1.1.37, la conditionp6∈M(U)entraîne l’existence d’un1≤i0≤n tel quekf0kp<kfi0kp. Soientλ, λ0∈p

|k×| tels quekf0kp< λ < λ0<kfi0kp. L’ouvertV = D(λ|f0)∩D(fi00)convient alors. c.q.f.d.

Proposition 1.1.39 — Pour p∈M(X) un point maximal, l’anneauOX,p est local hensélien d’idéal maximal OX,p . Sik(p)˜ désigne le corps résiduel de l’anneau de valuationk(p), on a des isomorphismes naturels

˜k(p) =OX,p /OX,p 'ColimXk(p˜ X) avec pX l’image de pdansXσ pourX∈Mdl(X).

Demonstration L’anneauOX,p est local d’idéal maximalOX,p . En effet, soitf ∈OX,p −OX,p et notonsf¯sa classe dans k(p). Comme f 6∈ mp, il admet un inverse f−1 dans OX,p. La classe f¯−1 de f−1 dans k(p) est l’inverse de f¯. Étant donné quef¯∈ k(p)−k(p), son inverse est dans k(p) (on utilise ici le lemme 1.1.36). Ceci montre que f−1∈OX,p (on utilise ici que OX,p est l’image inverse dek(p)⊂k(p)par le morphismeOX,p //// k(p)).

Montrons maintenant queOX,p est hensélien. SoitP ∈OX,p [T]un polynôme etf˜une racine simple de la réduction P˜ ∈ k(p)[T˜ ]. Grâce au lemme 1.1.36, la maximalité de p entraîne quek(p) = Colim˜ U∈Flt(p)Γ(U,O)/Γ(U,O). On peut donc supposer queP est l’image d’un polynômeQ∈Γ(U,O)[T]et que la racinef˜provient d’une racineg˜deQà valeursΓ(U,O)/Γ(U,O). Comme(Γ(U,O),Γ(U,O))est un couple hensélien, du moins si l’ouvertU est affinoïde, on peut releverg˜en une racineg∈Γ(U,O). L’imagef ∈OX,p deg est bien une racine deP.

Il reste à montrer la dernière assertion. On peut pour cela supposer queX est unk-affinoïde réduit. Montrons que sous cette condition, les deux morphismes évidents

Colim

X∈Mdl(X), pXUXΓ(U,O)/p

(π) (1) // Colim

X∈Mdl(X), pXUXΓ(Uη,O)/Γ(Uη,O) (2) // Colim

U∈Flt(p)Γ(U,O)/Γ(U,O) sont inversibles. Pour le morphisme (2), on remarque que le foncteur qui associe à un couple (X, pX ∈ U) l’ouvert admissible Uη ∈Flt(p)est cofinal par le théorème 1.1.30. Considérons maintenant le morphisme(1). Soit U⊂X un voisinage affine de pX. La Γ(U,O)-algèbre Γ(Uη,O) est entière et complète pour la topologieπ-adique. Elle s’écrit donc comme une colimite filtrante de ses sous-Γ(U,O)-algèbres topologiquement de type fini et essentielles. Il vient queΓ(Uη,O)'ColimX0∈Mdl(X)/XΓ(U׈XX0,O)ce qui entraîne le résultat recherché.

Il est maintenant aisé de conclure. D’après la discussion précédente, on dispose d’un morphisme évident OX,p /OX,p ' Colim

X∈Mdl(X), pXUXΓ(U,O)/p

(π) // Colim

X∈Mdl(X)

k(p˜ X),

qui est clairement surjectif. Or, d’après le lemme 1.1.36, le membre de gauche s’identifie à ˜k(p) qui est un corps.

Puisque le membre de droite est non nul, le morphisme ci-dessus est un isomorphisme. c.q.f.d.

On termine le paragraphe avec le résultat suivant.

Proposition 1.1.40 — Soient p ∈ P(X) et q = m(p) le point maximal tel que p ≺ q. Alors, il existe une inclusion naturelle isométriquek(p),→k(q)induisant un isomorphismeˆk(p)'k(q).ˆ

Demonstration Puisquep∈ {q}, on a l’implication(U ∈Flt(p))⇒(U ∈Flt(q)). On dispose alors d’un morphisme canoniqueOX,p // OX,qqui est contractant pour les normesk·kpetk·kq. Ce morphisme est donc local et induit une inclusion sur les corps résiduelsk(p),→k(q). Cette inclusion est encore contractante ce qui entraîne aussitôt qu’elle est isométrique.

Il reste à montrer que k(p)est dense dans k(q). Pour ce faire, on se donne U ∈ Flt(q) et g ∈ Γ(U,O). On peut supposer queU = D(f0|f1, . . . , fn)est un domaine rationnel. D’après la proposition 1.1.37, on akf0kq ≥ kfikq pour tout1≤i≤n.

Soita∈k, avec|a|>1, et montrons queD(af0|f1, . . . , fn)∈Flt(p). En utilisant une deuxième fois la proposition 1.1.37, on trouve que q 6∈ P(D(fi|af0, f1, . . . , fn)) pour 1 ≤ i ≤ n. Étant donné que p ∈ {q}, on a également p6∈ P(D(fi|af0, f1, . . . , fn)). Or, D(af0|f1, . . . , fn) et les D(fi|af0, f1, . . . , fn), pour 1 ≤ i ≤n, recouvrent X. On a donc nécessairementp∈P(D(af0|f1, . . . , fn))comme souhaité.

Il est maintenant aisé de conclure. En effet, le morphismeO(D(af0|f1, . . . , fn)) // O(D(f0|f1, . . . , fn))est d’image dense, ce qui entraîne que la classe deg dansk(q)appartient à l’adhérence dek(p)dansk(q). c.q.f.d.

Dans le document Motifs des variétés analytiques rigides (Page 25-30)

Outline

Documents relatifs