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- L’apparence physique

Chapitre 5 : Les migrations effectives

2) De la Pointe en France : un exil volontaire

Au bout du compte, Reynalda quitte définitivement la Guadeloupe pour la France ; elle s’exile volontairement parce qu’elle est persuadée que si elle ne le fait pas elle deviendra comme sa mère et comme toutes les femmes antillaises soumises à l’homme et dépendantes de ce dernier. La Guadeloupe est encore pour Reynalda une terre d’esclavage et non de liberté pour les femmes et c’est pourquoi elle décide de partir et d’effacer de sa vie tout ce qui la rattache à ce lieu, à commencer par Nina. Et non contente d’avoir rayé celle-ci de sa vie, elle la rend responsable de la femme qu’elle est devenue : une jeune femme insensible et incapable de témoigner ou plutôt d’extérioriser l’amour qu’elle a pour ses enfants. Elle accuse Nina de l’avoir forcé à se donner à son amant Gian Carlo et c’est de ce viol perpétuel à l’en

453

Moudileno, Lydie, « Le Rire de la grand-mère : Insolence et sérénité dans ‘‘Désirada ‘’ de Maryse Condé »

op. Cit., p. 1153 454 Ibidem. 455 Ibidem. 456 Ibidem., p. 1154.

176 croire, qu’elle tombe enceinte et c’est aussi à cause de ce viol qu’elle doit abandonner Marie-Noëlle à Ranélise pour se construire une nouvelle vie en métropole. Dans ce discours bien-sûr, tout est présenté du point de vue de Reynalda ; nous sommes en pleine focalisation interne ce qui souligne implicitement que le discours tenu par la jeune femme est très subjectif

et qu’il peut dès lors n’être qu’une construction imaginaire susceptible de changer selon qui

on interroge. Et c’est ce qui se produit avec le témoignage de Nina. En effet, les révélations de Nina sur le passé de Reynalda accroissent le mystère sur la véritable personnalité de cette dernière ; pour Nina, Reynalda n’est qu’une menteuse, une fille ingrate et ambitieuse, prête à tout pour parvenir à ses fins.

Du point de vue de Nina, l’existence de Marie-Noëlle n’est pas comme le prétend sa mère le résultat d’un viol, mais plutôt le résultat de la débauche à laquelle Reynalda se livrait déjà sous son toit. Quant à la disparition de Reynalda, elle est encore moins due au supplice que Nina et son amant Gian Carlo lui auraient fait subir, mais c’est un coup monté par Fiorella et Reynalda afin que celle-ci soit libre de suivre ses amants où qu’ils veuillent. Comme on peut le constater, le récit de Nina est tout à fait différent de celui de Reynalda. Avec ces révélations, on passe d’une Reynalda victime à une Reynalda coupable. Dans le récit de Nina, la petite paysanne de la Désirade en manque d’amour maternel devient à La Pointe à une adolescente ingrate, menteuse et pleine de vices. Il ressort de ces deux récits quelques points communs qu’il est possible de considérer comme des vérités puisque Nina et

Reynalda sans s’être concertées à ce sujet l’admettent dans leurs révélations : c’est que le

départ pour La Pointe a été une étape charnière dans leur existence et qu’il n’y avait aucune relation affective entre elles. Ce manque d’affection entre mère et fille est au cœur de leurs conflits et semble justifier les trajectoires que prennent leurs récits respectifs : Reynalda accuse Nina de lui avoir volontairement fait du mal tandis que Nina affirme avoir pris soin de sa fille comme elle le devait, mais n’avoir récolté que calomnies et ingratitude. Elles tentent chacune à son tour de discréditer l’autre et de justifier leurs agissements vis-à-vis de l’autre.

Aux révélations de Nina s’ajoutent celles de Ludovic, l’ex-mari de Reynalda. Pour Ludovic, Reynalda est un modèle de courage puisqu’elle a su surmonter son passé douloureux dont il ne connaît pourtant pas grand-chose, à part les choses qu’il a lui-même vécues à ses côtés. Ludovic n’a pas connu la Reynalda de la Guadeloupe, mais il a connu celle de Paris, la jeune femme qui fréquentait assidûment l’école des assistantes sociales. Ludovic la décrit comme une jeune femme intelligente et talentueuse, mais aussi fragile, taciturne et tourmentée par un passé douloureux :

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C’est vraiqu’elle pouvait rester des journées entières sans ouvrir la bouche. Elle

était tourmentée par un souvenir qui ne la laissait de repos ni de jour ni de nuit. Quelque

chose de terrible, de monstrueux s’était produit dans son enfance, qu’elle ne pouvait

partager avec aucune autre personne. Elle était très susceptible parce que très orgueilleuse et prenait tout de travers. Elle pleurait chaque jour pour un prétexte ou pour un autre. Un rêve. Un mauvais souvenir. Un regard. Une parole un peu rude457.

Aux yeux de Ludovic qu’elle a rencontré à Paris, Reynalda est une femme libre qui sait ce qu’elle veut et qui n’hésite pas à tourner le dos aux personnes dont elle n’a plus besoin à un moment donné de son existence. S’il refuse de la juger, il reconnaît par contre que Reynalda est une affabulatrice pour ne pas dire une mythomane qui construit et reconstruit sans cesse sa vie sur des mensonges, au gré des objectifs qu’elle s’est fixée. Ainsi cette

histoire sur sa mère encourageant Gian Carlo à abuser d’elle relèverait plus de l’imaginaire

que de la réalité ; elle aurait pour but de justifier l’indifférence totale de Reynalda envers

Nina : mais elle aurait aussi le mérite de souligner, l’origine de sa haine pour Nina : La personne qui revenait très souvent dans ses histoires, c’était sa maman, Nina. Elle la haïssait. Je n’arrivais pas à comprendre ses raisons. Ses descriptions étaient

hachurées, fragmentées. Son odeur. Sa vulgarité. Sa saleté répugnante. Ses vices. Je crois

simplement qu’elle lui reprochait d’être ce qu’elle était : une négresse bitako qui se louait dans une famille de blancs et était trop contente parce que le maître couchait avec elle458.

La haine de Reynalda envers sa mère viendrait donc du fait qu’elle voit en elle

l’incarnation de la femme asservie qui n’aspire à aucune liberté et se contente juste de

satisfaire l’homme, l’homme blanc, l’ancien maître. Ludovic n’a pas seulement discerné la racine du dégoût de sa compagne pour sa mère, il s’est aussi rendu compte que Reynalda pouvait sans difficulté s’inventer une vie.

Bien qu’elle lui ait affirmé qu’elle travaillait maintenant sur son autobiographie et qu’elle révèlerait une fois pour toutes la vérité sur son enfance, il est de son côté convaincu « que cette vérité-là sera [une fois de plus] une fiction »459. D’ailleurs comme il l’affirme à Marie-Noëlle, il n’a jamais pris Reynalda, ni sa relation avec elle trop au sérieux car il avait compris que tôt ou tard, elle finirait par le quitter :

J’ai toujours su qu’un jour, elle lâcherait ma main. J’ai toujours su qu’un jour, elle me quitterait comme elle a quitté tous ceux qui l’embarrassaient ou qui ne lui servaient plus à rien. Comme le crabe laisse son mordant. L’anoli, sa robe verte, fripée

sur le bord du chemin. Sa maman. Fiorella. Ranélise. Claire-Alta. Les Duparc et tant

d’autres que nous ne connaissons pas. Si elle m’a donné dos, après tant et tant d’années, après tant d’émotions et tant de souvenirs partagés; c’est qu’à présent, elle n’a plus peur

de rien. Ni de la noirceur de la nuit. Ni du désordre du grand vent. Ni des hurlements de

457 Idem., p. 270. 458 Ibidem., p. 271. 459 Ibidem., p. 278.

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femme folle de la vie. De rien. Elle sait comment démêler l’écheveau des fils de l’existence. Et c’est bien ainsi460.

A en croire Ludovic, Reynalda serait presque une voleuse de vies, qui s’attache aux gens tant qu’ils peuvent l’aider, mais une fois que le rôle qu’elle leur a assigné dans sa vie a pris fin, elle se détourne d’eux sans remords. C’est comme si sa vie était une grande fiction où Ludovic, sa maman, sa fille, Claire-Alta, Ranélise et tous ceux qu’elle a connus étaient des figurants, des marionnettes, chacun jouant un rôle bien déterminé par ses soins. Et de même

qu’un figurant est appelé à disparaître une fois qu’il a joué sa scène, de même Reynalda les

efface, l’un après l’autre, au moment qu’elle juge opportun. Finalement la petite fille de la

Désirade a cédé place à une femme calculatrice et ambitieuse que certaines épreuves de la vie comme ce viol (dont on ne peut prouver l’effectivité) et ce racisme qu’elle aurait subi à Paris ont rendue insensible voire cruelle. L’adolescente démunie et tourmentée de la Guadeloupe qui avait failli mettre fin à ses jours quand elle s’est rendu compte qu’elle était enceinte et qui était le jouet de cauchemars nocturnes s’est transformée en une femme épanouie et célèbre. La jeune femme fragile, amère, taciturne et hantée par son passé que Ludovic avait connu un soir à une fête dans Paris est devenue une femme forte et gaie tournée résolument vers le présent et l’avenir. C’est Garvey qui dans une lettre à Marie-Noëlle décrit si bien la transformation de Reynalda depuis qu’elle a quitté Savigny-sur-Orge et vit à Paris:

Elle ne trouvait plus Ludovic assez bon pour elle. On aurait dit qu’elle avait honte

de lui. De sa dégaine. De ses locks. De ses jobs sans grandeur. Elle-même était complètement transformée, coiffée, manucurée, presque élégante et semblait ne plus souffrir de ses anciens maux. Elle ne restait à la maison que pour rencontrer des journalistes et leur accorder des interviews. A part cela, tout son temps était absorbé par des cocktails, des parties, des séminaires, des colloques, des rencontres, des débats

consacrés à l’immigration sur des radios libres ou pas libres461 .

Comme on peut le constater dans cet extrait, Reynalda s’est définitivement

débarrassée de ses anciens démons et est grisée par sa nouvelle notoriété, à tel point qu’elle ne se soucie plus guère de Ludovic qui a été pour elle un grand soutien quand elle n’avait pas

encore trouvé sa voie. L’énumération de toutes les activités auxquelles participe désormais

Reynalda ne montre pas seulement qu’elle est devenue une toute autre personne ou encore une femme très occupée, sollicitée et active, elle permet aussi de percevoir les sentiments qui animent Garvey ; en effet, c’est sur un ton de reproche accompagné de dépit que Garvey parle des absences de Reynalda, de son ingratitude et de son manque de considération vis-à-vis de

460

Idem., p. 269. 461

179 Ludovic mais aussi et surtout de son égoïsme et de son insensibilité qui font qu’elle se soucie davantage de sa carrière et de ses intérêts personnels que de sa famille.

Finalement les récits faits par Nina et Ludovic, sans oublier la brève description de Garvey peuvent être appréhendés sous deux aspects : un aspect fictionnel et idéologique et un aspect purement esthétique. L’aspect fictionnel et idéologique nous renvoie à la trame de l’histoire et à son contenu. Sur ce premier plan, les récits de Ludovic, de Nina et de Garvey s’opposent à l’image que Reynalda voudrait donner d’elle-même dans la mesure où ils attirent l’attention sur ses travers que sont l’égoïsme, le manque de sincérité, l’orgueil et l’ingratitude : autant de défauts suffisamment graves qui font d’elle une personne peu fiable et remettent en cause les révélations qu’elle a faites à Marie-Noëlle puisqu’ils révèlent Reynalda sous un autre jour. C’est particulièrement le cas du récit de Nina qui fonctionne plus ou moins comme le contre-récit de celui de Reynalda car c’est le seul qui érige Reynalda en coupable et non en victime tandis que Ludovic et Garvey se contentent de dire ce qu’ils ont vécu. Le récit de Nina joue donc un rôle charnière dans la narration car c’est à partir de ce dernier que le doute s’insinue sur la véritable personnalité de Reynalda ; c’est aussi suite à ce récit que Marie-Noëlle est plus que jamais déterminée à connaître le passé de sa mère et ses origines ce qui évidemment la pousse à entreprendre des voyages : de Boston à Paris, de Paris jusqu’en Belgique à la recherche de la vérité.

Par ailleurs, le récit de Nina est structuré de telle sorte qu’il implique forcément un changement de perspective : contrairement au récit de Reynalda qui est médié par la mémoire de Marie-Noëlle, le récit de Nina est direct et autonome. Il semble plus réel et plus vrai que celui de Reynalda car il n’est pas soumis à la faillibilité de la mémoire de Marie-Noëlle, il provient de Nina elle-même dont la voix à l’occasion prend la place de la voix narrative. Ce n’est donc pas un hasard si le récit de Nina se trouve au milieu du roman, le départageant ainsi en trois parties la première et la troisième parties renvoyant respectivement à la période d’avant les révélations de Nina, et à la période d’après celles-ci, et la deuxième partie étant principalement composée du récit de Nina et des conséquences immédiates de ce dernier sur la vie de Marie-Noëlle. Ces récits secondaires mettent aussi en valeur le fait que la construction d’une identité obéit à un mécanisme pluriel ou binaire. En effet, une personne ne

peut se construire une identité indépendamment des autres ; l’identité est à la fois une

construction individuelle et collective et elle se construit soit par identification, soit par opposition à l’autre. Dans le cas présent, Reynalda construit son identité par opposition à sa mère qui représente tout ce qu’elle hait et par identification aux femmes instruites et indépendantes qu’elle rencontre à la métropole et qui représentent tout ce qu’elle aime.

180 L’identité de Reynalda est intimement liée à celle de Nina dans la mesure où pour parler d’elle, Reynalda a sans cesse besoin de faire référence à sa mère même si c’est pour l’accuser et la dévaloriser. Nina devient donc le modèle à ne pas suivre pour Reynalda et effectivement tout ce que celle-ci entreprend dans sa vie a pour but de la démarquer de Nina et de toutes les autres femmes antillaises qui manquent d’instruction et se laissent asservir. Reynalda est déterminée à ne pas ressembler à sa mère quelque soit le prix que cela doit lui coûter. Ainsi, bien que comme Nina elle mette au monde un enfant bâtard, Reynalda n’hésite pas à abandonner sa fille du jour au lendemain aux mains de Ranélise pour continuer ses études et réaliser ses ambitions, choses que Nina a été incapable de réaliser. Elle éprouve sans cesse le besoin de discréditer sa mère et n’a de cesse de prouver que celle-ci s’est lourdement trompée dans l’avenir qu’elle lui prédisait : « Elle ne cessait pas de ronchonner que jamais je ne trouverais un homme pour s’occuper de moi. En fin de compte, elle s’est trompée sur toute la ligne »462

. Oui c’est cela l’un des défis de Reynalda : se prouver à elle-même qu’elle n’est

pas comme sa mère et qu’elle ne sera jamais comme elle. Et pour y arriver, non seulement Reynalda se débarrasse de tous ceux qui pourraient représenter un obstacle à son épanouissement, mais en plus, elle prend pour modèle des personnes instruites et libres tels que ces étudiants du Quartier latin dont elle admire l’instruction :

Depuis le boulevard Malesherbes, elle rejoignait la Seine et, à petits pas elle

descendait le long des quais jusqu’au Quartier latin. Arrivée là, elle n’approchait pas de la formidable Sorbonne, n’entrait pas dans les librairies ou les cafés. Elle se contentait de humer de loin l’odeur de liberté et de félicité des étudiants. Qu’elle aurait voulu être l’un d’eux au lieu de servir encore et encore ! « Oui, madame. Oui, monsieur. Merci, madame. Merci, monsieur ». « C’est entendu. » Porter sur sa figure un masque de bonniche de jour comme de nuit463.

Bien que mieux traitée par les Duparc que ne l’était sa mère chez les Coppini, Reynalda est obnubilée par l’ascension sociale, elle veut à tout prix ressembler à ces étudiants libres qui n’ont à obéir aux ordres de personne. Du reste cette ambition d’étudier et de se faire un grand nom, Reynalda l’avait déjà bien avant d’arriver à Paris et c’est d’ailleurs ce désir de devenir une femme instruite respectée et indépendante qui est au cœur de sa décision de quitter la Guadeloupe : « Avant de partir, Reynalda n’avait pas fait de mystère et confié à Claire-Alta qu’elle n’avait pas dans l’idée de finir bonniche. Elle avait l’intention d’étudier et

de devenir quelqu’un »464. Voyager devient donc pour Reynalda la condition sine qua non

pour atteindre ses objectifs. Si elle veut vivre sa vie, et arrêter de servir les autres comme une

462

Condé, Maryse, Désirada, op. Cit., p. 63. 463

Ibidem., p. 167. 464

181 « bonniche », il faut qu’elle émigre, qu’elle s’exile vers la Métropole. Comme on peut dès lors le constater, partir ailleurs est synonyme d’un changement d’identité : Reynalda est convaincue que pour transformer sa vie et devenir une personne autre que ce qu’elle est maintenant, elle doit partir. Reynalda finit par atteindre le but qu’elle s’est fixé car elle accumule les succès et devient même un écrivain célèbre comme tous ceux auxquels elle a tant voulu ressembler. Mais si la construction identitaire peut impliquer d’une part le rejet de l’autre et d’autre part l’assimilation à l’autre comme on vient de le voir, elle dépend également du regard de l’autre. C’est –à-dire que notre identité n’est pas seulement fonction de ce que nous sommes nous-mêmes mais aussi de ce que nous sommes pour les autres car si

l’identité désigne « le fait pour une personne d’être tel individu et de pouvoir être légalement

reconnu pour tel, sans nulle confusion465, grâce aux éléments qui l’individualisent »466, c’est que l’identité n’est pas seulement ce qui définit l’individu à ses propres yeux, mais aussi aux yeux de tous. Et c’est pour cela que les récits de Nina, de Ludovic et de tous les autres sont très intéressants car ils montrent comment Reynalda est perçue par autrui, comment les autres la définissent et l’identifient.

Les récits de Reynalda, de Ludovic et de Nina sont des versions. Chacun de ces récits représente un point de vue ; il correspond à la vision que chacun possède de sa vie et de celle des autres par conséquent, il est impossible de trouver une réalité objective en se fondant

uniquement sur les mots des autres.467 Marie-Noëlle en fait l’amère expérience puisqu’elle ne

parvient pas jusqu’à la fin du récit à découvrir la vérité. Ces récits soulignent également le fait qu’il est presque impossible de se définir soi-même de manière objective parce que nous portons souvent sur nous-mêmes un regard subjectif. Il est facile, comme c’est d’ailleurs le cas de Reynalda de faire porter aux autres la responsabilité de nos actes et de ce que nous sommes pour se donner bonne conscience et justifier nos agissements les plus répréhensibles. Or, si le regard porté par autrui n’est pas forcément objectif car il dépend à son tour de la