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- L’apparence physique

Chapitre 5 : Les migrations effectives

1) De la Désirade à la Pointe : un exil involontaire

Quand Nina, sa mère, décide de quitter la Désirade pour La Pointe, l’obligeant à partir avec elle, Reynalda est bouleversée et considère ce départ comme une odieuse trahison. Des années plus tard, quand elle parle de sa vie à la Désirade, on ne peut s’empêcher de penser que cette île a été et sera toujours pour Reynalda un paradis perdu. On lit en effet ceci dans le récit qu’elle fait de sa vie à la Désirade:

439

Segers, Marie-Jeanne, De l’exil à l’errance, Toulouse, Edition Eres, 2009, pp. 30-31. 440

Ibidem., p. 31. 441

Les exilés de notre corpus ne sont donc pas des voyageurs en quête d’exotisme, même si certains passages notamment dans Les Hommes qui marchent peuvent donner à penser que la curiosité et la quête d’horizons inconnus sont au cœur des déplacements du personnage.

442

170

C’est à la Désirade que je suis née. Les gens de la Guadeloupe ont une mauvaise idée de la Désirade à cause des sacripants et des lépreux qu’on y envoyait dans le temps et aussi,

parce que rien n’y pousse. Rien. Ni canne à sucre. Ni café. Ni coton. Ni igname. Ni patate douce. Mais pour moi, petite fille, c’était vraiment « Désirada », l’île désirée surgie de la

mer devant les yeux des marins de Christophe Colomb après des jours et des jours. Je

possédais tous ses recoins. Je respirais son odeur quand le soleil qui l’a chauffée toute la journée repose enfin sa tête au fond de l’eau. Je pouvais soulever une roche et nommer avec certitude le nom de l’insecte caché en dessous[…] Je griffais mes mains en cueillant

des icaques dans les taillis à campêche. Pourtant la plus grande chance c’était celle-là :

pauvre malheureuse que j’étais sans souliers, ni bonnes robes, ni livres neufs, ni cahiers

avec des protège-cahiers, j’étais la première à l’école443.

Comme on peut le voir dans cet extrait, Reynalda commence sa description de la Désirade par l’évocation du passé douloureux et de l’aridité de cette île qui alimentent le jugement dépréciatif que la plupart des Guadeloupéens ont d’elle, avant de parler de la douce et enrichissante vie qu’elle y menait. Cette description négative qu’elle fait de la Désirade au début de son récit est suffisante pour souligner l’hostilité de cette île à l’épanouissement des Antillais et surtout des enfants, et pourtant Reynalda affirme y avoir connu le vrai bonheur. Evoquer le côté négatif de l’île ne fait donc que souligner l’étrangeté du bonheur que Reynalda goûtait sur cette île et de l’amour qu’elle lui portait. Ce qui compte ici ce n’est pas l’île en elle-même mais la perception que Reynalda a de sa vie sur celle-ci. Cette perception est celle d’une enfant heureuse et innocente qui loin de se préoccuper de la pauvreté extrême

de sa famille et de ce que pensent les adultes n’imagine pas sa vie ailleurs que sur cette île,

qu’elle aime de toute son âme et de toute sa force ; une terre qui pourtant n’a rien pour mériter un tel attachement. C’est cet attachement qui explique pourquoi Reynalda considère son départ à La Pointe comme un exil et un grand malheur et pourquoi même après tant d’années, cette terre reste dans son souvenir « l’île désirée». Les sentiments éprouvés par Reynalda lorsqu’elle quitte la Désirade transparaissent dans les derniers gestes qu’elle effectue avant de quitter définitivement cette île :

Moi, j’étais à l’agonie. La veille de notre départ, j’avais ouvert la cage et libéré tous mes oiseaux. J’étais allée dire adieu à tous les endroits que j’aimais : au frais de la

ravine Cybèle, au courant qui chante sous la couverture des lentilles d’eau, aux pi eds-bois, mapou, poirier-pays, ti-bonbon, à la mer, surtout à la mer où je ne sauterais plus, les pieds en premier 444.

La profonde tristesse et le déchirement qui s’opèrent en Reynalda lors du départ pour la Guadeloupe sont perceptibles à travers le vocabulaire qu’elle utilise pour parler de ses derniers instants à la Désirade ; ces derniers instants marquent la fin d’une vie et le début d’un exil, c’est pourquoi l’expression « agonie » est tout à fait appropriée ici, puisque ce mot

443

Condé, Maryse, Désirada, op. Cit., p. 62 et pp. 63-64. 444

171 renvoie au vocabulaire de la mort traduisant ainsi avec force que le départ de la Désirade correspond à la fin d’une existence : c’est la petite paysanne aux pieds-nus et aux robes défraîchies, Reynalda, qui rend l’âme.

Reynalda est tout aussi consciente que ce départ qui est la fin de sa vie à la Désirade constitue le début d’une nouvelle vie où il ne sera plus question de la petite-fille amoureuse de la nature et amie des oiseaux c’est pourquoi elle ne dit pas ‘‘au revoir’’ à tous les endroits qu’elle aimait, mais plutôt ‘‘adieux’’, expression qui souligne autant la douleur de la fillette que le fait que ce voyage soit une rupture aussi irréversible que la mort, un exil contraint et définitif. Ainsi Reynalda quitte la Désirade, sa chère terre natale contre son gré pour La Pointe

en Guadeloupe « un pays lointain, étranger »445 qu’elle haïra toujours et qui change à jamais

sa vie. Tout au long du roman, Reynalda est très sélective lorsqu’elle aborde son passé ; elle ne parle que de sa vie à la Désirade, et presque jamais du temps où elle a vécu à La Pointe, Marie-Noëlle constate d’ailleurs avec dépit que sa mère Reynalda passe volontairement sous silence plusieurs périodes et épisodes de sa vie : « Elle s’apercevait aussi qu’il manquait un chapitre, des chapitres à l’histoire qu’elle amassait en elle. Il manquait les chapitres du milieu, car Reynalda n’avait jamais parlé que de son commencement. De son enfance. Comme si seul

ce temps-là comptait pour elle »446. En effet, seul le temps à la Désirade compte pour

Reynalda, du moins c’est ce que ses paroles et son comportement donnent à penser. D’ailleurs personne ne sait grand-chose de la vie qu’elle a menée à la Pointe, non seulement parce qu’elle en parle brièvement quand elle ne refuse pas tout bonnement d’en parler, mais aussi parce que chacun des narrateurs qui abordent ce pan de son existence en livre un récit différent.

Il ressort que la Reynalda de la Désirade est bel et bien différente de la Reynalda de La Pointe. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le récit de la vie de Reynalda à La Pointe est le seul qui soit repris à plusieurs reprises et ce par plus de trois narrateurs, chacun révélant Reynalda sous un nouveau jour et donnant à sa vie une dimension mystérieuse, de sorte qu’à la fin de l’œuvre le lecteur reste dans l’incertitude et ne peut pas réellement parler de la vie du personnage à la Pointe. Marie-Noëlle elle-même qui cherche à connaître et à comprendre sa mère Reynalda tout au long du roman n’atteint pas vraiment le but recherché et est obligée de se livrer à des suppositions basées sur des recoupements de ce que Nina, Ludovic, Claire-Alta, Garvey, Reynalda elle-même et les Duparc ont bien voulu lui révéler à ce sujet. Le fait de

recourir à plusieurs personnes pour raconter une période de la vie de Reynalda n’a pas

445

Idem., p. 64. 446

172 seulement pour effet de semer le doute sur la véracité de l’histoire que cette dernière a raconté à Marie-Noëlle, cela donne aussi lieu à des récits emboîtés qui mettent en exergue la question de l’identité et celle du regard de l’autre.

Le roman se subdivise en trois parties dont les deux dernières donnent la part belle aux interventions de Nina et de Ludovic sur la personnalité de Reynalda, sans compter les interventions d’autres personnes mais qui sont quant à elles racontées au style indirect. Les questions au cœur de ces récits emboîtés sont « qu’est-il arrivé à Reynalda une fois qu’elle est partie de la Désirade » ? « Dans quelles circonstances est-elle tombée enceinte » ? « Qui est le père de Marie-Noëlle » ? La réponse à ces questions travestit la narration telle qu’elle se présente au début du roman car elle donne lieu non seulement à des retours incessants en arrière appelés communément analepses, mais elle fait aussi entrer en scène des narrateurs aux formes et aux fonctions différentes qui prennent le passé de Reynalda comme prétexte pour raconter leur histoire personnelle. Ainsi si ces retours en arrière ont d’abord un caractère informatif en ce qu’ils nous permettent de saisir au mieux le passé tumultueux de Reynalda et ces agissements actuels ; ils ont aussi et surtout une fonction littéraire dans la mesure où ils entraînent une narration discontinue qui effectue un va-et-vient entre le passé et le présent, le passé, correspondant au récit que chaque narrateur secondaire fait de sa vie et de celle de Reynalda, le présent quant à lui renvoyant à l’histoire principale du roman : celle de Marie-Noëlle en quête d’amour et d’identité.

Au début de l’histoire principale du roman, nous sommes en présence d’un narrateur à

la fois hétérodiégétique et extradiégétique447 qui raconte la vie de Marie-Noëlle en passant par

la perception que cette dernière possède de sa propre vie448. Mais lorsque se pose la question

de la vie de Reynalda et que des tentatives de réponses sont données, non seulement les narrateurs se diversifient, mais leur perception aussi varie, ce qui crée au niveau textuel des récits secondaires et sur un plan purement idéologique un climat permanent d’incertitude. Ainsi quand Reynalda décide de se confier à sa fille, la narration qui jusqu’à présent relevait

447

Yves Reuter revenant sur la question des fonctions fondamentales du narrateur étudiées par Gérard Genette dans Figures III affirme que l’opposition entre narrateur homodiégétique et narrateur hétérodiégétique est d’abord une opposition de niveau avant d’être une opposition portant sur la relation à l’histoire ; il déclare en effet : « Tout d’abord une opposition de niveau : le narrateur est hors de la fiction considérée (extradiégétique) ou dans la fiction considérée (intradiégétique). Ensuite une opposition portant sur la relation du narrateur à l’histoire qu’il raconte : absent (hétérodiégétique), telle une voix off, ou il est présent comme personnage (narrateur homodiégétique). Introduction à l’analyse du roman, Paris, Armand Colin, 2009, p. 58. Le sens que nous donnons donc à ces termes est inspiré des analyses de Reuter et de Genette.

448

Dans le début du roman en effet, nous sommes face à une ‘‘focalisation interne’’ ou ‘‘vision avec’’, dans la mesure où notre perception des personnages et des lieux passe par un personnage, en l’occurrence Marie-Noëlle.

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davantage du récit fait place au discours449 ; un discours dans lequel Reynalda, désormais

narratrice homodiégétique et intradiégétique, se présente comme une enfant haïe par sa mère et violée par l’amant de cette dernière. Ce discours est un réquisitoire contre sa mère Nina et la conduite de celle-ci. Par exemple quand elle aborde la question de la paternité, elle fait passer sa mère pour une femme faible qui se laissait prendre par beaucoup d’hommes à tel point qu’elle était incapable de lui dire réellement qui était son père car elle ne le savait pas elle-même :

Dans la réalité, je crois qu’elle-même ne savait pas exactement qui lui avait

donné un ventre parce que beaucoup d’hommes étaient montés sur elle pour prendre leur plaisir. Ce n’était pas peut-être par vice. Simplement c’était une pauvre malheureuse et

les pauvres malheureuses sont à tout le monde. On les prend, on les laisse, on les reprend

selon l’envie450.

La lecture de cet extrait pourrait laisser penser que Reynalda plaint sa mère et qu’elle

éprouve même de la pitié, mais la phrase « Ce n’était pas peut-être par vice » fait planer un doute sur la moralité de Nina : le faisait-elle parce que les hommes la bernaient d’illusions ou

tout simplement parce qu’elle était vicieuse ? Mais plus on avance dans le discours de

Reynalda et mieux on perçoit ce que celle-ci pense vraiment de sa mère : on passe de la pitié à la colère, de la colère au mépris et du mépris à la haine. Cette migration des sentiments est très significative de la détérioration des rapports mère-fille que nous pensons liée au changement de l’espace géographique. En d’autres termes, les rapports que Reynalda entretient avec sa mère sont influencés par le lieu où elles vivent. Ainsi, quand elles sont à la

Désirade, Reynalda n’est certes pas proche de sa maman, mais au moins comme le montre

l’extrait mentionné plus haut, elle la considère comme une « pauvre malheureuse » dont les hommes se servent pour assouvir leur désir. Mais quand elle aborde la vie auprès de sa mère à La Pointe, les propos se durcissent et ce n’est plus un regard pitoyable qu’elle porte sur Nina : « Dès qu’elle s’est mise en service, ma maman s’est mise à s’occuper d’elle comme elle ne

s’était jamais occupée de personne. Certainement pas de moi, en tout cas »451. A son arrivée à

La Pointe, Nina change de personnalité. Elle n’est plus la jeune femme froide et insensible que Reynalda a toujours connue à la Désirade. Le changement que l’on observe chez Nina

449

Le discours se manifeste très souvent par une énonciation sous forme de pronoms qui renvoient aux différents participants de l’acte de communication, on retrouve alors les pronoms ‘‘Je, Tu, Nous, Vous… Les repérages spatio-temporels sont quant à eux situés par rapport au moment de l’énonciation. Les temps principaux seront alors le présent, le futur et à côté de l’imparfait et du plus-que-parfait, le passé composé. Les marqueurs seront par exemple : ‘‘aujourd’hui, hier ou demain’’, pour ne citer que ceux-là. La narration n’étant pas toutefois figée, il arrive qu’à l’intérieur même du discours, on retrouve encore le récit qui se caractérise davantage par une énonciation masquée qui donne l’impression d’un compte rendu. Reuter, Yves, Introduction à l’analyse du roman, op. Cit., p. 58.

450

Condé, Maryse, Désirada, op. Cit. p. 63. 451

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révèle l’impact que les déplacements physiques ont sur l’identité d’un individu. Sa

personnalité et son comportement varient en fonction de l’espace géographique dans lequel elle évolue. A la Désirade, rocher dénudé et peu fertile, détesté de tous les Guadeloupéens à cause de son triste passé, Nina est une femme froide, insensible et dure dont le cœur est étranger à l’amour et à l’affection. Il y a une sorte de correspondance entre la personnalité de Nina et la configuration géographique de la Désirade. L’insensibilité et l’indifférence de Nina sont à l’image de l’aridité et de l’inhospitalité de l’île de la Désirade. Mais une fois à La Pointe, terre fertile et hospitalière, l’attitude de Nina change, la femme froide et distante cède la place à une femme chaleureuse et attentionnée. Le changement qu’on observe dans l’attitude de Nina illustre également l’influence que la relation avec l’Autre peut avoir sur l’identité. C’est au contact d’Arcania que Nina devient une femme affectueuse et pleine d’abnégation qui ne s’épargne aucun effort pour faire du bien à sa maîtresse. Arcania est décrite par Reynalda comme une femme douce, pleine de tendresse et d’amour pour les autres ; tout porte à croire que c’est sa personnalité qui amène Nina à modifier la sienne.

Mais si Nina change de comportement, c’est uniquement envers Arcania car avec sa fille Reynalda, elle demeure la même femme insensible et indifférente. L’identité de Nina change donc selon la personne qu’elle côtoie et cette partialité dont elle fait preuve attise la jalousie de Reynalda envers Arcania, la maîtresse de maison qui bénéficie de toute l’attention et de toute l’affection de Nina, une affection dont elle, Reynalda, a toujours été privée. En fait, Reynalda qui pensait peut-être que sa mère était une femme insensible, se rend compte, arrivée à La Pointe que non seulement sa maman est capable de tendresse mais qu’en plus elle

l’accorde à d’autres mais pas à elle. Et quand finalement Nina devient la maîtresse de Gian

Carlo, l’époux d’Arcania, cette jalousie cède la place à la colère, au mépris et à la haine:

Soir après soir, j’entendais Gian Carlo qui entrait dans son lit en malmenant le sommier. Je l’entendais grogner au moment de jouir comme le porc qu’il était, se racler le gosier, péter, pisser dru dans le toma. Je n’entendais jamais ma maman et c’était plus

hideux encore. Elle aurait crié, protesté, se serait battue que je l’aurais plainte comme une victime. Elle aurait pris son plaisir que je l’aurais considérée comme une bête en chaleur. Mais ce silence faisait d’elle un objet passif, une bonne à tout faire. […] Je le haïssais. Je

haïssais ma maman. Je ne savais pas lequel je haïssais le plus. Je rêvais de les tuer. De la

manière la plus atroce et la plus sanguinaire. J’imaginais mille manières de les torturer. Il fallait qu’ils souffrent ces monstres452.

Reynalda ne supporte pas que sa maman reproduise le schéma de la femme antillaise esclave qui n’était pas seulement une ménagère, mais aussi un objet de plaisir pour le maître blanc, c’est ainsi qu’elle en vient à mépriser et à haïr sa mère. Il convient de souligner que le

452

175 récit de la vie de Reynalda se présente dans le roman sous la forme de réminiscences : c’est Marie-Noëlle qui se souvient des confidences que sa mère lui a faites. C’est à travers ces

confidences que nous apprenons ce qui est arrivé à Reynalda, du moins, ce qu’elle affirme

avoir subi lorsqu’elle vivait encore rue de Nozières. Lydie Moudileno attire l’attention sur le

fait que dans Désirada, Reynalda « est littéralement introuvable »453 et que « l’accès à sa voix

est assuré par des déclarations conservées et récupérées par le processus mémoriel ».454 Selon

Lydie Moudileno, cette technique narrative permet d’ébranler la sincérité et la fonction décisive du récit de Reynalda. En effet, le récit de Reynalda se rapporte à l’anamnèse ; or, dès le début du roman, la voix narrative insiste sur « la nécessité de considérer les réminiscences

de Marie-Noëlle comme ‘‘souvenirs imaginaires’’ »455. C’est comme si la voix narrative

mettait le lecteur en garde contre la tentation de se fier à la mémoire de Marie-Noëlle, qu’elle présente à plusieurs reprises comme une mémoire lacunaire et pas toujours fiable qui conserve

certains souvenirs intacts mais en travestit d’autres, quand elle ne les crée pas tout

simplement. Il semblerait que de cette manière, la voix narrative invite le lecteur à ne pas considérer le récit de Reynalda médiée par la mémoire de Marie-Noëlle comme véridique ou pour reprendre les termes de Lydie Moudileno :

Dans la mesure où la parole maternelle n’intègre le roman que médiée par la

mémoire de sa fille, une mémoire dont le texte vient justement de démontrer la faillibilité,

elle aussi pourrait bien n’être qu’un ‘‘souvenir imaginaire’’ de plus, non pas parole pure,