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PREMIERE PARTIE : TEXTES ET CONTEXTES

Chapitre 3 : Les figures maternelles

2) Des mères indifférentes

L’indifférence est la caractéristique principale des figures maternelles dans Désirada.

Nina et Reynalda s’illustrent par leur froideur et leur insensibilité envers leurs enfants.

311

Idem., p. 325. 312

110 Prenons d’abord le cas de Nina. Dans la confession qu’elle fait à Marie-Noëlle, sa petite-fille, elle avoue son manque d’affection pour Reynalda, sa fille: « Je ne l’aimais pas et, disons la

vérité, elle ne m’aimait pas non plus »313. Cette absence d’amour envers sa fille est le résultat

du viol qu’elle a subi. En effet, violée par son cousin hideux Gabin, Nina se retrouve enceinte ; pourtant comme elle l’affirme dans son récit, elle n’a pas toujours détesté son bébé ; elle l’a même aimé, mais lorsqu’il est né, cet amour s’est transformé en répulsion :

On ne porte pas un fœtus, neuf mois à l’étroit dans son ventre sans s’attacher à lui, sans causer avec lui pour lui promettre une existence meilleure que celle qu’on vit, sans imaginer la figure qu’il aura. Mais quand la sœur a mis Reynalda dans mes bras après

mon accouchement, elle était tellement laide, déjà le portrait craché de Gabin, noire-noire comme lui avec ses yeux globuleux, que tous mes bons sentiments se sont envolés aussitôt314.

Nina avoue n’avoir pas pu aimer sa fille parce qu’elle ressemblait trop à Gabin son violeur. Ce manque d’amour n’empêche pas Nina de remplir ses devoirs maternels envers sa fille ; elle la nourrit, l’habille comme elle peut et l’inscrit même à l’école. Cependant, n’ayant aucune affection pour Reynalda, elle demeure froide avec elle et ne peut s’empêcher de la critiquer :

Ma maman ne m’appréciait pas. Cela, je l’ai senti tout de suite. […] C’est qu’elle n’avait jamais une bonne parole pour moi. Elle répétait que j’étais trop noire, trop courte, que j’avais de mauvais cheveux, pas comme les siens qui étaient longs, fournis et qu’elle

coiffait en « vanilles » pour aller à la messe. Elle ne cessait pas de ronchonner que jamais

je ne trouverais un homme pour s’occuper de moi315.

Reynalda compte si peu aux yeux de Nina que lors de sa disparition, elle ne mène aucune enquête pour retrouver sa fille, à peine âgée de quinze ans. Elle confesse d’ailleurs à

Marie-Noëlle : « Reynalda était allée se faire pendre ailleurs. Où ? Cela m’est bien égal »316. Comme

le montre cet extrait, le sort de Reynalda laisse Nina totalement indifférente. Devenue insensible à tout ce qui a trait à Reynalda, elle continue de jouir de la vie avec son amant Gian Carlo comme si rien n’avait changé. Lorsqu’elle apprend une trentaine d’années plus tard que Reynalda vit à Paris avec son compagnon et leurs deux enfants, elle se contente de dire « Tant

mieux pour elle »317. A l’instar de sa mère, Reynalda n’éprouve pas d’amour pour ses enfants.

Dès le début du roman, elle est présentée comme une jeune fille secrète et mystérieuse dont personne ne connaît la véritable identité. Elle est également dépeinte comme une fille insensible et ingrate qui n’a pas hésité à abandonner son bébé et sa bienfaitrice Ranélise pour

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Condé, Maryse, Désirada, op. Cit., p. 190. 314 Ibidem., p. 190. 315 Ibidem., p. 63. 316 Ibidem., p. 198. 317 Ibidem., p. 183.

111 aller vivre en France. La personnalité de Reynalda est encore enlaidie par l’acte de trahison qu’elle pose envers Ranélise dix ans après son départ pour la France. En effet, dans une lettre recommandée envoyée par la poste, elle réclame sa fille à Ranélise :

L’écriture sur un papier couleur crème en était ferme, voire élégante : Savigny-sur-Orge, ce 27 juin

Chère amie Ranélise,

Contrairement à ce que tu peux croire, je n’ai pas oublié ma fille. Le moment est venu où je peux remplir mes devoirs envers elle, car je suis en mesure de lui assurer la vie décente que tout enfant mérite.

Je te serais reconnaissante de m’adresser par retour du courrier ses carnets de scolarité et de santé. Je te fais parvenir de quoi prendre soin de son habillement et un billet d’avion pour la mi-octobre. Tu n’as qu’à signer les papiers, elle voyagera en UM.

Je ne cesse de remercier la bonté de ton cœur. Reynalda Titane

P.-S : Je suis maintenant assistante sociale à la mairie de Savigny-sur-Orge318.

La lettre de Reynalda est laconique et froide ; elle ne laisse transparaître aucun sentiment profond de gratitude envers Ranélise. Les remerciements qu’elle lui adresse relèvent davantage de la politesse que de la reconnaissance car Reynalda reste très superficielle, ne daignant même pas présenter des excuses à Ranélise pour son silence durant toutes ces années. La lettre de Reynalda est si formaliste que le lecteur a l’impression qu’elle s’adresse à une lointaine connaissance qui lui aurait dans le passé rendu un service de moindre importance, et non à la femme qui l’a sauvée, s’est occupée d’elle après son suicide avorté et qui sans demander son reste a pris soin de sa fille Marie-Noëlle, comme si c’était la sienne. Ce courrier dénué de chaleur et d’émotion envers sa Ranélise vient confirmer la réputation de jeune femme ingrate que Reynalda s’est faite auprès des habitants du Canal Vatable.

Cette lettre a également le mérite de révéler les sentiments de Reynalda pour sa fille Marie-Noëlle et même de donner le ton des relations qu’elle entretiendra avec elle. En effet, la seule raison que Reynalda évoque pour justifier sa démarche auprès de Ranélise est qu’elle est désormais en mesure de s’occuper de sa fille, de remplir envers elle ses devoirs. Lesquels ? Elle ne le précise pas. Par contre elle affirme être maintenant capable de « lui assurer une vie décente » ce qui renvoie purement et simplement aux devoirs matériels et physiques d’un parent envers son enfant : le nourrir, lui fournir un toit, des vêtements confortables et une instruction scolaire. Reynalda élude le côté affectif des relations filiales comme si cela n’avait aucune importance dans les rapports qu’entretiennent une mère et sa fille. Elle n’utilise dans sa lettre aucun terme affectueux envers Marie-Noëlle, qu’elle ne prend d’ailleurs pas la peine de nommer. Elle l’appelle « ma fille », certes, mais cela renvoie plus à son statut et à son rôle de génitrice ou de mère qu’au rôle d’une maman. La maman étant ici celle qui témoigne de

318

112 l’affection et de l’amour envers un enfant. De cette lettre, on peut lire en filigrane que ce n’est pas parce que sa fille lui manque que Reynalda la rappelle auprès d’elle, ce n’est pas non plus par amour, mais uniquement par devoir. On comprend alors que Marie-Noëlle ne retrouvera pas en Métropole une « maman » comme l’a été pour elle Ranélise, mais une mère biologique qui agit davantage par obligation que par amour. Cela laisse présager que le comportement de Reynalda envers sa fille sera régi par la notion du Devoir ; celui-ci sera le socle de leur relation. C’est d’ailleurs ce que confirme la réaction de Reynalda à l’aéroport lorsqu’elle revoit sa fille pour la première fois après dix ans :

Elle regarda Marie-Noëlle furtivement, presque peureusement, lui adressa un

demi-sourire contraint, puis détourna les yeux en vitesse sans se pencher pour l’embrasser. […]

Puis elle se saisit de la valise de Marie-Noëlle et la précéda vers la sortie […] Marie -Noëlle tremblait sans savoir pourquoi. Elle avait du mal à suivre le pas de Reynalda qui

marchait très vite dans les tours et détours de l’aéroport. […] Reynalda ne prononçant pas

une seule parole ni pour prendre de ses nouvelles, de celles de Ranélise et de Claire-Alta ni pour se renseigner sur les changements survenus à La Pointe, le trajet paraissait sans fin et Marie-Noëlle s’engourdit dans la détresse319.

Comme le montre cet extrait, Reynalda n’a aucun geste de tendresse ni de compassion envers Marie-Noëlle. Après dix ans de séparation et d’absence, elle se comporte comme si elles avaient toujours vécu ensemble et s’étaient à peine séparées la veille. Elle ne lui témoigne pas d’attention et encore moins de sympathie puisqu’elle ne lui pose aucune question sur son voyage, ni sur sa santé. Par conséquent, le trajet de l’aéroport au domicile se fait dans une atmosphère lourde et oppressante pour Marie-Noëlle. Cette première rencontre entre mère et fille constitue le synopsis de leur relation durant les longues années qu’elles passeront ensemble : froideur, indifférence et absence totale de communication et d’affection. Pour expliquer le comportement de Reynalda on pourrait déjà avancer que les années passées loin de sa fille ont fait disparaître de son cœur tout sentiment maternel envers elle. De plus, cette dernière étant issue d’un viol on peut comprendre qu’il soit très difficile pour Reynalda d’éprouver des sentiments d’amour pour un enfant qu’elle n’a pas désiré et qui de surcroît lui rappelle la violence sexuelle qu’elle a subie et l’individu ignoble qui en est le coupable. Mais son attitude envers Garvey, son deuxième enfant, issu d’une union consentie et stable avec Ludovic son compagnon, vient remettre en cause ces arguments. En effet, Reynalda ne paraît pas avoir plus d’affection envers Garvey qu’envers Marie-Noëlle ; elle n’est pas plus proche de lui qu’elle ne l’est de sa fille aînée : « Même Garvey et ses petits

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113 caprices ne retenaient pas son attention. Elle le prenait contre elle un moment puis, vite, le

déposait par terre, lassée, à nouveau happée par son indifférence »320.

C’est comme si Reynalda n’éprouvait pas de sentiment maternel ; ses gestes, même envers Garvey qui vit à ses côtés depuis sa naissance, restent superficiels, formalistes et froids. Si elle le prend dans ses bras, elle le redépose aussi vite comme si elle avait du dégoût pour lui. Reynalda reste une mère très distante, peu préoccupée par ses enfants que par son travail et ses études qui accaparent toute sa personne. Elle n’apprécie guère la maternité et si elle continue à faire des enfants, c’est uniquement pour faire plaisir à Ludovic, son compagnon ; c’est du moins ce qu’elle déclare à Marie-Noëlle lorsqu’elle se retrouve enceinte de son troisième enfant :

Je n’ai pas voulu cet enfant. C’est Ludovic. Je ne suis pas bonne pour la maternité, tu en sais quelque chose. Et à cause de cela, tu n’es pas heureuse. Garvey non plus n’est

pas heureux. Vous croyez que je n’ai pas souci de vous ? Vous vous trompez, mais je ne

peux pas vous donner ce que je n’ai jamais reçu moi-même321.

Par ces paroles Reynalda affirme se soucier de ses enfants même si elle est incapable de leur témoigner la tendresse et l’amour maternels auxquels ils ont droit. Dans ce passage, elle évoque également la raison de cette incapacité à aimer ses enfants : elle n’a jamais reçu d’amour de la part de sa mère. Parce qu’elle ne lui a jamais témoigné de la tendresse, de l’amour et de l’affection, Nina a fait de Reynalda la femme froide qu’elle est aujourd’hui, incapable d’aimer ses enfants. Nina, la grand-mère est donc désignée ici comme la principale responsable des souffrances de Reynalda et de celles de ses enfants. Mais comme Reynalda, Nina a été violée par son cousin et c’est de cet acte de barbarie qu’est née Reynalda. Impossible donc de regarder cet enfant sans se rappeler le viol dont elle avait été victime.

Violées et blessées, Nina et Reynalda sont toutes deux incapables d’aimer les filles

nées de leur viol. A travers ses deux figures maternelles, Maryse Condé montre les séquelles et les cicatrices affectives causées par le viol ; si le traumatisme qui en résulte pour la victime n’est pas géré d’une manière appropriée toute son existence peut s’en trouver bouleversée. Maryse Condé montre également que l’amour maternel n’est pas inconditionnel et peut s’éteindre comme chez Nina ou alors ne jamais exister dans le cœur d’une femme, comme c’est le cas chez Reynalda et dans ces deux situations, les dégâts affectifs sont souvent désastreux ou irrémédiables pour les enfants.

Mais la progéniture de Reynalda n’est pas la seule victime de son indifférence, Ludovic, son dévoué compagnon en fait aussi les frais :

320

Idem., p. 40. 321

114 Quand elle cédait aux appels insistants de Ludovic, c’était pour s’asseoir à la table du dîner sans toucher à son assiette et pour fixer muette, comme boudeuse, l’écran aux mille couleurs de la télévision, absorbée qu’elle était par une obsession qu’elle ne

partageait avec personne. Elle n’avait pas de conversation. Elle écoutait sans mot dire Ludovic qui faisait demandes et réponses. En un mot, elle ne paraissait s’intéresser à rien. Ni à la culture, ni à la politique, aux hauts et bas de l’Afrique qui passionnaient

Ludovic322.

Reynalda est si taciturne et étrange qu’elle ne communique pas avec son compagnon, même quand il l’y invite par des questions. Si ce dernier fait tous les efforts possibles pour créer une ambiance agréable dans leur foyer, Reynalda ne fait aucun effort dans ce sens. Elle se complaît au contraire à dresser autour d’elle un mur qui empêche les membres de sa famille de s’approcher d’elle en restant silencieuse et en s’enfermant constamment dans son bureau quand elle n’est pas au travail. Les centres d’intérêts de Reynalda et Ludovic sont aussi différents que leur personnalité respective. Autant le premier est aimant, chaleureux et dévoué envers sa famille, autant la seconde est distante et froide avec les siens. Et seulement avec les siens, car aussi bizarre que cela puisse paraître, Reynalda est une assistante sociale très active. Et de surcroît, elle est de concert avec Ludovic (il semble d’ailleurs que c’est leur unique centre d’intérêt commun) membre actif d’une association politico-religieuse « Muntu » censée aider les jeunes délinquants et les personnes en détresse à s’insérer dans la société et à devenir des personnes meilleures.

Il y a chez Reynalda deux personnalités bien distinctes qui s’opposent l’une à l’autre : la femme publique et la femme privée. En tant que femme publique, Reynalda est une assistante sociale énergique, réputée pour son efficacité et ses combats pour la défense des opprimés, notamment des femmes violées et maltraitées par les hommes. Elle défend avec brio devant la justice les intérêts des victimes :

Mais elle s’occupait avec une redoutable efficacité de toutes les malheureuses aux prises avec la scélératesse sans discernement de l’existence. Africaines du nord ou du sud du

Sahara, Antillaises de Guadeloupe comme de Martinique, Réunionnaises, abandonnées par des amateurs de chair plus fraîche, humiliées, malmenées, battues, violentées. Elle

n’avait pas sa pareille pour amener les sans-défenses à se défendre, les amorphes à se révolter, pour transformer les passives en furies et les pousser à revendiquer leurs droits

ainsi que ceux de leurs enfants. C’est ainsi que plus d’un homme, contraint par ses

enquêtes familiales et ses témoignages devant les tribunaux à des pensions alimentaires et autres tribulations de ce genre, se jurait de lui donner une leçon qu’elle n’oublierait pas de

sitôt323.

Dehors, Reynalda s’impose comme une femme sensible et altruiste qui donne généreusement de son temps et de son énergie pour aider les opprimés. Dedans, c’est-à-dire

322

Ibidem., pp. 39-40. 323

115 dans l’intimité de son foyer, elle se comporte en femme égoïste et insensible au bien-être de sa famille. Autant elle s’émeut des chagrins et des déboires d’autrui, autant elle demeure indifférente, voire sourde aux souffrances des membres de sa famille. Elle qui dans le cadre de son travail n’hésite pas à mener des enquêtes familiales pour sortir les victimes qu’elle défend de la misère, ne daigne pas rendre visite à Marie-Noëlle, sa fille internée au sanatorium de Vence pour une cavité tuberculeuse au poumon droit : « A part les fidèles lettres de Ranélise et d’Awa, elle [Marie-Noëlle] ne recevait ni colis, ni visites. Tous les mois, un mandat-carte, avec les mêmes mots : « Affections de ta maman ». Tous les quinze jours,

un coup de téléphone de Ludovic qui lui donnait des nouvelles de la maison »324. Il semble

que la maladie de Marie-Noëlle n’émeut pas Reynalda car son attitude envers sa fille ne change pas. Cet extrait révèle que Reynalda se soucie très peu de l’état de santé physique,

moral et affectif de Marie-Noëlle puisqu’elle ne l’appelle ni ne lui écrit pour prendre de ses

nouvelles ; elle se contente de lui envoyer de l’argent pour ses besoins matériels comme si cet argent suffisait à remplir tous ses devoirs envers sa fille et à combler tous les besoins de cette dernière. Reynalda est le modèle d’une femme égoïste pour qui tout ce qui compte est la réussite professionnelle ; elle fait de celle-ci sa raison de vivre et la condition essentielle à son bonheur. Chez Reynalda, la famille et la maternité sont des obstacles à la liberté et à l’épanouissement du sujet féminin. En déclarant à Marie-Noëlle qu’elle ne peut pas aimer ses enfants parce qu’elle n’a jamais été aimée par sa mère, Reynalda laisse entendre que toutes les femmes qui n’ont pas connu l’amour maternel sont appelées à devenir comme elle, indifférentes et froides. Puisque Reynalda n’aime pas parce que sa mère ne l’a jamais aimée, pareillement, Marie-Noëlle elle aussi est appelée à devenir une femme insensible par manque d’amour maternel. Reynalda inscrit donc Marie-Noëlle dans une lignée de femmes meurtries à cause de l’insensibilité de la mère et qui reproduit à l’infini la souffrance qu’elle a connue.

Reynalda est un personnage très intéressant car à travers lui, Maryse Condé déconstruit le modèle maternel tel qu’il est couramment représenté dans les romans antillais. En effet, la figure maternelle est souvent idéalisée dans la littérature des Antilles où la mère est presque toujours représentée comme le poto-mitan de la maison, une femme brave et courageuse, pleine d’amour et de compassion pour ses enfants et prête à tous les sacrifices pour assurer leur avenir. La mère antillaise est souvent exemplaire et la vie familiale s’organise autour d’elle ; travailleuse, innocente et élevée au-dessus de tout soupçon, son malheur vient souvent de son amour pour l’homme antillais ingrat dont la brutalité et la

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116 perfidie légendaires font d’elle une pauvre victime. La mère et la grand-mère antillaises sont souvent si mythifiées que dans nombre de textes antillais, elles apparaissent comme des éléments incontournables dans la quête et la reconnaissance identitaire du sujet. Lydie Moudileno affirme à ce sujet que

la fiction francophone antillaise nous a habitué aux quêtes identitaires dans lesquelles l'espace maternel est toujours crucial à la formulation des subjectivités modernes. En ce qu'elle recèle, pour utiliser des mots-clés chers à Edouard Glissant, la trace du traumatisme, de la relation, et donc de l'antillanité, la profondeur pressentie de l'espace maternel pointe toujours, dans la littérature antillaise, l'historicité du lieu, de la communauté et du sujet. Chez Glissant comme chez la plupart des romanciers antillais