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Hugo au Vaisseau : temps passé par élément

15. PLAN DE LA MISE EN ŒUVRE DE LA RECHERCHE

Arrivés à ce point de notre démarche, nous savons que nous avons progressé dans notre recherche qui vise une meilleure compréhension de l’expérience des visiteurs dans les espaces de médiation de sciences :

1 Terrain. Nous disposons de trois contextes différents de médiation des sciences

dans l’espace public — le Vaisseau, le Musée zoologique et le musée de l'Œuvre Notre-Dame — identifiés par les visiteurs dans le cours de leur visite comme des lieux de diffusion de savoirs de sciences (cf. Les lieux et les publics retenus pour

les enquêtes p.143).

2 Méthode. Nous avons montré que la méthode d’enquête proposée – perspective

PSS associée à un entretien RSS – nous permet d’accéder à l’expérience verba-lisée du visiteur sur la base de sa réminiscence sans introduire d’effets secondaires significatifs ou de biais manifestes (cf. L’influence du dispositif vidéo p.159).

3 Analyse (exemples). Dans ces lieux de médiation des sciences, nous pouvons

rendre compte finement de la construction des connaissances des visiteurs, de ce qui fait sens pour eux dans le cours de leur visite à partir de la documentation des composantes du signe hexadique, composantes issues du cadre théorique sémiologique de Theureau modifié par Ria et adapté au terrain de nos enquêtes (cf. Renseigner les composantes des signes hexadiques : deux exemples p.139).

4 Analyse (déployée). Nous avons réalisé 41 entretiens, répartis de la façon

sui-vante : 15 entretiens au Vaisseau, 12 entretiens au Musée zoologique, 12 entretiens au musée de l'Œuvre Notre-Dame et 2 entretiens au musée d'Art mo-derne et contemporain. Ces deux derniers entretiens ont été réalisés dans un lieu perçu par les visiteurs comme relevant de l’art et sont à considérer comme une exploration ouvrant sur des perspectives d’application au-delà de la médiation des savoirs de sciences.

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Nous avons ensuite transcrit 38 des 39 entretiens RSS réalisés dans les établis-sements retenus78 (Vaisseau, Musée zoologique, musée de l'Œuvre Notre-Dame). Puis nous avons analysé ces entretiens RSS et documenté les composantes de 139 signes hexadiques donnant lieux à 158 cours d’expérience (certains signes hexadiques regroupent deux cours d’expérience). Ces 158 cours d’expérience documentés constituent le fond de notre collection de signes hexadiques et de cours d’expérience. Tous les entretiens sont accessibles à partir du site www.museographie.fr ; des exemples d’entretiens sont regroupés avec les ana-lyses des cours d’expérience en annexe F : Exemples de cours d’expérience.

Les trois établissements retenus (Vaisseau, Musée zoologique, musée de l'Œuvre Notre-Dame) proposent différentes formes de médiation dans l’espace public à partir de collections ou de dispositifs tout en étant perçus ou plutôt perçus comme des lieux de médiation de sciences. Les cours d’expérience dans ces établissements devraient nous aider à comprendre les modalités de notre relation aux sciences en recoupant à la fois ce qui distingue les cours d’activité spécifiques à chaque espace et ce qui réunit les cours d’expérience communs à ces trois espaces. Autrement dit, les cours d’expérience peuvent être différents dans les trois espaces mais nous devrions à la fois pouvoir trou-ver une identité au sein de chaque espace qui qualifie l’expérience de cet espace et nous devrions également pouvoir identifier des articulations récurrentes, communes à l’ensemble de ces espaces, les qualifiant comme diffusant des savoirs de sciences.

Ainsi nous proposons de saisir l’étendue de la diversité des cours d’expérience dans les trois établissements puis d’analyser à la fois ce qui distingue et ce qui ras-semble les cours d’expérience dans différents lieux pour en dégager ce que signifie « vivre l’expérience de savoirs de sciences dans l’espace public » et proposer une hypo-thèse sur la nature de la construction de la réalité dans l’espace public de médiation des sciences. Le plan se présente de la façon suivante :

1- Donner à partager les notions de X-monde, de monde propre et de micromondes puis prendre la mesure des apports de la méthode : finesse et diversité des cours d’expérience ; profondeur et concaténation des cours d’expérience.

2- Identifier des motifs du cours d’expérience plus spécifiques à chaque établisse-ment puis explorer la signification de ces activités à l’aide des composantes renseignées du signe hexadique.

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3- Proposer des articulations communes aux cours d’expérience recueillis dans les trois établissements qui rendent compte de l’activité vécue des visiteurs tout en respectant le domaine phénoménologique des visiteurs (la clôture opérationnelle) et la règle de composition (des descriptions symboliques sous la forme d’un lan-gage composable).

L’expérience des visiteurs (re)visitée

La documentation du signe hexadique nous permet de décrire la construction de sens du point de vue du visiteur au cours de son activité ou comme le dit Theureau « l’histoire de la conscience préréflexive de l’acteur, ou l’histoire de ce montrable, racon-table et commenracon-table » (Theureau, 2006, p. 48) et nous constatons à travers l’ensemble des analyses de ces cours d’expérience que la précision de cette méthode est remar-quable. Elle rend compte de l’expérience du visiteur aussi bien sur des séquences très courtes, de l’ordre de quelques secondes, sans introduire de biais significatif dans l’expérience du visiteur, que sur des séquences plus longues où il est possible de mettre en évidence des récurrences significatives d’Engagement ou d’Anticipations, qui consti-tuent un certain rapport au monde, une certaine façon de le vivre ou de s’y lier. Dans tous les cas, ces séquences découpées par les visiteurs eux-mêmes et donnant lieu à Interprétants nous permettent de comprendre comment un visiteur identifie, perçoit des objets, comment il les relie ou se lie à ces objets, ce à quoi il pense à cet instant précis, ce qu’il désire obtenir, ses attentes, etc. et ce, à tout moment de sa perspective subjec-tive donc de son expérience sous forme de ce que l’on pourrait appeler un « passé proche » revécu. En ce sens, le premier objectif de la méthode est atteint : nous pou-vons et nous sapou-vons rendre compte de l’expérience des visiteurs au fur et à mesure de leur activité dans un musée de sciences ou un centre d’interprétation des sciences, voire comme le suggèrent les enquêtes faites au musée d'Art moderne et contemporain, au sein de tout espace de médiation culturelle (cf. annexe F : Exemples de cours

d’expérience).

Afin de partager les concepts de X-monde, mondes propres et micromondes qui traversent cette recherche, je propose de détailler les Représentamens construits par les visiteurs devant le même objet, la même sculpture, de façon à prendre la mesure de la diversité des mondes propres qu’ils dessinent.

Pour illustrer la finesse de la méthode et la diversité des cours d’expérience qui s’en dégage, je propose de partir des mêmes contextes, c'est-à-dire d’un même lieu, d’un même environnement – ici le Vaisseau et le Musée zoologique – et de décrire

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l’expérience de plusieurs visiteurs dans ce contexte précis, dans un premier temps à partir d’une observation non-participante puis dans un second temps, à partir de l’entretien RSS. La comparaison de ces deux perspectives nous permettra d’apprécier les apports de l’entretien RSS.

Pour illustrer la profondeur et les concaténations des cours d’expérience et pour représenter tous les établissements, je propose de détailler l’analyse d’une séquence complète avec un exemple pris au musée de l'Œuvre Notre-Dame. Nous pourrions dé-velopper le même propos pour chaque établissement, car la finesse, la diversité, la profondeur, la concaténation des signes hexadiques sont propres à la méthode et non aux lieux enquêtés.

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