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La phonologie de la langue arabe :

CHAPITRE I : Théories et approches en usage en classe de langue

4. Caractéristiques des LVE et de l’arabe

4.4 La phonologie de la langue arabe :

Pour écrire et lire le français correctement, l’apprenant doit posséder des connaissances linguistiques ayant trait à :

_la phonologie _la morphologie, _le lexique, _la syntaxe

Ces compétences qui dépassent le seuil de la transcription phonème /graphème sont indispensables à la compréhension et à la communication, elles lui permettent d’éviter la confusion au niveau du sens, de la prononciation et de l’orthographe. Selon des études menées par Alegria et Mousty (1994&1996), pour les enfants qui présentent un niveau de lecture faible, le problème se situe au niveau des représentations. Autrement dit, il serait faux d’imputer ces déficiences aux seuls facteurs phonologique ou graphique.

« Le fait le plus important pour cette étude est que des lecteurs déficients sont plus faibles au niveau de l’orthographe lexicale que des lecteurs normaux de même niveau de lecture » 1

4.4 La phonologie de la langue arabe :

Pour mieux situer les difficultés phonétiques que rencontrent les apprenants des langues étrangères dans le secondaire algérien, il faut rappeler que le français n’est enseigné qu’en quatrième année du cycle primaire, à cet âge les habitudes phonétiques sont déjà ancrées. De même pour les représentations concernant les sons et les phonèmes qui les composent, surtout que ces derniers appartiennent à une langue que l’on peut qualifier de distante par rapport au français. Dès le début de l’apprentissage du français les apprenants vont faire face à une graphie différente et qui s’écrit de gauche à droite.

2 Laurence Riebel, Michel Fayol, Charles A. Perfetti, des orthographes et de leur acquisition, Delachaux et Niestlé, Paris, 1997, p176

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4.4.1 Les caractéristiques du système phonologique de la langue arabe :

En plus des contraintes mentionnées dans le paragraphe précédent, la particularité de la langue arabe réside dans le fait que les phonèmes représentés par l’alphabet arabe ne correspondent pas toujours aux symboles universels de l’API ; d’ailleurs le système de transcription phonétique n’est pas adopté comme moyen d’enseignement en cours d’arabe. La première et la plus importante des difficultés est la différence de caractère (graphie), en arabe les lettres sont souvent modifiées ou distinguées par la vocalisation ou signes diacritiques. Cette dernière est venue pour palier à l’imperfection des signes graphiques, certains signes se font distinguer par le rajout d’un point comme c’est le cas des lettres [f] et [k]. ف et ق .Le nombre de lettres qui peuvent être modifiées par un seul signe diacritique, le point, est de dix-huit graphèmes (lettres).

L’omission d’un point peut entraîner une lecture totalement différente, par contre la graphie arabe sans la vocalisation rendrait la lecture impossible, et par la même la compréhension : ﺖﻨﻛ et ﺖﻨﻛ (en français il s’agit de j’étais et tu étais).

Dans ce cas précis, le lecteur ne peut pas savoir si c’est la première personne qui parle ou si c’est la deuxième si les lettres ne sont pas dotées des caractères de vocalisation ou signes diacritiques.

Parmi les difficultés, nous citerons l’inexistence des phonèmes /p/, /g/, /v/ dans le système phonologique de l’arabe, l’usage de ces derniers est imposé par l’emprunt de mots nouveaux du français et de l’anglais par exemple :

Virus, Gaz, password

Autre caractéristique de la langue arabe qui peut être à l’origine de confusion phonétique, l’existence de deux consonnes très proches et qui n’ont qu’un seul équivalent en français :

Le /r/ équivaut à : / غ/ / ر/ c’est le /r/ roulé

Ces distinctions se traduisent par des confusions, l’apprenant ne sait pas s’il faut écrire un mot qui est introduit pour la première fois avec /gh/ ou avec /r/.

C’est grâce à un système de HARAKAT que les grammairiens arabes sont parvenus à rendre la lecture possible pour le débutant.

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Hamza. Les Harakat permettent de noter les voyelles et sont au nombre de dix : Fatha, Kasra, Damma, Madda, Alif, Alif wasla, Tanwin (nunation), Sukun, Shadda, et la Hamza.

Ces quelques informations nous renseignent un tant soit peu sur les divergences entre l’alphabet latin et l’alphabet arabe et sur les difficultés auxquelles les apprenants font face au niveau de la lecture et de la prononciation, mais le détail est bien plus compliqué.

Exemples de déviances phonétiques au niveau de l’expression orale:

1) confusion entre en et on : celle-ci est très fréquente, nous citons le cas de « dans » et « dont », « sortant » et « sortons »

2) le cas de « é » et « ait » dans « rentré » et « rentrait »

On note aussi des défaillances graphiques au niveau de l’écrit et qui peuvent être imputées à une mauvaise réception des sons par les apprenants. Il faut noter au passage que certains phonèmes ne sont pas perçus, voire non reconnus, car ils ne font pas partie du système phonologique de la langue arabe. On peut citer :

a) « enton » pour « entend » b) « vésiter » pour « visiter »

c) « l’infermière » pour « l’infirmière » d) « l’édication » pour « l’éducation »

Nombreuses sont les fautes comme celles citées ci-dessus et qui passent pour être des fautes morphologiques alors qu’elles sont des fautes phonétiques.

Quant aux consonnes les plus remarquées au niveau phonétique, on citera les consonnes [p ] occlusive sourde et [b ]occlusive sonore qui sont confondues parce que la première ne fait pas partie de l’alphabet arabe. La consonne [v ] fricative sonore pose également problème pour les mêmes raisons.

Les voyelles et les consonnes que l‘on vient de citer représentent des phonèmes essentiels à la compréhension linguistique et tout changement d’une unité minimale peut entraîner un changement de sens par exemple :

« Par » devient « bar »

De même pour les voyelles : « brun » devient « brin »

Ces erreurs sont dues à la différence d’articulation des sons, l’arabe compte moins de voyelles et de diphtongues que le français et l’anglais. A cet égard on constate que l’apprenant trouve des difficultés avec les voyelles, ceci est d’autant plus vrai quand

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on sait que le français est une langue vocalique très articulée. Ces problèmes phonétiques se traduisent par des erreurs d’orthographe et une faible performance en lecture. Parfois les nuances sont à peine perceptibles pour l’apprenant, ce qui n’est pas sans conséquence sur la compréhension orale, exemple :

« Louis » et « lui »

Pour plus de précision, les phrases suivantes ont été prises comme exemple pour démontrer la confusion de certains apprenants dont la langue maternelle est l’arabe :

a) Un petit pot d’eau b) un petit peu d’eau

Les voyelles nasales sont les touchées par ce problème de non perception, un exercice phonétique sous forme de dictée a démontré que les apprenants n’étaient pas tous capable d’écrire correctement les mots suivants :

a) beau, bon, bonne, banc b) bas, bain

c) vain, vin

On remarque que les traits phoniques de ces mots sont très proches et seule une pratique intensive et précoce pourrait venir à bout de ce phénomène que l’on peut qualifier de « surdité phonologique ».Par contre les voyelles qui existent dans le système phonologique de la langue arabe ne posent problème de prononciation.

Exemple : [u:] , [i:] , [a:]

Quant aux voyelles mi fermées, elles sont souvent remplacées les unes par les autre comme dans les exemples suivants :

[o], [e], [i ] , [u ]

Types d’erreurs relevées dans les activités écrites des apprenants :

a) « Cinima » pour « cinéma » b) « contini » pour « continu »

Ces erreurs démontrent du bien-fondé de la thèse qui veut que l’apprentissage des langues étrangères se fasse à un âge précoce avant que le système phonologique de la langue maternelle ne soit définitivement installé.

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Les phonèmes /u/, /e/, /ə/, // sont très fréquents dans les mots en LVE1 et LVE2 et sont également ceux que l’apprenant arabophone trouve difficiles à prononcer correctement. Pour y remédier, une pratique intensive d’activités d’écoute et de

prononciation est vivement recommandée, sachant que les causes de ces défaillances phonétiques sont en partie imputables à la langue maternelle. De ce fait, un nombre important de mots sont ainsi mal perçus et par voie de conséquence mal orthographiés.

Le système phonologique de l’arabe, malgré sa richesse en consonne, ne peut rendre certains phonèmes d’origine latine ou anglo-saxonne, cependant le nombre de voyelles y est très limité :

Alif / ا / ou /a/

Hamza : voyelle silencieuse / ء / /و / ou /wa/

/ ى / ou /i /

Ces voyelles sont rendues précises ou génèrent d’autres phonèmes grâce à l’emploi des signes diacritiques ou vocalisation.

4.5 La compréhension de l’oral:

En LVE1 et LVE2, la compréhension d’un discours oral dépend surtout de la capacité de l’apprenant à identifier les éléments phoniques de ce discours. Une prononciation correcte est indispensable pour ce genre d’activité. « Un système

intériorisé par le locuteur-auditeur d’une langue et lui, permettant de produire et de comprendre les phrases de cette langue» 1

Cependant, lors de l’activité de compréhension orale l’enseignant peut trouver un appui dans les éléments facilitateurs qui sont :

-les démarches communes de l’enseignement des langues, langue arabe, LVE1et LVE2.

-explications (paraphrase ou autres) -inférences

1 Marie Jeanne de Man Vriendt (Ed), L'apprentissage d'une langue étrangère seconde, De Boeck Bruxelles 2000.