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La didactique du français

CHAPITRE I : Théories et approches en usage en classe de langue

2. La didactique du français

2.1La didactique du français et les théories de l’apprentissage :

La tradition behaviouriste de l’apprentissage, adoptée jusqu’ aux années 1970 par les didacticiens et les institutions éducatives en Algérie, estime que le processus d’enseignement/ apprentissage ne peut se réaliser qu’à travers le conditionnement. Dans ce contexte l’imitation, aux yeux des behaviouristes, joue un rôle important, pour Skinner l’apprentissage s’opère selon le schéma :

stimulus- réponse- renforcement

Ce schéma montre que pour les comportementalistes l’apprentissage de la langue se développe par l’intermédiaire des réflexes et des mécanismes.

La phase : Stimulus- réponse –renforcement est la base à laquelle participent l’enseignant et l’apprenant, elle se situe en amont du processus d’apprentissage. Ensuite, elle est suivie des « structural drills » exercices structuraux dont l’objectif est de consolider les structures grammaticales introduites et répétées mécaniquement auparavant.

Ce schéma épouse le concept selon lequel la langue est une « structure » telle que définie par les linguistes du début du vingtième siècle. C’est cette vision qui engendra la théorie structuro-globale ou structuro-behaviouriste.

Le behaviourisme : a pour objectif d'analyser les comportements physiques de l'être humain sans se concentrer sur les comportements mentaux : sentiments, représentations, du fait qu'ils ne soient pas observables, cependant, selon Skinner dans sa version du behaviourisme le comportement mental n'est pas exclu. L'approche behavioriste de Skinner voit que la totalité des comportements, y compris les comportements mentaux, obéissent au principe des stimuli et des renforcements. 2.2 La méthode structuro-globale :

Qu’est- ce -qu’une structure ?

Le terme « structure » nous renvoie aux travaux de Ferdinand De Saussure qui la définit comme étant un système. Les définitions sont nombreuses, cependant, les différentes théories s’accordent à dire que c’est l’organisation de la langue. Forte de ces découvertes linguistiques, la méthode structuro- globale construit l’apprentissage de la langue sur les automatismes ou plus exactement la manipulation des structures à travers des exercices structuraux (drills).Comme supports pédagogiques, les

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didacticiens de cette méthode font usage des moyens audio-visuel, et des laboratoires de langue, très recommandés pour les exercices de répétition et de pratique phonétique.

L'apprentissage des langues ne peut se faire qu'à la lumière des théories et approches relevant toutes du domaine scientifique de la psychologie :

La psychologie moderne a donné naissance à divers courants qui ont contribué à leur tour au développement de la pédagogie et de la didactique. Les courants ont influencé l'apprentissage et ses approches.

Le constructivisme : pour Piaget, l'objectif n'est pas l'explication des comportements mais la construction des connaissances. Cette construction se fait en deux étapes, la construction du réel et la formation du symbole – Pour Piaget les comportements ne sont pas dus aux facteurs externes, ils sont le résultat d'actions émanant du système nerveux.

Piaget voit le développement des connaissances sous trois aspects :

1 – L'interaction sociale ne joue aucun rôle dans le développement des connaissances; au contraire c'est l'interaction entre un individu solitaire et le monde physique en d'autres termes c'est ls ce développement est dû essentiellement au système nerveux.

2 – Tous les comportements pratiques trouvent leur explication dans le processus actif de la raison. Qu'ils soient d'ordre affectif, social, ou autre.

3 – Le développement biologique joue un rôle principal dans le processus d'apprentissage entre autres scolaire.

Toutes les données ou résultats d'enquêtes et expériences menées dans le cadre de la psychologie ont eu un important impact sur les activités de l'enseignement – Les différents approches didactiques se sont inspiré de ces théories pour améliorer la compréhension et la production des textes par exemple. Ceci dit le constructivisme piagétien n'est pas tout à fait propice à l'enseignement des langues pour des raisons socioculturelles que ne reconnaît pas ce courant lors du développement cognitif.

L'option de l'interactionnisme social est très avantageuse sur le plan didactique, et plus particulièrement en cours de langues qui favorisent l'interaction socioculturel des apprenants ou partenaires (Vigotsky)

2.2.1 Le Behaviorisme et l’erreur :

Les erreurs sont un indicateur important sur l’apprentissage de L2 ; Les erreurs montrent à quel point les apprenants mettent en place leurs propres règles qui ne sont autres que des écarts de langue. Généralement l’enseignant de langue seconde dresse un tableau faisant ressortir toutes les erreurs afin d’y remédier, mais celles- ci ne sont

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intéressantes que dans la mesure où elles sont systématiques c’est- à- dire quand leur récurrence est régulière.

Cela étant, la récurrence des erreurs dépend aussi du contexte, c'est-à-dire que l’input des apprenants varie selon les situations (écrit – oral), néanmoins les capacités individuelles de chaque apprenant sont à prendre en considération. Les erreurs sont intéressantes dans la mesure où elles nous renseignent sur le processus d’acquisition :

-Ils sont entrain de parler en français - They are speak french ( erreur) -arabe ( ﺔﯿﺴﻧﺮﻔﻟﺎﺑ ﻢﻠﻜﺘﯾ )

La variabilité dans le processus d’apprentissage dépend largement des différences individuelles, des stratégies utilisées par chacun au cours de ce processus. Cependant la contribution des acquis cognitifs précédents joue un rôle déterminant dans l’apprentissage de LVE1 et LVE 2.

Les facteurs essentiels favorisant sont :

-la motivation -l’aptitude

-les pré requis cognitifs

Pour ce qui est de la motivation, l’intérêt que portent les apprenants à la culture et aux coutumes de la langue sont aussi un facteur favorisant l’apprentissage (Gardner et Lambert 1972).

« Comprehensible input provides learners with language that they can understand”(Krashen 19811)

Selon les expériences menées et qui consistaient à enregistrer les productions orales d’enfants en bas âge lors de séance de jeu, les performances de ces derniers n’étaient pas dues à l’imitation, mais étaient le fruit d’un système linguistique propre à l’enfant. L’explication réside dans le processus interne mis en place (dans le cerveau de l’enfant).

Selon Corder (1967) l’apprenant utilise le même processus d’acquisition langagière lors de l’apprentissage de L1 et L2.D’un autre côté, selon Selinker (interlanguage, 1972), il y a cinq procédés responsables de l’apprentissage de la seconde langue : -les transferts

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- la sur généralisation des règles de grammaire de L2 -les transferts d’exercices

-les stratégies de la seconde langue

-les stratégies de communication de la seconde langue

Ce sont ces cinq procédés qui permettent à l’apprenant d’intérioriser le système de la seconde langue.

2.2.2 Cognitivisme Vs. béhaviorisme:

Le béhaviorisme, cette théorie qui s’apparente à la fois à la psychologie et la linguistique a marqué l’enseignement des langues étrangères des années 1950 aux années 1970. L’enseignement des langues en Algérie l’a également adopté, mais pour une très courte période puisqu’il a été remplacé par les approches communicative et fonctionnelle dès le début des années 1980.

Le béhaviorisme a subi de virulentes critiques de la part de Chomsky et de Piaget, ce qui a eu pour conséquences de profonds changements au niveau didactique et plus exactement dans la conception des programmes et des objectifs de l’enseignement /apprentissage des langues. Skinner ou plutôt son modèle d’apprentissage (stimulus – response- reinforcement ) fut la cible de critiques acerbes, car ce modèle qui est considéré comme mécaniste devait faire face aux nouvelles thèses de Chomsky qui mettaient en valeur les capacités créatives individuelles des apprenants.

La théorie mentaliste de Chomsky met en avant l’universalité des structures grammaticales (universals), et que leur caractère inné est partagé par tous les humains et toutes les langues. Le L.A.D (Language Acquisition Device) est le dispositif qui permet à l’individu d’acquérir sa propre langue, et la structure de surface (surface structure ) est commune à toutes les langues (S-V- N- O..)

Cependant Piaget oppose une objection à cette théorie de l’innéisme, expliquant que si l’intelligence est héréditaire, les structures qui s’y rapportent se construisent grâce à des opérations successives et continues. La thèse défendue par Piaget est que l’acquisition du langage ne dépend pas de facteurs innés, mais au contraire, celle –ci se construit de manière progressive.

Ces controverses sur le mode d’acquisition d’une langue sont dues au fait que le béhaviorisme et ses principes de conditionnement opérant et le renforcement ne pouvaient expliquer le processus d’apprentissage d’une langue. Les théories de la psychologie de l’apprentissage insistent sur le rôle que joue l’apprenant lors de la phase d’apprentissage et confirme également que la langue relève du domaine de la psycholinguistique. Or, le béhaviourisme adopte la même approche à l’apprentissage

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des langues qu’elles soient maternelles ou secondes, ce qui est contredit par la pratique didactique.

« il n’existe pas une seule manière d’acquérir une langue, mais autant de manière que de types d’individus »1

La présente citation illustre bien l’apport personnel de l’apprenant lors du processus d’apprentissage tel qu’il est admis par la psychologie, et la nécessité

d’adopter des approches différentes de celle employée pour l’acquisition de la langue maternelle