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Apprentissage du vocabulaire

2- Stratégies d’apprentissage des langues étrangères :

2.6 Apprentissage du vocabulaire

2.6 Apprentissage du vocabulaire

Selon David Wilkins, linguiste britannique, on ne peut véhiculer grand-chose sans grammaire, et on ne peut rien véhiculer sans vocabulaire. Cela peut s’expliquer par le nombre limité de structures grammaticales et le nombre de mots sans cesse croissant. L’importance de l’acquisition du vocabulaire lors de l’apprentissage d’une langue est essentielle, plus le patrimoine lexical de l’apprenant est important plus la communication est efficace.

Les approches didactiques telles que la méthode audio linguale et la méthode directe n’attachent pas beaucoup d’importance à l’apprentissage du vocabulaire ni à son rôle déterminant dans la communication. C’est l’approche communicative qui a mis en avant l’idée que le vocabulaire doit être un objectif indépendant d’apprentissage. La linguistique de corpus a permis de démontrer le rôle primordial du lexique dans la communication écrite ou orale. En effet les manuels de langues étrangères (Français OPU, 2005/06, New Prospects SE3) qui sont conçus selon les orientations des approches didactiques nouvelles (approche par compétences entre autres) font du lexique un élément incontournable de l’apprentissage de la langue à côté des structures grammaticales.

Le lexique est associé à la grammaire que la situation discursive nécessite, il est souvent enseigné dans le cadre de notions et de fonctions. Les manuels en usage actuellement dans le cours de langue dans le secondaire algérien proposent à l’enseignement des activités qui nécessitent l’utilisation du dictionnaire ; ces mêmes activités comportent des listes de mots et leurs phonétique car l’objectif est de donner à l’apprenant l’image sonore du mot qu’il découvre. Par le biais du dictionnaire, l’apprenant saura que chaque mot représente une forme et un sens ; un sens à deux aspects, le dénotatif et le connotatif.

Selon Scott Thornbury, le vocabulaire est d’abord compris avant d’être utilisé, parce qu’il évoque deux types de savoirs, le savoir réceptif et le savoir productif.

« Receptive knowledge exceeds productive knowledge and generally but

not always preceeds it »1

Thornbury emploie le terme de “mental lexicon” pour signifier que le stockage des mots ne s’opère pas selon des listes au hasard mais plutôt selon un réseau de connexions hautement structurées.

1-Scott Thornbury ,How to teach vocabulary,Pearson Education Limited,Edenburgh gate ,2002

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La recherche d’un mot est activé autour du sens de ce mot à l’inverse du modèle du dictionnaire qui s’active autour de la forme. Ce système est relié à la mémoire et à la connaissance générale, la recherche d’un mot fait appel à l’expérience personnelle qui va au-delà du sens d’un mot que l’on retrouve dans un dictionnaire. Reconnaître un mot c’est pouvoir le prononcer (phonétique), le définir, l’épeler, connaitre son origine et sa charge culturelle. Cependant les mots qui appartiennent au même champ sémantique, et dont la forme présente des similarités, peuvent prêter à confusion.

2.6.1 Besoins lexicaux :

“It has been calculated that a classroom learner would need more than eighteen

years of classroom exposure to supply the same amount of vocabulary input that occurs in just one tear in natural settings”1

Thornbury affirme que pour qu’un apprenant de langue étrangère puisse accumuler le volume lexical qu’accumule un natif en une année dans des conditions naturelles, il lui faut pas moins de dix-huit ans d’exposition à la langue en classe. Selon cette théorie l’apprenant de l’anglais langue étrangère a besoin de deux mille mots pour pouvoir communiquer, ce nombre est celui utilisé en moyenne par les natifs dans leur communication quotidienne.

Par contre le nombre de mots de base les plus fréquents constituent 50% des textes anglais utilisés en classe et ne dépassent guère les cents mots.

Les cents mots en question représentent des items grammaticaux tels que : _les pronoms,

--les conjonctions,

_les auxiliaires modaux, _les articles…

2.6.2 La mémorisation du lexique :

Les apprenants sont souvent confrontés au problème de la rétention des mots nouveaux, pour ce faire ils ont recours à diverses méthodes. Cependant les didacticiens avancent le nombre de cinquante mots par semaine au cas où c’est l’approche lexicale qui est utilisée, à ce rythme le patrimoine lexical de l’apprenant avoisinerait les deux mille mots par an. Cette hypothèse est irréaliste car elle ne tient pas compte des capacités individuelles de mémorisation de chaque apprenant. L’acquisition d’un

Scott Thornbury ,Op cit

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vocabulaire fonctionnel est plus complexe que le processus de mémorisation d’une lise de mots.

Outre les capacités individuelles, il y a lieu de tenir compte également des besoins individuels de chaque apprenant de sa motivation, et des conditions pédagogiques de l’enseignement (l’interaction entre les apprenants).

Le processus de mémorisation du vocabulaire fait appel à deux facultés mentales en l’occurrence la mémoire à court terme et la mémoire à long terme.

Le processus de traitement des informations (working memory) est activé pendant une très courte durée, les mots et items cognitifs sont traités avant d’être acheminé vers la mémoire à long terme où ils sont classés pour réutilisés en cas de besoin.

Cette phase de traitement est très rapide, “Materials remain in working memory for

about twenty seconds”1

Sachant que la mémoire à long terme n’est pas infaillible et qu’un nombre important de mots et structures se perdent peu de temps après l’apprentissage, un travail de consolidation s’impose. Les mots répétés à intervalles réguliers sont retenus. La manipulation du vocabulaire à travers des activités est en elle-même un processus de traitement avant l’envoi d’un mot vers la mémoire à long terme. La manipulation est un remède à l’oubli des mots récemment appris ; les mots les plus faciles à retenir sont ceux qui font partie du vocabulaire de la langue maternelle ou de celui de la LVE (français ou anglais).

La mémorisation d’un mot dépend de facteurs divers tels que : _La phonétique du mot (prononciation)

_l’orthographe du mot

_la fréquence d’utilisation du mot

Si le mot à mémoriser est difficile à prononcer, il y a très peu de chance qu’il soit retenu par tous les apprenants c'est-à-dire s’il est composé de plusieurs consonnes ou si les sons produits ne sont pas familiers.

L’orthographe peut également prêter à confusion, par exemple les mots qui comportent des lettres que l’on ne prononce pas sont souvent ceux qu’on oublie. Exemple :

En anglais les mots, plough, flight, sought « Gh » dans les trois cas n’est pas prononcé

1-Scott Thornbury ,How to teach vocabulary,Pearson Education Limited,Edenburgh gate ,2002

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En français c’est le sens rapproché de certains mots qui échappe à l’apprenant, la confusion concerne des mots à l’usage très fréquent tels que :

1) Connaître et savoir 2) mettre et faire

Devant toutes ces difficultés, un certain nombre de mesures devraient prises Lors de l’enseignement du vocabulaire :

-la présentation du lexique doit se faire par rapport à un contexte

_la focalisation sur la phonétique : l’accentuation des syllabes et l’articulation des mots concernés.

_le renforcement des acquis lexicaux par des activités de réinvestissement des mots nouveaux pour exprimer des attitudes personnelles.

Ce type de consolidation peut se faire par le biais d’activités de conversation ou de lecture de texte ou même d’exercices de type lacunaire .Ceci démontre que l’apprentissage du vocabulaire n’est pas une simple opération de mémorisation mais plutôt la création d’un réseau (network).C’est ce réseau lexical qui permettra à l’apprenant d’être créatif au niveau de l’expression.

La mémorisation d’un mot dépend de son assimilation au niveau sémantique, c'est-à-dire si le sens est mal saisi, le mot en question ne se fixera que temporairement dans la mémoire.

En outre, il a été démontré que sans la compréhension d’un minimum de vocabulaire, la compréhension d’un texte est impossible. Ce faisant, la compréhension d’un texte peut être mesurée d’avance par l’enseignant en se basant sur le vocabulaire déjà acquis par les apprenants. D’autre part, les inférences à partir de l’association des mots en relation dans la phrase ne sont pas toujours fiables. Pour la compréhension l’apprenant usera de sa propre stratégie, il s’appuiera sur sa connaissance du sujet, les mots qu’il comprend, et le contexte pour deviner le sens d’un mot.

L’enrichissement du patrimoine lexical des apprenants peut provenir de leurs camarades, ils sont très attentifs aux mots et expressions utilisés par les uns et les autres, donc les activités qui favorisent l’interaction sont très propices à l’acquisition de mots nouveaux. Nous résumerons les sources d’acquisition lexicale selon leur impact respectif comme suit :

_Les manuels,

_Les activités, les jeux _L’enseignants,

_Le dictionnaire _Les autres apprenants

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Cependant les listes de mots à apprendre ou à mettre à la disposition de l’apprenant sont une manière de faire qui manque d’efficacité, car même si l’apprenant arrive à retenir le mot encore faut-il qu’il puisse l’utiliser, d’où la nécessité de présenter des items lexicaux contextualisés. Il revient à l’enseignant de juger de l’opportunité du vocabulaire à enseigner, son choix se fera en fonctions :

_ Des besoins des apprenants _ De la fréquence d’utilisation _ Du thème

_De l’utilité par rapport à la situation d’enseignement

Parmi ces critères de choix, le plus important demeure les besoins car la richesse d’un texte en vocabulaire se mesure à son authenticité, et la cohérence d’un discours oral ou écrit d’un apprenant émane de sa capacité d’agencer son vocabulaire.

2.6.3 Comment enseigner le vocabulaire

L’enseignement du lexique dépend de l’approche didactique en usage, néanmoins la phase d’explication des mots nouveaux ou difficiles est généralement adoptée. L’explication du vocabulaire doit se faire par le biais de la définition, la traduction, ou même la synonymie. A cet égard, la contextualisation c’est à dire l’emploi des mots dans des phrases est le meilleur moyen pour rendre le sens exact.

Après cette étape l’enseignant a recours à des activités telles que :

_la sélection, l’identification, le classement, _la complétion de phrases et de textes _la production de phrases et de textes

A la fin de la phase de l’enseignement du vocabulaire, l’enseignant entamera les activités suivantes afin de consolider les acquis lexicaux du projet didactique :

_Exercices d’inférence de sens _ Exercices de catégorisation

_Exercices de dérivation de mots ex : un nom à partir d’un verbe, un adjectif ou un adverbe.