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2 DES DEBUTS DIFFICILES POUR L’INFA

22. Philosophie et politique de l’Institut

« (...) En conclusion, la discussion finale laissait

apparaître le désir du ministre [M. HABIB-DELONCLE en visite à Nancy] de voir des actions similaires à celle entreprise en Lorraine par le CUCES se multiplier dans un proche avenir à toutes les régions françaises. Il reviendra à l’INFA, auquel cette tâche est dévolue par définition, de donner alors sa pleine mesure, tandis que l’expérience (réussie) du CUCES ne pourra que servir de modèle, sinon de pépinière, pour ces futures réalisations. »

Le Républicain Lorrain, 23 mars 19669

C’est au cours du premier Conseil d’Administration de l’Institut qui se tient le 26 octobre 1964, que B. SCHWARTZ, après avoir rappelé les conditions de création de l’INFA, expose « sa philosophie générale ». Selon lui, le rôle essentiel de l’institut est de « faire

de la démultiplication dans le cadre de l’éducation permanente », avec un principe de

base qui est de « répondre aux besoins ». Sa fonction est triple, il doit :

- être un lieu de rencontre, de confrontation d’idées et d’information - être un centre de formation de formateurs

- être un centre de recherche

L’ordre choisi par B. SCHWARTZ pour présenter la politique souhaitable de l’INFA n’est pas anodin. Si la recherche est placée en dernier, c’est bien que dans son esprit, l’INFA doit d’abord et avant tout se placer sur le terrain de l’action de formation de formateurs,

comme opérateur lui-même ou encore prestataire de service auprès des autres

opérateurs.

« Une formation de longue durée est nécessaire, si l’on veut induire chez les responsables une aptitude à comprendre le problème global de la formation. Cette formation comprendrait une première phase de quatre mois composée de sessions de deux ou trois semaines chacune : une session d’apprentissage et d’expérience de la vie de groupe, une session de formation pédagogique, une session d’apprentissage des méthodes psycho-sociologiques, une session d’économie et

sociologie, un séminaire de réflexion. Le public serait fait de responsables de formation d’un haut niveau. Quant à la méthode, elle serait participante. Mais ceci semble être un luxe car pendant encore quelques années, bien peu de responsables seront susceptibles de quitter leur poste pendant quelques mois pour venir à l’INFA. Pour en tenir compte, des sessions de formation de courte durée, d’un ou deux mois seraient également mises en œuvre sous différentes formes. »10

Sur le projet de cette formation de formateurs, B. SCHWARTZ ajoute encore qu’elle comprendra obligatoirement une « séance active » et que « le CUCES est tout indiqué pour servir “d’école à feu” ».

Le recrutement essentiellement universitaire des personnels conduira pourtant l’INFA prioritairement dans la voie de la recherche.

Les projets sont multiples : ils résultent des différents contacts qu’a pris B. SCHWARTZ auprès des différents ministères ; des organisations syndicales (FO, CFDT, FEN, SNI, CNJA) ; des organismes nationaux tels que Peuple et Culture, la Ligue de l’enseignement, la direction générale de la sécurité sociale, l’INSEE, etc. ; des organismes industriels (Les Charbonnages de France, EDF, l’industrie métallurgique et minière) ; et avec des mairies de certaines grandes villes comme Metz, Mulhouse, Reims, Valenciennes...

Chaque projet nécessite selon B. SCHWARTZ une triple phase d’étude :

- une pré-étude de plusieurs demi-journées de discussion et d’une dizaine d’entretiens pour voir si l’action demandée entre bien dans le cadre des missions de l’INFA

- une étude de 2 à 3 mois pour voir si la formation demandée est bien la réponse au besoin et pour connaître les freins, les préalables, les difficultés...

- ce n’est qu’après que l’INFA entre (ou d’ailleurs n’entre pas) en action

Les demandes suivantes sont donc étudiées suivant cette logique dès le début de 1965 : - la formation des soldats du contingent (émanant du Ministère de l’Education Nationale en collaboration avec le Ministère des Armées)

- la formation d’instituteurs itinérants

- la formation des maîtres du cycle terminal pratique - la reconversion des agriculteurs

Certains de ces projets font l’objet de discussions en CA. Par exemple celui de la formation des maîtres du cycle terminal pratique provoque un débat contradictoire,

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« La seconde journée nancéienne de M. HABIB-DELONCLE a été consacrée aux problèmes de la formation des adultes et de l’“éducation permanente” », Le Républicain Lorrain, mercredi 23 mars 1966

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certains administrateurs considérant qu’il n’est pas du ressort de l’INFA de former des enseignants d’enfants. Le projet l’emportera finalement sur l’argument qu’il s’agit de former en fait des formateurs d’enseignants11.

Quant à l’axe recherche, il démarre fort. En novembre 1965, l’INFA compte déjà 4 équipes, avec des perspectives :

- psycho-pédagogique, sous la direction de Jean-Louis LAROCHE, maître de conférence de nationalité belge nouvellement recruté,

- psychosociologique, sous la direction de G. PALMADE (4 recherches en cours), - sociologique, sous la direction de M. LESNE (6 recherches en cours),

et une recherche sur l’enseignement programmé menée par P. ANTOINE.

Selon B. SCHWARTZ, chaque équipe doit entreprendre une recherche dite « coordonnée » (ex : pédagogie des contenus). D’autre part, chaque chercheur doit mener une recherche plus spécialisée dans le cadre d’une recherche principale. En troisième lieu, les chercheurs doivent participer aux actions de formation de courte et de longue durée. En ce qui concerne la documentation, chacun doit faire un travail de synthèse (ex : le problème de la formation dans les pays nordiques). Enfin, dit-il, il ne sera pas inutile qu’ils se forment eux-mêmes, en suivant des cycles de formation à l’extérieur.12

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Cf. Fiche-action II-B/1

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