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14 L’organisation du CUCES, la première vague de recrutements

De 1960 à 1964, l'effectif du CUCES passe des 3 à 5 personnes de l'équipe "squelettique" à 46 personnes à temps plein et une dizaine de personnes à temps partiel.48 Le recrutement est fait de manière très pragmatique. Etant donné l’absence de qualification dans le domaine de l’éducation des adultes, le profil des personnes recherchées est très ouvert. B. SCHWARTZ et le noyau de la toute première équipe cherchent donc à s’entourer de personnes qui ont une « pensée socio-politique », dans le sens où elles refusent la fatalité49. Ils recherchent en tous cas des personnes que la nouveauté n’effraie pas, qui acceptent de chercher, de réfléchir et de se remettre en question. Il se trouve que B. SCHWARTZ a repéré et apprécié certains élèves de l’Ecole des Mines, notamment ceux qui y ont participé en tant que représentants des élèves ou comme ayant pris des initiatives dans le cadre de la réforme. Il est resté en contact avec certains d’entre eux à l’issue de leurs études et leur demande donc si, par hasard, ils souhaiteraient faire un bout de chemin avec lui. L’aura de B. SCHWARTZ sur ses anciens élèves et tellement forte que peu refusent cette proposition somme toute assez incongrue si l’on considère que leurs études d’ingénieur les prédisposaient à entrer dans l’industrie. C’est ainsi que seront recrutés P. CASPAR, A. ELIE, F. VIALLET. Le creuset de l’Ecole des Mines constitue donc le premier « fournisseur » de cadres pour le CUCES.

Le second cercle de recrutement se situe autour de la COFROR. On a vu que, par l’intermédiaire de G. LAJOINIE, A. BERCOVITZ et G. DENIS ont été amenés à travailler pour le CUCES dès 196050. Mais G. LAJOINIE est à l’origine de bien d’autres recrutements dont ceux de la plupart des premiers chercheurs de l’INFA.51

En troisième lieu viennent des cooptations de diverses origines. Tous les cas de figure sont possibles. Il peut s’agir de cadres qui ont déjà une expérience professionnelle dans l’industrie ou dans l’enseignement, mais souhaitent en changer, c’est le cas de G. EGG, ingénieur, lui aussi ancien élève de l’Ecole des Mines, mais avant la réforme et qui a déjà 7 ans d’expérience dans l’industrie, de G. BARBARY, ancien enseignant puis chargé de la formation dans un organisme patronal.

On entre donc comme cadre52 au CUCES :

48

Ne sont pas comptabilisés ici les enseignants de la PST, ni les intervenants ponctuels dans les sessions de perfectionnement des ingénieurs et cadres ou de la maîtrise. Cf. organigramme de 1964, annexe 2-321

49

Entretien avec B. SCHWARTZ du 22 novembre 1995.

50

G. PALMADE, travaillant également à la COFROR, sera recruté quant à lui à l’INFA en 1964

51

cf. chapitre F « Le complexe de Nancy : une histoire de groupes, lecture transversale »

52

- par relation, parce qu’on y connaît quelqu’un qui y travaille, ou quelqu’un qui connaît quelqu’un qui y travaille,

- parce qu’on se dit intéressé par ce qui s’y passe et désireux de participer à cette expérience hors du commun,53

- ou encore parce que votre compétence est jugée intéressante par un membre de l’équipe qui vous fait la proposition d’intégrer le CUCES54

Plusieurs remarques à propos de cette « politique » de recrutement :

Tout d’abord ce n’est justement pas une politique dans le sens où, loin de répondre à une ligne directrice précise, le recrutement s’effectue principalement au « feeling », en fonction des opportunités qui se présentent. Ceci ne veut évidemment pas dire que les personnes recrutées le sont par hasard et sans tenir compte d’aucun critère, mais qu’aucun plan préétabli ne dicte de loi. Parce qu’il est très ouvert, le recrutement permet de constituer une équipe composite, pluridisciplinaire.

Deux profils-types semblent quand même émerger, en raison de la nature des cercles de recrutement : les ingénieurs de formation55 et les « autres »56. Bien entendu, cette dichotomie aura manifestement des conséquences sur l’image et l’action du CUCES. Source de conflits, mais également d’enrichissement réciproque, cette bipolarité jouera vraisemblablement son rôle dans l’émergence d’un « style » d’intervention.

Si la règle de la cooptation prévaut, elle n’est pas du ressort d’une seule personne, ni même de deux ou trois. La cooptation elle-même se démultiplie. Quand les cadres de la première équipe deviennent « chef d’équipe », ils sont eux-mêmes responsables du recrutement de leurs collaborateurs. Ceci peut en partie expliquer la diversification grandissante - donc de la perte d’une certaine cohérence ? - au fil des ans des profils des cadres du CUCES.

Les « chefs historiques », ceux qu’on a appelés par la suite les « lieutenants » ou encore les « fils » de B. SCHWARTZ sont recrutés entre 1960 et 1964. D’autres, recrutés par la suite pourront - non sans quelques difficultés - creuser leur place. Peu d’entre eux pourront pleinement s’affirmer comme porteurs du projet du CUCES.

53

Ce sera par exemple le cas de P. BOLO, de P. HUBMERTJEAN ou encore de G. JOBERT

54

Ce sera le cas de J.-M. PECHENART, rencontré par B. SCHWARTZ alors qu’il est rapporteur d’une commission de la Délégation Générale à la Promotion sociale

55

En effet, mis à part G. EGG, puis d’autres par la suite comme J.-M. CHARRIAUX, les ingénieurs de la « première vague » du CUCES n’ont jamais exercé en tant qu’ingénieur

Notons au passage que le recrutement des cadres est, au cours de cette période, essentiellement masculin. G. DENIS, seule femme chef d’équipe,57 représente l’exception qui confirme la règle. Encore s’affirme-t-elle elle-même comme « en marge »,58 n’ayant jamais tout à fait intégré l’équipe du CUCES, du fait qu’elle ne vit et ne travaille pas alors à Nancy mais dans la région parisienne (le chantier de l’Assistance Publique se déroulant à Paris et en proche banlieue).

L'organigramme tel qu’il est présenté dans le rapport d'activité de février 1964 fait apparaître, sous la responsabilité d'une direction bicéphale (B. SCHWARTZ et M. DESHONS), quatre secteurs d'une inégale importance :

1) Le secrétariat général et les services centraux, incluant la bibliothèque et le service de documentation, ainsi que le service de reproduction de cours, et qui compte 12 personnes

2) Le secteur de la Promotion Sociale, qui est de loin le plus gros secteur, avec plus de 20 personnes. Il faut souligner le fait que ce secteur correspond en fait à l'ensemble de la formation individuelle puisqu'il comprend outre la promotion du travail, les actions de formation en direction de la maîtrise, et le perfectionnement des ingénieurs et cadres. 3) Le secteur éducation permanente, qui compte 6 cadres et une secrétaire spécialement affectée au secteur. En février 1964, 4 interventions sont en cours : action Peugeot, action agricole, action Assistance Publique et action Office Chérifien des Phosphates.

4) Le secteur Enquêtes sociologiques, sous la responsabilité de Marcel LESNE, et qui compte 4 cadres et deux secrétaires.

Cette présentation en quatre secteurs ne reflète cependant pas l’organisation habituelle du CUCES que l’on retrouve mieux dans le découpage en cinq services ou départements.suivants :

56

De manière plus cari a pu voir une confrontation ingénieurs/psychosociologues, même si parmi les « autre ins, de formation plutôt littéraire, se considèrent en fait plus proches, dans la manière d’appréhender les problèmes, des ingénieurs que de « psy ».

caturale on s », certa

57

Y en a-t-il eu d’autres ? En s cas pas durant se, jusqu’à 1973. A partir de 1967, des femmes seront recrutées comme « cadres pédagogiques», mais aucune à ma connaissance n’aura l’enti sabilité d’un LO, détachée à l’INFA pour y lancer la revue Education Permanente. La situation est un peu différente à l’INFA, et même au service d’études du CU précédé. En effet, pour ce qui concerne les « chercheurs » le pourcentage de femmes recrutées est sensib lus précoce. La plupart sont, comme G. DENIS d’ailleurs, psychologues de formation.

tou la période qui m’intéres ère respon chantier, si ce n’est P. BO

CES qui l’a

Secrétariat Général et services centraux Promotion sociale Maîtrise Ingénieurs et cadres Education permanente

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Enquêtes sociologiques

58

Chacun de ces services - qui seront d’ailleurs plus communément nommés « Départements » - constitue une tête de chapitre des comptes rendus d’activité. Viendront s’y ajouter en 1966, un nouveau chapitre, celui des « Relations extérieures » où seront présentés les contacts du CUCES avec l’étranger.