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Perspective statique, unilatérale de la transparence

Conceptualisation de la transparence perçue des pratiques digitales

3. Une diversité des perspectives de la transparence dans la littérature

3.3. D’une perspective statique vers une perspective dynamique

3.3.1. Perspective statique, unilatérale de la transparence

En Finance, la transparence est appréhendée comme un élément permettant au marché de pouvoir mieux évaluer les performances futures des entreprises en fournissant des informations détaillées et utiles (Bhat et al., 2006). En comptabilité, la transparence concerne la divulgation publique d’informations concernant des transactions et existe à un niveau national (Bushman et al., 2004). La divulgation d’informations dans ces deux domaines renvoie au partage de données concernant les performances financières, les prévisions du marché, les opérations actuelles, qui sont habituellement gardées secrètes par les entreprises (Nielsen, 2004, 2005).

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Nielsen et al. (2004, 2005, 2009) notent également que la transparence est le fait de divulguer de l'information qui doit être pertinente pour les parties prenantes et qui doit pouvoir être comparée (Nielsen, 2004, 2005 ; Nielsen et Madsen, 2009). Ils ajoutent que toutes les informations ne conduisent à la perception de transparence. Ils font la distinction entre deux stratégies de « business reporting » : 1) divulguer autant d'informations que possible et 2) communiquer uniquement les « bonnes » informations. Du point de vue de l’entreprise, les auteurs définissent les « bonnes » informations comme une information facilement comparable et liée à une intention stratégique de l’entreprise. Du point de vue du client, la

« bonne » information est celle qui est pertinente par rapport à ses questions et ses attentes.

De la même façon, dans l’administration publique, Moser (2001) définit la transparence comme l’idée d’ouvrir sur l'extérieur des « procédures de travail » non immédiatement visibles pour les personnes qui ne sont pas directement concernées afin de démontrer le bon fonctionnement d’une institution. L’objectif final dans ce contexte est toujours de

« démontrer ». Le flux directionnel de l’information est ici aussi descendant. En

communication, Christensen (2002) définit la transparence comme une stratégie qui correspond à prodiguer des informations de qualité (claires et pertinentes) plutôt que des informations en quantité. C’est aussi, d’après l’auteur, proposer un accès non restreint à ces informations. Rawlins (2009) a aussi largement travaillé sur l’évolution de la définition de la transparence dans les relations publiques. Il décrit le concept comme « un essai délibéré de

rendre disponibles toutes les informations légalement diffusables, qu’elles soient positives ou négatives, en temps opportun, de façon neutre et univoque dans l’objectif d’améliorer la capacité des publics à raisonner ». Très complète, cette définition caractérise une nouvelle

fois la transparence par la divulgation de l’information.

Par ailleurs, dans la littérature en Management, selon Hebb (2006), la transparence est liée à la disponibilité de l'information pour tous les acteurs au sein de l'entreprise ainsi que toutes les parties prenantes. Pirson et Maholtra (2007, 2008) définissent la transparence comme la mesure dans laquelle une entreprise explique ses décisions aux parties prenantes, admet ses erreurs, et partage ouvertement toutes les informations pertinentes (Pirson et Malhotra, 2007, 2008).

Cette vision est similaire à celle de Welch et Rotberg (2006) qui décrivent la transparence comme une divulgation totale de l’information.

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Enfin, plus généralement, la littérature en Technologie de l'Information tend à conceptualiser la transparence en termes d'échange d'informations et de quantité d'informations. La transparence est considérée comme le degré d'exhaustivité des informations fournies par chaque entreprise sur le marché (Vaccaro, 2006 ; Vaccaro et Madsen, 2006, 2009b). La transparence interne et externe sont d’ailleurs définies comme le degré d'exhaustivité de l'information fournie par chaque entreprise sur le marché en ce qui concerne les activités commerciales. Toutefois, la quantité d’informations disponibles peut amener l’entreprise à être perçue comme moins transparente. Il est alors question d’« overloading ».

Strathern (2000) explique le concept d’overloading en soulignant que plus d'informations conduit souvent à moins de compréhension. Parfois, une divulgation d’informations peut être complète, mais les intentions peuvent ne pas être transparentes pour autant si elles sont trop nombreuses (et donc parfois non pertinentes), ou bien trop complexes. Par conséquent, la transparence est utile quand elle améliore la compréhension, pas seulement lorsqu’elle permet d’augmenter le flux d'informations (Wall, 1996). De la même façon, un système ne doit pas être une « boîte noire » mais doit être compréhensible pour le client. Ce système doit être soigneusement documenté de sorte que sa validité puisse être vérifiée (Santana et Wood, 2009).

Les champs de littératures abordés dans cette partie ont une perspective unidirectionnelle de la transparence. Être transparent correspond simplement au fait de divulguer de l’information. Le GRI (Global Reporting Initiative), une organisation œuvrant pour une plus grande transparence des entreprises, définit lui aussi la transparence de façon statique, comme « la divulgation complète des informations sur les éléments nécessaires pour évaluer

le futur et permettre aux parties prenantes de prendre des décisions ». Fournir aux

intervenants des informations pertinentes et complètes reste important, mais fournir aux intervenants une compréhension de la façon dont l'information a été obtenue l’est encore plus. La transparence devrait permettre aux intervenants de comprendre les processus utilisés pour obtenir les informations rapportées.

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L’accent est alors mis sur le « comment » de la diffusion des informations. Le GRI appréhende la transparence de façon unilatérale comme les définitions proposées en Finance et en Comptabilité, toutefois, cet organisme tente également d’inclure le client en indiquant que deux éléments doivent être pris en compte dans la définition de la transparence :

« inclusiveness » et « auditability ». Le premier terme renvoie à l’idée que les parties

prenantes doivent être activement engagées dans le processus et que leur point de vue doit être intégré. Nielsen et Madsen (2009) avaient d’ailleurs indiqué que la transparence est un moyen d’arriver à une compréhension et à un accord mutuel. Le second terme « auditabilité » est le fait que les données et les informations doivent être « enregistrées, compilées, analysées

et divulguées d'une manière qui permette d’attester de leur fiabilité » (Global Reporting

Initiative, 2002).