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CHAPITRE 4 – PRÉSENTATION DU TERRAIN ET ANALYSE DES DONNÉES

4.9 Appartenances et mobilité

4.9.1 Perceptions sur la ville de Rimouski

La réalité rimouskoise suscite diverses opinions et perceptions, tant positives que négatives. Sur le plan national ou provincial, on peut considérer Rimouski comme étant une petite ville. Sur le plan régional, Rimouski est la capitale, le point central des services. Ce double « statut » a été noté par

certains participants, dont Marc-Antoine qui affirme que « l’avantage d’ici, c’est comme la ville, mais

à la campagne. […] C’est une petite ville de campagne, et il y a quand même toutes les accommodations de la ville ». Les principales qualités de la ville soulevées par les participants

concernent la proximité de la nature, la quiétude ainsi que la beauté et la singularité du paysage. Le

témoignage de Didier est éloquent sur ce point : « le calme de la ville, les gens… […] ce n’est pas

comparable comme Montréal. […] Tu as le Parc Beauséjour, […] tu as le fleuve. Je trouve [que] c’est

plus paisible, […] c’est tellement tranquille. Tu as l’air qui est pur, tu as beaucoup de couchers de soleil, tu as beaucoup d’endroits, la nature aussi, ça c’est beau je trouve ». Fouad apprécie le fait

qu’il n’y ait « pas de stress de vie chaque jour, tout ça » et fait ainsi référence au rythme de vie plus détendu.

Selon les participants, Rimouski aurait également l’avantage d’être plus propre et plus sécuritaire que les grands centres urbains. Une autre qualité soulevée par Souleiman concerne la présence de tous les services nécessaires et leur proximité : « ici tout est proche, […] tout est rapproché, […] l’essentiel

est là. Tu vas au supermarché, tu as ci, tu as le Cégep, tu as l’hôpital à deux pas, tu as, tu as le terrain de basket, tu as le Colisée, tu as le cinéma. […] J’ai aussi aimé le fait d’aller de A à Z rapidement ». Fouad apprécie aussi la présence des services et l’accessibilité administrative : « les gens sont sympas, dans les administrations je ne trouve pas beaucoup de complexité. Il n’y a pas, ce n’est pas compliqué… » Il a toutefois une perception différente concernant la proximité quand il

soulève la problématique du transport en commun à Rimouski. D’ailleurs, plusieurs autres participants à la recherche ont relevé cet inconvénient. Des progrès ont été faits en ce sens, avec un nouveau système de transport en commun, mais nous ne savons si ce nouveau service correspond aujourd’hui aux besoins des étudiants. Fouad affirme que le problème se pose davantage l’hiver et au moment de faire des achats dans certains supermarchés plus abordables, mais excentrés. Bien que tout soit proche, les services comme les espaces nature, les déplacements restent plus difficiles sans voiture.

Par ailleurs, alors que la plupart des participants ont dit apprécier la tranquillité de Rimouski, plusieurs en révèlent aussi le penchant négatif. Insa aime Rimouski, mais il trouve qu’il n’y a pas beaucoup à faire pour les étudiants, mise à part l’école ; ce qui donne lieu à une routine « école-maison, école-

maison » ennuyeuse. D’autres étudiants soulèvent toutefois que ce climat est propice aux études :

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plus de facilité à se concentrer sur les études. D’ailleurs, Paul affirme que Rimouski est « une belle

ville pour étudier » et Lissa, que « c’est l’idéal » pour les études. Même s’il affirme que la tranquillité

rimouskoise est favorable sur le plan académique, Didier déplore le manque d’activités et croit que cela garde les jeunes dans une routine malsaine : « les gens dépriment, ils boivent tous là, ils sont

là : « On n’a rien à faire », je dis : « Ah, mais arrête de boire ! », « Mais c’est l’hiver, on a rien à faire, on boit. » Ce n’est pas une solution des fois là, mais ça rentre, tu rentres facilement là-dedans, trop là… comme tu n’as rien à faire… » Il suggère que la ville organise plus d’activités, « un truc hors boîtes-bars », qui encouragerait les jeunes à faire autre chose que de glisser dans la consommation

d’alcool et la déprime. Paul voit également des lacunes dans l’offre d’activités pour les jeunes. Il croit par ailleurs qu’il n’y a « pas assez de bars » à Rimouski, et que les bars manquent « d’ambiance ». Dans le même ordre d’idée, Dario aimerait une plus grande variété de spectacles présentés dans les

bars. Pour Bastien, ce sont les activités permettant de « créer des liens avec les gens d’ici » qui font

défaut. Il apprécierait également des activités pour « faire découvrir la région ». Selon François, il manque d’établissements à vocation historique, comme des musées, pour mettre l’histoire et le patrimoine de Rimouski en valeur. Or, ce dernier croit tout de même qu’il y a beaucoup d’activités et de lieux méconnus à Rimouski, qu’il suffit de chercher et de sortir du centre-ville pour découvrir. Enfin, d’autres participants ne se plaignent pas du manque d’activités.

On note des opinions contrastées quant à la vie à Rimouski. Paul trouve que Rimouski est une belle ville en apparence, mais qu’elle manque de vie : « Parce que tu vois comme ça de l’extérieur, c’est

une belle ville, mais on dirait qu’il n’y a personne qui vit dedans, c’est une ville fantôme ou quelque chose comme ça. Il n’y a pas d’activités, il n’y a rien ». Il déplore, à travers des images caricaturales,

le manque d’ambiance et d’activité humaine dans les rues, en hiver comme été : « Tu vois plein

d’autos dehors, mais il n’y a personne qui est dehors, […] il n’y a personne dans les rues, il n’y a personne qui marche… […] Il n’y a pas d’habitants, mais il y a des autos. Il y a plus d’autos que d’habitants ! (rions) ». François porte une vision plutôt différente : « Parce que moi j’habite proche de l’école et puis il y a plein, plein de petits jeunes qui se découvrent en ce moment, qui sortent des bars et qui font du bruit partout à tout…le manque de respect…à 3 h du matin, ça gueule, c’est, c’est des saoulards un peu partout, mais c’est une ville étudiante quoi ! Mais ça… […] c’est ça qui m’a dérangé. »

D’autres particularités ont été notées par les participants. Selon Dario, il est difficile de trouver de la bonne nourriture abordable dans les restaurants, mais il applaudit en contrepartie la présence et la variété de produits exotiques dans les supermarchés. Quelques étudiants perçoivent Rimouski comme étant un milieu où il n’y a pas beaucoup d’opportunités de travail. Plusieurs ont relevé des irritants face à l’homogénéité de la population, au regard conséquemment porté sur les personnes issues des communautés culturelles et au manque d’ouverture à la diversité. Tout de même, Rimouski est appréciée des étudiants pour les gens « chaleureux » (Didier), « souriants »,

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« accueillants » et « gentils » (Bastien), « sympas » (Marc-Antoine, Fouad et Souleiman), puis « ouverts » (Bastien et Souleiman). Souleiman va jusqu’à dire que « les gens amènent un aspect

unique à Rimouski, qu’il y a juste à Rimouski ». Bien que le regard et la curiosité des gens en aient

perturbé plusieurs à l’arrivée, on apprécie tout même l’ouverture et la cordialité, la facilité d’entrer en relation. François aime cette « chaleur humaine » ainsi que la dynamique de socialisation vécue à

Rimouski : « parce qu’à chaque fois que je sors de chez moi, il y a toujours au moins une personne

à qui je dis bonjour, un signe de main. Ça j’ai adoré. » Ce que François a préféré de son passage ici,

c’est la facilité d’entrer en relation, et par conséquent, la richesse de son réseau d’amis ; le fait de connaitre beaucoup de monde et le sentiment d’importance que cela lui procure : « si je veux sortir,

j’ai toujours quelqu’un à qui appeler, voilà, je connais tellement de monde à Rimouski, tu sais, ce n’est pas difficile de se sentir important à Rimouski ».

Dans son récit, Souleiman explique pourquoi il a souhaité rester à Rimouski dans des moments d’indécision ou d’insatisfaction liés à son projet académique ; il résume ainsi sa perception de la vie à Rimouski et illustre d’autres aspects positifs de la ville : « l’amour pour la ville, et les gens, et la

facilité, la facilité qu’on a à Rimouski là, le fait que la nourriture ne coûte pas cher, que la vie est moins chère et que tout est proche, que les gens sont sympas, ça, ça m’a forcé à…les appartements… ça m’a forcé à rester […] à finir mon DEC ici. »

En somme, Rimouski est appréciée pour la proximité de la nature, la tranquillité, la sécurité, la beauté du paysage, la propreté, la présence de services, la courtoisie des gens, l’accessibilité administrative, le faible coût de la vie, etc. En contrepartie, on déplore le manque d’activités et le manque d’ambiance. Plusieurs ont exprimé des inconforts, d’une part liés à la mobilité locale et à l’inefficacité du transport en commun, et d’autre part, à l’homogénéité de la population et à la curiosité des gens. Enfin, comment ces avantages et inconvénients pèsent-ils dans la balance de la mobilité ? Les étudiants souhaitent-ils rester ou partir, au moment de l’entretien, au terme de leurs études ? Qu’est- ce qui motive leurs décisions ? Nous explorerons ces questions en abordant succinctement l’enjeu des appartenances.