• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 4 – PRÉSENTATION DU TERRAIN ET ANALYSE DES DONNÉES

4.6 L’expérience de formation

4.6.1 Vision de l’établissement d’enseignement

Plusieurs remarques concernant l’Institut maritime s’attachent à la taille de l’institution. Certains apprécient le fait que l’IMQ soit un petit milieu du fait que les groupes soient plus petits, que l’entraide entre pairs soit facilitée et que les étudiants reçoivent une attention personnalisée. Pour un des participants par contre, être dans un milieu d’interconnaissance élevé devient « suffocant » à la longue : alors que tout le monde se connaît et que les « bruits de corridors » sont nombreux, il est difficile de préserver son intimité et de passer inaperçu. Différents aspects positifs ont été soulevés par les participants. On définit l’IMQ comme étant un milieu dynamique, ouvert à la différence ethnique et proche du marché du travail (par l’organisation de visites industrielles, par exemple). Plusieurs apprécient la vie culturelle et sportive et la diversité d’activités proposées. On salue également la présence et la disponibilité de personnes ressources et on considère qu’il y a beaucoup

85

de services et d’activités pour soutenir la réussite. Enfin, Souleiman a beaucoup apprécié l’IMQ en

général et affirme même y avoir trouvé un chez lui : « pour moi, l’Institut maritime, c’était chez moi.

J’avais un chez moi à l’Institut. »

4.6.2 Différences du système d’éducation

Quelques différences ont été notées relativement au système d’éducation. Un des étudiants réunionnais relève la principale différence, laquelle a trait à la répartition de la charge de travail au fil des sessions et aux modes d’évaluation. Un autre étudiant soulève le fait qu’il est plus aisé ici d’accéder à un programme d’études, puisqu’il y aurait moins d’exigences à l’entrée : il serait ainsi davantage possible de ne pas être freiné par les notes antérieures et de se prouver aux études. Un étudiant d’Architecture navale note pour sa part que l’enseignement est « plus orienté vers la

pratique » qu’en France. Enfin, la plus grande différence notée par les étudiants concerne la relation avec les professeurs ; nous y reviendrons suite à l’analyse de la satisfaction générale.

4.6.3 Satisfaction générale

Plusieurs participants se disent satisfaits de l’Institut et de leur programme d’études. Cette satisfaction s’appuie tantôt sur l’intérêt des contenus enseignés, tantôt sur le type d’enseignement (par compétences, axé sur la pratique), tantôt sur le bon taux de placement des finissants, tantôt sur

la relation avec les pairs64. D’autres se disent insatisfaits pour avoir réalisé en cours de route, ou que

le programme choisi ne correspondait pas à leur personnalité, ou que le diplôme en voie d’obtention n’était pas valide sur le marché du travail du pays d’origine. D’autres participants sont insatisfaits puisqu’ils ont eu l’impression de vivre une certaine discrimination raciale de la part de professeurs (présence de préjugés et attitude différente avec les étudiants étrangers). On comprend que la satisfaction à l’égard du programme dépend en partie de la relation entretenue avec les professeurs. 4.6.4 La relation professeur-étudiant

Cet aspect suscitant diverses réactions chez les étudiants issus de l’immigration, nous désirons ici en faire un traitement plus approfondi. Tous les participants ont noté une différence dans la posture du corps professoral et dans le rapport entretenu avec les étudiants. Bien que tous soient unanimes sur le fait qu’il y ait moins de distance ou plus de familiarité, tous n’y réagissent pas de la même manière. Cette familiarité a été un choc pour Bastien qui n’avait jamais adressé la parole à ses professeurs en les appelant par leur prénom ou en les tutoyant. Or, il apprécie cette proximité et l’accessibilité des professeurs alors qu’il a compris que cela n’avait pas d’incidence sur ses notes. Marc-Antoine apprécie également le fait de pouvoir discuter avec les professeurs ; il trouve

86

cependant que certains étudiants ont un comportement inapproprié et qu’il est important de garder une séparation des rôles. Lissa et son copain trouvent aussi que la relation est plus facile, mais que la barrière est parfois trop mince ; ils ont d’ailleurs été choqués par certains propos ou comportements de professeurs. Didier, qui n’a pas non plus l’habitude de cette familiarité, souligne que les professeurs semblent conserver leur respect malgré le tutoiement. Pour sa part, Fouad trouve que les professeurs de l’IMQ sont exigeants et gardent quand même les limites entre les étudiants et eux alors qu’au Cégep, « ton professeur, c’est comme ton ami ». D’autres participants ont cependant relevé cette amicalité avec les professeurs de l’IMQ : Dario observe « un côté amical » dans la relation avec les professeurs, comparativement à chez lui où une dynamique hiérarchique prédomine.

4.6.5 Considérations générales sur l’expérience de formation

On constate que la relation avec les professeurs et les pairs affecte grandement l’expérience de formation et que certaines personnes ressources de l’IMQ semblent améliorer et marquer le passage dans l’institution. La différence dans le rapport entre professeurs et étudiants est perçue majoritairement de la même façon, c’est-à-dire que la proximité et la familiarité remplacent la distance à laquelle ils sont habitués. Il apparait que cet aspect provoque divers sentiments tels que l’étonnement, le malaise, la gêne ou l’aisance. Le fait que l’Institut soit un petit milieu est perçu positivement ou négativement selon les participants. Il a été possible de noter des divergences d’opinion entre gens de mêmes programmes, ce qui montre que l’expérience personnelle est à considérer.

Aussi, si certains sont plus ou moins satisfaits de leur formation, tous apprécient l’institution dans son ensemble : même s’il est un peu déçu de son programme, Souleiman reste étudier à l’IMQ puisqu’il dit y avoir trouvé un chez soi. Par ailleurs, la nécessité de maitriser l’anglais dans le programme d’études a été soulevée comme étant une difficulté par trois participants, dont un qui l’associe au plus grand obstacle de son parcours à l’IMQ. Enfin, on remarque que certains participants sont très sérieux et déterminés dans leur projet d’études alors que d’autres semblent traverser une période de flou et de questionnement. À ce titre, la formation n’est qu’écran de veille, canal vers autre chose ; un mieux que rien en attendant…Voyons maintenant comment les étudiants rencontrés vivent leur expérience migratoire et interculturelle de manière générale.