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CHAPITRE 3 – ORIENTATIONS METHODOLOGIQUES

3.3 Collecte des données et éthique

Les migrants pour études constituent la principale source d’information de cette recherche ; le cœur du corpus de données est issu de dix entretiens individuels réalisés avec des étudiants d’origine étrangère de l’Institut maritime. La collecte des données s’est donc principalement déroulée au sein de cette institution. Sur le terrain, la recherche s’est effectuée conformément aux prescriptions du Comité d’éthique en recherche de l’Université Laval. L’autorisation de faire du recrutement et des entretiens à l’IMQ a été obtenue de la direction de l’établissement, et le CÉRUL a émis un certificat d’éthique appuyant le protocole de recherche. Par ailleurs, il convient de mentionner que pour une meilleure compréhension des dynamiques locales et une contextualisation de l’expérience des participants, il a été nécessaire de se référer à différentes personnes ressources du milieu d’accueil étant liées au recrutement, à l’accueil ou à l’intégration des personnes immigrantes. Des discussions et rencontres informelles avec des responsables d’établissement, tels que l’Université du Québec à Rimouski, le Cégep de Rimouski, l’Institut maritime, la Conférence régionale des éluEs, Accueil et

intégration Bas-Saint-Laurent, ont ainsi nourri cette étude en fournissant des données factuelles.

3.3.1 Critères de sélection

Deux critères de sélection ont été retenus afin de former l’échantillon : les participants devaient être nés à l’extérieur du Canada et étudier à l’Institut maritime depuis au moins six mois. Ce dernier critère s’explique par le fait que le recrutement des participants s’est fait à la fin d’une session d’hiver ; les étudiants devaient donc être à l’IMQ depuis le début de l’année scolaire (août), le temps d’avoir une expérience de vie significative dans le milieu et un certain recul face à la transition interculturelle vécue. La durée de la période de résidence à Rimouski pouvait effectivement influencer la nature du témoignage, puisque le travail de réflexivité varie nécessairement en fonction de la distance psycho- temporelle existant entre l’expérience migratoire et interculturelle, et le récit qui en est fait. Le choix du groupe étudié n’avait donc égard au statut d’immigration, ni à l’origine, ni à l’âge, mais il était souhaité de rencontrer des étudiants de différents programmes ainsi que des personnes des deux sexes.

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Or, à la lumière des aspects particuliers du terrain d’enquête, qui seront présentés dans le prochain chapitre, il s’est avéré que la majorité des étudiants d’origine étrangère était dans le même programme et de sexe masculin. En ce sens, le groupe d’enquêtés est représentatif de la réalité du terrain ; la distribution par statut d’immigration, par programme et par sexe s’apparente à la composition de la population étudiée. On parle alors d’un échantillonnage de type non-probabiliste par quotas à travers lequel on « s’assure d’inclure certaines caractéristiques de la population au sein de l’échantillon » afin que celui-ci en présente « la même structure » (Ouellet et St-Jacques, 2000 : 80). De fait, l’échantillon n’a pas à être « statistiquement représentatif de la population mère » pour être représentatif de la population étudiée (Ouellet et St-Jacques, 2000 : 79). Pour obtenir un échantillon représentatif de la clientèle d’origine étrangère à l’IMQ, dans le sens que l’on y octroie ici, l’intérêt était qu’il soit diversifié, qu’il présente une diversité de parcours migratoires, de personnalités, de manières de réagir à la nouveauté, de points de vue, de regards sur un même milieu, etc. ; une diversité d’expériences qui apporterait une incontestable richesse de contenu. Mayer et Deslauriers (2000 : 183 et 186)24 soulèvent le fait que ce qui importe davantage, c’est « la diversité » et

« l’exemplarité des cas retenus […et] non leur caractère représentatif au sens statistique du terme. » Dans le même sens, Stéphane Beaud et Florence Weber (1997 : 304) affirment que l’individu ethnographique ne peut être qualifié de représentatif : « Les enquêtés ne valent pas à la place d’autres, ils ne valent que pour eux-mêmes, ils ne sont pas interchangeables. »

Enfin, l’affirmation de Beaud et Weber (1997 : 39) selon laquelle « on ne choisit pas ses enquêtés » prend tout son sens dans le cas présent. Puisque le nombre d’étudiants d’origine étrangère est plutôt restreint à l’IMQ, il est presque malhonnête de parler de choix ; il était davantage question d’interviewer tous ceux et celles qui accepteraient d’être rencontrés et de livrer un témoignage sur leur expérience. Ce sont les participants au fond qui nous choisissent, qui acceptent de coopérer ou non. Mais pour ce faire, le chercheur se doit, selon Danny L. Jorgensen (1989), de préparer le terrain par un certain travail relationnel, par la création de liens et l’instauration d’un climat de confiance,

surtout dans un milieu d’enquête présentant un niveau élevé d’interconnaissance25.

3.3.2 Recrutement des participants

Le recrutement des participants s’est opéré sur la base de l’échantillon de volontaires, lequel se constitue par la sollicitation directe ou indirecte de participation à la recherche (Ouellet et St-Jacques, 2000 : 84). La sollicitation indirecte a été retenue ; c’est par l’entremise des divers médias de l’Institut (babillards, bulletin d’information, messagerie interne) que j’ai officialisé publiquement ma présence comme chercheure, que le projet a été présenté et que les étudiants d’origine étrangère étaient

24 Ils se réfèrent à Le Gall (1987) et Michelat (1975).

25 Selon Beaud et Weber (1997 : 40), « ce terme désigne le fait que les personnes se connaissent mutuellement – de vue, de nom, d’expérience. Chaque personne est au centre d’une étoile d’interconnaissance. La superposition de ces étoiles constitue un milieu d’interconnaissance. […] L’interconnaissance désigne une relation interpersonnelle. »

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invités à y participer. Dix élèves ont choisi de participer à la recherche et ont accepté d’être rencontrés pour un entretien individuel d’environ 90 minutes portant sur leur expérience de migration et de

formation à Rimouski. Il convient de mentionner qu’une onzième personne s’est ajouté dans le

processus. Il s’agit du copain d’une participante qui s’est présenté inopinément en cours d’entretien. 3.3.3 Contexte de réalisation des entretiens

Les entretiens, d’une durée réelle moyenne de 75 minutes, ont été effectués dans les locaux de l’IMQ au cours du mois de mai, période correspondant à la fin de l’année scolaire et au terme de la

formation pour certains.Le travail de terrain en institution d’enseignement collégial devait se faire en

considérant la temporalité propre à l’année scolaire qui débute en août et se termine en mai, avec le printemps et tout le renouveau – naturel et symbolique – qu’il entraîne. La fin de l’année scolaire, tout comme celle de l’année calendaire, est un moment qui favorise à la fois la rétrospective et la mise en branle de nouveaux projets ; une reconfiguration potentielle de l’existence. Une fois les examens terminés, les salles de classe et corridors désertés, c’est le passage vers une nouvelle dynamique de vie : changement d’occupation du temps et de l’espace, changement de statut (stagiaire, diplômé, travailleur), déplacement vers d’autres lieux… C’est pourquoi cette période semblait être le moment idéal pour rencontrer les participants : distance psychologique (symbolique) posée par la fin de l’année scolaire, proximité temporelle avec l’expérience de formation, urgence dans la mise en branle des projets pour l’été. La fin des cours, définitive pour certains, marquait une coupure réelle et psychologique avec leur vie d’étudiant (rapport à l’institution, relation avec les professeurs…) et favorisait ainsi une position plus ouverte, un regard plus distancié sur leur expérience. Le moment de l’entretien aurait donc une influence sur le contenu de celui-ci, sur la disposition des étudiants à s’exprimer et sur l’orientation des propos.

En ce qui a trait à la question déontologique appliquée au déroulement des entretiens, il convient de

préciser qu’un formulaire de consentementdevait être obligatoirement complété par les participants

avant d’entreprendre l’entrevue. Ce formulaire présentait de manière succincte le contexte du projet de recherche ainsi que les objectifs visés. Il était également question des paramètres liés à la participation tels que la durée de l’entrevue, son enregistrement audio, les thèmes abordés, les avantages et inconvénients encourus pour les participants. Par ailleurs, les participants ont été informés qu’ils étaient libres de participer, de répondre ou non aux questions posées et de se retirer, en tout temps, sans justification nécessaire ni préjudice quelconque. Le dernier point d’importance du formulaire concernait la confidentialité entourant la gestion des données recueillies en entretien. Il était entre autre mentionné à ce sujet que tous les documents de recherche seraient codifiés par l’attribution d’un numéro ou d’un pseudonyme, que les données seraient gardées en lieu sûr et

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