Chapitre 3 : Méthodologie
3.2 Les participants
3.2.1 Quelques informations sur l’établissement scolaire
L’établissement d’enseignement public est situé dans l’arrondissement des Rivières de la ville de Québec. L’école accueille près de 400 élèves répartis dans les programmes réguliers (1er et 2e cycle du secondaire), de l’adaptation scolaire (formation préparatoire au travail) et de l’insertion linguistique, sociale et scolaire (classe d’accueil). Elle dessert une population où se trouvent les plus fortes proportions d’élèves issus d’un milieu défavorisé et reconnus en situation d’échec à Québec. D’ailleurs, selon les données du MELS14 de 2011-2012, l’indice de défavorisation de cet établissement, sur une échelle de 1 à 10, 10 étant la défavorisation la plus grande, est de 10.
3.2.2 Les élèves
Tous les élèves de l’école inscrits en quatrième secondaire à la formation générale ont participé volontairement à la collecte de données. 47 élèves ont été retenues pour les années scolaires 2011-2012 et 2012-2013.
3.2.3 Les conseillers d’orientation
Trois conseillers d’orientation occupant des fonctions et responsabilités différentes sont les sujets de l’étude. Ces c.o., qui occupent des responsabilités et des fonctions différentes, ont été retenu considérant qu’ils partagent les mêmes objectifs de répondre aux besoins d’orientation des élèves et d’engager ceux-ci dans une démarche qui donne sens à l’exploitation de nouveaux outils numériques mobiles.
Un premier c.o., responsable de l’approche orientante et de l’équipe de c.o. sur le territoire de la Commission scolaire, a été interviewé compte tenu des transformations qu’il a apportées au modèle de l’approche orientante qui intègre dorénavant l’usage du iPad.
Deux autres c.o. ont été directement concernés par le projet FAST. L’un d’entre eux représente l’un des principaux partenaires externes impliqués. Chargé de projets au CEFRIO, il s’intéresse particulièrement aux projets d’innovation en éducation et aux usages du Web 2.0.
Le troisième est le principal c.o. rattaché à l’école. Provenant du secteur des adultes, c’est pour lui une première expérience professionnelle avec la clientèle jeune. Nous avons collaboré avec celui-ci, étant nous-même c.o., dans la mise en place de nouvelles interventions. Notre présence dans le projet FAST lui a permis de partager ses bons coups comme les moins bons. Il nous est arrivé de réfléchir ensemble sur certaines particularités de sa pratique qui le questionnait davantage, de sa vision du rôle d’un conseiller d’orientation avec des jeunes de milieu défavorisé et de la place de l’orientation dans le projet et aussi dans l’école. Ainsi, nous avons été à même de constater que son discours en regard de la façon de répondre aux besoins des élèves s’est plutôt maintenu constant au cours des deux premières années de FAST, ce qui a permis d’étudier l’évolution de son travail dans ce nouveau contexte tout en demeurant sensible au fait qu’il se retrouvait avec une nouvelle clientèle lors de l’an I.
Ainsi, impliqué activement dès son entrée en poste dans plusieurs dossiers et projets dans l’école, le c.o. aide certains élèves en rencontre individuelle, intervient occasionnellement en groupe et joue principalement un rôle de consultant auprès de l’équipe-école, auprès des parents et éventuellement, envisage-t-il, auprès des compagnons en entreprise.
Plus spécifiquement dans le cadre de l’expérimentation du programme de formation en alternance FAST, le c.o. accueille les élèves qui vivent des difficultés, répond aux questionnements et collabore avec les enseignants lors de la préparation des élèves avant, pendant et au retour du stage en ajoutant une préoccupation spécifique à l’orientation et à l’information scolaire et professionnelle.
Nous savons que les ressources en orientation dans les commissions scolaires sont souvent limitées. Selon les fonctions et la place qui lui sont dévolues par la direction, sa disponibilité pour rencontrer les élèves est restreinte. Puisqu’une certaine proportion
d’élèves n’a pas accès au service d’orientation et que trop d’élèves en ont un accès limité, il semblait y avoir une volonté chez le c.o. de s’impliquer activement à la réalisation du projet afin d’y intégrer une perspective allant plus loin que l’information, un volet axé davantage sur l’évolution du profil identitaire de l’élève, un volet orientation.15
3.2.4 Les sujets de notre étude
L’élève et le conseiller d’orientation (c.o.) sont au cœur de notre exploration16 ici. C’est la nature de leur activité, partant de la médiation exercée par les TIC utilisées, et le sens qu’ils donnent à ce qui se passe, ou pourrait se passer, qui nous importe. Leur rôle actif est reconnu afin d’examiner, à travers leurs perceptions et opinions, les premiers effets de l’intégration du iPad et les transformations qui s’opèrent dans le milieu alors que le programme de formation en alternance (FAST) est mis en place.
Les élèves s’approprient l’iPad comme support à l’apprentissage en expérimentant des situations novatrices en classe et en milieu de travail où ils exécutent leur mandat. Le conseiller d’orientation en poste ainsi que les deux c.o. issues du partenariat en place adaptent, voire renouvèlent, leur activité en fonction des nouvelles possibilités qui se présentent : entre autres, les interventions individuelles prennent en considération la situation d’alternance et des activités de réflexion et d’orientation collectives sont mises en place.
La posture méthodologique adoptée dans notre étude se veut une application de certains principes propres à la théorie de l’activité afin de dégager les usages et les possibilités du iPad à l’école secondaire et de comprendre les premiers effets de son intégration notamment en ce qui concerne la production d’outils et la construction de nouvelles activités d’orientation collectives. Le triangle d’activité d’Engeström (1987) permettra de
15 Les difficultés que doit franchir le c.o. dans son milieu face à la reconnaissance de son rôle est une
problématique connue et assez généralisée selon l’ordre professionnel (OCCOQ). Conseillère d’orientation pendant plusieurs années dans le secteur de l’éducation en formation générale des jeunes, j’ai moi-même eu la responsabilité d’intégrer des projets favorisant l’implantation de l’approche orientante et le rapprochement des jeunes du secondaire au monde du travail et cela dans plusieurs écoles secondaires du secteur public et privé. Ayant vécue des situations similaires, une collaboration enrichissante s’est naturellement développée avec des échanges constructifs, dans un climat de confiance propice par moments, à certaines révélations.
conceptualiser les manifestations de ces transformations aux différents pôles du système d’activité des élèves et de celui du conseiller d’orientation.