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Chapitre 4 : Présentation des données

4.2 Le système d’activité des conseillers d’orientation

4.2.2 L’apport du conseiller d’orientation au projet FAST

4.2.2.1 Modélisation d’une démarche réflexive et constructive sur le sens de l’expérience

La mise en œuvre de la formation en alternance a suscité chez le c.o. le besoin de s’y engager professionnellement. Les c.o. rencontrés ont exprimé vouloir assumer leur rôle auprès des élèves mais aussi auprès de l’équipe-école. Ils étaient d’avis que le projet pouvait atteindre les objectifs escomptés en y intégrant une composante qui donnerait un sens à l’expérience. Bien que les enseignants voulaient tout autant que cette nouvelle expérience pour l’élève soit enrichissante et positive, de par leurs compétences propres, les c.o. constataient qu’ils avaient des préoccupations différentes, voire complémentaires, et davantage axées sur les liens entre les apprentissages en entreprise et les apprentissages académiques ainsi que sur l’utilisation du iPad tout en donnant l’occasion aux élève de

gouter au domaine des sciences et technologies. Comme l’exprimait l’un d’eux « C’est donc lui [entendre le c.o.] qui veillera à faire les liens avec la connaissance de soi (valeurs, intérêts, aptitudes), la connaissance du marché du travail et des programmes de formation, la préparation au stage, la formulation et l’évaluation d’objectifs personnels, etc. ».

4.2.2.2 Intervention spécialisée et personnalisée pour faire vivre une expérience positive à l’élève en entreprise

Les c.o. interpelés à toutes les étapes du processus du projet FAST ont vu au développement de nouveaux contenus d’intervention et à l’élaboration de nouveaux outils. Selon le temps dont ils disposaient, ils ont conçu différentes activités d’orientation préparatoires au stage mais aussi en cours de stage et au retour alors que le stage en entreprise était terminé. « Les stages, d’aussi grande richesse puissent-ils être, n’auront d’impact dans le parcours personnel, professionnel et académique des élèves que grâce au sens qui leur sera donné » précise un c.o.

Sa présence accrue en classe voulait préparer les élèves à l’expérience de stage. Les c.o. se sont rapprochés des élèves et ont tissé des liens privilégiés qu’ils n’avaient pas eu l’occasion de faire habituellement. « Souvent je travaille plus avec le secondaire 5. Ça m’amène à être en contact plus tôt avec eux ». Ses interventions dans la classe se multiplient. « Je dirais que ça m’amène à vivre une expérience plus au quotidien avec les élèves tout au cours de l’année parce que je suis amenée à aller les rencontrer ». Ainsi, les rencontres avec les élèves se sont produites plus tôt.

Sensible aux caractéristiques personnelles de l’élève et à la manière dont il se décrivait, le c.o. a voulu prendre le temps de connaitre les attentes et les besoins de chacun en vue de son jumelage à un milieu de travail. La démarche proposée débutait par un questionnaire complété par les élèves (Temps 1/avant la séquence en entreprise) et suivi d’une rencontre individuelle. « On était proche de façon individuelle avec les élèves ». Ses interactions avec eux ont été plus fréquentes.

Les informations recueillies ont donné la possibilité au c.o. d’établir un profil succinct de chacun des élèves se rapportant à ses caractéristiques personnelles, ses préférences professionnelles et incluant des indices de son tempérament. Le c.o. voulait aussi donner

l’occasion aux élèves de s’engager dans une première réflexion sur leurs méthodes de travail, leurs objectifs scolaires et projet d’avenir. « La première année, on les avait vus individuellement, ça avait vraiment créé un lien ». Son expertise l’amenait à faire une adéquation correspondant minimalement aux caractéristiques de l’élève, à tout le moins à ses gouts, ses talents (capacités et habiletés), son tempérament et ses motivations et à la nature du mandat qui devait être accompli en entreprise :

« Le c.o. va me jumeler à mon stage. C’était le rôle du c.o. l’année passée ». « Le c.o. vient pour me donner de l’information pour mieux me préparer à ce

qui s’en vient demain ».

« À quelque part le c.o. fait le pont entre ce qu’on va vivre et ce qui s’en vient aussi ».

Le c.o. était peu présent alors que les élèves allaient dans les entreprises. Le c.o. considérait qu’il pouvait contribuer davantage lors du jumelage et en accompagnant les élèves tout au long du processus. « La démarche de jumelage des élèves avec les entreprises doit mettre à contribution le conseiller afin de maximiser le succès de ce jumelage. » et contribuer à expliquer les raisons d’un jumelage à un élève hésitant. En cours de stage, le c.o. était aussi en position d’apporter son support en assurant un suivi serré et en amenant les élèves à apprendre de leur expérience. « Il est également pertinent que le conseiller se rende disponible pour rencontrer les élèves qui présenteraient des difficultés d’adaptation en stage ou encore pour ceux pour qui l’expérience ferait émerger un questionnement important ». Au delà du recrutement des milieux de stage, le c.o. était en support aux compagnons pour que l’élève puisse faire des apprentissages dans l’entreprise. « Il est à même d’aider les compagnons à définir les tâches qui pourraient être confiées aux élèves et, conséquemment, à entretenir des attentes réalistes par rapport aux stages ». Les c.o. se sont reconnus bien outillés pour parler concrètement des caractéristiques et des besoins de l’élève.

4.2.2.3 Raffinement du modèle

Lors de la deuxième année de FAST, les thèmes abordés par le c.o. en classe ont exploité le savoir-devenir20. Il interrogeait les élèves sur leur capacité d’adaptation, les exigences reliées au travail et aux qualités d’un futur travailleur. Ces interventions ont compris les quatre sujets de réflexion suivants :

l’intégration dans un nouvel environnement l’engagement dans l’accomplissement du mandat

• la capacité d’entrer en relation avec les autres et de communiquer • l’enrichissement personnel par une expérience en milieu de travail

Son questionnement, davantage axé sur les attitudes et comportements et particulièrement ceux à adopter en entreprise, le différencient des interventions de l’enseignant exprimait-il : « Ce que je fais plus comme c.o. et que les enseignants ne font pas, je m’intéresse à leurs attitudes et à leurs comportements. C’est plus ce volet là que le c.o. apporte que l’orientation que permet le projet. Plus l’employabilité que l’orientation ».

En exploitant les apprentissages en situation authentique, il sensibilisait les élèves aux apprentissages qu’ils étaient amenés à faire sur eux-mêmes et sur le monde du travail alors qu’ils se retrouvaient en entreprise. « Je les rencontre plus par rapport à une expérience, c’est différent. … C’est une expérience en dehors de l’école ».

Ses nouvelles actions ont cherché à préparer les élèves à vivre une expérience signifiante dans un nouvel environnement : « Je pense que l’un des objectifs de FAST c’est d’apprendre à découvrir les sciences et technos, mais aussi d’apprendre à se connaitre comme individu et d’apprendre à mieux nommer ce qu’on aime, ce qu’on aime pas, ce dans quoi on est bon, de se découvrir ». « Sauf que je trouve que ce n’est pas assez intégré ». Les élèves se sont aussi exprimés en termes de connaissance de soi :

20 Les institutions de formation et les employeurs gagnent à miser non seulement sur le savoir et le savoir-

faire des personnes, mais également sur leur savoir-être (attitudes, comportements) et particulièrement sur

leur savoir-devenir, soit la capacité à s’ajuster aux changements en sachant se situer face à l’évolution d’un

« C’est un projet pour nous aider à mieux comprendre le monde du travail ». « C’est bon pour développer de nouvelles qualités ».

En intervention collective, le c.o. a privilégié une démarche qui inscrivait les élèves dans une réflexion sur leur individualité en tant que futur travailleur et le savoir-être. Il incitait les élèves à s’auto évaluer et à adopter des attitudes et comportements appropriés.

« Dans leur métier d’élève, ils ne sont pas toujours avec les bonnes attitudes et les bons comportements et là, ils se retrouvent en stage et ils n’ont pas les mêmes comportements, ils se découvrent autrement. Ils ne sont pas avec leurs pairs, ils sont dans un autre environnement ».

« Ça me permet d’avoir un autre langage avec eux, une autre relation qui est [du genre] : on va développer chez toi ton potentiel pour mieux t’intégrer sur le marché de l’emploi ».

Les éléments ci-dessus montrent que le rôle du c.o. auprès des élèves se transforme en contexte d’alternance, lui permettant ainsi d’appliquer son savoir en matière d’apprentissage expérientiel acquis lors de sa formation initiale, et ce indépendamment de la présence du iPad.

Il est intervenu en cours de stage en privilégiant chez l’élève un sentiment de réussite de nature à favoriser une plus grande confiance en ses ressources personnelles :

« Ça m’amène à exploiter quelque chose d’extérieur avec eux : t’apprends à te découvrir autrement qu’avec tes pairs où il y a quelqu’un d’autre qui parle de toi, qui n’est pas le professeur, pas un éducateur ».

« Je prends le temps de venir en classe, de souligner ce qui est positif, pour faire connaitre tes qualités avec une expérience concrète ».

Au terme du stage, le c.o. est allé rencontrer les élèves pour réfléchir et faire exprimer les apprentissages réalisés en les questionnant « sur ce qu’ils retirent de cette expérience, ce qu’ils ont appris au sujet d’eux-mêmes, au sujet des sciences et technologies, etc. ». La préparation de pistes de réflexion a alimenté le questionnement des élèves qu’ils ont alors partagé lors d’une activité nommée « activité d’évaluation » qui se rapprochait alors du langage de l’enseignant car cette activité se déroulait dans la classe de celui-ci.