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Chapitre 2 : Cadre conceptuel

2.2 Un domaine de recherche au Québec

C’est en 1997 que débutèrent les recherches sur l’alternance au Québec. Le texte, intitulé La construction de l’alternance au Québec, entre deux vagues de croissance et quelques flots de recherche variée (Landry et Mazalon, 2002) fait l’état des recherches et des études sur le sujet. À partir de quelques critères définissant la formule d’alternance typique, 24 recherches et études portant sur les aspects des formations en alternance ont été répertoriées. La moitié des travaux se sont intéressés à l’enseignement secondaire et à son dispositif d’alternance travail-études en formation professionnelle, six recherches ont investigué le dispositif d’enseignement coopératif au cégep. Les intérêts des chercheurs ont principalement porté sur l’alternance en formation professionnelle et technique (18). Trois recherches se sont centrées sur les groupes d’élèves en difficulté et une recherche a concerné le milieu universitaire.

Toujours selon Landry et Mazalon (2002), trois thèmes majeurs regroupent les différentes recherches et études alors recensées. L’alternant a été le thème dominant. Selon les différentes recherches, ce système de formation aurait des effets plutôt positifs sur l’estime de soi des adultes en difficulté, sur les habitudes d’étude des élèves en technique bureautique, sur le rapport théorie-pratique en enseignement coopératif, mais surtout sur le développement des projets d’orientation des élèves inscrits en formation menant à un métier semi-spécialisé et des projets portant sur le développement de la formation professionnelle. Certaines études ont mené à la construction de typologies sur les aspirations et les projets professionnels alors que d’autres ont centré leurs travaux sur les savoirs des élèves au collégial et en formation professionnelle. Au niveau de l’emploi, en regard de différentes recherches réalisées sur le sujet, les deux chercheurs suggèrent que l’alternance aurait des effets variés et nuancés surtout en matière d’insertion professionnelle.

Le second thème étudié regroupe les organisations et leurs relations. Ici, l’alternance est essentiellement un système d’organisation de la formation qui s’opère entre deux pôles : l’école, à titre d’institution ou d’établissement d’enseignement, et le milieu de travail ou l’entreprise, comme lieu de production. Les expressions éducation-travail, école-entreprise, formation-emploi sont alors utilisées. Le lien entre les organisations ou les acteurs a été

investigué à plusieurs niveaux (macro, méso ou micro) par Fusulier (2001) ainsi que par Landry et Mazalon (1997). Ils ont analysé les rapports qui se présentent principalement en termes d’articulation, de collaboration ou de partenariat. D’autres questions ont également fait l’objet de recherches comme la construction sociale des collaborations, les représentations des acteurs à propos de l’alternance et des relations entre les organisations, les effets de la collaboration sur les organisations, les acteurs et les apprenants. On retrouve sous ce thème au moins dix études réalisées par différents chercheurs dont la plus récente est celle de Doray et Maroy en 2001.

Enfin, le troisième thème regroupe les recherches traitant des orientations politiques et structurelles de l’alternance, soient les études de Audet (1995) et de Laporte (1994). Ainsi, la première analyse de l’état de la situation de l’enseignement coopératif au collégial a été réalisée par Laporte. En plus de faire un bilan de l’implantation, des mesures et des politiques mises en place, elle a apporté le témoignage des acteurs du milieu scolaire sur certaines difficultés vécues sur le terrain et des correctifs à apporter. Quant à l’étude de Audet, elle s’est voulu une étude globale et politique sur la situation des formations en alternance au Québec, en traçant leurs limites et en apportant un éclairage sur quelques dispositifs à l’étranger. Le rapport du Conseil supérieur de l’éducation (Audet, 1995) soumis au ministère était plutôt favorable à l’implantation de l’alternance en formation professionnelle au secondaire. Ainsi, ces deux études ont obtenu une large diffusion et ont ainsi en quelques sortes influencées certaines décisions politiques du ministère de l’Éducation.

Plus récemment, des travaux d’autres chercheurs au Canada et au Québec traitent du rapprochement entre les milieux de l’éducation et du travail. Bouteiller et Bouchard (2005) de même que les professeures Hardy (2005, 2006) et Ménard ont étudié (2008) les effets des stages pour les élèves qui participent à un programme de formation professionnelle en alternance. Dans leur article (2008), Hardy et Ménard présentent les résultats de leurs travaux notamment pour les programmes en joaillerie, dessin de bâtiment, mécanique de machines fixes et mécanique industrielle. Des effets sur l’identification des liens entre les apprentissages faits à l’école et en entreprise, la préparation au marché du travail (l’augmentation de leur employabilité), le développement de la socialisation

professionnelle, les apprentissages techniques du métier, le développement personnel de l'élève (confiance en soi, autonomie, attitudes positives qui contribuent à l’engagement et à la persévérance des élèves) de même que sur la validation de l’orientation professionnelle sont repérés.

« Sans sous-estimer la formation potentielle liée à une expérience de stage en milieu réel, notons que le milieu de travail ne favorise pas automatiquement l’apprentissage quand il accueille un ou des élèves pendant un mois, à quelques reprises, au cours de leurs études professionnelles. Notre analyse souligne aussi l’importance du rôle des enseignants et des tuteurs dans l’encadrement de l’expérience de formation en entreprise et la prise en compte du contexte de travail » (Hardy, 2011, p. 706).

En somme, le développement de la formation en alternance a été grandement encouragé grâce aux mesures ministérielles de financement. Ces subventions ont permis d’accroitre de façon significative les projets d’alternance à tous les niveaux d’enseignement. En outre, en faisant de la promotion partant des statistiques de placement obtenues et en offrant des formules d’apprentissage individualisé adaptées au rythme et aux besoins de la personne, les programmes d’alternance auraient ainsi favorisé le recrutement de la clientèle pour de nombreuses institutions.