L’iPad pour le travail du conseiller d’orientation

Un iPad déposé sur le coin du bureau de chaque élève semble particulièrement bousculer les pratiques des enseignants et les habitudes des élèves. Comme dans le cas des enseignants, le conseiller d’orientation a le choix d’introduire ou non cet outil à sa pratique. Nous verrons comment les c.o. interviewés ont utilisé l’iPad dans certaines situations avec les élèves lors de leurs interventions en rencontre individuelle ou collective. Cela suppose qu’ils ont eu aussi à consacrer du temps pour acquérir des habiletés qui ne sont pas nécessairement faciles à adopter et cela même si les technologies sont présentes dans leur pratique quotidienne. Voici comment l’iPad est présentement intégré à la pratique des c.o. qui participent au projet FAST.

4.2.1.1 Intervention en situation d’entrevue individuelle

Les c.o. en étaient à leurs premières expériences avec l’iPad. Ils l’ont utilisé d’abord comme outil de travail pour l’agenda, la prise de rendez-vous, le calendrier et la prise de notes. « Avec tous les rendez-vous, c’est l’agenda que j’ai utilisé en premier, c’est génial ». Rapidement, l’iPad a été utilisé dans le cadre d’interventions individuelles pour faire des recherches se rapportant à l’information scolaire et professionnelle. « Je fais des recherches directement avec eux ». « Alors ce qui est intéressant, l’élève me pose une question, je vais sur les sites appropriés au moins je ne suis pas devant l’ordinateur avec l’élève à côté. On est ensemble et là je dis regarde, tu vas sur ce site-là, je lui montre et on le regarde ensemble. Je l’utilise tout le temps pour les recherches ».

Le c.o. et l’élève ont travaillé ensemble. Outillé du iPad, l’élève, accompagné du c.o., consultait les informations et était invité à faire une démarche particulière sur le site web Service Régional d’admission au collégial de Québec (SRACQ). Le c.o. lui proposait d’utiliser l’iPad ensemble pour l’amener à faire des liens entre ses projets scolaires et ses projets professionnels. Le module prévisibilité d’admission permettait d’évaluer l’admission de l’élève dans le programme et le cégep de son choix. Le c.o. expliquait la procédure, lui demande d’entrer ses résultats scolaires pour faire un premier calcul. « Je leur explique la cote SRACQ, comment ça fonctionne visuellement. Ensuite, par eux-

mêmes, ils sont capables de voir ». Ce site était aussi présenté aux élèves d’autres niveaux que le secondaire 4, où se déroule le projet FAST, pour les aider à connaitre les résultats exigés dans chacune des matières et pour comprendre l’impact de chaque note sur leur admissibilité dans un programme collégial. Ces informations semblaient aider les élèves à se fixer des objectifs réalistes. « Suite à cela, l’élève est capable de savoir quelle est la matière qu’il a le plus intérêt à travailler. Là tu vas voir ton prof, tu lui dis que tu es venu me voir et que ton projet t’a amené a vouloir réussir parce que tu veux aller en arts et lettres et c’est la matière la plus importante pour t’aider à réussir ».

Le c.o. aidait l’élève à clarifier un projet scolaire réaliste et cela semblait avoir des répercussions. « Ils vont voir le prof et disent, j’ai vu le c.o. qui m’a dit qu’il fallait que j’aie 80. Ils [les enseignants] ont plus intérêt à dire, je vais t’envoyer voir le c.o. ». En utilisant l’iPad pour conscientiser l’élève de l’impact de ses résultats scolaires sur son admissibilité, le c.o. impliquait davantage l’élève dans l’élaboration d’un projet scolaire et incitait à des actions concrètes pour le réaliser. « Ce que je trouve intéressant c’est que je suis avec eux au présent, je ne suis pas le c.o. du futur ». Depuis ces nouvelles interventions, le c.o. constatait être maintenant plus souvent invité à participer à des plans d’intervention. Plus d’élèves lui étaient référés par l’enseignant ou la direction. « Parce que l’élève revient avec un objectif et là ce dont je me rends compte c’est que j’ai de plus en plus de demandes de profs et de demandes de la direction pour participer à des plans d’intervention depuis que je fais cela ».

L’interprétation des résultats des tests psychométriques qu’il avait administrés aux élèves était présentée à l’élève en face à face. Toutefois le c.o. utilisait l’iPad pour la passation de tests en format électronique et pour envoyer les résultats du test STRONG à l’élève à son adresse courriel. Ainsi, l’élève pouvait garder trace de cette démarche de réflexion avec le c.o. en cours d’année, et s’y référer au besoin lors d’une prochaine rencontre par exemple. Les élèves des autres niveaux qui consultaient le c.o. étaient eux aussi curieux face au iPad. « Ils sont contents d’utiliser ma machine. Je leur fais découvrir quelque chose. Je leur montre, tu vas là, je leur laisse prendre. Je leur fais vivre comme c.o. une expérience. Je trouve ça l’fun ».

4.2.1.2 Intervention en situation de rencontre collective

D’autres types d’intervention sont réalisés auprès de l’ensemble des élèves du premier cycle du secondaire régulier et en adaptation scolaire. Ces interventions, de nature plus structurée, sont pratiquées par une équipe de c.o. qui fournit alors un iPad à chaque élève. Ces activités, préparées en fonction d’un continuum de développement identitaire et vocationnel, voulaient permettre aux élèves de réfléchir à plusieurs questions se rapportant par exemple à l’entrée au secondaire, aux intérêts et forces pour chacune des matières, au métier d’élève, aux efforts qui mènent à la réussite, au profil RIASEC. Les différents thèmes des rencontres de même que leur contenu et outils étaient préparés en tenant pour acquis qu’ils seraient tous disponibles dans l’iPad. Il suffisait de rendre accessible le module au bon moment. Dans le cadre de ces interventions de groupe, l’iPad permet de garder les traces des éléments de réflexions de l’élève et cela tout au long de ses études à travers les différents niveaux de formation de la commission scolaire. Les données sont compilées dans un babillard électronique pour chacun des élèves et elles sont accessibles pour une durée de 10 ans. « Maintenant les c.o. arrivent en classe avec l’iPad. … Ils posent des questions sur la motivation scolaire… ce qui est intéressant, en secondaire 3, je vais pouvoir aller chercher ce que, Tommy a répondu en secondaire 1 et 2 sur son profil. Il a un dossier internet. Ça là-dessus les c.o. sont novateurs et se sont inspirés de FAST ».

4.2.1.3 Possibilités repérées du iPad en orientation

Les c.o. ont accueilli positivement les possibilités du iPad dans leur travail. Ils ont fait bien plus que de « La prise de rendez-vous informatisée ». L’outil leur a facilité ce qu’ils faisaient déjà sur l’ordinateur, par exemple, l’accessibilité aux banques d’informations scolaires et professionnelles et aux tests psychométriques qu’ils utilisent maintenant autrement.

L’iPad, utilisé dans certaines interventions individuelles ou de groupe, leur a permis d’effectuer des opérations de recherche directement avec l’élève. Plutôt que de lui apporter les réponses, le c.o. a pu rendre l’élève plus confiant et plus autonome en le guidant dans sa démarche. Par lui-même, il recherchait ce dont il avait besoin en présence du c.o. qui pouvait alors clarifier des éléments susceptibles de le faire cheminer sur le plan de l’orientation.

Les c.o. souhaitaient avoir « L’accès au bulletin de l’élève dans Internet ». Ainsi, alors que le c.o. se trouverait en classe, les élèves auraient alors accès à leur relevé de notes dans le cadre de certaines interventions de groupe.

Les c.o. ont considéré que l’iPad pouvait contribuer à la création d’un lieu de transmission d’information et améliorer les réseaux de communication sur les questions de l’orientation scolaire et professionnelle :

• « Un blog pour communiquer entre les élèves et son c.o. ». • « Pour communiquer avec ton c.o. pour des questions».

• « Contribuer à la création d’outils tels que des banques de questions à poser pour mieux connaitre l’entreprise, capsules sur les habiletés communicationnelles ou relationnelles ».

Faire vivre l’expérience de son admissibilité au collégial est une autre possibilité permettant de placer l’élève dans la réalité. Le c.o. profitait de ce site pour amener l’élève à prendre conscience des exigences auxquelles il aurait à répondre et des comportements d’élève qu’il lui faudrait changer pour atteindre le cégep, mais aussi le réussir une fois accepté.

Pour les c.o., l’iPad peut devenir un outil technologique qui permet d’aller plus loin en faisant de l’orientation quelque chose de plus près d’eux en combinant les modes informationnel et expérientiel et en rendant même certains services en temps réel.