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Chapitre 2 : Cadre conceptuel

2.7 L’émergence de nouveaux modèles d’apprentissage

Les approches pédagogiques se transforment continuellement et l’activité de l’enseignant dans la salle de classe peut être différente de celle de transmettre des informations devant les élèves. D’un côté, certaines technologies (par ex., le logiciel PowerPoint) viennent renforcer la pratique de parler en face d’un groupe et d’autres peuvent différencier la pratique pédagogique afin de rejoindre les élèves et les engager dans leur apprentissage. Alors que certains élèves semblent s’ennuyer et trouvent qu’ils pourraient apprendre plus et plus rapidement, d’autres n’y arrivent pas dans le temps accordé, se découragent et se sentent souvent seuls. Ceci n’est pas nouveau. Nos jeunes, branchés et régulièrement installés devant l’écran visionnent des vidéos, font des recherches et ont accès à l’information sur tous les sujets qui les intéressent et posent des questions à leurs pairs ou les informent. Habitués à l’instantané, ils ont les réponses à pratiquement toutes leurs

questions, quel que soit l’endroit où ils se trouvent. Ces habitudes « technologiques » mettent en évidence le fossé qui existe entre certaines pratiques des milieux scolaires et ce qui ce passe dans l’espace ouvert et les réseaux internet.

Depuis une vingtaine d’années, certaines écoles se transforment pour prendre le virage numérique et permettent aux élèves l’usage quotidien des TIC pour les apprentissages en salle de classe, alors que d’autres se limitent à les rendre disponibles dans un local informatique plus ou moins à jour. Un environnement d’apprentissage en réseau offre des situations d’apprentissages faisant appel à l’interaction avec des ressources documentaires et des personnes externes, à la coopération et à la collaboration. L’usage de blogs, de wikis ou de forums incite les élèves à être davantage actifs dans leur apprentissage. Les échanges d’informations ou de documents ainsi que le partage de réflexions sur les réseaux sociaux sont particulièrement faciles. Ils peuvent se répondre naturellement entre eux sur les questions qu’ils se posent. Le climat de la classe et le rôle de l’enseignant sont alors différents.

Pour le milieu scolaire, un choix s’impose : rejeter ou intégrer les nouveaux outils technologiques mobiles pour l’apprentissage des élèves. Là où on accepte d’intégrer les technologies mobiles, l’expérimentation et le déploiement de nouveaux modèles d’apprentissage peut être observés. Nous en avons retenu deux : le premier applique la notion d’alternance, mais comprise bien autrement que dans le présent mémoire, soit le modèle de la classe inversée (Flip); le deuxième est un réseau disposant d’une plate-forme web et qui repose sur le partenariat école/entreprise.

2.7.1 Le modèle FLIP

La classe inversée ou « flipped classroom » est un modèle qui attire beaucoup l’attention présentement, et cela dépasse les frontières américaines. La Khan Academy, entre autres, a offert l’opportunité à des enseignants de changer les règles établies en proposant des leçons en vidéo sur YouTube qui ont vite monté en popularité. C’est en 2006 que deux enseignants de sciences ont changé le rôle qu’ils occupaient dans la classe. Alors qu’ils rencontraient les élèves pour l’évaluation de fin d’année, ils ont subitement réalisé que les élèves qui réussissaient bien aux examens n’arrivaient pas à transférer les concepts

enseignés dans d’autres situations. C’est à ce moment qu’ils ont compris qu’ils devaient enseigner les choses autrement, et ils se sont servis des TIC à cette fin. Ce sont eux qui sont associés au modèle FLIP même si, du point de vue théorique, les difficultés de transfert des connaissances apprises et d’application à un nouveau contexte étaient déjà bien connues (Bransford, Brown, & Cocking, 2000).

Le modèle Flip (Bergman & Sams, 2012) représente une manière différente de concevoir le rôle de l’enseignant en classe. Par la facilité et l’accessibilité qu’offre la technologie actuelle, ils inversent les périodes d’enseignement théorique et les exercices pratiques ainsi que les devoirs. La matière et les contenus théoriques donnés traditionnellement par l’enseignant en classe sont dorénavant disponibles en ligne et visionnés par les élèves à la maison, voire dans un laboratoire de l’école. Les exercices pratiques et d’approfondissement sont adaptés et réalisés en classe sous la guidance de l’enseignant. L’émergence de ce nouveau modèle d’apprentissage en alternance est le résultat de la transformation qui s’opère alors dans la classe et le rôle de l’enseignant. Les jeunes visionnent les contenus de formation à la maison et le temps en classe est réservé aux exercices, aux projets d’équipe et aux échanges.

L’enseignant qui adopte cette approche cherche à rendre l’élève actif à tous les jours car celui-ci doit s’approprier des contenus en ligne avant le cours, participer lorsqu’il revient en classe au moment d’expérimenter et partager avec les autres ses nouvelles connaissances. Le niveau de collaboration, de création et d’engagement semble supérieur, en ce qu’il favoriserait le développement des habiletés nécessaires aujourd’hui pour apprendre et cela tout au long de la vie car par lui-même l’élève devient inévitablement plus responsable et plus autonome dans le développement de ses connaissances. Par lui-même et s’il en a la capacité et jouit d’un encadrement adéquat à la maison, l’élève contrôle les conditions et le moment de ses apprentissages et ainsi bénéficie de plus de temps en classe pour comprendre une notion et poser des questions, résoudre des situations problèmes à travers des projets créateur, exprimer et communiquer aux autres ses nouvelles connaissances. Pendant que les élèves produisent, l’enseignant peut individuellement interagir avec l’élève, l’amener à mieux saisir une notion plus difficile ou élever le niveau de ses connaissances. Le modèle Flip favorise la mise en place d’un enseignement personnalisé et qui répond aux

besoins de chaque élève, un rôle que plusieurs enseignants souhaitent pratiquer quotidiennement mais qu’ils ne peuvent arriver à faire dans la classe actuelle alors que leur temps est consacré à faire des prestations. « Class is for conversation, not dissemination ». (Bergann & Sams, 2011). Les élèves n’apprennent pas tous en même temps la même chose de la même manière. Le modèle Flip répondrait mieux aux besoins des élèves d’aujourd’hui, notamment aux élèves qui doivent souvent s’absenter, aux élèves en difficulté s’ils jouissent d’un encadrement adéquat à la maison et à ceux qui ne semblent pas trouver suffisamment de sens à leurs apprentissages. À savoir si c’est le modèle d’apprentissage pour la e-génération, cela reste à démontrer selon les critères habituels d’efficacité, faisabilité, durabilité et expansivité.

2.7.2 L’école de la deuxième chance

Une école pour les 18-25 ans qui n’ont pas de diplôme. L’objectif est d’offrir une autre école ; des parcours de formation et d’encadrement individualisé en partenariat avec le monde de l’entreprise afin d’obtenir l’accréditation de compétences reconnues. Le concept existe depuis 1995 en Europe, et la première école a ouvert à Marseille en France. Une première étape consiste en une période d’intégration, d’évaluation des connaissances et de confirmation de l’engagement du jeune envers la construction d’un projet professionnel. La période d’émergence du projet lui permet de découvrir des métiers et des stages, placé en immersion pour prendre conscience de ses compétences. Une formation en alternance accompagne les périodes en entreprises et une remise à niveau des savoirs de base. Selon les données du réseau de l’école de la seconde chance (reseau-e2c.fr) en 2011, 11454 jeunes ont fréquenté une école (une progression de + 42 % par rapport à 2010). En 2012, le réseau comptait plus de cent sites et plus de 13000 jeunes.

« Hors des schémas scolaires classiques, fondées sur l’individualisation des parcours et l’apprentissage de l’autonomie, les Écoles de la 2e Chance accueillent les jeunes sans qualification et sans emploi, tels qu’ils sont, sans autre critère que leur motivation, s’appuyant sur leurs qualités et compétences pour les révéler et dégager des pistes de réussites personnelles, en associant, dès le départ, les entreprises à l’effort de formation professionnelle » (Réseau des écoles de la 2e chance en France, 2012).

Dès son arrivée, le jeune est toujours accompagné par des intervenants sociaux et professionnels de l’orientation et jusqu’à la fin de son parcours, de même que lors de sa

recherche d’emploi, à la signature du contrat de travail ou lors de la formation en alternance adaptée au métier qu’il aura choisi et encore lors de son entrée dans un cursus de formation. « Le dispositif confirme son rôle actif dans l'intégration sociale et professionnelle des jeunes adultes sans diplôme, ni qualification » 13

2.8 L’apprentissage tout au long de la vie