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À la question 28, « Pouvez-vous évaluer votre niveau de bilinguisme ? Merci d’indiquer votre niveau de français selon les 6 niveaux du CECRL », presque 87 % des PALN interrogés ont déclaré avoir un niveau C2. Cependant, 10,5 % estiment avoir un niveau C1 et près de 2 % pensent avoir un niveau B2. L’unique répondant ayant coché le niveau A2 est un professeur certifié (concours externe) qui a entre 40 et 44 ans et qui enseigne dans le supérieur. Étant donné que les niveaux du CECRL ont été clairement décrits au sein de la question, il est difficilement plausible que ce répondant ne sache pas à quoi correspond le niveau A2, à moins que celui-ci ait coché sans lire.

Quoi qu’il en soit, le fait que 13,4 % des répondants n’aient pas coché le niveau C2402 en français pose question : ces enseignants n’estiment pas avoir atteint le niveau d’un utilisateur expérimenté, du moins, pas dans toutes les activités langagières sans doute. Le point faible de la question est que celles-ci n’étaient pas détaillées, ce qui peut expliquer en partie le résultat.

Un des résultats les plus riches fut celui portant sur le plurilinguisme des PALN. En effet, 73,3 % des répondants déclarent parler au moins une autre langue à part le français et l’anglais. Par conséquent, les PALN seulement « bilingues » sont minoritaires. 17 langues sont mentionnées, dont le mandarin, le letton, le suédois, le turc, le néerlandais, le polonais et le russe qui sont plutôt des langues peu étudiées au Royaume-Uni et en Irlande, bien que le mandarin connaisse une progression depuis quelque temps. Le tableau ci-dessous indique la répartition des locuteurs par langue et par niveau du CECRL, selon la perception que les répondants ont de leur propre compétence :

402 C2 – Utilisateur expérimenté : peut comprendre sans effort pratiquement tout ce qu'il/elle lit ou entend. Peut restituer faits et arguments de diverses sources écrites et orales en les résumant de façon cohérente. Peut s'exprimer spontanément, très couramment et de façon précise et peut rendre distinctes de fines nuances de sens en rapport avec des sujets complexes.

Source : CECRL, p. 25. Consultable en ligne à http://www.coe.int/t/dg4/linguistic/Source/Framework_FR.pdf

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18 personnes déclarent avoir le niveau d’un utilisateur expérimenté dans au moins une langue autre que l’anglais et le français, soit 17 % des répondants. 42 personnes pensent avoir le niveau d’un utilisateur indépendant. L’allemand est la langue la plus « parlée », mais une majorité de répondants n’estime pas avoir dépassé un niveau élémentaire. L’histogramme suivant représente la distribution des langues par niveau du CECRL :

Un des répondants a fait une remarque très juste : « la non-différenciation entre les niveaux de compétences en expression et en compréhension rend difficile une réelle représentation des compétences ». La question initiale était : « Parlez-vous d’autres langues… », ce qui, en effet, ne tient pas compte du latin ou d’un déséquilibre entre l’expression et la réception. Cela étant dit, nous avons une idée précise des langues apprises par les répondants. Dans la boîte de dialogue qui suit les questions portant sur les langues étrangères, les enseignants pouvaient écrire ce qu’ils n’avaient

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pas pu dire dans le cadre des réponses pré-formatées. Certains en ont profité pour souligner cette différence entre l’expression et la compréhension ; d’autres expliquent pourquoi ils ont appris ou sont en train d’apprendre une ou des langues (ce sont les langues de la belle-famille, par exemple).

On y trouve les remarques suivantes par rapport à l’apprentissage du gaélique irlandais403, langue obligatoire à l’école en République d’Irlande, car techniquement, c’est la première langue officielle et nationale, l’anglais étant la deuxième :

Le fait d'apprendre l'irlandais dès un très jeune âge (dans mon cas à partir de 5 ans) nous rend plus réceptif à l'apprentissage d'une autre langue étrangère.

J'ai appris le gaélique pendant 16 ans et avais un bon niveau.

Je réponds que mon niveau en langue irlandaise est A1. Je n'ai pas pratiqué cette langue depuis que j'ai passé mon bac (équivalent) en 1984, je ne sais donc pas quel est réellement mon niveau.

En conclusion, les PALN connaissent, à eux tous, une grande variété de langues étrangères et continuent d’en apprendre à l’âge adulte. 71,4 % des répondants parlent une troisième langue et estiment avoir au moins un niveau B1 dans cette langue ; près d’un tiers des répondants parle une quatrième langue, dont 44 % estiment avoir un niveau B1 ou plus. 13,3 % des répondants parlent une cinquième langue avec un niveau moyen de A2, et 3,8 % des répondants parlent une sixième langue. Dans cette dernière catégorie, seul un répondant estime avoir un niveau supérieur au niveau A1.

D’après nos données, le profil qui semble émerger de cette analyse des données est le suivant : les professeurs d’anglais « natifs » ayant participé à l’enquête connaissent d’autres langues que le français. Les autres langues parlées sont des langues européennes, celles des pays voisins de la France, mais pas exclusivement. Il est vrai, cependant, que les langues orientales sont très minoritaires. Deux langues des pays d’origine des répondants sont représentées, mais le niveau de maîtrise de celles-ci est inégal. La majorité des enseignants ayant répondu au questionnaire sont donc « plurilingues » : cela peut être un atout pour quiconque souhaite adopter une approche plurilingue de l’enseignement-apprentissage des langues. La découverte de ce plurilinguisme, quel qu’en soit le niveau, permet de battre en brèche l’idée que les PALN incarneraient la rencontre ou la juxtaposition de deux monolinguismes.

403 Voir à ce sujet, The Irish Language and the Irish People : Report on the Attitudes towards, Competence in and Use of the Irish Language in the Republic of Ireland, 2007-2008, Michéal Mac Gréil et Fergal Ratigan, National University of Ireland, Maynooth, 2009, 162 p.

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