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Section II : Posture de recherche et données de l’enquête

2 Les méthodes de recueil et les données de l’enquête

2.3 Les observations : à la recherche des pratiques et des façons d’être en situation

La logique d’approfondissement des modes de recueil de données, en supplément de l’enquête par questionnaire se répercute sur les observations réalisées. Les principales observations réalisées, peuvent être classées en trois grandes catégories : celles qui relèvent de l’organisation des démarches participatives, de la formation des élus ou des agents territoriaux sur ce sujet, et de la participation dans le cadre des dispositifs participatifs étudiés.

 Tableau C2-9 : Répartition des observations par type et par terrain

Bruz Lanester Arcueil Total

Formation 1 1 2

Organisation 4 5 1 10

Participation 2 2 8 12

Total 7 7 10 24

507 A ce propos, voir notamment : Pierre BOURDIEU (dir.), « Comprendre », in La misère du monde, Paris, Seuil, 1993, p. 1389‑1447 ; Nonna MAYER, « L’entretien selon Pierre Bourdieu. Analyse critique de La misère du monde », Revue française de sociologie, 1995, vol. 36, no 2, p. 355‑370.

La répartition des observations réalisées par type508 révèle également l’évolution de notre

position à chaque terrain. Ainsi, à Bruz ou Lanester nous avons davantage eu accès à des instants relevant de l’organisation de la participation, notamment du fait de notre entrée sur ses terrains avec une posture de consultant professionnel de la participation : en participant à un cycle de formation animé par un de mes collègues à Bruz et en ayant un premier contact avec la maire de Lanester via mon employeur, et par la suite via un de mes anciens collègues devenu directeur de la citoyenneté dans cette ville. A Bruz nous avons pu observer directement quelques réunions d’habitants, et surtout le forum, temps fort de la démocratie locale pour la municipalité. Cela est resté néanmoins limité, notamment pour des raisons de disponibilité et d’éloignement du terrain. A Lanester nous n’avons jamais pu observer de réunions de conseils de quartier directement : tout simplement car elles n’avaient plus lieu à ce moment, les conseils de quartier étant rentrés dans une phase de mise entre parenthèse avant le renouvellement de l’offre de participation. Cela est notamment dû au calendrier des élections municipales, qui a ralenti notre enquête d’une manière générale, et a fait se raréfier les occasions d’observation. Au-delà de l’enquête, nous avons assumé à Lanester une poursuite de notre engagement sur le terrain en acceptant la proposition du nouveau directeur de la citoyenneté dans cette ville de participer aux réunions de « l’observatoire de la démocratie participative ». Cette posture de recherche appliquée, nous a ainsi permis de suivre les évolutions de l’offre de participation au-delà de la temporalité retenue pour notre recherche, comme nous l’avons évoqué dans la partie dédiée aux questionnaires.

A Arcueil nous avons pu inverser cette tendance, d’abord en nous positionnant exclusivement comme doctorant. Nous avons pas pour autant dissimulé notre double posture, mais celle-ci est restée plus anecdotique car, à la différence des deux autres villes, Missions Publiques n’avait alors jamais travaillé avec Arcueil509. La proximité géographique, et le calendrier favorable avec

la fin des élections et le redémarrage des assemblées de quartier, ont permis de davantage mettre l’accent sur les observations et d’assister à l’ensemble d’un cycle d’assemblées de quartier. Cette adaptation a réellement été bénéfique pour l’enquête, car elle a permis, outre davantage d’observations, de toucher davantage des enquêtés ayant une participation très épisodique, voire unique, aux dispositifs participatifs, et donc d’inclure pleinement ce pan dans l’analyse.

Si à Arcueil, nous avons aussi assisté à un temps de formation, nous n’avons pas en revanche pas eu directement accès à des temps relevant de l’organisation510, d’abord parce qu’il nous a semblé qu’ils n’étaient pas formalisés de la sorte, et ensuite probablement par le fait de revendiquer plus explicitement une posture d’observateur-chercheur a pu avoir cet effet. Nous retrouvons donc ici en creux tout l’intérêt potentiel de cette posture de praticien-chercheur. Si nous avons pu être sollicité sur le ton de l’apport d’expertise également dans cette ville, cela s’est fait de manière informelle et lors d’échanges directes avec des élus ou des agents : questions sur

508 Les observations dites « participation » correspondent à : Bruz, un comité d'usagers et un forum citoyen. Lanester, une visite de quartier et le jour de vote du budget participatif. Arcueil, 7 réunions plénières d'assemblées de quartier et une réunion inter-quartier. Pour le détail de l’ensemble, nous renvoyons à la présentation en Annexe.

509 A noter que ceci change par la suite, puisque le cabinet accompagne la ville pour un marché lié à la mise en place d’un budget participatif en 2017. Ainsi notre propre position de recherche finit par unifier l’ensemble de nos terrains. Il s’agit aussi d’un enseignement qui rappelle le critère de sélection dit de « volontarisme » : malgré la petite taille de ces villes, il s’agit d’endroits où la thématique est suffisamment investie pour justifier le recours, et donc la prise en charge budgétaire, à des prestations extérieures.

510 Le seul exemple cité est en réalité mixte, un temps de « participation-organisation », visant à inclure les habitants les plus investis dans la rédaction d’une nouvelle charte de la démocratie participative.

l’avancée de l’enquête lors des entretiens et avis sur les évolutions envisagées, voire relecture de différentes notes internes. La frontière entre l’observation et la prestation est ainsi parfois tenue, et c’est finalement dans la ville où nous nous sommes davantage présenté comme chercheur universitaire que nous avons eu accès à moins de données, et moins facilement ; confirmant ainsi l’importance et la portée heuristique des effets de connivence.

En conclusion de cette présentation des observations, il est donc possible de souligner que si cette modalité d’enquête a été périphérique dans la stratégie empirique, elle a néanmoins été un complément utile et loin d’être délaissé, en étant investie régulièrement et sur chaque terrain. Leur nombre grandissant et la possibilité de finalement suivre un cycle complet d’assemblées de quartier, a permis de conforter l’aspect total de l’enquête : prendre à la fois en compte la production et la réception des offres de participation.

Conclusion : Des cas limites et typiques de l’offre

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