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Les objectifs de la recherche

Notre idée de se focaliser sur l’entretien de financement des porteurs de projet de création de TPE est confirmée par la faiblesse de la littérature le concernant. Nous abordons dans notre démarche un double thème concernant les TPE, d’une part, dans une approche conceptuelle, puis leur financement, d’autre part, dans une approche exploratoire. Dans un cas comme dans l’autre, les écrits sont rares même s’ils tendent à se développer depuis trois ans, ce qui place notre recherche dans une problématique naissante. Cette faiblesse académique nous incite à aborder, dans un premier temps, les TPE et leurs frontières conceptuelles. Nous devons donc spécifier la forme TPE pour pouvoir ensuite travailler sur le financement de leur créateur.

Notre question de recherche, dans une optique résolument managériale correspondant au positionnement des Sciences de Gestion, peut s’exprimer comme la volonté de

comprendre les mécanismes en jeu pendant l’entretien de financement dans l’objectif de fournir aux porteurs de projet des outils destinés à améliorer leurs chances d’être financés.

Notre problématique correspond à l’intellectualisation de cette question de recherche et à son rattachement à un corpus théorique que nous présentons dans le point suivant de notre introduction.

L’intérêt de notre recherche va se situer à deux niveaux : un niveau académique et un niveau pratique auquel nous lions la dimension politique sous-jacente.

I.2.1. Un intérêt théorique et méthodologique

I.2.1.1. Un intérêt théorique

Les travaux s’inscrivant dans le champ de l’entrepreneuriat se sont très souvent intéressés à la forme PME et ont adopté l’innovation comme paradigme fondamental. Les ouvertures récentes de ce champ à des pratiques moins caractéristiques de ces éléments comme la

reprise d’entreprise (DESCHAMPS, 2000) ou les questionnements relatifs à la place des TPE (MARCHESNAY, 2003) semblent correspondre à une démarche pragmatique, gestionnaire de la création – reprise d’entreprise dans le but d’en améliorer les performances. Des controverses existent sur l’appartenance au champ entrepreneurial de travaux de plus en plus excentrés au sens de VERTRAETE (2007). Travailler sur les TPE est une direction récente suscitant l’intérêt (MARCHESNAY, 2003) mais pouvant conduire à des approches douteuses quant aux objets étudiés. Une réflexion sur l’essence de la TPE est à réaliser, nous nous y attacherons dans le Chapitre 1. Un travail sur son appartenance au champ est également à faire, nous l’entreprendrons dans le Chapitre 2.

Les constatations statistiques de la première section ne peuvent que nous pousser vers la compréhension de la TPE et de son financement, malgré les difficultés que nous avons énoncées. Nous nous efforcerons donc d’apporter des connaissances conceptuelles à la définition de cette population d’entreprises et de participer ainsi à un important chantier qui vient juste de démarrer et dont nous n’avons pas la prétention d’achèvement. Cette contribution conceptuelle s’appuie sur un parallèle fort avec les travaux d’identification et de spécification de la PME ainsi que sur une approche originale appréhendant la TPE en dépassant ses frontières organisationnelles, et en l’intégrant dans une dimension collective et territoriale. Nous nous appuyons ici sur les travaux de la philosophie de l’espace de MOLES et RHOMER (1972), déjà utilisés par TORRES (2003), pour leur pertinence dans la compréhension des phénomènes locaux, propres aux TPE. Les frontières de l’entreprise y apparaissent poreuses, les ressources et la flexibilité sont souvent externes et les relations de l’entrepreneur avec les autres acteurs sont basées sur un gain réciproque dans le cadre de la coopération, et d’une relation gagnant - gagnant.

Nous abordons ensuite l’appartenance des TPE au champ de l’entrepreneuriat en utilisant une version adaptée et combinée des modélisations de BRUYAT (1993) et VERSTRAETE (1997) ainsi que les travaux de PATUREL (2005, 2006, 2007). Nous basons notre démarche sur une modification de la notion de valeur dégagée par l’acte entrepreneurial. Nous apportons une modélisation de l’entretien de financement entre un porteur de projet et un conseiller financier. Cette démarche repose, dans un premier temps, sur une approche exploratoire. Dans un second temps, nous éclairons notre modèle par le biais des théories de la confiance, dans le cadre de l’approche conventionnelle et de l’approche des parties prenantes. Cette modélisation a une vocation de compréhension du phénomène par le détail

des éléments influents et les liens entre eux.

Nous mobiliserons différents corpus théoriques pour appréhender la prise de décision d’un conseiller bancaire de financer un porteur de projet de création de TPE novice. Nous replacerons ainsi l’entretien dans le cadre de la rationalité limitée et des approches sur le rationnement du crédit, puis, nous présenterons les adaptations des banques et les outils développés pour encadrer la prise de décision et les risques liés. Dans un second temps, et après une approche empirique, nous éclairerons notre travail à l’aide de trois corpus théoriques : les théories de la confiance, l’approche conventionnaliste et les théories des parties prenantes. Ces éléments nous permettent de présenter notre problématique de recherche : nous souhaitons apporter des connaissances sur les interactions entre un conseiller financier et un porteur de projet sans expérience et sur les mécanismes en jeu dans la construction de l’envie chez le conseiller. Nous souhaitons comprendre comment

peut naître la confiance entre deux acteurs ayant un intérêt personnel dans la concrétisation du projet (parties prenantes) dans un laps de temps très court, quels sont les éléments de fond, de forme et d’échange qui s’avèrent les plus efficaces (conventions) dans un contexte contingent.

I.2.1.2. Un intérêt méthodologique

Nous souhaitons également présenté un travail méthodologique conséquent. Nous présentons d’abord les éléments factuels et conceptuels sur les lesquels nous travaillons. C’est au regard de ces éléments et de notre cadre de référence, où la dimension anthropologique est la plus marquée, que nous présenterons ces dimensions épistémologiques et méthodologiques (chapitre 3). Notre travail est, en effet, fortement marqué par notre expérience professionnelle et une réflexion sur les conséquences possibles doit être entreprise.

Entre des positions marquées séparant les démarches constructivistes des approches positivistes, nous choisissons une situation intermédiaire nous permettant de nous positionner au sein du débat (LEVY-TADJINE, 2004). Nous optons également pour une démarche philosophique originale, le holisme méthodologique sophistiqué.

En lien avec MARCHESNAY (2003), nous souhaitons œuvrer à une meilleure

compréhension des 98,9 % des entreprises françaises et améliorer les chances des porteurs de projet d’obtenir des financements bancaires leur permettant de démarrer dans de bonnes conditions et d’augmenter les chances de survie de leur structure.

Nous souhaitons également apporter de nouvelles connaissances à la communauté scientifique sur les TPE et la manière de les aborder.

I.2.2. Un intérêt pour les praticiens et les politiques

Les porteurs de projet de création de TPE sont de plus en plus encadrés dans leurs démarches, accompagnés par des structures privées ou publiques dont la vocation est de permettre au projet de se concrétiser dans les meilleures conditions. Le développement de ces structures s’accompagne d’une amélioration des chances de survie des entreprises et des emplois qu’elles représentent. Pour avoir participé à des formations préalables à la création d’entreprise, nous nous sommes rendu compte qu’elles sont essentiellement axées sur la gestion et l’administration des entreprises, beaucoup moins sur la capacités des entrepreneurs à mobiliser des ressources financières. Cette focalisation s’explique dans les causes de défaillance des nouvelles organisations. Le manque de connaissances du monde de la banque par les porteurs de projet et, plus spécifiquement, les entrepreneurs novices, conduit à des idées reçues et à l’absence de préparation de l’entretien avec un conseiller financier qu’il va falloir faire adhérer au projet. Les conséquences d’une mauvaise présentation vont se traduire par le refus de financer une démarche pourtant viable.

L’intérêt de notre travail pour les praticiens est de fournir un vade-mecum de l’entretien de financement sur lequel peuvent être bâtis des programmes de formations spécifiques de nature à permettre aux projets économiquement viables d’être financés. Le repérage des attentes des conseillers financiers vis-à-vis des porteurs de projet, et des problèmes soulevés par l’entretien, permet l’élaboration de ce guide à l’usage des praticiens. C’est un élément fort de notre démarche, une volonté profonde du chercheur de rendre à la communauté ce qu’elle lui permet d’être, à savoir un enseignant chercheur.

Notre travail a une dimension politique. En améliorant les chances d’être financé, nous nous situons dans le cadre du nouveau projet de loi destiné à dynamiser l’économie et

l’emploi par les auto-entrepreneurs particulièrement, par tous les entrepreneurs en général.