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I.8. Quelques questions éducatives actuelles au Cameroun

8. PRESENTATION DES RESULTATS

8.2. Analyse des activités du maître et de l’apprenant

8.2.1. Analyse des activités du maître

Tableau 22: fréquences des catégorie d'étayage par site

Sites

IFA Nsei Marom Tanzé

Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons

Etayag e Par l’action 86 78 41 63 27 41 14 31

Métacognitif 244 240 79 128 52 76 51 72

Verbal 60 52 41 66 25 39 20 37

Total 381 375 161 257 104 156 85 140

Commentaire

Ce tableau montre que les moyennes des trois catégories d’étayage sont plus importantes à l’IFA que dans les trois villages. Dans les trois villages, ces fréquences sont plus importantes chez les garçons que chez les filles, ce qui n’est pas le cas à l’IFA.

8.2.1.2. L’étayage par l’action

Tableau 23 : fréquences des processus de la catégorie « étayage par l’action » par site Sites

IFA Nsei Marom Tanzé

Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons

Echafaudage 49 45 16 30 14 23 6 17 Modelage 0 0 0 0 0 0 0 0

Démontrer 3 3 0 0 1 2 1 2

Ajuster la

motricité 5 5 5 11 4 6 2 5

Etayage par l’action

Pointer 29 25 20 22 8 6 5 7

Commentaire

Ce tableau montre les moyennes par site pour chaque processus de la catégorie

« étayage par l’action ». La fréquence de l’échafaudage est plus élevée à l’IFA que dans les trois villages. Les fréquences d’échafaudage sont légèrement plus importantes chez les garçons que chez les filles dans les villages alors que c’est le

Les fréquences de modelage sont nulles dans les quatre sites.

Les fréquences de démonstration est nulle à Nsei et très faible à l’IFA, à Marom et à Tanzé, aussi bien chez les filles que chez les garcons.

Pour ce qui est de l’ajustement de la motricité, les moyennes des quatre sites sont faibles, sauf celle des garçons à Nsei qui est lègèrement plus importante.

Les fréquences pour le processus de pointage sont importantes dans les sites de l’IFA et de Nsei et faibles dans les sites de Marom et Tanzé, aussi bien chez les filles que chez les garçons.

L’échafaudage

Tableau 24 : évolution des fréquences du processus d’échafaudage par niveau et par site Sites

IFA Nsei Marom Tanzé

Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons

Niveau 1 24 24 13 14 12 14 5 8

Niveau 2 17 15 3 10 2 7 1 5

Niveau 3 8 6 0 6 0 2 0 4

Echafaudage8

Total 49 45 16 30 14 23 6 17

Commentaire

L’échafaudage est l’ensemble des faits à travers lesquels le maître façonne ou décore le pot à la place de l’apprenant (échafaudage).

Ce tableau montre une tendance générale de l’évolution du processus d’échafaudage. On note une baisse des fréquences du niveau 1 au niveau 3.

Cependant, deux différences sont à relever : a) cette baisse est beaucoup moins rapide à l’IFA que dans les trois villages (en ce qui concerne les filles). Par exemple, la baisse de l’échafaudage à l’IFA passe de 48% au niveau 1 à 35% au niveau 2 à 16% au niveau 3 chez les filles. A Nsei, cette baisse passe de 81% au niveau 1 à 0% au niveau 3 chez les filles. b) La baisse est moins rapide dans les trois villages, concernant les garçons.

8Le maître travaille à la place de l’apprenant.

L’importance intra site du processus d’échafaudage

Tableau 25 : pourcentages intra site du processus d’échafaudage

Sites

Le calcul9 d’un test de khi carré montre qu’il n’y a pas de différence entre les fréquences des quatre sites, ni chez les filles10, ni chez les garçons11.

L’importance inter site de l’échafaudage

Tableau 26 : pourcentages inter site du processus d’échafaudage

Sites

Ce tableau montre que les pourcentages inter site d’échafaudage sont dispersés par rapport à la moyenne. Le calcul du khi carré confirme cette différence chez les filles.

x2 = 21.60 ; ddl = 6 ;  = 0.05 ; x2 = 12.59. x2 calculé> x2 lu, H1 est acceptée.

Chez les gaçon, la différence est visible. Les pourcentages inter site du processus d’échafaudage montrent un contraste entre l’IFA - qui comptabilise à lui seul plus de la moitié des interventions totales d’échafaudage – et les trois villages.

9 Par soucis de lisibilité, tous les calculs de khi carré sont résumés à la fin de ce chapitre.

10 x2 = 2.58 ; ddl = 6 ;  = 0.05 ; x2 = 12.59. x2 calculé< x2 lu, H1 est rejetée10.

11 x2 = 0.94 ; ddl = 6 ;  = 0.05 ; x2 = 12.59. x2 calculé< x2 lu, H1 est rejetée.

Interprétation

Le processus d’échafaudage se présente de trois manières : le maître intervient avec une fréquence régulière au niveau 1, de façon ponctuelle au niveau 2 et rarement au niveau 3. L’intervention par échafaudage consiste en des actions d’estimation et de mesure au cours desquelles le maître donne une quantité de pâte suffisante à l’apprenante pour former la base du pot. Il harmonise la paroi du pot, centre les ouvertures par rapport à la base du pot et délimite l’espace de décoration. Il fait aussi des réglages tels que la mise en route de l’apprenant dans certaines tâches.

Par exemple, il amorce le façonnage du pot, lisse la paroi, choisit les outils de lissage et de décoration et grave les premiers motifs de décoration. La plupart de ces actions sont observées chez le maître en interaction avec les apprenants du niveau 1, bien qu’elles apparaissent différemment en fonction des sites. Par exemple, à Nsei,

[Marcus coupe une quantité de pâte qu’il donne à Sidonie. [Sidonie forme la base du pot]. Il harmonise les lèvres de son assiette. (…). Il lisse d’abord le pourtour de l’assiette. Puis, à l’aide d’une lame, il applique quatre motifs de décoration et remet l’assiette à Sidonie pour qu’elle continue à graver les motifs].

A l’IFA Roger [mesure 5 kg d’argile qu’il donne à Vitale. (…). Il tape sur la pâte pour l’arrondir.

Il pose la boule sur la tournette et creuse. Il l’aplatit pour former la base du pot. (…). Il marque d’un trait le diamètre de la base puis replie le reste d’argile pour monter la paroi. (…). Il superpose les colombins et lisse l’intérieur du pot. (…). Il nivelle la paroi et lisse l’intérieur du pot. (…) Il retouche la forme circulaire de la panse pour qu’elle soit symétrique à la base du pot. (…). Il taille une partie du col et la remodèle. (…). Il vérifie la hauteur du pot à l’aide d’une règle. (…) Il ajoute de l’argile sur les lèvres et les lisse. (…). Il marque des lignes verticales et horizontales dans des cases pour mieux délimiter l’espace de décoration. Il choisit les pointes à graver. (…). Il incise de petits traits autour du motif].

Ces deux extraits expliquent pourquoi la baisse rapide de l’échafaudage dans les villages et la baisse moins rapide à l’IFA. A l’IFA, le maître intervient à toutes les étapes du façonnage ne laissant que très peu de place à l’apprenant du niveau 1 pour agir. De plus, la qualité de ses interventions montre la valeur qu’il accorde non seulement à la mesure, mais aussi à la technique de façonnage. Alors que Marcus à Nsei échafaude en laissant plus de liberté d’action à l’apprenante.

Par ailleurs, comment expliquer la variation des interventions par échafaudage entre les niveaux 1, 2 et 3 dans chaque site ? Pourquoi l’intervention régulière du maître au niveau 1 devient plus ciblée au niveau 2 et rare au niveau 3 ? En effet,

l’apprenant du niveau 1 est dans la période de découverte d’une technique de façonnage et de décoration dont il ignore encore la complexité des procédures. Alors qu’au niveau 2, l’apprenant a acquis plus d’expérience. Le maître lui laisse plus de temps pour travailler seul. Par exemple, à Nsei, Marcus, le maître suggère un motif de décoration à l’apprenante Louisa.

[Marcus trace trois lignes obliques à l’intérieur de l’espace qu’il vient de demander à Louisa de délimiter. Puis, il la laisse continuer la décoration (Il la regarde attentivement)]. A Marom, Maï [apporte les outils de décoration à Hadidjatou et relisse davantage l’intérieur du pot]. A Tanzé, Mathilde [élargit et allonge l’ouverture du pot (…). Elle lisse l’extérieur et l’intérieur et arrondit mieux les lèvres. ( …). Elle passe la main sur le pot d’Esther pour voir si la base est lisse].

Ces acquisitions permettent de prendre une certaine autonomie dès le niveau 2. Au niveau 3, Marcus estime que « l’apprenante sait déjà fabriquer le pot, du moins en ce qui concerne le façonnage. La réussite des décorations complexes viendra plus tard avec l’expérience ».

L’essentiel est que l’apprenante puisse produire et vendre quelques articles pour se prendre en charge.

Chez les garçons, l’échafaudage n’est pas directement apporté par le maître. La maîtresse Mankeu laisse Hilarion, niveau 1 façonner tout le pot. Sa petite-fille Ariane (apprenante du niveau 3) passera quelques fois pour voir comment il avance. Quelques fois, elle intervient pour former le fond du pot

« Elle creuse davantage le fond du pot pour élargir la panse, elle étire l’argile du fond vers le haut du pot et remet le récipient à Hilarion ».

et pour former les lèvres

« elle prend une nervure de banane qu’elle passe sur les lèvres pour mieux les lisser et les arrondir. Elle lui explique comment tenir cette nervure avant de lui faire expérimenter comment élever un pot à fond droit et oblique. En quelques temps, elle forme ces deux fonds et lui explique la différence puis elle change le fond et remodèle un fond rond ».

Au niveau 2, Jean façonne la base du pot. Mathilde l’assistante intervient quelques fois.

« Elle bombe la panse du pot à l’aide d’une mirette en tesson de calebasse. Elle lisse l’extérieur du pot et réduit l’ouverture qui est trop grande. Elle ajoute de la pâte sur l’ouverture pour façonner les lèvres. Puis elle lisse l’intérieur et l’extérieur du pot et le laisse continuer ».

Au niveau 3, Mathilde, assistante de mankeu aide Olivier.

« Elle bombe la panse du pot, nivelle l’ouverture et ajoute de la pâte pour bien arrondir les lèvres. Elle lisse les lèvres jusqu’à ce qu’elles deviennent fines ».

Il est important de signaler la distance qui sépare la maîtresse Mankeu des apprenants garçons. Ses interventions sont surtout des instructions. Pour ce qui est de l’échafaudage, ce sont plutôt les jeunes filles Ariane et Mathilde qui se chargent de ce type d’aide. Est-ce par manque d’habitude que Mankeu n’ose pas enseigner aux garçons ou par peur de répression ? Les situations d’enseignement potière-apprenant garçon sont plutôt très rares.

A Nsei, on observe les mêmes interventions indirectes par échafaudage lorsque Marcus enseigne à Vanou, apprenant du niveau 2 (Nsei) qui a un problème particulier. Vanou a perdu les réflexes de façonnage parce qu’il est allé poursuivre ses études en ville depuis une année. Il n’a plus eu l’occasion de façonner des pots.

Marcus prend du temps pour observer les lacunes de Vanou. Il appelle à l’aide Louisa, (apprenante du niveau 2). Elle essaye de façonner la base à la place de Vanou. Puis, se rendant compte que le pot n’évolue pas, il décide lui-même de continuer le façonnage. Ce moment sera accompagné de beaucoup d’explications et d’instructions.

« Il mouille ses mains, lisse avec les doigts l’intérieur du pot, il étire la pâte et uniformise la paroi. Il ajoute la pâte et lisse l’intérieur du pot. Il ajoute du colombin sur l’ouverture du pot. Il modèle les lèvres et les arrondies. (…). Il penche les lèvres vers l’extérieur et les arrondies encore. Il arrondie avec une mirette en calebasse l’intérieur du pot, bombe la panse et lisse l’extérieur. Il recule et regarde si tout va bien. (…). Il prend une lame, trace une première ligne de décoration et laisse Vanou continuer ».

Au niveau 3, contrairement à Vanou, Bryan a régulièrement appris à façonner les pots. Il a acquis beaucoup de compétences. Marcus ne lui donne que des instructions et c’est Yvette qui l’aide par échafaudage.

« Elle forme l’ouverture du pot ». « Elle lisse la paroi externe du haut vers le bas ».

« Elle arrondie les lèvres ». « Elle lisse la paroi interne ».

On comprend pourquoi il y a plus d’échafaudage au niveau 1, pourquoi la baisse est moins rapide au niveau 2. On comprend aussi pourquoi au niveau 3, le niveau de compétence individuel de Bryan ne demande qu’une petite aide concernant le façonnage des lèvres et la finition de l’ouverture du pot.

A l’IFA, les interventions de Roger sont davantage ciblées sur la décoration aux niveaux 2 et 3. En effet, la transposition des motifs de décoration sur le pot est une

tâche difficile si l’apprenant ne se représente pas mentalement et dès le départ cette décoration.

La variation des fréquences des interventions par échafaudage dans les quatre sites proviendrait d’abord du fait que, les apprenants dans les villages ont plus d’opportunités de manipulation d’argile et de façonnage d’objets en dehors des séances d’apprentissage. Pendant les jeux, ils s’exercent par eux-mêmes. A l’IFA, le coût élevé des matériaux ne permet pas de les distribuer aux apprenants pour des exercices en dehors des heures de cours. C’est l’une des raisons pour lesquelles Roger (IFA) explique qu’il faut amener l’apprenant, dès le niveau 1, à maîtriser les ratés du façonnage. L’accent est mis sur la réussite du pot qui respecte les consignes techniques, la précision de la mesure, les finitions et la qualité de la cuisson. Roger dit que « La maîtrise de la fabrication d’un pot (pour ses formes arrondies) est la base des apprentissages pour la fabrication de toutes les autres formes d’objets. Elle exige le respect de la symétrie, le rapport des proportions et le rapport de masse. Toutes les notions de base y sont appliquées. Les fissures, l’explosion, le claquage, la forme, la marge de retrait, la récupération sont, en fait, des ratés à maîtriser pour tout façonnage ». (cf. entretien avec Roger, IFA). Si Roger met en avant la poursuite des objectifs d’enseignement pour expliquer les interventions du maître, Marcus insiste sur la maîtrise des gestes corporels dès le niveau 1. Marcus (Nsei) pense que l’élève du niveau 1 doit

« acquérir parfaitement tous les gestes techniques, y compris les mouvements corporels de coordination ». L’objet fabriqué peut être plus ou moins réussi mais, la valeur de l’apprentissage réside dans la coordination des mouvements. Alors que Mankeu à Tanzé pense que l’essentiel est de participer. La potière n’insiste pas sur le travail bien fait. La non valorisation des pots à Tanzé pourrait justifier le fait qu’il y ait moins d’échafaudage.

Le pointage

Le pointage est l’ensemble desfaits à travers lesquels le maître montre ou du doigt un espace sur le pot.

Tableau 27 : évolution des fréquences processus de pointage par niveau et par site Sites

IFA Nsei Marom Tanzé

Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons

Niveau 1 13 9 15 14 6 4 4 4

Niveau 2 9 9 3 5 2 2 1 3

Niveau 3 7 7 2 3 0 0 0 0

Pointer

Total 29 25 20 22 8 6 5 7

Commentaire

Ce tableau montre que les fréquences du processus de pointage sont légèrement plus élevées à l’IFA et à Nsei qu’à Marom et Tanzé. Il existe une tendance générale d’évolution du processus de pointage. On note une baisse des moyennes du niveau 1 au niveau 3. Cependant, deux différences sont à relever : a) cette baisse est beaucoup moins rapide à l’IFA et à Nsei qu’à Tanzé et Marom. De plus, au niveau 3 de l’IFA et du village de Nsei, ce processus continue de se manifester alors qu’il disparaît pratiquement à Marom et Tanzé.

Dans chaque site, l’écart entre les moyennes des filles et les moyennes des garçons est très réduit.

L’importance intra site du processus de pointage Tableau 28 : pourcentages intra site du pointage

Sites

Fréquences du processus de pointage par site

Fréquences des 3 catégories d’étayage par site

% intra site

Sexe F G F G F G

IFA 29 25 390 370 7% 7%

Nsei 20 22 161 257 12% 9%

Marom 8 6 104 156 8% 4%

Tanzé 5 7 85 140 6% 5%

Total 62 60 740 923

Le pourcentage intra site du processus de pointage est très faible dans l’ensemble (8%) chez les filles et (6%) chez les garçons. Dans les trois villages, les pourcentages sont légèrement plus importants chez les filles.

L’importance inter site du processus de pointage

Tableau 29 : pourcentages inter site du processus de pointage

Sites

Fréquences totales du processus de pointage par site

% inter site

Sexe F G F G

IFA 29 25 47% 42%

Nsei 20 22 32% 37%

Marom 8 6 13% 10%

Tanzé 5 7 8% 12%

Total 62 60

Ce tableau montre une dispersion des pourcentages des quatre sites par rapport à la moyenne, chez les filles. Et les garçons. Le calcul d’un test de khi carré montre qu’il n’y a pas de différence entre les moyennes des quatre sites.

x2 = 1.99 ; ddl = 6 ;  = 0.05 ; x2 = 12.59. x2 calculé< x2 lu, H1 est rejetée.

Chez les garçons, il y a un contraste entre L’IFA et les autres sites. L’IFA comptabilise près de la moitié des pourcentages inter site du processus de pointage 2.56 ; ddl = 6 ;  = 0.05 ; x2 = 12.59. x2 calculé< x2 lu, H1 est rejetée.

Interprétation

Ce qui est intéressant à expliquer c’est pourquoi les fréquences de pointage sont élevées à Nsei. Une fois de plus, il s’agit d’associer gestes et verbalisations. Il semble que cette association facilite la compréhension chez les apprenants (cf. p.

169).

Pointer ou montrer sont un ensemble de mots et des gestes utilisés par le maître pour indiquer, parfois en insistant, un aspect de la tâche à réaliser. Par exemple, les expressions « fait comme ça, tape ici, pose-là », précisent le moment, l’endroit, la manière, l’objet dont parle le maître. Ces mots et gestes désignent, font voir, dirigent l’apprenant vers un point précis. Leur rôle est important car ils permettent de recentrer les interactions maître/apprenant sur un aspect précis de la tâche.

Dans les quatre sites, les verbalisations sont associées aux gestes pour montrer ou pointer. Cette association est observée 21 fois à l’IFA. L’évolution diminutive de ce processus du niveau 1 au 3 s’explique par le fait que les apprenants débutants ne comprennent pas souvent ni le langage simple, ni le langage des potiers. Si cette explication est valable pour les apprenants du niveau 1 du village de Nsei, elle ne tient pas pour les apprenants des apprenants de Marom et de Tanzé. On se pose alors la question de savoir pourquoi le pointage n’a pas la même importance dans

les villages de Marom et Tanzé. Est-ce à dire que les mots des formateurs à eux seuls ont toujours été suffisants pour passer le message aux apprenants ?

Analyse des processus moins fréquents de la catégorie « étayage par l’action » Le modelage ou « shaping »

L’ajustement de la motricité

L’ajustement de la motricité est l’ensemble des énoncés et des faits à travers lesquels le maître repositionne une partie mal positionnée du corps de l’apprenant.

Tableau 30 : évolution des fréquences du processus d’ajustement de la motricité par site et par niveau Sites

IFA Nsei Marom Tanzé

Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons

Niveau 1 2 2 5 6 2 3 2 3

Niveau 2 2 2 0 4 2 3 0 2

Niveau 3 1 1 0 1 0 0 0 0

Ajuster la motricité Total 5 5 5 11 4 6 2 5

Commentaire

Ce tableau montre une baisse des fréquences du processus d’ajustement de la motricité, du niveau 1 au niveau 3, pour les quatre sites. La baisse est moins rapide à l’IFA que dans les trois villages. Chez les gaçons à Nsei, cette baisse est aussi moins rapide.

Dans chaque site, l’écart12 entre les fréquences des filles et les fréquences des garçons est très réduit.

12 L’écart est obtenu en soustrayant la moyenne la plus basse de la moyenne la plus élevée.

Importance intra site du processus d’ajustement de la motricité Tableau 31 : pourcentages intra site du processus d’ajustement de la motricité

Sites

Ce tableau montre que le taux d’ajustement de la motricité est faible (3%) dans les quatre sites.

Importance inter site du processus d’ajustement de la motricité Tableau 32 : pourcentages inter site du processus d’ajustement de la motricité

Sites

Fréquences totales du processus d’ajustement de la motricité

Ce tableau montre un contraste entre Nsei et les autres sites. Nsei comptabilise près de la moitié des pourcentages inter site du processus d’ajustement de la motricité. Mais, le calcul du khi carré montre que ce contraste ne révèle pas une différence de moyennes entre les quatre sites. Chez les garçons, x2 = 4.88 ; ddl = 6 ;  = 0.05 ; x2 = 12.59. x2 calculé< x2 lu, H1 est rejetée. Et chez les filles,

X2 = 2.02 ; ddl = 6 ;  = 0.05 ; x2 = 12.59. x2 calculé< x2 lu, H1 est rejetée.

Interprétation

L’ajustement de la motricité concerne les actions du maître sur le corps de l’apprenant(e), notamment l’ajustement des mouvements du corps et des membres.

C’est l’ensemble des énoncés et des faits à travers lesquels le maître repositionne

une partie mal positionnée du corps de l’apprenant. Dans les villages, l’ajustement des mouvements du corps est lié à :

- la coordination de la préhension par l’utilisation de la main et des doigts. Par exemple, Marcus donne des instructions : « utilise ton pouce comme ça, pose-le comme ça pour arrondir les lèvres de l’assiette », « racle fortement la paroi en pliant ton indexe et arrondit l’intérieur du pot » ou encore [Il tient sa main et la bâte et fait des pressions sur la paroi].

- la modification de la posture de l’apprenante face à la gestion du positionnement

- la modification de la posture de l’apprenante face à la gestion du positionnement