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I.8. Quelques questions éducatives actuelles au Cameroun

3. TYPOLOGIE DES PROCESSUS D’ENSEIGNEMENT ET D’APPRENTISSAGE POUR L’ANALYSE

3.3. La hiérarchisation des processus d'apprentissage et d'enseignement d'après Dasen (1989)

3.4.3. Les catégories de l’étayage

3.4.3.2. L’étayage métacognitif

C’est le soutien que le maître apporte à l’apprenant en effectuant des actions ou des verbalisations dont le but est de contrôler et de réguler la tâche.

Contrôler est une opération qui demande une comparaison entre l’état actuel et le but à atteindre. Il ne s’agit pas de contrôle au sens de bilans périodiques des acquis de l’apprenant (Perrenoud, 1997). Le contrôle se fait tout au long de la séquence de fabrication du pot. Il consiste à vérifier, par exemple, que les dimensions du pot sont respectées. Pour cela, l’utilisation de la règle ou des procédés par estimations visuelles est de mise. Le contrôle concerne aussi la forme du pot, les centrations et les symétries, la technique de façonnage ou de décoration. Ces contrôles permettent au maître de prendre des décisions de progression, de modification ou d’orientation de l’activité de l’apprenant et non pas de l’apprenant lui-même. Le contrôle est l’ensemble des énoncés et les faits qui vérifient une situation. Roger utilise une règle pour vérifier la hauteur de la paroi.

Evaluer c’est donner des points de vue formatifs ou techniques destinés à dire ce qui est une réussite et à déceler des erreurs ou des dysfonctionnements. Les énoncés et les faits qui présentent un avis. Par exemple Jean-Jacques, assistant à l’IFA évalue la décoration d’un apprenant débutant :

« Ta décoration est assez fine, la forme est belle. Seulement, cette décoration constitue un seul élément. Tu as dessiné un motif isolé. Il faut essayer d’ajouter d’autres éléments, d’autres motifs qui vont créer l’équilibre et le mouvement. Pour cela, tu dois délimiter l’espace de décoration pour faire entrer d’autres éléments

qui vont habiller ton motif. Il faut voir si tu peux ajouter ces éléments à l’intérieur ou tout autour du motif».

Questionner c’est le fait de s’interroger ou de poser des questions à autrui pour comprendre la signification d’une action ou d’un phénomène. Le questionnement serait typique des activités scolaires si l’on considère que le rôle maître est d’amener progressivement les apprenants, par le principe de questionnement à approcher la solution. Par exemple pour décorer la paroi externe d’un pot à double cylindre, Roger fait un trou dans le pot interne et demande à l’apprenant : « Sais-tu pourquoi je fais ce trou ?» et l’apprenant de répondre « oui, c’est pour que le pot ne se déforme pas ».

Roger continue. « C’est pour que l’air qui est comprimé dans le pot interne se libère au risque de déformer le pot ». Le questionnement fait intervenir la réflexion dans le but de trouver une réponse à ce qui semble être incompris. Par exemple, le maître peut poser une question à l’apprenant pour comprendre comment il veut disposer les motifs de décoration sur son pot. Cela va lui permettre de pouvoir délimiter l’espace de décoration. Le questionnement implique des réponses de type explicatif, affirmatif, mais aussi interrogatif. Le processus de questionnement est opérationné par la considération de l’ensemble des énoncés qui posent une question.

Le processus de questionnement fait partie de la catégorie des processus métacognitifs pour deux raisons : d’abord parce que la métacognition opère par approche systémique de la question et ensuite parce que le questionnent peut entrer dans une activité de réflexion en équipe ou personnelle d’éveil de la conscience.

Repérer et corriger les erreurs sur l’objet consiste, pour le maître, à apercevoir les parties mal fabriquées de l’objet, le non respect de la mesure, le manque de centration des parties du pot, les bosses sur la paroi, de détecter les défauts liés aux finitions, au mauvais lissage et polissage. Tous ces défauts sont en lien non seulement avec la non maîtrise de la technique de travail, mais aussi avec le choix inapproprié des outils de travail et leur mauvais usage. Le repérage et la correction des erreurs sont l’ensemble des énoncés et des faits qui identifient une faute et proposent une rectification

Il faut remarquer que ce processus n’existe pas dans la typologie des activités de l’apprenant. Il est tout simplement intégré au processus d’essais et erreurs.

Aider au choix et à l’utilisation des outils montre que les activités de poterie s’accompagnent d’une panoplie d’instruments, équivalente à la mallette du mécanicien, qui permet de réaliser certaines opérations. La mallette du potier contient des lames, des mirettes, des instruments de mesure, etc. dont la fonction

est de donner des textures et des motifs particuliers. Leur appropriation est nécessaire en vue d’une bonne utilisation. Le maître aide au choix, à l’utilisation de ces outils. Par exemple, la pointe sert à graver un motif sur la paroi. La pointe n°1 grave différemment des pointes n°3 et n°4 qui sont plus fines. Il faut donc connaître le rôle et les effets de chaque pointe afin de les utiliser efficacement. Evidemment il faut savoir les tenir d’abord. Cela nécessite des régulations. Allal (1997) parle d’outils de régulation pour désigner la relation que le maître et l’apprenant développent autour de l’utilisation des documents qu’ils soient de référence ou créés par la classe et qui permettent à l’apprenant de s’autoréguler. Les régulations métacognitives sont aussi influencées par la structure de la situation didactique.Le choix et l’utilisation des outils sont l’ensemble des énoncés et les faits qui proposent un choix d’outils de travail en fonction de l’objectif de la tâche. Exemple : « essaye cette pointe, tu vois qu’elle donne des traits plus visibles ».

Concevoir et planifier la tâche : l’aspect culturel de la planification a été longuement étudié dans les travaux de Tanon (1994) sur le tissage en Côte d’Ivoire. Ce qui est intéressant dans les deux tâches qu’elle présente à savoir la reproduction d’un modèle de tissage après visualisation et le chargement-déchargement d’un taxi-brousse le long d’un parcours, c’est que les stratégies de planification et de résolution du probème varient en fonction de la tâche. Concernant la tâche de recomposition des modèles de tissage par des bandes et des carrés mis à disposition, les succès et les échecs étaient codés selon une grille préétablie. Pour la tâche de chargement-déchargement, le premier et le second chargement, le nombre de permutation de passagers à bord, l’ordre de chargement des passagers et l’anticipation par rapport au déchargement des passagers étaient codés. Je ne me suis pas vraiment inspirée des caractéristiques de la planification telles que définies dans cette recherche. Elle m’aura tout simplement permis de réfléchir sur les aspects de conception et la planification dans l’activité de poterie.

En définitive, la conception et la planification de la tâche c’est la formulation ou l’entente entre le maître et l’apprenant sur la tâche à réaliser et les étapes de sa réalisation. Elle permet aux parties de choisir ensemble et de se mettre d’accord par exemple sur l’objet à fabriquer. Au village, il s’agit de nommer l’objet qui sera façonné en faisant allusion parfois à sa fonction qui induit sa forme, sa taille et ses motifs de décoration.

La conception et la planification des tâches sont un ensemble d’énoncés et les faits qui annoncent un plan, prédisent ou valident une démarche ou une procédure, un projet. Exemple : « si c’est la marmite pour cuire du riz, alors… ».

Expliquer c’est faire connaître quelque chose à quelqu’un en lui donnant les éléments nécessaires. Les explications, d'une situation ou en réponse à une question par exemple, sont censées apporter des informations qui permettraient de mieux comprendre, d'y voir plus clair. Elles permettent de répondre à des questions concernant le pourquoi, le comment, etc. Ces moments d’explicitation, son un point essentiel de la métacognition. En principe, elles seraient donc une aide, une clé, un moyen de défaire des nœuds. Elles peuvent se manifester sous forme de discussion, d’argumentation, d’explicitation, de justification, etc. « Comment fonctionne cette technique ? Tu façonnes d’abord la base, puis… ». Les explications peuvent aussi prendre le sens d’orientation dans la mesure où elles ne portent non plus sur le fonctionnement des faits mais sur l’explicitation des alternatives et des possibilités de résolution de problème. L’explication est l’ensemble des énoncés qui éclaircissent, justifient une situation par exemple Roger explique à Jean-Jacques comment il peut concevoir et réaliser sa décoration.

R: «Je ne t’impose rien. Si tu veux faire de grands motifs, tu prends trois lignes. Et cette ligne te servira comme axe de symétrie. Si tu veux faire des motifs réduits, alors tu devras ajouter d’autres lignes. Mais c’est à toi de décider. Seulement, il faut chercher un motif effilé parce que la panse est très longue. (Il fait un geste avec le pouce et l’indexe et passe sa main sur la panse)».

Solliciter de l’aide pour l’apprenant s’observe lorsque le maître sollicite l’intervention d’un assistant ou d’un aîné pour apporter de l’aide à l’apprenant. C’est l’ensemble des énoncés qui appellent une personne plus ou moins expérimentée à apporter de l’aide.Marcus le maître disait à Yvette, une apprenante du niveau 3 : « vient aider ton frère à arrondir les lèvres de son pot ».