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L’obésité a atteint les proportions d’une épidémie mondiale (2,8 millions de personnes au moins décédant chaque année du fait de leur surpoids ou de leur obésité) 232

Section 2 : Les manifestations du lookisme

A) Embauche ou le « Hire-the-handsome phenomenon »

43. L’obésité a atteint les proportions d’une épidémie mondiale (2,8 millions de personnes au moins décédant chaque année du fait de leur surpoids ou de leur obésité) 232

Les individus dont le physique ‘sort de la norme’ souffrent de stigmatisation, de commentaires blessants, de mal-être général et par conséquent d’opportunités de travail limitées.

Voici, sous forme de schéma circulaire, par quoi passe une personne en surpoids. En premier lieu, une interaction sociale se crée, elle définit en deuxième lieu le statut de la personne (on colle une étiquette), en troisième lieu la société justifie ce statut en discriminant cette personne, pour qu'en quatrième lieu l'individu obèse intériorise cette discrimination et il se sent responsable de ce qui lui arrive et donc il va refuser les aides psychologiques ou autres par perte de l'estime de soi et de honte233, et il ressentira finalement la volonté de changer d’apparence physique pour appartenir à dans la ‘norme’.

Aux États-Unis, une attention particulière est portée à la grossophobie qui est une réalité flagrante234, sachant que l’obésité touche des millions d’américains et ne fait qu’augmenter235

. Selon la directrice executive de la National Association to Advance Fat

229

GARNER-MOYER H., « La discrimination à l’épreuve du droit », Barreau de Paris 21 avril 2005. 230

FIKKAN K., ROTHBLUM E., « Weight bias in employment », dans BROWNWELL K., OUHL R., SCHWARTZ M., RUDD L., Weight bias: nature, consequences, and remedies New York: Guilford Press, 2001, p. 20.

231

Voir CARMICHAEL M., « Do we really need a law to protect fat workers? », http://www.boston.com/news/globe/magazine/articles/2007/08/05/do_we_really_need_a_law_to_protect_fat_worke rs/, 5 août 2007.

232

http://www.who.int/features/factfiles/obesity/fr/. 233

Colloque « L’apparence physique : motif de discrimination, entre norme, codes sociaux, esthétisation et rejet de la différence visible », Lille, mercredi 18 novembre 2009.

234

THERAN E., « Free to be arbitrary and … Capricious’: weight-based discrimination and the logic of American anti-discrimination law », Cornell Journal of Law and Public Policy, vol.11, 2001, p. 136.

235 L’expansion de l’obésité ne se restreint à aucune race, ethnicité, statut socio-économique ou culture. Une personne est en surpoids si son indice de masse corporelle ou body mass index se situe entre 25 et 29.9. Lorsque ce

48 Acceptance, « The same stereotypes you heard 20 or 30 years ago about blacks or Hispanics are being said about fat people today »236.

La demande d’être de plus en plus mince augmente alors que paradoxalement, le taux d’obésité ne fait que s’intensifier, ce qui dénote une relation ‘perverse’237.

Il y existe un paradoxe flagrant. D’une part, la présence d’un environnement « obésogénique » avec des portions énormes et des plats gras238 ; et d’autre part, une véritable phobie du poids ou fat phobia239. (L’obésité, notamment chez les enfants, est un thème qui tient à cœur à la première dame des États-Unis, Madame Michelle Obama, qui en a fait l’objet de sa campagne « Let’s move »240).

Les personnes obèses ne répondent pas à l’idéal de beauté français ou américain. Loin de là. Elles vivent dans un monde qui détermine ce qui est juste et faux, beau et dégoûtant, un monde où le blâme se dirige vers des personnes qui ne se conforment pas aux normes sociétales. Elles sont perpétuellement obsédées par cette préoccupation qui domine leur vie : comment perdre du poids et éviter la stigmatisation241. À la vue d’une personne obèse dans la rue, dans un restaurant ou dans un magasin, nous nous posons instinctivement cette même question : pourquoi ne perd-t- elle donc pas de poids ?! Qu’elle souffre ou non de condition chronique ou d’une prédisposition génétique, nous ne pouvons nous empêcher de la blâmer.

De manière générale, nous ne sommes particulièrement pas tolérants envers les personnes en surpoids. Selon Esther Rothblum, psychologue, professeure et expert en discrimination, les personnes en surpoids sont jugées comme manquant d’autocontrôle242. En effet, le blâme des

dernier est supérieur ou égal à 30, il est obèse. SABLOSKY K., « Probative “Weight”: Rethinking evidentiary standards in Title VII sex discrimination cases », New York University Law Review and Social Change, vol. 30, p. 325-328.

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VOBORIL M., « Obese starting to fight back against fat jokes, prejudice », Seattle Times,

http://community.seattletimes.nwsource.com/archive/?date=19931223&slug=1738432, 23 décembre 1993. 237

BERRY B., The power of looks: Social stratification of physical appearance, Cornwall, MPG Books, 2008, p. 58.

238BERRY B., The power of looks: Social stratification of physical appearance, Cornwall, MPG Books, 2008, p.24.

239

SOLOVAY S., ROTHBLUM E., « No fear of fat », Chronicle of Higher Education, Vol. 56, édition 12, 13 novembre 2009, Vol. 56, édition 12.

240

http://www.letsmove.gov/. 241

STUNKARD., The pain of obesity, Palto Alto, California, Bull publishing company, 1976, p. 1. 242

49 personnes obèses est constant et fortement dénoncé par certains en raison de la grande tentation qui les entoure243.

Or, le poids reflète une interaction complexe entre des facteurs physiologiques, comportementaux244, psychologiques, socio-économiques et culturels245. Il en résulte que le poids ne relève pas toujours de l’autocontrôle et que les personnes en surpoids ou obèses ne devraient pas être tenues pour responsables. De plus, il convient de signaler que le poids augmente avec l’âge246

, et par conséquent, le lookisme se dédouble d’agéisme247. De plus, les personnes au statut socio-économique bas et les femmes particulièrement, sont plus touchées par l’obésité248. Enfin, l’obésité est supérieure de 10% chez les afro-américains et mexico-

américains et l’extrême obésité affecte deux fois plus les femmes afro-américaines que les femmes blanches ou mexico-américaines249.

44. Selon diverses enquêtes menées aux États-Unis, près de 90% des individus obèses affirment

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