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Le narcissisme : investissement libidinal du Moi et investissement de l’objet extérieur

Dans le document Différences des sexes et des générations (Page 126-130)

Partie 2 : Les trois figures d’autorité

2. Les mécanismes psychiques à la base de l’autorité

2.3. Le narcissisme : attachement et dépendance à l’objet

2.3.3 Le narcissisme : investissement libidinal du Moi et investissement de l’objet extérieur

2.3.3.1 L’auto-érotisme : l’amour de soi

La première distinction entre l’autoérotisme et le narcissisme sera annulée ultérieurement par Freud. Dès la seconde topique, seule la différence entre le narcissisme primaire, qui englobe l’auto-érotisme, et le narcissisme secondaire sera conservée.

L’aut o-érotisme, caractérisé par une non différenciation moi/non-moi, serait le mode de

satisfaction de l’état narcissique que Freud situe dès la naissance. A ce moment là, ce n’est pas du monde extérieur que l’enfant manque mais littéralement de lui-même, comme le précise Lacan (Lacan, 1956, p 138). Alors que le narcissisme suppose cette différenciation moi/non-moi. Ainsi, la distinction entre les deux notions ne se fait plus en termes de stades.

C’est en se décollant du biologique vital que l’activité sexuelle se rend indépendante : le plaisir sexuel est recherché pour lui-même, et il est pour cela qualifié d’auto-érotique, la satisfaction sexuelle étant obtenue à partir du propre corps de l’enfant, elle n’est pas encore dirigée vers une autre personne. Cette sorte de décollement, autrement dit le principe d’étayage, a pour effet de produire un décalage entre l’ingestion des aliments et l’incorporation de l’objet, ce qui signe l’existence d’une activité fantasmatique chez l’enfant, celui-ci accédant à des représentations qui s’éloignent de leur support corporel. Il s’agit d’une fantasmatisation d’une relation « je-me » scénarisée, plutôt que la fantasmatisation d’un objet.

2.3.3.2 Narcissisme primaire, narcissisme secondaire

La différence entre narcissisme primaire et secondaire est que le narcissisme secondaire se retrouve lors d’un retour de la libido investie sur les objets sur le Moi. Dans cet état où le Moi est en voie de formation, toute la libido est accumulée dans le Ça. Celui-ci utilise une partie de la libido en fixations érotiques sur des objets, alors que le Moi, se développant, tente d’attirer cet investissement objectal sur lui, voulant devenir l’unique lieu d’attachement érotique. Le fait est que la quantité de libido de départ reste la même, tantôt investie sur le Moi, tantôt sur les objets. Lors de cette différence de destin, quand la libido objectale s’enrichit, celle du Moi s’appauvrit, et inversement. En cela, le narcissisme

Un rapport dialectique s’instaure entre l’enfant et la mère dans lequel l’enfant attend et reçoit quelque chose d’elle. L’enfant se croit aimé pour lui-même. Mais en tant que réel, il prend pour la mère la fonction symbolique de son besoin imaginaire. La mère est ainsi introduite dans le réel à l’état de puissance. La possibilité pour l’enfant d’un objet intermédiaire comme tel, comme objet de don, s’ouvre alors. Cette image phallique, l’enfant la réalise sur lui-même, et c’est là qu’intervient la relation narcissique. Ainsi, le fait de posséder ou pas un pénis peut entrer de deux façons dans l’économie psychique imaginaire du sujet : le pénis peut situer son objet dans la lignée et à la place de cet objet, il est ainsi une forme orale d’incorporation du pénis ; ou il peut entrer non pas en tant qu’objet compensatoire de la frustration d’amour, mais en tant qu’il est au-delà de l’objet d’amour et qu’il manque à celui-ci, au-delà d’elle et de sa puissance d’amour. Dans le premier cas il reste le pénis, dans le second, il devient le phallus : « C’est dans la relation spéculaire que le sujet a l’expérience et l’appréhension d’un manque possible, que quelque chose au-delà peut exister, qui est un manque. » (Lacan, 1956, p 176).

Ce n’est qu’au-delà de la réalisation narcissique que peut s’introduire ce qui fait paraître au sujet cette forme que l’objet d’amour est retenu captif dans quelque chose que lui-même, en tant qu’objet, n’arrive pas à éteindre : une nostalgie, qui se rapporte au propre manque de l’objet d’amour. Ceci repose sur l’effet de transmission qu’aucune satisfaction par un objet réel quelconque qui vient s’y substituer ne parvient jamais à combler le manque dans la mère : « C’est seulement après le second temps de l’identification imaginaire spéculaire à l’image du corps, qui est à l’origine de son moi et qui en donne la matrice, que le sujet peut réaliser ce qui manque à la mère. (…) C’est par rapport à cette image que le sujet réalise qu’il peut, à lui, manquer quelque chose. » (Lacan, 1956-1957, p 177). La relation pré-génitale est une relation directe entre le sujet et l’objet : elle est en miroir. C’est une relation de réciprocité ambivalente où le sujet, en s’identifiant au semblable, est

l’équivalent de l’objet. Le fait de savoir que la mère existe ne suppose pas forcément que l’enfant ait déjà un moi et un non-moi. La mère est symbolique et objet d’amour. L’enfant prend véritablement conscience de son existence que lors des premières frustrations. Le fait que la relation à la mère soit une relation d’amour n’en fait pas une relation différenciée. En fait, l’enfant s’inclut lui-même dans la relation comme objet d'amour de la mère quand il découvre qu’il peut lui apporter du plaisir. Ainsi il tente de faire l’expérience de sa propre présence commandant celle de la mère qui lui est nécessaire, en la satisfaisant.

Mais rapidement l’enfant fait l’expérience qu’il n’est pas seul dans la présence de la mère auprès de lui. La question est posée de savoir si l’enfant le comble ou pas. C’est la découverte de la mère phallique pour l’enfant, le penisneid pour la mère. Nous retrouvons ici la dialectique de l’être et de l’avoir. Il peut s’identifier à la mère, au phallus, à la mère porteuse de phallus, ou encore se présenter comme porteur de phallus. L’enfant signifie à sa mère qu’il est dans la mesure de la combler, comme enfant, et comme ce qui lui manque quant au désir, ce qui constitue le leurre de la relation imaginaire : « C’est dans la relation à la mère que l’enfant éprouve le phallus comme étant le centre du désir de celle-ci. Et lui-même se situe là dans différentes positions par lesquelles il est amené à maintenir, c'est-à-dire très exactement à leurrer, ce désir de la mère. » (Lacan, 1956, p 224).

Le stade du miroir sera le moment où l’enfant reconnaîtra sa propre image. L’enfant prendra conscience de la distance existante entre ses tensions internes et l’identification à l’image. Cela illustre le caractère conflictuel de la relation duelle. (Lacan. J., 1957, p 17).

Chez l’adulte, le narcissisme se retrouve sous la forme de l’estime de soi, qui refoulera tout ce qui n’est pas conforme au moi idéal ou à l’idéal du moi, et que toute expérience allant dans le sens du sentiment d’omnipotence contribuera à augmenter.

2.3.4 Les liens entre le narcissisme et l’autorité : pas d’autorité sans

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