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LA TENTATION FASCISANTE

LA NAISSANCE D’UN TRIHEBDOMADAIRE À VOCATION CRYPTOFASCISTE : LE COURRIER DU VALAIS

La période 1935-1937 est marquée par un renouveau rela- tif au sein de la presse fascisante. Le défunt Front valaisan est certes remplacé par l’Union nationale valaisanne en

1936, mais le groupe social et politique concerné reste le même, et les acteurs demeurent identiques. C’est donc plus sur le plan journalistique qu’au niveau de ses groupes por- teurs que l’extrême droite valaisanne opère sa mue. Un élé- ment révélateur de ce changement est le rachat du Courrier

de Sion par un homo novus au sein de la presse valaisanne,

Léopold Rey.

Le mercredi 8 mai 1935 paraît le dernier numéro du Cour-

rier de Sion. Pourtant, rien dans cette édition ne laisse pré-

sager la mort du trihebdomadaire, aucune notice n’avertis- sant le lecteur qu’il est en train d’en parcourir le dernier exemplaire – ce qu’André Marcel se fait un plaisir de sou- ligner ironiquement dans les colonnes de la Feuille d’avis :

211Dans ses Réflexions sur la question juive, Jean-Paul Sartre précise que ce terme opinion n’est pas applicable à l’antisémitisme et insuffisant à recouper sa réalité, cette pensée impliquant des conséquences trop graves : « Je me refuse à nommer opinion une doctrine qui vise expressément des personnes particulières et qui tend à supprimer leurs droits ou à les exterminer. […] L’antisémitisme

ne rentre pas dans la catégorie de pensées que protège le Droit de libre opinion. D’ailleurs, c’est bien autre chose qu’une pensée. C’est d’abord une passion. » SARTRE1954, p. 10.

212Le Temps, 3 avril 2004. 21324 Heures, 5 novembre 1998. 214Courrier du Valais, 15 avril 1936.

Antiquaire d’origine fribourgeoise établi à Sion, Léopold Rey est membre de l’Association de la presse valaisanne de 1935 à 1946. C’est en mai 1935 qu’il rachète le titre le Courrier de Sion, qu’il renomme Courrier du Valais. Imprimant au périodique une ligne frontiste et fascisante (il deviendra l’organe officiel de l’UNV en 1936), Léopold Rey revend pourtant le titre à la fin de l’année 1936 pour lancer un nouveau trihebdomadaire, la

Tribune valaisanne (janvier à mai 1937). Après la cessation de

parution de la Tribune valaisanne et la revente du titre (un pro- cès s’ouvrira à ce sujet en 1942 devant le tribunal de district de Sierre, mais Léopold Rey en sortira blanchi), il quitte le monde du journalisme pour se consacrer à son métier d’antiquaire et de collectionneur d’art dans le cadre de son magasin en ville de Sion.

On voit cependant réapparaître son nom en 1960 lors d’une saisie d’estampes japonaises considérées à l’époque comme « obscènes » dans sa boutique de Sion – une mise sous séques- tre sera ordonnée par le Ministère public de la Confédération212.

De même, il refait parler de lui en 1979 lorsqu’il participe à l’or- ganisation de la première grande exposition temporaire de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny : certaines œuvres pré- sentées à l’occasion de la rétrospective « Cinq siècles de pein- ture » attirent l’attention d’experts comme le Lausannois André Kuenzi, qui mettent en doute leur authenticité – c’est le cas notamment d’un tableau signé Gustave Courbet, justement prêté par Léopold Rey213.

Alors qu’il est journaliste en activité, Léopold Rey exprime des tendances frontistes et fascisantes (liens avec Georges Oltra- mare) de même qu’un antisémitisme violent (qui explique la collaboration avec des personnalités antisémites françaises telles que Mathieu Degeilh ou Lucien Pemjean). Il laisse appa- raître au fil du temps un soutien de plus un plus marqué à la politique hitlérienne, notamment en matière de persécution de la communauté juive allemande : « On conçoit la “ rage ” ter- rible de Hitler à massacrer la juiverie allemande », écrit-il en 1936214.

« Le Courrier de Sion a disparu sans donner le moindre aver- tissement à ses lecteurs, qu’il n’avait pas accoutumés d’ail- leurs à plus de correction. »215

La disparition sans tambour ni trompette du Courrier de

Sion passe d’autant plus inaperçue que le Courrier du Valais

prend immédiatement le relais de son prédécesseur. En effet, deux jours seulement après la mort du périodique d’Adolphe Sauthier, le Courrier du Valais fait son apparition sur la scène journalistique valaisanne. Le Courrier du Valais reprend le rythme de parution du trihebdomadaire sédu- nois, édité le lundi, le mercredi et le vendredi. Il s’inscrit donc dans la continuité de son devancier, évitant ainsi toute rupture et toute vacance. Le vendredi 10 mai 1935, le public valaisan se voit proposer, en lieu et place de la

troisième édition hebdomadaire du Courrier de Sion, le pre- mier numéro du Courrier du Valais.

A l’occasion de la disparition du Courrier de Sion, André Marcel – souvent la cible d’Adolphe Sauthier du fait de son origine vaudoise – se fend d’une oraison funèbre au goût acide dans la Feuille d’avis.

Dans un second temps cependant, le chroniqueur de la

Feuille d’avis salue le renouveau opéré par la naissance du Courrier du Valais. Il se met en devoir de commenter l’édi-

torial-programme de Léopold Rey – non sans une pointe de raillerie et visiblement peu convaincu par l’idée d’une rupture totale entre l’ancien Courrier de Sion et le nouveau

Courrier du Valais.

Qu’en est-il dans la réalité ? Pour se faire une idée de la ligne rédactionnelle du nouveau journal, il convient de s’arrêter sur l’éditorial-programme qu’André Marcel se

(Courrier de Sion, 8 mai 1935)

« Bien que l’incident n’ait pas autrement d’importance, on peut lui consacrer quelques lignes : Le Courrier de Sion est mort. Il y a dix ans, il avait été créé pour enterrer la “ Feuille d’Avis du Valais ” et le voilà parti. […] Le Courrier de Sion n’eut à sa rédaction que des gens sans talent et sans autorité. […] De M. Max Gay à M. Sauthier, en passant par les caves de la commune ou les escaliers des cafés sédunois, il n’en est aucun qui mérite un hommage ou un regret. Leur départ rehaussera simplement le prestige de la presse valaisanne. » (Journal et

feuille d’avis du Valais et de Sion, 14 mai 1935) L e re g a rd d ’ A n d r é M a rc e l s u r l a d i s p a r i t i o n d u C o u r r i e r d e S i o n …

« A la place du Courrier de Sion, un nouvel organe est né : le

Courrier du Valais, qui se promet de mettre Dieu et la patrie

dans son affaire. […] Notre nouveau confrère, auquel nous souhaitons la bienvenue, a écrit un article édifiant, plein de componction et de suavité, pour tracer sa ligne de conduite : Il se refusera à mener des campagnes tendancieuses et inté- ressées ou de semer la discorde.

Il travaillera fermement au respect de l’autorité. Il opposera une résistance énergique aux défaitistes. Il mettra un terme à l’action anti-valaisanne.

On ne saurait trop l’en féliciter. Comme on en peut juger par les extraits que nous venons de publier, le Courrier du Valais sera vraiment un journal neuf et ne ressemblera pas du tout au Courrier de Sion… M. Léopold Rey est en train de brûler du soufre, avec beaucoup de précaution, sur le siège où s’est assis son prédécesseur. C’est bon signe ! » (Journal et feuille

d’avis du Valais et de Sion, 14 mai 1935) … e t s u r l a n a i s s a n c e d u C o u r r i e r d u Va l a i s

plaît à paraphraser. Il y est effectivement question de patriotisme, d’abandon des luttes politiques stériles au profit d’une vision centrée sur le bien commun, de soutien à l’Eglise et à la famille, soit rien d’autre que les fondamen- taux consensuels d’un conservatisme bon teint. La devise du journal, « Dieu et Patrie », n’est elle-même que la tra- duction de celle qui orne la bande de titre de l’organe du Parti conservateur haut-valaisan depuis 1884, le Walliser

Bote (« Für Gott und Vaterland »)216. A première vue, le Cour-

rier du Valais ne semble donc pas s’aventurer en terrain

miné.

Un glissement s’opère toutefois au fil de l’éditorial et, en transparence d’un discours sur la fin des « discordes » poli- tiques et la défense de l’« autorité », on perçoit une critique voilée d’une certaine forme d’organisation politique par trop centrée sur un parlementarisme qui divise en factions concurrentes un peuple dont il met en péril l’unité, ainsi qu’une dénonciation discrète d’une démocratie trop prompte à nier son rôle décisif au pouvoir exécutif : « Nous voulons donner ici à nos lecteurs l’assurance qu’en dépit de notre esprit combattif [sic] nous nous refuserons à prêter asile à ces campagnes tendancieuses et intéressées aux- quelles la presse politique accorde souvent une trop large place ; les mesquines passions politiques pouvant porter atteinte au bien de notre canton ne nous trouveront d’ail- leurs pas davantage indulgent, car la discorde, d’où qu’elle vienne, est un facteur de ruine pour la nation comme pour la famille. Pour une commune prospérité nous travaillerons au respect de l’autorité car il est temps de mettre une fin à ce sabotage de nos principes les plus sacrés qui trouvent dans la devise “ Dieu et Patrie ” leur expression plénière. »217 Certes, en comparaison des outrances du défunt Pilon, il n’y a pas grand-chose de choquant ou de surprenant dans ces lignes. Tout au plus retrouve-t-on une dénonciation

timide du parlementarisme et du système de partis. Lorsque l’éditorial se termine sur une citation de Maurice Barrès, rien de remarquable non plus. Même s’il est de meilleures manières de prouver son progressisme que de broder sur le thème de « Nous sommes l’aboutissement de nos morts », on ne peut voir là autre chose que la marque d’un traditionalisme de bon ton, imprégné tout juste du minimum de nationalisme nécessaire à demeurer crédible à droite de l’échiquier politique. Pourtant, même si le pro- pos reste dans un premier temps relativement convention- nel, quelques signaux sont déjà présents, préludes à une radicalisation progressive du discours du Courrier du

Valais.

Cette radicalisation se fait déjà plus perceptible au mois de juillet, dans un éditorial intitulé « Libéralisme et étatisme – vers l’organisation professionnelle corporatiste ». Léopold Rey y fait une apologie de la corporation, qui « a pour effet immédiat la paix sociale […] ainsi que l’ordre dans l’éco- nomie nationale », et souligne que « ce n’est ni par le libé- ralisme économique, ni par l’étatisme envahissant que nous pourrons restaurer l’ordre et l’harmonie là où régnaient auparavant la confusion et l’anarchie ». Le choix proposé n’est, ni plus ni moins, que celui « entre l’ordre et le désordre, la discipline et l’indiscipline »218. L’exemple ita- lien d’intégration des « professions » au sein d’un modèle politiquement autoritaire, ressenti comme économique- ment efficace, est là pour prouver la justesse de l’argumen- tation avancée. Si, jusque-là, on en reste au degré du simple appel à une réorganisation de l’économie sur des bases cor- poratistes (on se souvient que le Nouvelliste s’était lui aussi aventuré sur cette voie quelques années plus tôt), la chute de l’article est marquée par un changement significatif de registre. Il y est question de répondre aux attentes d’une « jeunesse avide » de changement et de nouveauté, d’une

216LUGON2008, pp. 67-68. 217Courrier du Valais, 10 mai 1935.

« jeunesse qui formera cette autre Suisse qui naît à côté de celle qui meurt dont a parlé Gonzague de Reynold »219. L’idéalisation de la jeunesse, l’idée d’une société dépassée qui doit mourir pour laisser place nette à une communauté nouvelle, dont on ne sait, à vrai dire, pas grand-chose, sont des signes déjà plus clairs que les allusions voilées du mois de mai : après un temps de prudente réserve, Léopold Rey fait progressivement sortir son journal de la sphère du conservatisme classique.

Au mois de novembre, le masque tombe définitivement. Sous le titre « Le pseudo danger “ fasciste ” ! », Léopold Rey inaugure une phase de défense ouverte du mouvement fas- cisant valaisan. Il rompt dès lors formellement avec le conservatisme traditionnel et avec la ligne, certes parfois sinueuse et peu claire, de l’ancien Courrier de Sion d’Adolphe Sauthier220. Léopold Rey se range du côté du faisceau de Chermignon fraîchement fondé, et dont la créa- tion sert de prétexte à la prise de position suivante : « Ces nouvelles formations politiques, dont le caractère éminem- ment patriotique ne peut être mis en doute, ne rêvent qu’à restaurer l’Etat par le moyen d’un gouvernement fort, hon- nête et national. […] Les “ fascistes ” suisses tendent, par leurs efforts courageux, à combattre âprement les socialo- communistes, et pour cela ils substitueront la corporation au syndicat qui prêche la lutte des classes. […] Ces fas- cistes, que nous appellerons des conservateurs ACTIFS, exigent une impérieuse réforme de l’Etat221, préparée par

des hommes consciencieux et énergiques qui ne sacrifie- ront pas l’intérêt général à l’intérêt particulier. […] Nos “ fascistes ” sont de vrais Suisses et de bons Valaisans ! Soyons-en convaincus ! »222

Dans sa défense et illustration du fascisme valaisan, Léopold Rey suit deux axes parallèles : d’une part, établir le caractère inoffensif (dans un premier temps), voire bénéfique (dans un second temps), du mouvement pour le système poli- tique suisse ; d’autre part, le différencier clairement des modèles italien ou allemand, et insister sur son aspect émi- nemment suisse et patriote, afin de le rattacher à terme au conservatisme dont il est fondamentalement issu223. A terme, Léopold Rey aspire donc à une simple différencia- tion, et non à une rupture totale, du mouvement fascisant avec le conservatisme traditionnel, laissant ainsi la porte ouverte à une collaboration entre frontistes et catholiques- conservateurs que Le Pilon récusait totalement. Cette volonté de collaboration à long terme n’empêche pourtant pas le rédacteur du Courrier du Valais de choisir momentanément

(Courrier du Valais, 22 novembre 1935)

219 Courrier du Valais, 26 juillet 1935.

220 Jamais pour sa part, Adolphe Sauthier n’était allé jusqu’à exprimer à visage découvert son éventuelle sympathie privée pour les milieux frontistes, dans un journal dont il n’était que le salarié.

221 Il faut comprendre cette allusion dans le contexte du rejet de l’initiative pour la révision constitutionnelle totale lors du scrutin du 8 septembre 1935. Le Valais avait en effet accepté l’idée d’une révision à 55 %, alors que l’objet, porté essentiellement par les conservateurs, était balayé au plan suisse à plus de 70 %. Chiffres : Chancellerie fédérale, Répertoire chronologique des votations fédérales, votation no122 du 8 septembre 1935.

222 Courrier du Valais, 22 novembre 1935.

223 « Le mouvement fasciste valaisan doit, avec le parti conservateur officiel, constituer un cartel des droites, autrement plus légitime et plus sain que le cartel français radical-communiste » afin d’écarter du pouvoir « l’anarchie de gauche prônée par le socialisme » et « l’anarchie de droite [prônée] par le parti jeune conservateur Haut-Valaisan, où l’on peut alors, à juste titre, parler d’hitlérisme ». Ibidem.

son camp : celui de l’Union nationale valaisanne. Pour sa part, le rejet en termes violents du modèle jeune-conserva- teur haut-valaisan répond à des impératifs particuliers, centrés essentiellement autour de questions de personnes. Le contenu idéologique de Der Fenner, l’organe jeune- conservateur fondé en 1935, relativement conventionnel, ne justifie en rien les qualificatifs que lui applique le rédac- teur du Courrier du Valais.

La ligne du Courrier se durcit encore à la fin de l’année 1935, franchissant un nouveau palier. Sous le titre évocateur « Un régime décadent », Léopold Rey y fait le procès du parle- mentarisme suisse, « avec ses erreurs et ses vices », et de « l’impuissance et de la désuétude dans laquelle sont tombés nos partis historiques »224. Le discours se fait de plus en plus virulent et la dénonciation des « démocrates » est sans appel : ces démocrates qui, « ennemis avant tout des forma- tions de droite, n’hésitent pas à marcher au-devant d’une dictature rouge225contre une Suisse fédéraliste, corporative et chrétienne »226. « Si la démocratie est devenue une école de palabres, de discours inutiles et de divisions intestines, pourquoi demeurerions-nous des esprits rétrogrades en nous efforçant de sauver une institution de démagogie et de misère ? Si nous voulons supprimer les maux, poussons donc la logique à en vouloir supprimer les causes. »227 La démocratie étant « dirigée par des esclaves de partis », il faut envisager la possibilité d’en sortir, tel est en substance le premier niveau du message lancé par le rédacteur du

Courrier du Valais. Dans un éditorial intitulé « L’agonie des

républiques »228, Léopold Rey présente la démocratie par- lementaire comme un facteur destructeur de l’unité rêvée du peuple : une rhétorique classique, chère à tous ceux qui, à un moment ou à un autre, vont puiser dans l’arsenal

populiste les armes nécessaires à leur dénonciation du par- lementarisme et de la démocratie représentative, quel que soit le but qu’ils poursuivent finalement. Dans une vision consistant « à opposer la démocratie directe à la démocratie représentative »229, la dénonciation des « divisions intes- tines » qui caractérisent le régime parlementaire est là pour montrer que le système a atteint ses limites : Léopold Rey s’empresse d’ailleurs de préciser qu’il ne poursuit aucune- ment l’établissement d’une quelconque « dictature qui serait la fin de notre Suisse trilingue »230, mais qu’il cherche simplement à revenir aux sources du modèle démocratique helvétique. Le second niveau consiste à présenter la démo- cratie parlementaire comme un régime du passé défendu seulement par quelques esprits « rétrogrades » et totale- ment inadapté aux temps nouveaux que connaît le pays : la démocratie libérale est passée de mode, tel est le deuxième leitmotiv. A la Suisse de ne pas manquer le train qui s’ébranle déjà en Italie, en Autriche, en Hongrie… Le dis- cours de Léopold Rey est marqué dès lors par une constante tension entre le conservatisme total et entier qu’il défend, et les moyens prétendument nouveaux (le corpo- ratisme, le frontisme, l’autoritarisme dans le cadre d’une démocratie directe et originelle, etc.) auxquels il se dit prêt à recourir pour défendre son idéal.

Dans le Courrier du Valais, l’année 1936 est ainsi marquée, de manière générale, à la fois par une radicalisation des thèses frontistes et par un élargissement du panel argumentatif : le racisme, l’antisémitisme, l’antimaçonnisme font leur entrée aux côtés de l’antiparlementarisme et de l’antimarxisme déjà présents l’année précédente. Dans son édition du 23 octo- bre, le journal résume, au travers d’une suite de dessins de presse, les thèmes soutenus par l’Union nationale valaisanne,

224Courrier du Valais, 2 décembre 1935.

225La « dictature rouge » consistant en l’éventuelle entrée d’un socialiste au Conseil fédéral.

226Courrier du Valais, 2 décembre 1935.

227Courrier du Valais, 2 décembre 1935. 228Courrier du Valais, 17 avril 1936. 229TAGUIEFF2007, pp. 175-176. 230Courrier du Valais, 2 décembre 1935.

dont on apprend à ce moment qu’il est l’organe officiel. On y voit figurer, en gros, tout l’arsenal frontiste de l’époque du

Pilon. L’antisémitisme en particulier se

fait de plus en plus virulent, en liaison (comme ce fut le cas du temps du Cour-

rier de Sion) avec un antimarxisme sans

concession. L’addition des deux facteurs aboutit nécessairement à une dénoncia- tion de l’URSS – visage communiste visi- ble du pouvoir juif caché –, cette dénon- ciation étant l’occasion pour Léopold Rey d’apporter son soutien à la politique anti- sémite déjà meurtrière du Reich : « Pour porter un jugement sain et objectif sur les responsabilités, il est utile, sinon néces- saire, de connaître le travail de propa- gande intense et sournois auquel se livrent les dirigeants de l’U.R.S.S., dont la plupart sont des Juifs authentiques. A l’étude de certains documents, on conçoit la “ rage ” terrible de Hitler à massacrer la juiverie allemande. C’est en effet la juive- rie internationale, détentrice de la haute finance, qui s’efforce de déraciner prin- cipes, religion et idéal patriotique, dans le but de hâter son règne sur le monde. »231 L’antisémitisme fait donc son retour en force, comme au plus fort de l’année 1933, et avec lui les schémas explicatifs les plus simplistes. Un pas supplémen-