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degrés de stabilité ?

1 Evolution de la stabilité en emploi au cours des deux dernières décennies

1.2 Evolutions des statistiques de bases de la variable de stabilité

1.2.1 Moyennes, médianes, écarts-types et variances

Pour présenter de façon synthétique ces différents éléments nous avons construit le tableau suivant, reprenant, pour chaque pays et chaque période, les mesures statistiques de base.

Tableau 15: Mesures statistiques de base de la variable de stabilité en emploi

France Royaume-Uni 1982 2001 1983 2001 Moyenne 0,442 0,496 0,322 0,349 Médiane 0,412 0,505 0,267 0,25 Ecart-type 0,305 0,337 0,269 0,307 Variance 0,093 0,113 0,072 0,094 Effectif 33 012 43 408 4 584 10 238

Sources : Enquêtes Emploi, 1982, 2001 pour la France, GHS 1983 et LFS 2001 pour le Royaume-Uni.

Population : salariés, hommes et femmes, de 30 à 55ans.

Comme on pouvait l’attendre au vue des travaux de Auer (2003, 2005) notamment, et des éléments sur l’ancienneté présentés dans la section 2.1 du quatrième chapitre, le degré moyen de stabilité en emploi pour les 30-55 ans augmente à la fois en France et au Royaume- Uni entre le début des années quatre vingts et les années deux mille. En France, la hausse est de l’ordre de 12% contre 8% Outre-Manche. Néanmoins, conclure à une stabilité croissante de l’emploi pour l’ensemble de la population concernée serait hasardeux. Les autres indicateurs présentés permettent de préciser l’évolution.

Si moyenne et médiane augmentent en France, l’écart-type et la variance s’accroissent eux aussi, signe d’une hausse des écarts à la moyenne et d’une dispersion croissante de la population. Ainsi, si le degré de stabilité moyen augmente en France, c’est à la suite d’un mouvement de hausse des degrés de stabilité les plus forts et d’une polarisation de l’échantillon autour des valeurs extrêmes. Ainsi, entre 1982 et 2001, la part des salariés ayant un degré de stabilité supérieur à ¾ passe de 22% à 32%73, dans le même temps celle des salariés ayant un degré de stabilité compris entre ¼ et ¾ chute de plus de 8 points, passant de 44% à 36%. Néanmoins, une partie de la hausse du nombre de salariés ayant un degré de stabilité supérieur à ¾ est consécutive à l’accroissement de la part des salariés les plus âgés. En 1982, au sein du régime de stabilité supérieure à ¾, il y a 29% de salariés de 45 à 55 ans, en 2001, ces derniers sont 45% (Annexe 15a et 15b).

Dans le cas britannique, moyenne et médiane n’évoluent pas de façon analogue. Comme nous l’avons vu la moyenne augmente, par contre la médiane baisse légèrement. La chute de la médiane indique que le degré de stabilité en dessous duquel se situe la moitié de l’échantillon s’est réduit, il est en 2001 de 0,25, c’est à dire que la moitié des salariés britanniques de 30 à 55 ans ont passé moins du quart de leur vie professionnelle dans l’entreprise dans laquelle ils se trouvent au moment de l’enquête. On pourrait alors conclure à un hausse de l’instabilité des emplois. Or nous avons vu précédemment que la moyenne avait augmenté. Cette dernière a donc été tirée vers le haut par un nombre croissant de salariés ayant des degrés d’ancienneté forts (la part des salariés ayant un degré de stabilité supérieur à ¾ est passé de 10% en 1983 à 15% en 2001). Le phénomène auquel nous assistons, dans le système d’emploi britannique, est celui d’une bipolarisation croissante de la main d’œuvre, avec à la fois, une hausse de la part des salariés les plus instables mais aussi de celle des plus stables. La hausse de l’écart-type et de la variance sont ici pour le confirmer. Sans recouper totalement notre différenciation entre individus ayant des positions stables ou instables car il analyse des emplois, le travail de Goos et Manning (2003) avance l’idée d’une polarisation des emplois sur le marché du travail britannique, avec d’un côté une hausse des emplois qualifiés, bien payés, et de l’autre une hausse des emplois assez peu qualifiés et mal payés, dans les services. En fait, se sont deux types d’emplois peu «automatisables» car non routiniers et donc qui ne sont pas détruits par le progrès technique. Les auteurs parlent ainsi

73 La distribution de la population selon son degré de stabilité, pour chaque période et chaque pays est présentée

de façon complète dans l’annexe 13.

d’un développement des «lovely jobs (mainly professional and managerial occupations in finance and business services)» et des «lousy jobs (mainly in low-paying service occupations)» (Goos et Manning, 2003, p. 3). Leur constat est à mettre en relation avec l’hétérogénéité de la catégorie des services, que le lecteur doit garder à l’esprit.

L’analyse des mesures statistiques de base de la variable de stabilité d’emploi a permis de montrer une certaine analogie des dynamiques d’évolution à l’œuvre sur les marchés du travail français et britannique. Ainsi, le degré de stabilité moyen s’est accru dans les deux pays, consécutivement à une hausse de la part des degrés de stabilité les plus forts. Néanmoins, dans les deux cas, et de façon très nette au Royaume-Uni, cette hausse de la moyenne cache une polarisation croissante de la main d’œuvre selon son degré de stabilité. Néanmoins, ce constat ne signifie pas que tous les individus inscrits dans un régime de stabilité subissent cette situation. On peut envisager que des individus puissent décider de quitter des emplois stables, poussés par des perspectives de gains plus élevées sur le marché externe. Entrent en considération, ici, des questions de conjoncture, dans le sens où il a été montré qu’en période de haute conjoncture les départs volontaires sont plus nombreux compte tenu d’une situation plus favorable sur le marché du travail. On peut ainsi se demander, à

titre d’hypothèse, si la hausse des situations d’instabilité Outre-Manche ne renvoie pas à une situation de ce type compte tenu du faible taux de chômage et du bon niveau de croissance de l’économie britannique. En comparaison, les situations d’instabilité en France, dans un contexte de chômage élevé et de croissance atone, seraient plutôt de nature subie.

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