• Aucun résultat trouvé

Mots dont le graphème k a été conservé en diachronie

Signifiant : présence du trait [pharyngal], dont l’articulation inclut le resserrement articulatoire du pharynx

2.4 Pour une tentative de rationalisation du signifiant graphique

2.4.2 L’exemple du graphème k en espagnol

2.4.2.2 Mots dont le graphème k a été conservé en diachronie

Khan / kan (souverain turc) Kart

Kata

Kumité [terme de karaté, « asalto convencional » (Seco et alii)] Kyrie / kirie

Kamikaze (idées de « force », « brutalité ») Khmer / kmer (suppression du h)

Kapputt / kaput

Kraker (néerl., idée de « squater »)

Kilo (graphie préférée, évoque une « force ») Kobudo, Kárate, Kendo, Aikido, Kung-fu, Kobudo.

2.4.2.3 Observations

Statistiquement, sur un total de 196 mots, Seco et alii en recensent 43 (soit environ 22 %) à double graphie potentielle k / c ou k / qu et 153 (78 %) ayant, pour l’instant, conservé la graphie k. Comme nous le remarquons dans les deux listes, le k se trouve dans des mots empruntés (au néerlandais, aux langues sémitiques ou asiatiques) ou hérités du grec (kinesiología, kilo-). Or, l’on observe dans la première catégorie des termes de domaines sémantiques variés (alimentaire, e.g. kuskús ; ketchup ; kola) ; du mouvement (e.g.

kinesiología) ; animal (e.g. kanguro) ; etc.

Cependant, les exemples de la deuxième catégorie ayant conservé le graphème k peuvent désigner de près ou de loin une « force » parfois expressive. Le sport de combat où se déploie la force physique ; le kamikaze, violent par définition ou le squatter qui force l’occupation d’un lieu. La graphie préférée pour le terme kilo(-), qui exprime également cette idée, pourrait être une manifestation de plus de structuration graphique par le k. Un contre-exemple est tout de même à souligner. Il s’agit de la graphie quimono qui n’entre pas en cohérence avec kárate, mais nous pouvons ajouter qu’un kimono connaît d’autres utilisations que celui de vêtement d’art martial. En revanche, kobudo, kárate, kendo, kung-fu dénotent davantage l’idée de « force ». Quant au terme aikido, il démontre que cette conservation n’est pas nécessairement conditionnée par la position sémiosyntaxique. En résumé, la sémiosyntaxe du k n’est pas pertinente dans le cadre de cette structure. En revanche, le k est toujours en position d’attaque dans la syllabe.

Nous pouvons aussi opposer les vocables kasbah / casbah référant aux quartiers de certaines villes du Maghreb et khan / kan qui désigne un chef chez les Turcs.444 Le premier cas, en plein processus d’hispanisation montre l’instabilité de la graphie k (et non du son [k]). En revanche, le second cas où la notion de « force » est bien présente (la force d’un chef) montre l’instabilité non pas du k mais de l’h cette fois. Il en va de même pour le terme kaput (« muerto o acabado ». Seco et alii s.v. kaput) également orthographiable kaputt, formes recensées respectivement cinq fois sur cinq documents et dix fois sur sept documents (cf.

CREA, s.v., consulté le 12 janvier 2010). Ici, l’instabilité du redoublement du t n’étonne guère

étant donné les règles d’orthographe espagnoles mais manifeste également par défaut

444

Cf. Seco et alii, s.v. Voici les fréquences des transcriptions graphiques respectives selon le CREA : - Kasbah : 3 cas dans 3 documents, dernière occurrence de 1995 ;

- Casbah : 8 cas dans 6 documents, dernière occurrence de 1995 ; - Kan : 19 cas dans 7 documents, dernière occurrence de 1999 ; - Khan : 2 cas dans un document : occurrence unique de 1993.

Le DRAE recense la forme kasba sans l’h final mais il n’est attesté que dans un seul document de 2001 sur le CREA (consulté le 12 janvier 2010).

l’immutabilité du k. Le signifiant possédant la graphie avec c (caput), quant à elle, n’apparaît qu’à quatre occasions dans ce sens (cf. CREA, s.v.). Tout cela montre que la stabilité graphique est une notion aussi fonctionnelle que la stabilité phonétique. Néanmoins, si la motivation relève du domaine acoustique, le graphisme perd logiquement de sa pertinence comme nous le démontre le cas de l’onomatopée [kikirikí] pouvant être transcrite kikirikí ou

quiquiriquí (cf. DRAE, s.v.)

Nous notons de plus que la commutation est possible entre kárate et karate, distingués uniquement au plan suprasegmental, mais aucun usage n’est attesté de la forme *cárate ni aucun de carate dans le sens de « sport de combat » sur le CREA.445

Ajoutons enfin qu’en espagnol oral et surtout chez les sujets jeunes, l’on note la tendance consciente à faire correspondre le son [k] et la graphie k446

. On retrouve la notion d’« étrangeté »447 dans les deux sens du terme (« étranger » et « singulier ») ; de marque ; de connotation (graphème connoté). L’on a dans cette usage du k l’exploitation de la force comme biais d’expressivité, soit le recours à une « force expressive ». Les 53 millions d’exemples de te kiero sur www.google.es (consulté le 9 novembre 2009) montrent en effet le contraste avec les quelques 39 millions d’occurrences de la graphie plus conventionnelle te

quiero. Mais si ici, outre la force expressive, l’économie linguistique a pu jouer un rôle

important, tel n’est plus le cas de komo yo recensé un peu plus de 12 millions de fois contre plus de 80 millions de la graphie usuelle.448

Cette brève analyse – à visée purement illustrative – laisse supposer que si un phone autorise plusieurs représentations graphiques, un seul de ces aspects peut servir à la motivation. Nous avons affaire en l’occurrence à un invariant graphique {K}.449 Des deux capacités expressives attribuées au son [k] graphié c / qu ou bien k, seule l’une d’entre elle est retenue par le graphème. En bref, à une bifurcation correspond un biais nouveau d’expressivité.450

445 Kárate : 57 occurrences dans 45 documents ; Karate : 100 cas dans 76 documents ;

Cárate : 2 cas dans des sens distincts. (CREA, consulté le 13 janvier 2010).

446

Il ne faut cependant pas sous-estimer l’influence des langages « recréés » suivant la règle de la phonie (on écrit comme on entend) tels le « chat » ou les messages envoyés sur les téléphones portables. L’emploi du k en guise de qu y est accru dans un souci évident d’économie graphique.

447 Cf. par exemple le terme philippin kastila [kastila (De Castilla) 1. adj. Filip. español. Apl. a pers., u. t. c. s.2. m. Filip. Idioma español. DRAE, s.v. kastila] ou les graphies du judéo-espagnol de Turquie.

448 Cf. Google.es, s.v., consultado el 11 de noviembre de 2009. Ces deux cas relève donc d’un usage poétique du langage et relevant clairement de la compétence des sujets.

449 NOTA BENE : Désormais, nous présenterons sous cette typographie les invariants structuraux ou poétiques, les invariants graphiques seront en italiques et les invariants d’ordre phono-articulatoire seront droits.

450 Le signifiant graphique peut également montrer l’implication du sujet. Outre la focalisation par les cursives ou le caractère gras, le tiret médian permet d’opérer un autre découpage « non conventionnel » du signifiant. Par

Documents relatifs