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1.2 Aperçu sur la langue yipunu

1.2.4 Morphologie du yipunu

Dans le cadre de ce travail nous n’avons pas la prétention de présenter une analyse exhaustive du système morphologique du yipunu. Nous nous contenterons dans un premier temps de présenter le système de classes. Dans un second temps, nous ferons un aperçu sur le syntagme verbal à partir des documents en notre possession.

1.2.4.1 Les classes d’accord en yipunu

Une classe se définit comme « un ensemble d’unités linguistiques ayant une ou plusieurs caractéristiques communes ».39

C’est ce qu’affirme Jeannette Mbondzi (2012 : 100)

Le yipunu à l’instar des autres langues bantoues de la région est une langue à classes.

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38Ce tableau résulte du classement des voyelles en série et en ordres réalisé par Kwenzi -Mikala (1980 : 60). 39Marcellesi. J.B et Mevel. J.P, Dictionnaire Larousse de linguistique et des sciences du langage, Paris, 1994, p.88

40Jeanette Mbondzi, « Analyse des classificateurs dits locatifs en yipunu » in Revue du Centre de Recherche

et d’Etudes sur le Langage et les Langues n°1, l’Harmattan, Paris.

:

Comme toutes les langues bantoues, le yipunu est une langue classes. Autrement dit, les principales catégories lexicales (noms, pronoms, verbes) sont caractérisées par la présence des classificateurs spécifiques.

Pour identifier ces classes il est plus judicieux de ne pas se référer uniquement aux préfixes mais plutôt de tenir compte à la fois du préfixe et des différents schèmes d’accord, c’est-à-dire à l’ensemble des marqueurs d’accords relatif à une classe.

Dans le tableau ci-dessous Jeannette Mbondzi (2012 :101) dresse la liste des classificateurs en yipunu :

31 Tableau 5 Les classes d’accord en yipunu

Préfixe nominal Préfixe pronominal Préfixe verbal Préfixe objet Participants 1ère pers.sing41 ni- n-

2ème pers.sing gu- gu-

1ère pers.pl42 tu- tu-

2ème pers.pl du- du-

classe 1 mu- gu- a- mu-

classe 2 ba- ba- ba- ba-

classe 3 mu- gu- gu- mu-

classe 4 mi- mi- mi- mi-

classe 5 di- di- di- di-

classe 6 ma- ma- ma- ma-

classe 7 i- i- i- i-

classe 8 bi- bi- bi- bi-

classe 9 n-ou Ø ji- ji- n-ou Ø

classe 10 m- tsi- tsi- m-

classe 11 du- du- du- du-

classe 14 bu- bu- bu- bu-

classe 15 u- u- u- u-

Ces différents classificateurs ou déterminants de classe sont groupés en genre qui constitue l’opposition singulier/pluriel.

Dans son travail Jeannette MBONDZI (2012 : 102- 103) donne le rôle de ces classificateurs : « ils renvoient aux classes ou préfixes de classe bantouistes. Au niveau

morphologique, ils participent aux appariements ». Toutefois, cette dernière ne mentionne

pas dans son tableau la classe 16 dont le préfixe est và, la classe 17 dont le préfixe est ò et la classe 18 dont le préfixe est mù. Ces trois classes sont des classes locatives.

Elle constate une régularité dans les appariements des dix premières classes dont voici quelques exemples :

- classe 1 / classe 2

Exemple n°2:

41 Pluriel

32 mû-tù / bâ-tù « personne/personnes » - classe 3/ classe 4 Exemple n°3 : mú-kúdù / mí-kúdú « corde/ cordes » - classe 5 / classe 6 Exemple n 4 dì-bâgà/ má-bâgà « couteau/ couteaux »

Soulignons que l’appariement de la classe 9 avec la classe 10 attesté par Kwenzi Mickala (1980 : 79) n’apparait pas nettement dans ses travaux. Elle constate par contre un appariement de la classe 9 avec la classe 11 et la classe 6. La classe 10 s’apparie quant à elle avec la classe 11.

- Classe 11/ classe 9

Exemple n°5:

dú-ngâstì / ø-ngâtsì « noix de palme / noix de palme »

- Classe 9/ classe 6 Exemple n°6 : ndòsì / mà-ndòsì « rêve/ rêves » - Classe 10/ classe 11 Exemple n° 7 : dú-bâŋgè / m-báŋgè « noix / noix »

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Soulignons toutefois la bivalence de la classe 9 qui est à la fois singulier et pluriel. D’autres classes telles que les classes 6, 11 et 14 n’entrent dans aucune opposition singulier/pluriel.

1.2.4.2 Aperçu sur le syntagme verbal

Exemple n° 8:

cl.6 / mà màlû ngù « sang »

cl.11 /dù dùbě ngù « rongeur »

cl.14 / bù bùla̋ gù « folie »

Cette section s’appuie essentiellement sur les travaux de Kwenzi-Mikala (1980 :96-108) et Louise Fontaney (1980 :51-114)43

1.2.4.2.1 La structure du verbe

. Nous n’avons pas ici l’ambition de réaliser une analyse complète du verbe nous nous limiterons à la présentation de quelques caractéristiques permettant de comprendre son fonctionnement en yipunu et de dégager les différents tiroirs pour la conjugaison.

En yipunu la forme présentative du verbe à l’infinitif est composé de : - un préfixe [U],

- un thème (d’une à trois syllabes et généralement d’une finale vocalique [a], [ə] et rarement [i], [u].

Louise Fontaney (1980 :52) distingue deux catégories de verbes qu’elle appelle type A et type B et qui se différencient par leur tonalité en forme présentative et en conjugaison44

43

Fontaney. L, « Le verbe » in Eléments de description du punu, Lyon C.R.L.S, 1980, 247p

44Les verbes de type A ont un profil tonal montant dans le thème et ceux du type B ont un haut dans le thème

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Type A Type B

usǎ la « choisir » usǒ mba « emprunter »

usála « travailler » uléla……« être suspendu »

1.2.4.2.2 Le verbe conjugué

En yipunu la structure de base du syntagme verbale est la suivante, Fontaney (1980 :67) :

Préfixe verbal + formatif+ infixe + radical (extensions) + final

Elle affirme, (1980 :68-70) que le préfixe verbal est toujours présent qu’il y ait un sujet lexical ou non. Quand il ya un sujet lexical celui-ci est identique au préfixe nominal du substantif sujet sauf pour certaines classes. Il s’agit notamment de la classe 1 où il est a, la classe 3 où il est gu, la classe 9 où il est ji, la classe 10 où il est tsi. Les préfixes de classes locatives peuvent également être préfixes verbaux.

Le formatif quant à lui est un morphème dont la fonction est d’indiquer le temps et/ou l’aspect du verbe. Les principaux formatifs en yipunu 45

-ma

sont :

-ki qui marque le présent

-u qui marque le futur indéterminé -ki qui marque le futur immédiat -tsi qui marque le passé ou perfectif

-ma qui marque le passé proche ou imperfectif

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45Inventaire des principaux formatifs de la langue yipunu réalisé par Louise Fontaney

35 -ka qui marque le subsécutif47

L’infixe renvoie au complément d’objet pronominal du verbe direct ou indirect Elle dresse dans son article une seconde liste de formatifs qui servent à exprimer la négation. Certains peuvent s’employer seuls ou combinés avec le formatif affirmatif :

-ga est employé seul comme négatif du perfectif -ge est le négatif du présent

-go est le négatif du futur

-ya est le négatif de l’impératif et du subjonctif

-sa ; sa+ma ; sa+ka employés indifféremment comme négatif du passé proche, du

passé lointain et du subsécutif.

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Au total, ce chapitre d’ouverture nous a permis de présenter le cadre de notre étude et la langue dans laquelle sont énoncées les devises de notre corpus. Les Punu se sont donc installés dans le sud du Gabon au terme de leur migration amorcée entre le XIVème et le XVème siècle. Cette occupation de l’espace des provinces de la Ngounié et la Nyanga

. Louise Fontaney (1980 :73-74) précise que les formes de l’infixe sont identiques à celles du préfixe verbal sauf pour la classe 1 qui est une consonne nasale |N| sans support vocalique et pour la classe 1 qui prend mu. Elle précise aussi qu’un seul infixe est admis dans le syntagme.

Cet aperçu sur le syntagme verbal n’est certainement pas exhaustif. En l’absence de monographie sur la langue, il nous est difficile de donner des précisions sur les grands traits linguistiques du yipunu. Nous espérons cependant que cette modeste présentation facilite la compréhension de notre corpus. Pour ces mêmes raisons, nous n’avons pas pu procéder au découpage morphologique du corpus.

46Ce formatif se distingue du précédent par les tons. 47

Terme utilisé par L.Fontaney. D’après son enquête, ce formatif est employé très fréquemment dans la narration, souvent à la place d’un autre formatif déjà employé.

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résultant des séparations opérées pendant l’avancée vers le Gabon a donné naissance à une organisation sociale particulière. C’est le clan ifumb qui est l’unité de parenté primordiale. Le nombre de ces clans diffère certes selon les auteurs (9 pour certains et 12 pour d’autres), nous arrêtons toutefois cette liste à 9 clans qui correspondent selon nos investigations aux clans fondateurs dont nous analysons les devises dans ce travail. En ce qui concerne leur langue, ils parlent le yipunu. C’est une langue bantoue classée par Malcom Guthrie dans le groupe B sous le sigle B.43. Le yipunu est une langue à tons parlée par un peu plus de 25% de la population gabonaise. Aujourd’hui il n’existe pas de monographie descriptive de cette langue, mais, des chercheurs tels que le professeur Jérôme Kwenzi Mickala et Roger Mickala y consacrent la plupart de leurs travaux.

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