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l'enseignement des langues

II- 2.3.La mise du langage en pratique réelle, pour l'acquisition d'une compétence d'expression orale:

Apprendre à s'exprimer oralement dans une langue étrangère est, sans doute, explorer l'univers de la communauté discursive propre à cette langue et faire le pari de garder à l'oral sa richesse et sa complexité et surtout ne plus chercher à isoler sa spécificité par rapport à l'écrit ou à d'autres activités, dans un parcours d'apprentissage, car apprendre une langue n'est pas seulement avoir un signifiant pour chaque signifié en cette langue mais c'est encore plus savoir établir et gérer une communication quand il s'avère nécessaire dans les différentes situations susceptibles d'être vécues un jour par un apprenant (dans la vie quotidienne, la vie professionnelle, en classe, avec des natifs), plusieurs composantes constitutives peuvent intervenir selon la même importance, chacune peut être prise en charge, selon une approche.

Moirand affirme: «Dans une analyse globale de la communication, on préfère partir de l'étude des paramètres de la situation du discours dans laquelle le document a été produit (Approche situationnelle) pour décrire ensuite le déroulement des interactions (approche conversationnelle), dégager la valeur illocutoire des énoncés et la forme des actes de parole (approche pragmatique), rechercher les indices des opérations énonciatives sous-jacentes (approche énonciative), et les marques rendant compte de la cohésion et de la cohérence des discours (approche textuelle).»1

Une étude sur l'acquisition de la langue orale ne peut laisser à part l'une de ces paramètres, ils sont importants pour construire la séquence d'apprentissage, chacune peut constituer l'objet d'un ensemble d'activités d'acquisition ou de différentes pratiques évaluatives qu'un enseignant peut établir pour analyser les échanges verbaux de ses apprenants en vue de définir leurs besoins et d'apporter les améliorations nécessaires.

Quand il s'agit d'une compétence de production orale, il peut ainsi mettre en rapport ces indices avec les traits d'oralité dégagés lors une interaction (schémas intonatifs, rythme, pauses, hésitations, …) pour effectuer les stratégies efficaces, les connaissances indispensables dans l'acquisition de la compétence visée (la production orale).

Les théoriciens de la méthode audiovisuelle ont défini la communication lors des années 70, non seulement comme des échanges verbaux mais encore plus comme un échange entre deux individus situés socialement, échange qui se réalise au travers de

1- Moirand Sophie: Enseigner à communiquer en langue étrengère, Hachette, Paris, 1990, page77

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l'utilisation des signes verbaux. Ce qu'on cherche à enseigner c'est parler en situation, et c'est Goffman qui a posé pour la première fois la notion de "situation ".

Le langage n'est pas limité à la mélodie des phrases échangées, Il se développe à travers des situations, et il est inséparable du mouvement de ces situations. Ainsi situation et langage sont étroitement associés et solidaires.

Dans l'optique sociolinguistique et ethnographique, d’où s’inspirent les recherches de Goffman, l'efficacité de la communication est souvent liée à des manières d'envisager la vie et les rapports humains, à des valeurs. Puisque enseigner à parler en langue, c'est enseigner à communiquer oralement. Il est question donc de faire apprendre la façon efficace de faire rire, de séduire, d'émouvoir, de mettre à l'aise, de rassurer, de déclarer un sentiment…Les compétences de la communication sont dans la plupart des cas trop floues pour élaborer une pédagogie cohérente et efficace de l'oral, qui répond aux situations qu'un apprenant peut rencontrer un jour dans la vie quotidienne. On n'en finirait pas d'énumérer les exemples de ces situations de communication, à l'école (des dialogues avec les enseignants, les cadres, les psychologues scolaires, les conseillers d'orientation. Dans le monde hospitalier ou chez le médecin. Au moment de faire un achat d'un logement. Dans les associations. En matière d'actes juridiques ou financiers...etc.)

Germain (1973) affirme «Par situations, nous entendons ici l'ensemble des faits connus par le locuteur et l'auditeur au moment où l'acte de parole a lieu»1.

En classe comme en famille, l'apprentissage de la langue orale se fait pour une large part par imitation, par imprégnation où passer par diverses situations de la vie est un processus essentiel, ce qu'on tend à offrir aux apprenants par la proposition des enregistrements audiovisuels authentiques, et même un cours magistral où l'enseignant présente à ses apprenants un modèle de maîtrise de la parole, a quelques effets sur les représentations et les pratiques langagières, parce qu'il leur propose la mise en scène ininterrompue de la langue, sous toutes ses formes ou presque: Il lit, il explique, il raconte, il ordonne, il évalue, il argumente, donnant un exemple vif de la diversité des actes de parole.

1- Germain (1973) citée par Moirand Sophie " Enseigner à communiquer en langue étrengère", Hachette 1990, page: 109.

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S'ajoutant à tout cela les cours du langage et d'expression orale sont permanents parce qu'ils permettent d'éduquer les apprenants à la pratique de la communication orale. Les échanges verbaux et non verbaux qui passent même par le bon usage du silence sont des savoirs-faire et des savoirs–être qui préparent à des situations courantes dans la vie où chacun a besoin:

-de savoir comprendre les paroles de ses interlocuteurs. Ainsi, vérifier les hypothèses, interpréter les informations, construire du sens et non seulement décoder les propos.

- d'exprimer son opinion, donner ses propositions, poser ses interrogations.

-de savoir gérer l'interaction, en cas d'incertitude ou de désaccord, pouvoir maintenir une relation pour établir une communication.

-de savoir discuter, justifier pour convaincre et participer à la prise de décision.

Pour répondre, ces besoins langagiers, les Savoir-faire et les Savoirs-être, sont, en réalité, des compétences et des attitudes difficilement dissociables, l'apprentissage de la langue orale progresse parallèlement selon les deux dimensions.

II.3.Les compétences à l'oral: Acquisition et évaluation.

Ce sont les compétences qui requièrent du locuteur le désir de s'intéresser au processus de son apprentissage, elles incitent à exprimer le désir de communiquer, de prendre la parole, d'écouter autrui, et elles permettent de dire tout ce qu'on a l'intention de dire, dans une situation de face à face, sans éprouver de gêne.

La compétence est un terme omniprésent dans toutes les disciplines, son abondance ne rend pas le terme assez vague qu'en pourrait le définir "être capable…" Selon Perrennoud, une compétence: «n'est jamais la pure et simple mise en œuvre rationnelle des connaissances, de modèles d'action, de procédures»1. Mais c'est »une opération mentale complexe dont l'orchestration ne peut se construire que sur le vif, en fonction des savoirs et des schémas de l'expert»2.

II.3.1La compétence d’expression orale en FLE:

1Perrennoud philippe: construire des competences dés l'ecole, Edition: USF, France, 2000, page 09.

2Perrennoud philippe, Ibid, P 09.

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C’est une compétence que les apprenants doivent progressivement l’acquérir, qui consiste à s’exprimer dans les situations les plus diverses, en français langue étrangère.

Il s’agit d’un rapport interactif entre un destinateur et un destinataire, qui fait appel également à la capacité de comprendre l’autre. C’est par le biais de l’expression orale comme un entrainement à la réutilisation de structures qu’ils apprennent.

L’oral est un moyen d’expression. Il est souvent connu par « le miroir d’âme ». On peut d’après l’expression orale, lire les idées, établir une image de la personnalité de notre interlocuteur. Dans une dimension socio- psycho-culturelle, nous pouvons avoir une idée très approfondie de son identité sociale, de son état psychique et de sa culture personnelle. En communiquant, il intervient à des degrés divers des composantes linguistiques, discursives, référentielle et socioculturelle pour actualiser une compétence de communication.

Donner l'occasion à un apprenant de s'exprimer oralement, en français langue étrangère, c'est non seulement lui offrir possibilité de maîtriser ses acquis linguistiques en cette langue. On lui permet de maîtriser la capacité d'utiliser les modèles phonétiques, lexicaux, grammaticaux et textuels (composante linguistique) propre à

cette langue (dans notre cas le français langue étrangère).

L'apprenant aura chance d'adapter ses paroles à la situation de communication dans laquelle il est engagé, selon le type de discours (composante discursive).

Dans une situation de communication orale, l'apprenant peut établir les relations entre ce qu'il a déjà appris dans les autres activités, ou dans son propre expérience et le sujet traité (composante référentielle).

Dans une dimension socioculturelle, il peut découvrir et appliquer les normes d'interactions propre à la langue à apprendre (le français), on cite comme exemple le

"vous" pour le respect et les divers rituels de nature sociale (composante socioculturelle).

L'oral étant un moyen d'expression favorise, donc, un développement personnel de la maîtrise de la langue étrangère avec tous ses aspects que nécessite l'actualisation d'une compétence de communication. Cette actualisation, à l'oral, est ponctuée par les caractéristiques de l'aspect locutoire du discours (débit, intonation, rythme,…) et aussi par la mise en place directe de ces caractéristiques.

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L'interlocuteur doit vivre la variabilité informelle de l'oral qui est spontanée, il intervient tout de suite, sans attendre et sans avoir des moments pour organiser ses structures et convenir ses paroles avec les exigences de la situation de la communication, dans laquelle il s'engage.

L'oral est différent de l'écrit par tout ce qu'il offert aussi de potentialités grammaticales, des adaptations (lexicales, morphologiques ou syntaxiques) pour répondre aux attentes supposées, on cite l'exemple de l'interrogation qui se manifeste par un mimo-gestuelle: c'est poser une question par une phrase déclarative en s'appuyant seulement sur l'intonation et les gestes.

Cette fonction de l'oral est appelée aussi " libre expression" elle renvoie à des situations qui ont pour visée de permettre à l’apprenant de s'exprimer non plus en tant qu'apprenant, mais en tant que personne et d'approprier la capacité d'utiliser la langue étrangère (le français dans ce cas) par la parole.

L'enseignement d'une langue étrangère en milieu universitaire implique l'obligation de multiplier les contenus du discours en classe, selon quatre objets: la langue, la culture, la communication et l'éducation générale. On envisage, pour chaque type de contenu, des objectifs pédagogiques. Pour le contenu linguistique, il s'agit d'amener les apprenants à communiquer entre eux par l'intermédiaire de la langue et de la culture étrangères. Pour le contenu culturel, il est question de les rendre capables de communiquer convenablement avec les personnes de cette culture(C2) parlant la langue étrangère.

Pour le contenu communicatif, on tend à donner aux apprenants la possibilité de mettre les connaissances théoriques linguistiques et culturelles le plus tôt possible en pratique dans un contexte interactif. Pour le contenu éducatif, on met l'accent sur la capacité de généraliser à partir de l'expérience particulière vécue en classe, et de l'appliquer à des contacts analogues avec des interlocuteurs parlant d'autres langues soit L1ou d'autres.