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l'enseignement des langues

I.1.2. b. Le récit oral:

La narration est l'une des conduites orales les plus pratiquées mais l'écrit est souvent servi de filtre pour appréhender la narration, on dispose depuis longtemps d'études sur le récit surtout des petits enfants (menées par Guespin, Sabeau, Jouanet, Hudelot, de Gaulmyn1984). Mais beaucoup plus moins sur ceux des locuteurs-adultes sauf des travaux allemands ou ceux sur les récits de vie (Chanfrault-Duchet).

La plupart des récits sont choisis selon une perspective monologale, les études sur la construction dialoguée étaient très peu, mais cela n'empêche de prendre en compte la dimension interlocutive et dialogique puisque la narration orale s'inscrit dans un dialogue même si elle est monologale.

L'une des caractéristiques importantes de l'oral est son aspect para verbal et non verbal (Voix, le jeu des regards, dans le contage une structuration plus musicale et ce que appelle François une atmosphère) cette caractéristique permet aussi de changer la valeur d'une conduite orale par une mise en scène de l'intentionnalité.

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Bruner(1991), en abordant la narration, trouve que se sont les fonctionnements narratifs qui sont privilégiés aux divers moments: Les indices comme les interjections, les changements vocaux…sont fondés par les enjeux prioritaires: séquentialiser les actions, explorer les liens entre intentions et moyens, causes et effets, réintégrer dans un ordre les infractions à la loi ou la régularité, confronter une pluralité de perspectives sur une action. On peut engendrer ces enjeux, en suivant dans le temps des narrations spontanées d'un apprenant que Bruner les aborde par les fonctions sociales et cognitives qu'elles remplissent dans l'environnement social de cet apprenant

Les études précédentes qui étaient menées par Fillol et Mouchon en1977 proposant un modèle détaillé d'analyse du récit oral, qui donne importance aux éléments prosodiques: pauses, la combinatoire temporelle, les éléments organisateurs, mais il est linguistique et technique par rapport à celui proposé par Labov (1978) qui a introduit

"La syntaxe narrative ", il met l'accent, à la fois, sur la dimension interactionnelle et la fonctionnalité identitaire et culturelle du récit, pour lui la qualité narrative vient de l'intégration des questions qui concerneraient l'enjeu et l'intérêt du récit.

Le point commune entre les deux études menées par Labov et Bruner était l'évaluation (la compétence centrale) qui sous tend la dramatisation et la complexité narrative qui viennent non des unités proprement narratives (relevant de la simple successivité) mais de conduites hétérogènes inscrites dans la narration: ruptures et va-et-vient temporels, anticipations, commentaires, comparaisons, discours rapporté et morale.

D'autres études évoquées après par Bres1994prolongent la perspective, en analysant les caractéristiques polyphoniques et dramaturgiques, celle menée par François (1994) et Bres lui-même (1999) soulignent la variété des genres narratifs oraux, on distingue témoignages, blagues, récits conversationnels.

33 I.1.2.c. Les conduites argumentatives:

Il existe des genres argumentatifs oraux très codés, comme le discours politique et juridique ou le débat médiatique, qui donnent lieu selon Trognon et Larrue (1994) à des analyses de type pragmatique ou rhétorique dont la tradition offre tout un corpus de savoirs sur la production discursive et un répertoire de notions et d'outils d'analyse opératoires. Ce type de conduites était abordé par:

-François (1980) qui analyse les modes d'enchainement dialogique des conduites argumentatives.

-Golder (1996) qui étudie l'évolution des capacités d'étayage des énoncés et de négociation des positions (modalisations, restrictions).

La diversité et l'hétérogénéité du type textuel argumentatif apparaissent encore plus nettement à l'oral.

Bouchard affirme qu'il est, particulièrement, important de ne pas se restreindre aux types d'argumentation rhétorique ou polémique, mais de prendre en compte des discours argumentatifs en situation de négociation et heuristique, où on peut observer le langage en situation, tel qu'il est utilisé par les participants pour accéder à la compréhension commune et atteindre une même manière de perception.

Brossard (1990) montre des différences significatives (modalisations, marques d'énonciation). Pour lui, il est important d'étudier l'argumentation, en dialogues, différente dans ses modes de gestion et de cohérence de l'argumentation monogérée, voire planifiée, plus proche de l'écrit, et sans le faire dans le débat seulement.

Mouchon était le premier qui a analysé les débats polémiques dans leur dimension multi-sémiotique, il met l'accent sur les phénomènes pragmatiques attisés par le contexte éristique, qui convient peu aux controverses du milieu scolaire.

Plantin(1996) essaie de définir le noyau minimal, le schéma organique de l'épisode argumentatif dans les usages ordinaires de l'argumentation. Pour lui, toute interaction est structurée par la succession de questions auxquelles sont apportées des réponses antagonistes, suscitant de nouvelles questions.

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Dans un cadre formel, Plantin propose des outils pour aborder les grands mouvements organisant des argumentations, et pour rendre compte du travail sur les objets de discours et les schématisations qui sont à la base de la dynamique argumentative: glissements sémantiques, changements de catégorisations, de modalités, d'éclairage, des dissociations et regroupement des notions qui réorganisent le champ notionnel et les positions épistémiques des interlocuteurs.

Donc les chercheurs se centrent sur les micro-phénomènes qui, localement, régissent les enchainements et les étayages entre énoncés, et en même temps sur les grands mouvements, non formels, qui permettent de rendre compte de l'engendrement des séquences.