• Aucun résultat trouvé

l'enseignement des langues

II- 1.2.d- L’oral comme phénomène dialogal:

II.1.3. d. La mélodie du discours oral:

Au discours oral, ils s'organisent des matériaux mélodiques, différemment au discours écrit. La mélodie du discours oral est ponctuée par l'accentuation, l'intonation, les pauses et le débit, ces éléments assurent le découpage en groupes phoniques qui facilitent la perception des énoncés du discours par les auditeurs. On relève ici l'exemple suivant:

Si on dit sans marquer aucun découpage (saraaaleaalger), on ne va pas comprendre facilement qu'on veut dire: " Sara/ a à aller/ à Alger". Le découpage s'opère en syntagmes, il donne à la forme de l'expression son rôle capital à jouer. Il nous permet d'exprimer les émotions et les attitudes comme la joie, la tristesse, le doute, l'ordre, en articulant notre discours, aux différents débits, intonations et accentuations.

Ainsi, au plan esthétique, les poètes utilisent le découpage, en instaurant des structures rythmiques ordonnées.

II-1.3.d.1- Le débit:

Il peut être défini comme «la quantité des syllabes prononcées par seconde, par conséquent, il dépend de facteurs individuels différents de ceux des autres paramètres (fréquence, ondes et timbre), le débit concerne la mesure physique, des séquences sonores»1.On peut dire qu'il s'agit de la vitesse d’exécution, comme le définissent les musiciens, les phonéticiens et les spécialistes de la prosodie. Relevons à l’exemple d’exprimer l’émotion de la colère d'un débit rapide. Cependant, celui de la tristesse est lent. Un autre exemple: on ne reporte pas le déroulement d'un match de football au même débit qu’un sermon. En débit lent, le temps réel de la parole augmente, la durée des pauses aussi.

1- Pierre R. LEON "Phonétisme et prononciations du français"- NATHAN.France-2001 Page 103

105 II-1.3.d.2. L’intonation:

L’intonation de la langue se constitue d’intonèmes, sous forme desquels s’organise le matériau mélodique. En phonétique, les structures intonatives sont plus codées. En effet pour le même rassemblement de structures phonématiques, on peut distinguer plusieurs sens au niveau intonatif comme le montre l’exemple suivant:

Vous l'écoutez !  (Mélodie descendante: impératif)

Vous l'écoutez (Mélodie montante – descendante: déclaratif) Vous l'écoutez ?  (Mélodie montante: question)

Au plan pragmatique (la langue en situation) la mélodie joue un rôle très important pour déterminer le sens souhaité par l’interlocuteur question/question surprise / surprise / exclamation joyeuse ou non / un ordre/… etc.

L’intonation est aussi définie par Pierre R. LEON comme «la structuration mélodique des énoncés. Elle constitue avec l’accentuation les deux aspects principaux de la prosodie. L’accentuation permet de distinguer les monèmes.

L’intonation permet de distinguer les groupes rythmiques dans la même phrase et les phrases dans le même paragraphe. L’unité intonative qui coïncide avec le groupe rythmique est appelée intonème ou patron intonatif»1.

Au niveau théorique, la mélodie est constituée des unités intonatives significatives, dont on peut découvrir des ressemblances étonnantes pour plusieurs langues.

Relevons l’exemple du français et d’anglais:

- une montée mélodique pour la continuité et pour poser une question.

- une descente mélodique pour l'achèvement et la finalité.

En assurant la mélodie du discours oral, l’intonation peut accomplir plusieurs fonctions, on cite parmi les quelles, celle linguistique, grammaticale et impressive, citées par Pierre R. LEON.

1-La fonction linguistique: peut être

1- Pierre R. LEON : Phonétisme et prononciations du français, NATHAN. France, 2001, Page 119

106

Distinctive: la mélodie a un rôle phonologique important pour distinguer les types phrastiques, non marqués grammaticalement, dans l’exemple ci-dessous on peut distinguer:

L’assertion: vous ne faites rien  à mélodie montante + descendante La question totale: vous ne faites rien? à mélodie montante.

Ou encore l’injonction: vous ne faites rien à mélodie descendante plus abrupte.

Démarcative: l’intonation assure une démarcation à l’énoncé, elle joue un rôle redondant avec l’accentuation et la pause, et elle permet de lever certaine ambiguïté.

Ainsi, la fonction interrogative de « Alors » avec une mélodie montante ou descendante, La fonction de conséquence de « Alors » avec une mélodie Plane.

Ex: Alors → c’est toi qui va intervenir le premier: il s'agit d'une conséquence.

Ex: Alors  c’est toi qui va intervenir, le premier ? : Il exprime une question.

L'intonation peut assurer, aussi un rôle de structuration et de hiérarchisation, ainsi la mélodie à deux types montant ou descendant peut indiquer:

La continuité, ex: inaccentuée+ accentuée Il est Ou la finalité ex: inaccentuée + accentuée Il est

2-La fonction grammaticale:

Dans la parole spontanée, généralement, l’intonation fonctionne d’une manière inverse que celle de la grammaticalité du discours. Dans l’exemple suivant l’intonation contredit le sens donné par le lexique ou la syntaxe: Mais vous êtes  le champion!, on veut dire le contraire de ce qui est entendu lexicalement. L’intonation peut aussi, à ce niveau, jouer un rôle redondant en renforçant la fonction syntaxique ou lexicale d’une phrase, comme dans l’exemple d’une interrogation ou d’un ordre:

- comment ralliez- vous le Maroc après?

- Calmez-vous.

3-La fonction impressive:

107

Le même mot prononcé à différentes intonations peut avoir plusieurs sens comme l’exemple de « Oui » donné par Passy 1

Oui \ [C’est mon avis]

Oui \\ [J’affirme cela]

Oui / [Est-ce vrai ?]

Oui / Montée forte [Pas possible !]

Oui V [C’est possible mais j'en doute]

Oui ^ [C’est bien clair]

Oui/V [Sans doute, au premier abord, mais…]

II-1.3.D.3-L’accentuation: «L’accentuation est une proéminence d’énergie articulatoire, qui se manifeste par une augmentation physique de longueur, d’intensité et éventuellement un changement de fréquences en passant de syllabe inaccentuée à accentuée et / ou au cours de la syllabe accentuée »2.

Pour décrire l’accentuation, on détermine trois paramètres (la durée, l'intensité et la hauteur qui est un paramètre de l’intonation, elle se manifeste d’une manière redondante). Ce qui est plus important pour accentuer c’est la durée car même l’intensité n’est pas suffisante pour être différenciateur.

Nonnon Elisabeth affirme :«En français, la syllabe inaccentuée est en moyenne deux fois moins longue qu’une syllabe accentuée, mais il existe des variations de durée importantes qui sont dues au nombre de phones dans la syllabe, à leur nature, à leur distribution et au type d’énoncés»3.

En français, l'accentuation tombe, généralement, sur la dernière syllabe prononcée du groupe sémantique.

1- Passy cité Pierre R.Leon: Phonétisme et prononciations du français, Nathan. .France, 2001, Page 134.

2- Pierre R. Leon: Phonétisme et prononciations du français, Nathan, France, 2001, Page 107.

3- Nonnon Elisabeth: Oral, Recherches: n° 33, 2000, page: 118.

108

Il faut signaler à ce niveau que «les hommes allongent plus légèrement les syllabes que les femmes»1. Ce que nous invite à entreprendre chaque cas séparément de l’autre, dans une étude.

L’accentuation facilite le décodage des unités de sens, pour lever une ambiguïté.

Elle peut avoir une fonction distinctive entre deux mots qui ont même prononciation et écriture (parfois) et pas le même sens, cas de verbes et leurs substantifs.

Il existe aussi un type d’accent d’insistance auquel on attribue plusieurs fonctions, différenciative (ex: Des raisons, /humaines, /écologiques, /industriels), emphatique (ex:

C’est/ merveilleux!), ou encore oppositive (ex: On ne dit pas \la déroulement mais \le déroulement).

Il parait dans les exemples comme l’affirme Pierre R.Leon : «L’accent d’insistance tend à se manifester sur la première syllabe, de l’unité linguistique, soit par une montée mélodique importante ou une durée accrue de la consonne ou encore par l’introduction d’un coup de glotte»2.

L’emploi de l’accent d’insistance est, pratiquement, assez souple. En français moderne, on entend souvent "/Je comprends" au lieu de " Moi, je comprends".

Pour le rythme accentuel, selon Passy : «les théoriciens émettent l’hypothèse que l’enfant acquiert un rythme de type universel avant d’approprier la structuration accentuo-temporelle qui diffère d’une langue à l’autre et il commence bien sûr par celle de sa langue maternelle. Pour justifier ces propos, on peut se référer aux observations faites sur un bébé de neuf mois qui jase (avec des syllabes de durée très variables). Ils appellent cette période l’exploration phonatoire de caractère ludique. Peu à peu l'enfant commence à se structurer au plan de rythme et d’intonation en établissant un (protolangage).Dans une troisième étape, l’enfant est soumis à de nouvelles contraintes rythmiques Il passe d’une rythmicité biologiquement motivée à une structuration temporelle et accentuelle, stylisée selon les normes conventionnelles»3.

Nous pouvons, donc, à ce niveau, justifier l’existence d’une interférence non seulement, au niveau linguistique, mais aussi rythmique, en s’exprimant dans une

1- Pierre R.Leon: Phonétisme et prononciations du français, Nathan,France, 2001, page: 58.

2- Pierre R.Leon: Phonétisme et prononciations du français, Nathan, France, 2001, page: 78.

3- Passy cité par Pierre R.Leon: Phonétisme et prononciations du français, Nathan, .France,2001, page: 97.

109

langue étrangère (ex: L’accentuation propre à la langue arabe peut paraître, dans l’expression orale en français d’un apprenant qui n’est pas natif). Ajoutant que l’accentuation est expressive dans la plupart des cas, il sera important, pour un apprenant d’une langue étrangère, de savoir tomber ses accents sur la syllabe qui convient, au moment convenable, suivant les normes de cette langue étrangère. Pour le français standard, par exemple, nous favorisons la durée et nous utilisons peu d’intensité.