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l'enseignement des langues

I- 2.Evolution historique des configurations didactiques de l'oral:

I.2.1. a. L'oral pour la méthode traditionnelle:

Les méthodes traditionnelles recouvrent généralement toutes les méthodes qui se sont constituées sur le calque plus au moins fidèle de l'enseignement des langues anciennes à savoir le Grec et le Latin et qui sont basées sur la "grammaire/traduction" et la "lecture/traduction".

Elles sont toutes marquées par l'importance donnée à la grammaire, malgré la présence d'exercices de prononciation au début de l'apprentissage mais qui sont, en réalité, tous orientés vers l'oralisation de l'écrit comme la récitation, puis la lecture à haute voix des textes d'auteurs. C'est l'enseignement de l'écrit qui prédomine et qui est effectué selon la gradation "mot-phrase-texte".

35 I-2.1.b. L'oral pour la méthode directe:

Dans cette méthode, on ne recourt jamais à la traduction, les langues modernes ne s'apprennent pas rapidement et conformément à leurs génies que par la langue même qu'il s'agit d'enseigner. Le meilleur moyen de pénétrer le génie d'une langue, c'est de ne pas chercher de passer d'un mot de la langue maternelle à un mot de la langue étrangère à apprendre mais d'apprendre de penser dans cette langue.

Sa principale originalité, en effet, est que l'enseignant, dès la première leçon, utilise la langue à apprendre en interdisant d'avoir recours à la langue maternelle(L1), il enseigne en s'appuyant sur: les gestes, les mimiques, les dessins, les images, l'environnement immédiat de la classe.

L'accent est désormais mis sur l'acquisition de l'oral et l'étude de la prononciation qui repose sur une démarche analytique (le phonème, la syllabe, le mot, le groupe de mots).

La prédominance de l'oral, qui s'exerce par des jeux saynètes ou d'activités de dramatisation qui engage le corps, conduit à dépasser le problème de ce que l'on appellera après le passage à l'écrit, sachant que dans cette méthode, l'écrit est envisagé essentiellement comme un auxiliaire de l'oral.

Pour cette méthode, ce sont les images qui servent de point de départ pour une compréhension directe sans passer par la langue maternelle. Cette méthode s'appliquera aussi bien à l'enseignement du lexique (sans recourir à la traduction en langue maternelle) qu'à l'enseignement grammatical (sans l'intermédiaire de la règle, l'apprenant saisit les règles de manière intuitive).

Elle s'appuie sur un document de base dialogale conçu pour présenter le vocabulaire et les structures à étudier.

I.2.1.c. L'oral pour la méthode audio-orale:

Cette méthode s'est développée durant la période (1940-1970), au cours de la deuxième guerre mondiale pour répondre aux besoins de l'armée américaine, pour former rapidement des militaires parlant d'autres langues des différents champs de batailles de la deuxième guerre mondiale. On s'est référé à Bloomfield qui a créé "The

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army méthode "il s'agissait des dialogues à mémoriser avant même de comprendre le fonctionnement grammatical de ses phrases. Elle n'a duré en réalité que deux ans.

La méthode audio-orale a bénéficié des apports de deux domaines: La psychologie béhavioriste et Le structuralisme linguistique qui a largement influencé l'enseignement de la grammaire; elle a même intégré de nouvelles techniques telles que le magnétophone et le laboratoire de langues.

D'un point de vue linguistique, elle proposait aux apprenants d'effectuer sur les structures introduites en classe les deux manipulations de base, la substitution des unités les plus petites de la phrase ou la transformation d'une structure à une autre. Pour cela on propose, aux apprenants, des exercices d'imitation et des exercices de répétition qui leur permettent de réemployer la structure en proposant de nouvelles variations paradigmatiques.

D'un autre point de vue, celui de la psychologique Bihavioriste: Le langage était considéré comme un type de comportement humain, son schéma de base était le reflexe conditionné: stimulus-réponse-renforcement, le laboratoire de langues est devenu l'auxiliaire privilégié de la répétition intensive qui facilite la mémorisation et l'automatisation des structures de la langue.

Pour cette méthode on continuait à aborder l'importance à l'oral en concevant la langue comme un ensemble d'habitudes, d'automatismes linguistiques. Cependant le niveau linguistique était négligé. Par conséquent, le vocabulaire était classé au second plan par rapport aux structures syntaxiques. Aussi on considérait comme source d'interférence toute habitude linguistique de la langue maternelle.

Puisque l'oral est privilégié, les leçons étaient centrées sur des dialogues de la langue courante enregistrés sur les magnétophones et élaborés en fonction d'une progression rigoureuse dont chaque réplique est construite sur une structure de base qui sert de modèle à l'apprenant pour produire d'autres phrases grâce aux jeux d'opération de substitutions et de transformations que l'apprenant s'approprie en l'apprenant par cœur.

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La méthode audio-orale a été critiquée par le manque de transfert hors de la classe de ce qui a été appris et on a considéré comme l'affirme Puren: «sa validité se limitait au niveau élémentaire»1.

I.2.1.d. L'oral pour la Méthode Audio-Visuelle MAV:

Cette méthode tient son nom des auxiliaires autour desquels elle réalisera l'intégration didactique. Elle vise l'acquisition de la langue en un seul bloc en mettant l'accent sur l'éducation de la perception auditive et l'expression orale. Elle s'appuie sur le matériel sonore et sur l'image pour sa mise en œuvre psychopédagogique.

La méthode Audio-Visuelle est initiée dès les années 1950 à partir des travaux des équipes de recherche de Zagreb et de Saint-Cloud. Les considérations et les principes selon lesquels se fait le choix des contenus de l'enseignement d'une langue sont déterminés par les impératifs de la communication, pour laquelle, la langue est avant tout un moyen d'expression et de communication orale, et plus que la langue c'est la parole en situation que vise à enseigner cette méthode. Ce que illustre bien sa dénomination:"Structuro-Globale" car toute structure s'exerce par des moyens verbaux, et se réalise aussi par des moyens non-verbaux de même importance (rythme, intonation, gestuelle, cadre spatio-temporel, contexte social,…)

Toute leçon audio-visuelle proposée est sous forme d'un dialogue qui véhicule la langue de tous les jours et qui se développe dans une situation de communication inspirée de la vie quotidienne concrétisée par des images qui mettent en scène une réalité, selon une démarche méthodologique présentée par Galisson et Coste 1976 qui insistent sur la présentation graduelle des divers usages sociolinguistiques, priorité non primauté étant donnée à l'oral. Ils accordent l'importance à la situation et au contexte dans lesquels apparaissent les formes linguistiques. Ils rendent compte aussi des relations que le locuteur entretient avec la situation, l'interlocuteur et son propre message.

Aussi, ils établissent une progression fondée sur les caractères structuraux de la langue enseignée.

1-ChristienPuren "www. Christienpuren.com"2012.

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Au plan pédagogique, on interdise la traduction interlinguale et le passage par la langue maternelle comme moyen d'accès au sens. On donne importance à une mise en

situation génératrice de comportement verbal, à la transposition de plus en plus libre.

De plus, on met l'accent sur une communication véritable (dans la présentation des dialogues, textes et documents, aussi bien que dans les exercices et les activités de classe).

Au plan technique, l'enregistrement sonore était utilisé comme modèle acoustique invariant et une réalité linguistique étrangère, pour la découvrir l'image était considérée comme point de départ possible de la compréhension, comme simulacre d'une certaine réalité culturelle. Cette utilisation combinée de l'image et du son comme instrument d'une représentation audio-visuelle simule un acte de communication qui permet d'en produire de nouveaux. Donc la cohérence de la méthode était construite autour de l'emploi conjoint de l'image et du son.

Finalement, on peut dire que la démarche méthodologique propose, en premier lieu, des dialogues enregistrés et/ou des images, puis leur explication par séquences, la mémorisation et l'exploitation à partir des exercices structuraux et comme dernière étape la transposition avec le réinvestissement des éléments linguistiques acquis dans les phases précédentes.

Cette démarche est expliquée par Puren au tableau suivant:

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NOYAU DUR AUDIO-ORAL NOYAU DUR AUDIOVISUEL

PRESENTATION ASSISMILATION

EXPLICATION CORRECTION PHONETIQUE MEMORISATION DRAMATISATION EXERCICES STRUCTURAUX EXPLOITATION DU DIALOGUE(passage au style indirect, passage au récit, description d'images) EXPRESSION LIBRE (commentaires personnels, transposition)

1 2 3 4 5 6 7 8

"Schéma(2) de l'unité Didactique audiovisuelle"1

Les images auxquelles la méthode audio-visuelle avait recours étaient de deux types:

Les images de transcodage qui traduisaient l'énoncé en rendant visible le contenu sémantique des messages ou bien des images situationnelles qui privilégiaient la situation d'énonciation et les composantes non linguistiques comme les gestes, les attitudes, les rapports affectifs, etc.

Selon Puren, la méthodologie audio-visuelle française: «est une méthodologie originale, parce qu'elle constitue une synthèse inédite entre l'héritage direct: la méthodologie induite par les moyens audio-visuels et une psychologie de l'apprentissage spécifique: le structuroglobalisme»2.

La MAV se situait dans le prolongement de la méthodologie directe tout en essayant de donner des solutions aux problèmes auxquelles s'étaient heurtées les méthodologies directes. En effet, toutes les méthodes présentes dans la méthodologie directe se retrouvent organisées dans la MAV.

1- ChristienPuren "www. Christienpuren.com"2012.

2ChristienPuren "www. Christienpuren.com"2012.

Orale

Répétiti ve

Imitativ e

Direct

Active Orale

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Pour la méthode directe ce sont les images qui servent de point de départ pour une compréhension directe, sans passer par la langue maternelle. Cela est appliqué aussi à l'enseignement du lexique (l'interdiction de recours à la traduction en langue maternelle) qu'à l'enseignement grammatical (sans l'intermédiaire de la règle, la saisie des règles se fait d'une manière intuitive).Aussi les deux méthodes s'appuient sur un document de base dialoguée conçu pour présenter le vocabulaire et les structures à étudier.

Concernant la méthode orale, le point commun est au niveau de la correction phonétique, en évitant les interférences de la graphie, et aussi au niveau de support audiovisuel qui remplace le support écrit, et qui avec sa forme dialoguée vise à faciliter son exploitation orale en classe.

La méthode Active est également présente dans la MAV parce qu'on sollicite l'activité de l'apprenant à travers l'image qui stimule la motivation. Pour pouvoir s'identifier aux personnages présentés dans les dialogues, ils doivent être proches des apprenants. C'est d'une manière intuitive que l'enseignement lexical et grammatical est envisagé. Le vocabulaire de base est sélectionné à partir de centres d'intérêt inspirés du français fondamental.

La méthode interrogative apparait, également, dans la MAV car c'est à grâce au support audiovisuel qu'il devient possible de rompre le face-à-face: apprenant-enseignant, et par conséquent assurer le dialogue constant entre l'enseignant et la classe sans que celle-ci ne dépende entièrement de lui.

L'image audio-visuelle sert aussi la méthode intuitive, en permettant à l'enseignant d'éviter les "Pitreries" auxquelles il était condamné par la méthodologie directe. Le dialogue sert à illustrer dans un contexte un nombre de mots usuels nouveaux par un procédé intuitif. Toute explication grammaticale est interdite, ce sont les exercices structuraux qui constituent une technique d'application dont l'enseignant facilite aux apprenants au cours des exercices l'analyse implicite des structures.

Et finalement les méthodes imitatives et répétitives en font partie étant donné que les exercices de mémorisation et de dramatisation du dialogue de base, et les exercices structuraux réalisés au laboratoire fonctionnent comme une technique d'apprentissage.

D'après les théoriciens comme H.Besse, la MAV serait plus proche de la méthodologie directe que de la méthodologie audio-orale et présenterait aussi des

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affinités avec la méthode situationnelle. En ce sens, la méthode structuro-globale-audio-visuelle(SGAV) aurait le mérite de tenir compte du contexte social d'utilisation d'une langue et permettrait d'apprendre le plus vite possible à communiquer oralement avec des natifs de langues étrangères, mais n'offrirait pas la possibilité de comprendre des natifs parlant entre eux ni les médias.

Quoique la méthodologie SGAV accorde la priorité à l'oral et s'attache à définir et à organiser le contenu linguistique d'un cours de langue en donnant la priorité à la communication verbale en situation. On remarque, sur le plan didactique, que la réalité est toute autre. En effet, on demande aux apprenants de parler sans hésitation, sans faire des retours en arrière, sans permettre des redondances ou encore plus parler dans des conditions aussi artificielles.

Ce que fait normal voir légitime que les apprenants hésitent ou refusent à répondre et à prendre la parole et ils se condamnent au mutisme, cela est affirmé par Porcher.L (1981): «L'image de communication n'a rien à voir avec la réalité: en effet le type de situation présentée est presque toujours le même: deux à quatre personnes qui parlent à leur tour sans chevauchement, sans hésitation, sans reprise, sans bruit de fond, sans Ratés».1