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l'enseignement des langues

I- 2.Evolution historique des configurations didactiques de l'oral:

I.2.2. b. L'oral pour L'approche par les compétences:

L’approche par les compétences, d’où suscite "la pédagogie du projet" ses démarches, est une nouvelle orientation, qui apporte des changements majeurs dans sa vision de ce que le système éducatif doit former comme jeune apprenant. Le statut de celui-ci doit être solide, autonome et constructif car c’est le prochain membre d’une société dont la richesse se mesure aux savoirs et aux compétences.

L’adoption de cette approche s’inscrit aux années 2000 dans un cadre de rénovation.

Les didacticiens commentent en disant qu’«il ne s’agit là ni d’une rupture ni d’une révolution c’est une évolution d’'envergure. Développer des compétences c’est mettre l’'accent sur l’intégration et la mobilisation de ces savoirs- ressources, c’est apprendre à utiliser au mieux ce que l’'on sait dans les domaines de la vie(…) s’inscrire dans une

1- Nonnon Elisabeth , citée par Debanc Garcia: L’enseignement de l’oral, Enjeux et évolution. Hatier, Paris, 2001. page 29.

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logique des compétences n’est pas tourner le dos aux savoirs. On enseigne les savoirs pour enrichir l’'esprit et structurer la pensée, pour exercer le jugement parce qu’ils font partie d’un patrimoine, fondent une identité ou tout simplement préparent la suite des études…».1

Donc il s’agit, dans "une approche par compétences", de lier entre deux perceptions et expériences passées pour mobiliser les savoirs acquis et savoir en profiter dans la vie, non seulement scolaire et professionnelle, mais encore quotidienne, car comme le dit l’écrivain Alexander Sutherland Neil: «il vaut mieux avoir un boulanger heureux qu’un ingénieur malheureux»2.

Dans l’approche par les compétences, seules les connaissances nécessaires doivent être transmises. Elle propose un remaniement des connaissances dont le choix des contenus et des moyens, qu’elle exige, se fait suivant une pédagogie du projet. Selon une démarche pédagogique centrée sur l’activité de l’apprenant, activité individuelle mais aussi activité de groupe.

Cette démarche permet de réduire la distance entre l'activité scolaire et la vie réelle.

Selon l'approche par les compétences, la démarche pédagogique centrée sur l'apprenant intègre tous les apprentissages dans un projet qui est une suite d'actions et de situations à actualiser, pendant une durée déterminée pour réaliser à la fin un produit quelque soit (une exposition, un dépliant touristique, une affiche…).

C'est aux enseignants et leurs apprenants de choisir un projet qui permettra d'investir et de maîtriser les savoirs, les savoir faire et les savoir être, déjà acquis au niveau des quatre compétences: Compréhension et production de l'écrit, compréhension et production de l'oral. Selon Philippe Perrenoud «Une pédagogie de l'oral ne devrait pas dicter des conduites, mais les rendre possibles pour avoir le choix, il faut avoir acquis, d'une manière ou d'une autre, à l'école ou ailleurs, deux types de dispositions complémentaires:»3

1-Commission Nationale des Programmes: Projet de programme, français 1er année secondaire, 2005, page 23 2- Sutherland Neil Alexander, "libres enfants de SUMMERHILL".

3-Perrenoud Philippe: Parole Etouffée, Parole libérée, Suisse, 1991, page 29.

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D'une part, des savoir faire d'ordre linguistique et cognitif, pour défendre un point de vue, construire une argumentation, demander des informations précises, il faut disposer de certains schémas de pensée, d'expression et d'écoute.

D'autre part, des savoir être, la constitution d'une image de soi comme interlocuteur, qui assume le risque de son intervention. La classe est libre de faire des choix, en fonction des moyens dont on dispose, de l'environnement socio- économique, de l'établissement, ou tout simplement des goûts et des motivations des apprenants.

Chaque projet comprend trois phases: la conception, la réalisation et l'évaluation. L'oral intervient tout au long les trois étapes.

Dans la conception, même si le projet a pris naissance dans la tête du professeur, les apprenants sont des acteurs autonomes dans leur apprentissage, ils doivent participer dans le choix de ce projet. Ce choix est établi d'après un débat qui ne peut être mis en évidence qu’avec des interventions orales des apprenants. C'est-à- dire qu'il y a un besoin de l'oral pour mieux régler la communication scolaire, les échanges entre apprenant/apprenant et apprenant/enseignant pour que la société scolaire puisse fonctionner et assurer l'apprentissage.

Pour la deuxième phase. Puisqu'il s'agit d'un travail de groupe, le seul moyen pour établir une cohérence et maintenir le contact est l'oral, c'est-à-dire la langue orale assure la régulation de l'action.

L'un parmi les plus importants objectifs de ce travail de groupe est donner l'occasion aux apprenants d'apprendre à communiquer car un tel but pour une approche communicative ne peut être atteint qu’en communiquant.

Pour l'évaluation, le projet pédagogique est un produit final écrit mais qui doit être exposé oralement pour pouvoir l'évaluer.

Face à cette importance accordée à l'oral dans chacune des étapes d'un projet pédagogique et même l'enseignement d'autres compétences (de compréhension et de production de l'écrit) Les pédagogues se trouvent amener à consacrer une partie importante du programme pour l'enseignement de la compréhension et de l'expression orale tout au long le cycle d'études et ses différentes étapes. L'oral intervient à tout moment (objet et moyen d'enseignement, objet et moyen d'apprentissage). Elisabeth Nonnon affirme cela: «on fait de l'oral un objet d'enseignement à côté de la lecture, l'écriture et de la grammaire, visant à exercer des compétences linguistiques ou la

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pratique de certains discours, il se pose en terme de progression, de compétences à définir et à évaluer, d'exercices et de supports»1. L'enseignant propose des supports pour actualiser la compétence d'expression orale indépendamment des autres compétences.

L'enseignement de l'oral évolue selon l'objectif visé derrière le terme "oral". Pour

"Hymes" Il s’agit de la compétence communicative plus que le bagage linguistique, il affirme cela en disant :

« Au delà de la maîtrise linguistique, la parole en situation met en jeu des compétences d'interprétation des situations, des stratégies orientées par un but, des capacités de régulation sociolinguistiques et discursives ».2

Nombreux sont les objectifs visés pour un apprentissage de l'oral, on cite à titre d'exemple, ceux énumérés par Bertrand Daunay:

- « Construire un véritable apprentissage des pratiques de l'oral pour chaque apprenant.

- Changer les représentations sur la pratique de l'oral leur faire prendre conscience que c'est un travail nécessaire et exigeant.

- Développer les capacités d'écoute des apprenants et les initier à des pratiques langagières variées et complexes.

- Conduire chaque apprenant vers la maîtrise de soi et le respect de l'opinion d'autrui par l'apprentissage des règles de la parole en groupe.

- Faire acquérir à chaque élève la confiance en soi nécessaire pour s'exprimer face aux autres.

- Faire découvrir le pouvoir de la parole et ses enjeux sociaux.

- Travailler l'écoute et la prise de la parole dans tous les cours et dans différentes situations de la vie scolaire. »1

1- Nonnon Elisabeth , cité par G.Debanc " l'enseignement de l'oral, enjeux et évolution", Hatier, Paris, 2001. page 90.

2-Hymes, cité par Nonnon Elisabeth

: L'enseignement de l'oral et les interactions verbales, n° 129 (Octobre- novembre -décembre), 1999. Page 111

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Pour atteindre ces objectifs, on emploie des supports variés pour travailler sur l'écoute et les pratiques langagières orales: Documents iconiques à commenter, bandes dessinées, enregistrements: audio ou audio-visuels, jeux de rôles, exercices théâtraux….

On peut aussi multiplier les situations d'échanges entre professeur et apprenants, et entre apprenants pour se servir de l'oral objet d'apprentissage et moyen d'enseignement.

Les apprenants peuvent formuler des hypothèses, résoudre des problèmes, débattre un sujet, répondre aux questions, poser des interrogations, reproduire des enregistrements.

C'est donc verbaliser les démarches de l'apprentissage dans la classe, pour réaliser les différentes tâches proposées.

Les objectifs réfèrent à des compétences langagières, dont la façon de définir a évolué, suivant le sens donné à la langue, qui s'est déplacé d'un système de bagage (des savoirs) à une activité langagière (des savoir- faire et des savoir- être).

La langue est connue aujourd'hui comme l’affirme Nonnon: «un outil de communication polyvalent à des conduites de discours différenciées: Dialogue, narration, explication, argumentations et des conduites plus fines comme la définition, le questionnement mettent en œuvre des compétences spécifiques, des fonctionnements qu'il faut apprendre à maîtriser»2.

Au laboratoire de langues, On prend en charge les situations, où normalement et fonctionnellement, ces conduites sont à s'exercer. On fait référence aux genres scolaires en usage (exposé, commentaires de document, entretien, conseil…) ou d'autres activités moins relatives aux normes comme: le résumé, l'observation descriptive, le compte-rendu des démarches (d'une expérience par exemple), définitions, reproductions,…

On diversifie les situations et les genres enseignés en vue de mettre en œuvre le maximum des compétences. Ces compétences varient selon l'objectif qu'on fixe: on prend la parole pour intéresser, interroger, plaire, influencer, convaincre,… Au sein d'un cours, on marque l'intervention de différentes compétences communes à plusieurs conduites. Aude plaquette distingue quatre compétences fondamentales: Physiques, communicationnelles, linguistiques et énonciatives qu'on expose au tableau suivant, avec les capacités quelles supposent et quelques mises en situations:

1- Daunay Bertrand : l'oral. Hachette, Paris, 2000, page 09.

2- Nonnon Elisabeth1999 "l'enseignement de l'oral et les interactions verbales"- Hatier. Paris. Page 115

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Mimes, changement de point de vue, étude du rythme dans les écrits.

Tableau n°01: "Les familles des compétences"1

Pour une bonne maîtrise de l'oral, la pratique ne réduit pas au bon usage du domaine linguistique. Tout type de compétence doit être pris en charge. Pour cela les didacticiens ont fixé les objectifs assignés pour un apprentissage de l'oral, à côté de ceux fixés pour un apprentissage de l'écrit du français langue étrangère FLE.

A l'université, les deux modules, "Ecrit et Oral" sont à accomplir tout au long du parcours d'études, les six semestres, ils sont d'une importance considérable prouvée par les coefficients et le nombre d'horaires élevé accordés aux deux modules par rapport aux autres, selon ce que dicte le système LMD.

L'enseignement du Français Langue Etrangère(FLE) à l'université, a connu une évolution comme toute autre filière, dans le cadre de la rénovation(2000).On favorise l'intégration des savoirs, savoir-faire et savoir être, selon les principes de l'approche par compétences qui «permet de ne pas couper les apprenants de leur environnement

1-Plaquettes Aude: L'expression orale, Aube-Ellipeses. Paris, 2000. Page 16

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culturel et social par le transfert, à l'extérieur, des habiletés acquises dans le milieu scolaire (….) Les démarches mèneront l'apprenant progressivement vers l'autonomie».1 Parmi les compétences qu'on vise à installer, tout au long le parcours scolaire, il y a celle qui permet la réutilisation des savoirs acquis en milieu scolaire à des situations rencontrées ultérieurement, ce qui semble le plus important dans tout enseignement/apprentissage, parce que c'est d'autant plus évident qu'un savoir resté à l'état brut. Scientifiquement, l'apprenant ne puisse le garder longtemps car une compétence qui ne s'extériorise pas, en se transformant en comportements observables, risque de s'émousser.

Il s'agit, à ce niveau d'un "transfert des connaissances" Cette notion est définie par Meirieu Philppe1996«(…) comme le mouvement par lequel un sujet s'approprie les savoirs, les intègre à sa personne en les réutilisant à sa propre initiative».2

Cette question est majeure pour tout apprentissage, dans la mesure où, la finalité essentielle est la réutilisation des connaissances acquises dans des situations rencontrées dans la classe (la reproduction) pour des fins pédagogiques, ou le transfert en dehors de la classe (le réinvestissement) dans d'autres situations de la vie réelle.

L'apprenant doit déceler des analogies entre la situation d'apprentissage (situation source), et la situation d'utilisation (situation cible), pour que ce mouvement de transfert puisse, justement, avoir lieu. On peut proposer la reproduction comme stratégie d'apprentissage, dans le cadre de donner possibilité de réinvestissement des connaissances.

L'approche par compétences en tant que choix méthodologique fondamental dans l'enseignement du FLE vise à installer chez l'apprenant un ensemble de savoirs, savoir-faire et savoir-être susceptibles d'être intégrés en mobilisant des ressources cognitives jugées nécessaires pour résoudre une situation–problème ou confronter d'autres situations avec les même savoirs acquis : Le transfert de connaissances qualifié par

1 -Commission Nationale des Programmes "Projet de programme, français 1ère année secondaire"(préambule) janvier 2005, page36.

2 -Meirieu Philppe: Le concept de transfert de connaissances en formation initiale et en formation continue", Lyon CRDP, 1996, page166.

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Meirieu de véritable "énigme cognitive"1 et il ajoute, à ce propos toujours dans le même article: «Que l'on parle de transfert ou de mobilisation, l'enjeu est d'amener les apprenants à utiliser à leur initiative les connaissances acquises et construites au préalable quand ils sont confrontés à des situations-problèmes. Par conséquent, pour entrainer l'apprenant à cette mobilisation, on le confronte constamment à la difficulté et on ne doit pas morceler son apprentissage en situations éloignées, dans le temps et attendre de l'apprenant qu'il identifie des analogies entre elles».2

Dans cette perspective, on peut proposer à l'oral des situations présentées par des documents audiovisuels et on demande aux apprenants de les reproduire, pour assurer le transfert de connaissances et aussi leur mobilisation qui cesse d'être une fin pour devenir un préalable qui donne du sens aux pratiques pédagogiques.

Les intentions pédagogiques à obéir pour réaliser la maîtrise de l'oral touchent tôt ou tard, pour une large part, les situations de communication écrite et orale qu'un individu peut affronter, dans la vie quotidienne selon Mérieu «la langue orale et la langue écrite font partie du même code mais ont chacune leurs particularités découlant de la situation de communication»3.

Au début ou en fin du parcours universitaire à suivre, l'enseignant doit savoir régulièrement prévoir les stratégies qui conviennent la situation d'enseignement/apprentissage.

On donne même importance à l'oral qu'à l'écrit, ce qu’on peut constater clairement dans le choix des objectifs et des contenus à enseigner qui se rassemblent pour une large part sauf quand il s'agit des particularités propres à chaque module, on cite à titre d'exemple la ponctuation pour l'écrit et l'articulation à l'oral.

Aussi, l'importance accordée à l'écrit et à l'oral est traduite par leur présence, en tant que des modules à prendre en charge, durant les six semestres du parcours universitaire pour avoir une licence en FLE.

1Mérieu Cité par Mohand Amokrane Ait Djida, Synergies Algérie n° 5, Interactions, 2009.page 61.

2 -Mérieu, Ibid, page 61.

3 -Mérieu, Ibid, page 15.

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Parmi les objectifs importants à effectuer dans les deux modules, en même temps, on cite:

-L'acquisition d'un outil de communication permettant aux apprenants d'accéder aux savoirs.

- la sensibilisation aux technologies modernes de la communication.

-la familiarisation avec d'autres cultures francophones pour comprendre les dimensions universelles que chaque culture porte en elle.

-l'ouverture sur le monde pour prendre du recul par rapport à son propre environnement, pour réduire les cloisonnements et installer des attitudes de tolérance et de paix.

Ces finalités proposent, dans leur globalité, une progression au niveau de l'oral comme de l'écrit, en développant des compétences d'interaction, de compréhension et de production des messages oraux tant qu'écrits.

Puisque chaque année universitaire est une année charnière dans le parcours d'apprentissage, on suppose que, pour entamer le programme souligné au sein de chaque semestre, l’apprenant possède déjà des prés- requis qui sont exploités, comme une base, pour réaliser ce qui est souligné à la fin de semestre ou à la fin du cycle universitaire.