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Mise en contexte général des conditions de vie des deux générations de Cotonois

Chapitre 2 : Problématique et questions de recherche

2.4 Présentation de la ville de Cotonou et différences de contexte entre les deu

2.4.2 Mise en contexte général des conditions de vie des deux générations de Cotonois

Compte tenu des objectifs de notre recherche, il est important de choisir les deux générations à soumettre à l’analyse en tenant compte des différences de contexte sur les plans socio-économiques et politiques. Étant donné que la présente recherche vise à comparer les parcours d’entrée en vie adulte des individus issus de deux «générations» marquées par des contextes socio-économique, politique et démographique fort différents, il est primordial de s’assurer que ces différences de contexte existent réellement entre les deux générations. À cet effet, nous avions entrepris de réaliser un tour d’horizon de la littérature afin de saisir les mutations de contexte et de conditions de vie dans la ville de Cotonou depuis 1945. Ce tour d’horizon nous permet de cibler de façon appropriée les cohortes à soumettre à l’analyse.

Dans le contexte d’étude, les données statistiques font souvent défaut, notamment lorsqu’on souhaite retracer des évolutions dans le temps. Nous avions alors combiné plusieurs sources de données afin d’avoir un aperçu global des principales transformations économique, démographique et politique que la ville de Cotonou a connues depuis 1945. Pour ce faire, nous faisons référence aux données de différentes enquêtes démographiques et de santé, mais aussi aux données de recensement général de la population. Nous utilisons aussi les résultats de quelques rares travaux de recherche qui retracent dans une perspective historique le portrait socio-économique et politique de la ville de Cotonou.

Au terme de cet exercice, deux générations nous semblent pertinentes comme population cible de la présente étude. D’abord, les personnes nées entre 1945 et 1960 et qui auraient pour la plupart réalisés leur parcours d’entrée en vie adulte entre 1960 et 1985, puis ensuite, les personnes nées entre 1975 et 1990, et qui seraient pour la plupart en train de réaliser leur parcours d’entré en vie adulte entre 1990 et actuellement.

67 Nous focalisons la suite de la présentation sur les principales différences de contexte et de conditions de vie, qu’on peut noter entre la période 1960-1985 et la période de 1990 à nos jours dans la ville de Cotonois.

Porte océane et aéroportuaire, Cotonou était déjà la capitale commerciale de la colonie Dahoméenne (nom du Bénin avant l’indépendance) et abritait le siège de toutes les maisons de commerce, ainsi que les quatre premières banques du Dahomey: Banque d'Afrique occidentale (BAO), Banque nationale pour le commerce et l'industrie (BNCI), Crédit Lyonais (1942) et Banque commerciale africaine (1950). À l’époque seconde ville béninoise après Porto-Novo, Cotonou s'est développée selon un plan en damier entre 1945- 1985. En effet, du fait de sa position géographique au bord de la côte atlantique et de sa fonction de drainage et d'évacuation des produits de traite, la ville a bénéficié à partir de 1945 d’un intérêt croissant de la part du gouvernement colonial, intérêt qui s’est poursuivi après l’indépendance en 1960 et d’une certaine manière jusqu’à nos jours.

Entre 1945 et 1952, Cotonou, où se trouvaient concentrées d'importantes infrastructures de transport (routes, ponts, wharf, aéroport) et une forte colonie de Français (en 1945, 848 européens et assimilés habitaient Cotonou, contre 427 à Porto-Novo), connut un regain d’intérêt puisqu’à Porto-Novo, le plan d'aménagement urbain se heurtait dans sa phase d'application à d'énormes difficultés liées à des traditions ancestrales (Sotindjo, 1999, p. 92). D’importants crédits publics furent alors déboursés pour la réalisation du zonage de la ville, la rénovation du wharf, la modernisation de l'aéroport de Cadjèhoun et l'installation des réseaux techniques d'eau, d'énergie électrique et de téléphonie à Cotonou.

L'entrée du pays dans l’ère de l’indépendance le 1er Août 1960, n'a fait qu’accélérer cette polarisation des investissements publics à Cotonou. Plusieurs autres réalisations urbanistiques et socio-économiques ont en effet vu le jour entre 1960 et 1985 à la faveur des deux premiers plans de développement économique et social du Bénin (1962-1966 et

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1966-1970) qui accordèrent à Cotonou plusieurs financements en plus d’une responsabilité de siège du gouvernement. Ces deux plans de développement, en plus des accords de crédits externes (Fonds d’Investissement de Développement Économique et Social, Fonds d’Aide et de Coopération, Fonds Européen de Développement) et internes (budget local ou national, Fonds d’investissement National,) ont vu la liste des réalisations socio- économique, s’allongée considérablement (Sotindjo, 2009 p. 95).

Au nombre des réalisations, on note la construction de l'imposant hôpital des 350 lits (1963), du bâtiment multi-étagé des travaux publics (1962-1963), de la grande maternité lagune (1961), du palais présidentiel (1963), du palais de l’Union Africaine et Malgache (1963) dont la rotonde évoque la «calebasse africaine », du palais de justice (1961-1963), du hall des arts (1961-1963), de la place de l’indépendance (1961-1963) et la création du nouveau quartier de la Patte d'Oie avec un projet immobilier pour y domicilier les grands services administratifs nationaux ainsi que certains fonctionnaires (Sotindjo, 1999, p.93 ; 2009, p. 95).

Avec l’installation du siège du gouvernement à Cotonou en 1963, on assiste à un repli des services publics d’intérêt général et des fonctionnaires (ministère et direction de services publics notamment) de Porto-Novo vers Cotonou. D’autres réalisations d’infrastructures s’enchaînent alors. On peut citer, la construction du grand marché international de Dantokpa à partir de 1968, du stade omnisport de Kouhounou et des hôtels PLM Alédjo et Shératon. L’idée du remplacement du wharf de Cotonou par un port en eau profonde, déjà latente en 1950, se concrétisa aussi avec la finition des travaux au printemps 1965 (Bernard, 1964 p. 711). Sur le plan économique et administratif, la construction du port autonome de Cotonou fût un précieux outil d’intégration régional. L’évolution impressionnante du trafic exigea d’ailleurs la nécessité d’entreprendre des travaux d’extension dès 1979 jusqu’en Juin 1982 (Sotindjo, 2009, p. 99).

69 Les activités du port de Cotonou, avec son fort potentiel en création d’emploi, les nombreuses constructions de bâtiments administratifs et de services administratifs ainsi que les opportunités socio-économiques affiliées, ont attiré vers la ville une foule impressionnante et diversifiée de population (ouvrier, technicien en bâtiment, administratif, fonctionnaire, cadre, ouvrier industriel, etc.). On assiste alors véritablement à l’émergence d’une métropole nationale entre 1976 et 1985.

Arrivé au pouvoir en Octobre 1972, le Général Mathieu Kérékou procède à une nouvelle orientation politique et économique du pays à partir de 1974. Le marxisme-léninisme devient la nouvelle philosophie politique du pays et le socialisme scientifique la nouvelle voie de développement économique (Banegas, 1995, p. 34). Sur le plan économique, cette réorientation s’est traduite par l’extension rapide des sociétés d’État suite à la vague de nationalisation, soldée dans un premier temps par des résultats économiques encourageants. C’est d’ailleurs pendant cette période entre 1973 et 1981 et sous le régime révolutionnaire que le pays a connu sa plus forte croissance économique de l’histoire avec un taux de 8 à 11 %. (Igué 2011, pp. 3-4).

De douze en 1972, le nombre d’entreprises publiques et semi-publiques passe rapidement à 120 en 1980. Selon le recensement des entreprises réalisées par l’INSAE en 1976, sur les 75 entreprises industrielles recensées au Bénin, 63 étaient localisées à Cotonou (Sotindjo, 2009 p. 107). Le recensement des entreprises en 1980, montre que 71% des entreprises modernes, 69,6% des travailleurs d’entreprises modernes et 80% des cadres supérieurs des entreprises se retrouvent à Cotonou qui est devenu une plate-forme incontournable en tant que marché de l’emploi et destination privilégiée des primo-demandeurs d’emploi et autres déclassés du monde rural (Guingnido, 1992, p. 83). Fidèle à son engagement marxiste, le Président Kérékou entreprend d’intégrer automatiquement à la fonction publique les diplômés de la seule université de l’époque, ceux des écoles normales d’enseignants et d’instituteurs ainsi que les béninois formés à l’extérieur, provoquant ainsi un gonflement des effectifs de l’administration publique. Entre 1977 et 1980, l’effectif de l’administration

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publique béninoise a connu une croissance de 48%, avec des effets bénéfiques pour Cotonou, siège du gouvernement (Guingnido, Op. Cit.). Selon Loko (2001, p. 2), les effectifs sont passés de 9200 à 47000 agents permanents de l’État entre 1972 et 1987. Ce gonflement des effectifs, dont le but implicite était d'assurer une certaine gestion sociale de 1'emploi, s'est effectué sans référence à l'évolution des recettes courantes de l'État. La répartition des effectifs d’agents permanents de l’État en Juillet 1984, montre que 45% des cadres supérieurs et 26% de l’ensemble du personnel public sont en fonction à Cotonou (Guingnido, 1992, p. 83).

Le contexte socio-économique particulièrement favorable de la ville, notamment entre 1970 et 1980, ainsi que l’amélioration progressive des conditions de vie associées, a entraîné une croissance importante au plan démographique. La population de Cotonou est en effet passée de 78300 en 1961 à 536827 en 1992 (Sotindjo, 1999, p. 93). Le rythme moyen de croissance de la ville de Cotonou passe de 4 % par an entre 1945-1955 à plus de 8 % entre 1976 et 1985 avant de descendre à 4 % au cours des années 1990 à 2000 (Sotindjo, 1999). Cette baisse du taux de croissance de la population cache des dynamiques d’extension de la ville de Cotonou vers sa périphérie, mais révèle aussi un ralentissement de flux migratoire consécutif à la dégradation des conditions de vie dans la ville après les années difficiles 1989-1990. En effet, le ralentissement accusé dans l'augmentation des effectifs de la population de la ville s'explique aussi bien par l'imposition des limites territoriales de la ville, qui sont restées inchangées depuis 1979, que par la croissance de la banlieue de Cotonou, comme en témoigne le rythme de croissance élevée de la population des villes avoisinantes (Sèmè-Kpodji et Abomey-Calavi) perçue comme une réponse aux contraintes socio-économiques, environnementales ou liées aux foncier (exiguïté, insalubrité, inondation chronique, pollution de toutes sortes), et à l’augmentation de la pauvreté urbaine qui a favorisé la péri-urbanisation.

À la faveur de la crise économique devenue politique, de la corruption au cœur de l’appareil d’État et de la baisse des soutiens venant de l’Est (chute du mur de Berlin),

71 plusieurs entreprises publiques en difficultés en 1982-1983, ont mis en place des plans de liquidation. Les négociations avec les Institutions de Bretons Woods aboutirent à un premier programme d’ajustement structurel en 1989, suivi d’un second en 1991. Ces programmes d’ajustement ont entraîné des vagues de mise à la retraite, de licenciement massif et une dégradation des conditions de vie des Cotonois. Le Bénin venait d’entrer dans une nouvelle ère et après quelques années de tension politique, la conférence nationale permet l’entrée au gouvernement du président Soglo qui, malgré la situation économique désastreuse, conduit le pays vers sa première élection présidentielle démocratique.

Selon l’observatoire de l’emploi, entre 1990 et 1995, 17410 emplois ont été supprimés dont 9500 spécifiquement dans la fonction publique (Projet Ben/87/023, Cotonou, p. 23). Le taux de chômage à Cotonou est estimé en 1993 à 8,5 % et celui du sous-emploi à 30 % (Agoli-Agbo, 1996, p. 1). La situation des années 90 est donc complètement inédite, lorsqu’on sait par exemple qu’en 1968, le taux de chômage et de sous-emploi avoisinait ensemble à peine 4% à Cotonou (Hausser, 1970, p. 672). La plupart des nouveaux chômeurs ont reçu des primes de licenciement et certains se sont achetés des motocyclettes afin de se lancer dans le transport urbain à Cotonou faisant ainsi passé l’effectif des taxis- moto (Zémidjan) d’une douzaine en 1982-1983 à plus de 20000 en 1992-1993. Cotonou doit désormais faire face aux problèmes de gestion urbaine, de chômage, de sécurité et de vente d’essence frelatée en provenance du Nigéria voisin. L’économie s’informalise à outrance puisque les nombreux chômeurs et les nouveaux diplômés développent désormais des stratégies de débrouille. Étant donné que Cotonou reste de loin le pôle économique du pays, il continue à recevoir des flux de populations qui viennent des villes et villages périphériques pour y chercher leur pain quotidien, puisque la morosité a atteint l’ensemble du pays.

Après la conférence nationale, le nouveau gouvernement démocratique, dirigé par Nicéphore Soglo, a entrepris l’assainissement des finances publiques, l’aménagement du réseau routier et la relance de l’économie dans un contexte difficile caractérisé par les

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programmes d’ajustement structurel et plus tard la dévaluation du franc CFA. À partir de 1994 par exemple, pour pallier à la pénurie d'effectifs du personnel de l'État suite au gel du recrutement dans la fonction publique intervenu à partir de 1986, le Gouvernement béninois a opéré des recrutements d'agents contractuels avec cependant des contrats précaires et une disparité dans les salaires. La reprise des concours de recrutement d’agents permanents ou contractuels de l’État est devenue dès 1997 une nécessité absolue, mais de façon maîtrisée par le biais du principe d’un recrutement pour trois départs à la retraite (Loko, 2001, p. 1). Plusieurs travaux d’envergure ont été mis en œuvre par le gouvernement de façon relativement plus disséminées sur l’ensemble du territoire. À Cotonou, on assiste par exemple au pavage de plusieurs tronçons de voie et à la construction de la voie autoroutière venant de Porto-Novo, de l’avenue Monseigneur Steinmetz, de l’avenue Pierre Delorme, du boulevard de France, de la voie autoroutière du rond-point « Le bélier », etc. (N’bessa 1997).

De 536827 en 1992, la population Cotonoise passe à 665100 habitants en 2002. Une population confrontée à des conditions de vie devenues certes plus modernes, mais plus difficiles et inégalitaires. De plus en plus de gens commencent à s’installer à la périphérie de la ville afin d’éviter de subir l’augmentation du prix du loyer et du foncier. Sur les 665.100 habitants de Cotonou, 62,7% était des actifs (15-59 ans) avec des disparités selon l’âge et le genre (Troisième récemment de l’habitat et de la population, 2002). Par exemple, avant l’âge de 25 ans, 42 % des femmes étaient en activités contre 30 % des hommes du même âge. Après 55 ans, plus d’une femme sur deux était en activité (54 %) contre 45 % pour les hommes. La structure de l'emploi montre que la population active est occupée en majorité dans le secteur informel. En effet, ce secteur utilise 82 % des actifs contre 17,2 % pour le secteur formel réparti de façon inégale entre le secteur public (7 %) et le secteur privé (10,2 %). Le recensement de 2002 a permis de dénombrer 154 346 ménages à Cotonou, avec une taille moyenne de 4,31 personnes par ménage. Parmi ces ménages, 61 000 sont classés comme pauvres et 30 874 sont considérés comme très pauvres. Il importe de préciser qu’il y a dans la ville de Cotonou une spatialisation relativement homogène de

73 la pauvreté. En ce qui concerne les conditions d’habitation, sur les 154346 ménages que comptait la ville en 2002, 48% était des locataires. Entre 1979 et 2002, on note une modification dans la structure du statut d'occupation des unités d'habitation selon les données des 3 recensements (RGPH, 1, 2 et 3). En effet, si la proportion de locataires reste relativement stable, il a été observé une baisse progressive de la proportion des propriétaires, tandis que celle de la propriété familiale commence par croître. Cette modification trouve une explication plausible dans les difficultés économiques des années 1990-2000, qui auraient limité l'accès au statut de propriétaire et contraint les éventuels prétendants à rester en location ou regagner des propriétés familiales. L'acquisition d'une parcelle devient difficile, du fait de l’augmentation des prix du foncier à Cotonou en l’espace de quelques années. Certains propriétaires fonciers préfèrent même vendre leur propriété aux opérateurs économiques pour aller chercher des sites d’habitations vers les périphéries de la ville. L'absence de planification urbaine appropriée et le retard dans les opérations de lotissement ont conduit à une occupation spontanée des zones inondables et l'extension des structures villageoises de base dans des conditions d'habitat peu saines, créant ainsi des problèmes de salubrité, malgré la mise en œuvre du projet d’assainissement des quartiers populeux de Cotonou démarré en 1996.

Sur le plan économique, le produit local brut de Cotonou (PLB) est passé de 470 milliards en 1990 à 629 milliards en 2005, mais le produit brut local moyen par habitant a baissé passant de 906 000 FCFA en 1990 à 887 000 CFA en 2005 (Mairie de Cotonou, 2006). Cette baisse est principalement imputable à la stagnation du secteur industriel, dont la contribution au PLB de Cotonou a chuté passant de 55% en 1990 à 50% en 2005, entraînant la baisse de la contribution de la commune de Cotonou à la formation du Produit Intérieur Brut national qui passe de 36% en 1990 à 27% en 2005 (Mairie de Cotonou, Op. Cit.).

Les difficultés socio-économiques des années 1990-2000, ne semblent pas s’estomper après le passage dans le 21ème siècle, même si le pays a connu des améliorations notables en terme de scolarisation, de santé et d’enracinement de la démocratie et des droits humains.

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De 4% en 1968, la somme des taux de chômage et de sous-emploi, a connu une évolution en dents de scie tout en restant au-dessus de niveau national. Ce taux était à Cotonou de 9,3% en 2006 ; 5,1% en 2007 ; 3,2% en 2010 et 6,1% en 2011 et 6,7% en 2013 (EMICOV, 2011, p. 25 ; résultats provisoires RGPH 4). Par ailleurs, le chômage augmente avec le niveau d’instruction. Il atteint 12,5% pour les individus ayant le niveau supérieur et 8,4% pour ceux ayant le niveau secondaire. Le sous-emploi visible (moins de 35 heures de travail par semaine) et le travail excessif (48 heures ou plus de travail par semaine) touchent quant à eux près de la moitié des actifs occupés à Cotonou en 2011 (EMICOV, 2011, p. xiv). La baisse du taux de chômage à Cotonou entre 2006 et 2010 coïncide avec la série des travaux et de réformes initiées par le nouveau gouvernement après les élections de 2006. En 2011, la hausse du chômage est la conséquence de la croissance économique, des scandales financiers et du déficit de vision prospective tant au sommet de l’État qu’au niveau de l’administration municipale.

En 2013, la pauvreté monétaire touchait environ une personne sur quatre (25,9%) à Cotonou, selon les données de l’institut national de statistiques et de l’analyse économique (INSAE, 2013). Depuis la mise en œuvre de l’initiative de décentralisation et de déconcentration qui aboutit aux premières élections communales et municipales en décembre 2003, les efforts de développement sont de moins en moins concentrés sur Cotonou, alors que la municipalité n’a visiblement pas les moyens et les politiques pour prendre en charge le destin de la ville. Cotonou, qui ne s’est pas encore relevé des difficultés précédentes, est amené à partager de plus en plus les investissements publics avec d’autres localités, même si elle conserve une place primordiale dans les politiques publiques.

Avec 28,2% de salariés, Cotonou reste malgré tout la ville qui enregistre le plus fort taux de salarisation contre 11% pour les autres milieux urbains (INSAE, 2013, p. 135), mais les réalités connues par la jeunesse entre 1960 et 1985 et la jeunesse actuelle depuis 1990, sont substantivement différentes.

75 Pour désigner les deux générations ciblées par la présente étude, nous utiliserons souvent les concepts de cohorte ou de génération des jeunes, puis de cohorte ou de génération des aînés. Dans certains cas, nous parlerons de cohorte récente et ancienne ou simplement de « jeunes » et d’ « aînés » avec les considérations suivantes :

• Sont considérés comme aîné les personnes nées entre 1945 et 1960 et qui ont alors en 2012 entre 50 et 67 ans : il s’agit ici de la génération qui représente historiquement le groupe des enfants de l’indépendance et qui était jeune adulte émergeant à l’époque du paternalisme étatique comme présenté dans la première partie.

• Sont considérés comme jeune les personnes nées entre 1975 et 1990 et qui ont alors en 2012 entre 22 et 37 ans : Ces derniers représentent la génération des enfants du renouveau démocratique, de la dévaluation du franc CFA, et du chômage. Il s’agit en fait du groupe des jeunes qui vivent la résultante de tous les bouleversements socio-économiques et démographiques du pays à un moment où ils passent probablement leur entrée en vie adulte.

77 E sɔ bese nyi do kpa gudo : dɔn xwe ɖe xwe (proverbe fon du Bénin). Traduction : On a lancé une grenouille par-dessus la palissade: maison là-bas, maison ici rétorqua-t-il. Explication: se dit pour signaler qu'on s’adapte facilement à toutes situations ou pour signaler à quelqu'un qui essai de vous mettre en situation embarrassante ou négative, qu'il est encore loin d’avoir raison de vous.