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Mesures À la suite de ces inductions, les participant.es devaient compléter

NEUTRALITÉ ET LAÏCITÉ : QUELLE INFLUENCE DES NORMES D’INTÉGRATION EN BELGIQUE ?

5.3. Étude 7 : Adoption de la culture, Identification à la Belgique et Normes de Neutralité en Belgique.

5.3.2.3. Mesures À la suite de ces inductions, les participant.es devaient compléter

plusieurs mesures. Ces échelles ont été présentées dans l’ordre décrit ci-dessous (la présentation des items au sein des échelles était aléatoire). Pour toutes ces mesures, les participant.es devaient donner leur degré d’accord ou de désaccord à plusieurs propositions en utilisant des échelles de type Likert allant de 1 (Pas du tout d’accord) à 5 (Totalement d’accord).

Identification perçue. Les participant.es ont tout d’abord été invité.es à remplir une

échelle visant à mesurer leur perception concernant l’identification des personnes d’origine immigrée à la Belgique. Cette mesure a été adaptée des 5 items de (Badea et al., 2011), utilisés dans le chapitre précédent. Les termes France et Français ont été remplacés respectivement par Belgique et Belges. Au vu de la faiblesse de l’indice de validité de l’échelle (α = .59), et de

l’impossibilité d’améliorer cet indice en supprimant un item, nous avons effectué une analyse factorielle (rotation Varimax) sur les 5 items de l’échelle. Cette analyse (voir Tableau 5.1) a révélé une organisation des items en deux facteurs distincts : (1) un facteur que nous avons renommé « Identification-Similarité », comprenant les items « Je pense que les personnes issues de l'immigration se définissent en tant que Belges. » et « Je pense que les personnes issues de l'immigration se perçoivent comme semblables aux autres Belges. » (r = .28, p < .001) et (2) un facteur « Identification Importance » comprenant les items « Je pense qu'être Belge est un aspect important de la personnalité des personnes issues de l'immigration. », « Je pense que les personnes issues de l'immigration sont fières d'être Belges. » et « Je pense qu'être Belge est important pour ce que sont les personnes issues de l'immigration. » (α = .62).

Tableau 5.1.

Analyse factorielle (avec rotation Varimax) des cinq items de l’échelle de perception d’identification des minorités à la Belgique de Badea et al. (2011), étude 7.

Facteurs

Identification

Importance

Identification Similarité Je pense que les personnes issues de l'immigration se

définissent en tant que Belges. .313 .702

Je pense qu'être Belge est un aspect important de la

personnalité des personnes issues de l'immigration. .796 -.016 Je pense que les personnes issues de l'immigration sont fiers

d'être Belges. .612 .378

Je pense qu'être Belge est important pour ce que sont les

personnes issues de l'immigration. .789 .062

Je pense que les personnes issues de l'immigration se

perçoivent comme semblables aux autres Belges. -.099 .845

Pourcentage de variance expliqué 39.84 22.00

Préjugés. Le niveau de préjugés des participant.es a été mesuré avec l’échelle inspirée

de Dambrun et Guimond (2001), composée de 10 items adaptés au contexte belge. L’analyse de validité de l’échelle s’est avéré satisfaisante (α = .86).

Adhésion personnelle à la nouvelle laïcité et à la neutralité24. Afin de contrôler

l’absence d’effet des inductions normatives sur les opinions personnelles des participant.es, nous avons mesuré leur adhésion personnelle à la nouvelle laïcité et à la neutralité. Pour cela, nous avons utilisé une version adaptée de l’échelle de mesure de l’adhésion personnelle aux deux formes françaises de laïcité (Roebroeck & Guimond, 2016).

Tableau 5.2.

Analyse factorielle (avec rotation Varimax) des treize items de l’échelle d’adhésion personnelle à la neutralité et à la (nouvelle) laïcité (Roebroeck & Guimond, 2016), adaptée à la Belgique.

Facteurs

Neutralité Laïcité

Il est normal qu’en Belgique, l’État subsidie la construction et l’entretien

d’églises, de mosquées, de synagogues et de temples. -.177 .758

Je suis opposé.e à ce que l’État finance les édifices religieux. -.011 .779 Cela ne me dérange pas que , sur la carte d’identité belge, les chrétien-ne-s ou

les musulman-e-s ou les juif-ve-s conservent un signe marquant de leur confession.

.120 .509 Autant que possible, les pratiques religieuses doivent être à caractère privé et

non public. .024 .686

Il me semble tout à fait normal que les signes religieux visibles soient interdits

dans les écoles du réseau officiel. -.187 .657

Je suis favorable à la séparation du religieux et de l’État en Belgique. (retiré

de l’échelle) .389 .440

Dans un état démocratique, toutes les religions devraient être considérées

comme égales. .672 -.188

Chaque citoyen doit être libre de pratiquer la religion de son choix. .607 -.113

Je ne veux pas que l’on définisse les gens en Belgique en fonction de leurs

origines, de leur religion. .721 -.104

La société belge est composée de citoyens avant toute chose, et non pas de

communautés de gens. .675 .102

Un Belge doit être pris en considération en tant que tel, et pas en tant que

membre d’une communauté particulière (culturelle, religieuse, sexuelle…). .713 .014 Pour l’unité du pays, les individus doivent être considérés comme citoyens

avant de l’être comme belges de souche ou immigrés, femmes ou hommes, homosexuels ou hétérosexuels, etc..

.612 .120 Il est important de respecter l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans

distinction d’origine, de race ou de religion. .583 .039

Pourcentage de variance expliqué 26.76 20.08

24

Le mot neutralité fait ici référence à la version inclusive de ce principe, en opposition à la laïcité, fréquemment associée à la neutralité exclusive (de Coorebyter, 2014; Jacquemain, 2014).

Outre le remplacement des mots « France » et « Français » par « Belgique » et « Belges », certains items ont été adaptés au contexte belge. L’idée de financement des différentes religions par l’État belge a par exemple été incluse dans l’échelle. Afin de vérifier la structure factorielle de cette échelle, nous avons effectué une analyse factorielle confirmatoire (rotation Varimax, extraction forcée à 2 facteurs) sur les 13 items de l’échelles (voir Tableau 5.2). L’item « Je suis favorable à la séparation du religieux et de l’État en Belgique. » saturant de façon équivalente sur les deux facteurs, il a été retiré des analyses. Une analyse en utilisant uniquement les douze items restant a révélé une structure similaire à celle obtenue en France, avec 5 items relatifs à la nouvelle laïcité (α = .72) et 7 items relatifs à la neutralité (α = .77).

ODS. Afin de vérifier la validité des mesures précédentes, nous avons mesuré le niveau

d’orientation à la dominance sociale des participant.es à l’aide de l’échelle en 12 items extraite de Pratto et al. (1994, α = .86).

Vérification des manipulations. Afin de vérifier l’efficacité de nos manipulations

expérimentales, plusieurs questions ont été posées aux participant.es en fin de questionnaire. Les participant.es étaient invité.es à répondre à ces questions sur la base des informations délivrées en début d’expérience. Nous avons tout d’abord interrogé les participant.es sur leurs perceptions de la politique d'intégration de l'université (« Quels sont les principes mis en avant par l’université dans l’accompagnement de ses étudiants (plusieurs réponses possibles) ? » (a) Le maintien privé de tous signes religieux ostensibles ?, (b) La séparation entre l'université et les croyances personnelles ?, (c) La liberté de conscience ?, (d) Le respect de tous les cultes sans en favoriser aucun ? »). Nous avons ensuite interrogé les participant.es concernant leur perception de l'adoption de la culture dominante et du maintien de l’héritage culturel des personnes d’origine immigrée (deux items : « Pensez-vous que les personnes d’origine immigrée inscrites à notre université ont adopté la culture belge ? » : Oui / Non et « Pensez- vous que les personnes d’origine immigrée inscrites à notre université ont maintenu leur culture d'origine ? » : Oui / Non).

Questions socio-démographiques. En toute fin de questionnaire, les participant.es ont

été invité.es à remplir plusieurs questions de type socio-démographiques, telles que leur genre, leur âge ou encore leur orientation politique.

5.3.3. Résultats.

Nous présenterons tout d’abord les résultats des vérifications de nos manipulations expérimentales, puis des analyses descriptives et enfin les analyses visant à tester spécifiquement nos hypothèses.

Vérification de la manipulation des normes d’intégration. Afin de vérifier l’efficacité

de notre manipulation des normes culturelles d’intégration (neutralité vs. laïcité), nous avons testé l’effet de cette condition expérimentale sur la réponse des participant.es à la question « Quels sont les principes mis en avant par l’université dans l’accompagnement de ses étudiants (plusieurs réponses possibles) ? » Pour rappel, les participant.es avaient quatre possibilités de réponses différentes. Pour chacune de ces réponses possibles, nous avons codé « 0 » si le ou la participant.e n’a pas coché la réponse et « 1 » si le ou la participant.e a coché la réponse. Les analyses de Khi-carré nous ont permis de vérifier l’efficacité de notre manipulation des normes d’intégration. Les résultats de cette analyse sont présentés dans le tableau 5.3.

Tableau 5.3.

Effet de la manipulation de la norme culturelle d’intégration sur les réponses des participant.es à l’item de vérification de cette manipulation dans l’étude 7.

Quels sont les principes mis en avant par l’université dans l’accompagnement de ses étudiants ?

Pourcentage de « oui » en fonction de la condition expérimentale

Différence entre les deux conditions Neutralité Laïcité χ 2 (1, N = 174) p

Le maintien privé de tous signes religieux

ostensibles (laïcité) 2.4 % 70.3% 85.05 < .001

La séparation entre l'université et les

croyances personnelles (laïcité) 14.5% 80.2% 75.13 < .001 La liberté de conscience (neutralité) 72.3% 14.3% 59.97 < .001 Le respect de tous les cultes sans en

favoriser aucun (neutralité) 91.6% 37.4% 54.85 < .001

Les analyses de Khi-carré ont en effet révélé que les étudiant.es de la condition laïcité avaient été plus nombreux.ses à répondre positivement aux deux items relevant de la laïcité et négativement aux deux items relevant de la neutralité. À l’inverse, les étudiant.es de la condition neutralité avaient été plus nombreux.ses à répondre positivement aux deux items relevant de la neutralité et négativement aux deux items relevant de la laïcité. Toutes ces différences sont statistiquement significatives. À l’inverse et conformément à nos prévisions, des analyses de variance ont révélé que les manipulations de normes culturelles d’intégration n’ont eu aucun effet sur l’adhésion personnelle des participant.es à la laïcité : F(1, 172) = .07,

p = .789, η2 = .00, et à la neutralité : F(1, 172) = 1.80, p = .182, η2 = .01. Ce résultat suggère une nouvelle fois une différence entre perception de normes et attitudes personnelles.

Vérification de la manipulation d’adoption de la culture dominante et de maintien de l’héritage culturel. Afin de vérifier l’efficacité de notre manipulation d’adoption de la culture

dominante et de maintien de l’héritage culturel, nous avons invité les participant.es à répondre aux deux questions suivantes : « Pensez-vous que les personnes d’origine immigrée inscrites à notre université ont adopté la culture belge ? » : Oui / Non et « Pensez-vous que les personnes d’origine immigrée inscrites à notre université ont maintenu leur culture d'origine ? » : Oui / Non. Pour chacune de ces deux questions, nous avons codé « 0 » en cas de réponse négative et « 1 » en cas de réponse positive. Nous avons ensuite testé l’effet des conditions d’adoption et de maintien sur les réponses à ces items. Les résultats des analyses de Khi-carré montrent l’efficacité de nos manipulations. En effet, 90.2% des participant.es de la condition « maintien de la culture d’origine » ont répondu positivement à la question « Pensez-vous que les personnes d’origine immigrée dans l’entreprise ont conservé leur culture d’origine », contre 51.2% des participant.es de la condition « non maintien de la culture d’origine ». La différence entre les deux conditions était significative : χ2 (1, N = 174) = 32.59, p < .001. De plus, 95.9% des participant.es de la condition « adoption de la culture dominante » ont répondu positivement à la question « Pensez-vous que les personnes d’origine immigrée inscrites à notre université ont adopté la culture belge ? », contre 40.3% des participant.es de la condition « non adoption de la culture dominante », χ2 (1, N = 174) = 64.84, p < .001.

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