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Effet de nos conditions expérimentales sur la perception d’identification et les préjugés Les analyses qui suivent permettent afin d’étudier l’effet des conditions

NEUTRALITÉ ET LAÏCITÉ : QUELLE INFLUENCE DES NORMES D’INTÉGRATION EN BELGIQUE ?

5.3. Étude 7 : Adoption de la culture, Identification à la Belgique et Normes de Neutralité en Belgique.

5.3.3.3. Effet de nos conditions expérimentales sur la perception d’identification et les préjugés Les analyses qui suivent permettent afin d’étudier l’effet des conditions

expérimentales de normes culturelles d’intégration et d’acculturation des minorités sur la perception d’identification et sur les préjugés.

Test du modèle n°1. Nous avons tout d’abord effectué des analyses de variance afin de

tester l’effet de l’interaction entre les condition « adoption de la culture dominante » et « maintien de la culture d’origine » sur les préjugés. Ces analyses n’ont révélé aucun effet significatif de la condition « adoption de la culture dominante » : F(1, 170) = .27, p = .606, η2 = .002, de la condition « maintien de la culture d’origine » : F(1, 170) = .01, p = .932, η2 = .002, ou de l’interaction entre ces conditions : F(1, 170) = .07, p = .795, η2 = .000. Afin de tester précisément nos hypothèses (à savoir que l’adoption de la culture dominante associée à un non maintien de la culture d’origine amène à une réduction des préjugés, voir H1), nous avons effectué une analyse de contrastes visant à comparer la condition « adoption de la culture dominante-non maintien de la culture d’origine » avec les trois autres conditions en termes de discrimination. Un contraste d'intérêt (C1) et deux contrastes servant tester la variance résiduelle ont été créés (C2 et C3, en utilisant la méthode de Hellmert, voir Brauer & McClelland, 2005) en recodant les conditions comme présenté dans le tableau 5.5. L'analyse n’a révélé aucun un effet significatif sur les préjugés du contraste d'intérêt C1 : B = .02, t = .52,

p = .605, IC 95% [-.05 ; .08], des contractes résiduels C2 : B = .01, t = .28, p = .778, IC 95% [-

manipulation expérimentale concernant l’acculturation des minorités en Belgique nous empêche de confirmer les trois hypothèses formulées au début de cette étude, à savoir que la perception d’adoption de la culture dominante associée à un non maintien de la culture d’origine aura pour effet de diminuer les préjugés (H1), que cet effet sera médiatisé par la perception d’identification au pays d’accueil (H2) et que cette relation sera renforcée par l’induction d’une norme exclusive (H3). En effet, l’effet de l’adoption de la culture dominante et du maintien de la culture d’origine au sein des minorités est à la base de ces hypothèses.

Tableau 5.5.

Codes contrastes créés pour tester les hypothèses spécifiques de l’étude 7.

Conditions expérimentales d’adoption/maintien Adoption- Non Maintien Adoption- Maintien Non Adoption- Maintien Non Adoption- Non Maintien C1 3 -1 -1 -1 C2 0 -2 -1 -1 C3 0 -0 -1 -1

Nous avons tout de même testé l’effet de nos conditions expérimentales d’acculturation des minorités sur la perception d’identification-similarité25 à l’aide d’une nouvelle analyse de variance. Cette analyse n’a révélé aucun effet significatif de la condition « adoption de la culture dominante » : F(1, 170) = 2.70, p = .102, η2 = .02 et de la condition « maintien de la culture d’origine » : F(1, 170) = 2.41, p = .123, η2 = .01, mais a révélé un effet de l’interaction entre ces conditions : F(1, 170) = 4.36, p = .038, η2 = .03. Afin de savoir si, comme nous l’avions supposé, les participant.es de la condition « adoption de la culture dominante – non maintien de la culture d’origine » était bien significativement différent.es des autres participant.es sur la variable « perception d’identification-similarité », nous avons testé les effets des contrastes précédemment décrits sur cette variable à l’aide d’une analyse de régression. Cette analyse a révélé un effet significatif du contraste d’intérêt C1 : B = .11, t = 3.17, p = .002, IC 95% [.04 ; .17], et un effet non significatif des contrastes C2 : B = -.01, t = -.15, p = .884, IC 95% [-.11 ; .09], et C3 : B = .03, t = .36, p = .718, IC 95% [-.15 ; .21]. En d’autres termes, les participant.es

25

Les analyses effectuées avec le facteur « Importance » de l’échelle de perception d’identification ou avec les cinq items au complet n’ont jamais révélé de résultats significatifs (tous les ps < .05)

de la condition « adoption de la culture dominante – non maintien de la culture d’origine » (M = 3.35, SD = .70) percevaient les membres des groupes minoritaires en Belgique comme s’identifiant significativement plus à la Belgique que les autres participant.es (M = 2.83, SD = .82). Cet effet est illustré par la figure 5.2.

Figure 5.2. Effet des conditions expérimentales d’acculturation des minorités sur la perception

d’identification-similarité des minorités au sein de la majorité belge dans l’étude 7.

Nous avons également testé l’effet de l’interaction entre la perception d’identification-similarité et la condition expérimentale de normes sur les préjugés. L’analyse de régression a révélé un effet principal de la perception d’identification-similarité sur les préjugés : B = -.28, t = -4.37,

p < .001, IC 95% [-.40 ; -.15]. Autrement dit, plus les participant.es perçoivent les minorités

comme s’identifiant à la Belgique (et notamment, comme se sentant similaires aux autres belges), plus leur niveau de préjugés est bas. Cependant, nous n’avons retrouvé aucun effet de la condition de normes : B = -.03, t = -.49, p = .683, IC 95% [-.12 ; .08] ou de l’interaction entre les deux variables : B = -.04, t = -.67, p = .502, IC 95% [-.17 ; .08].

Pris ensemble, ces résultats semblent montrer un effet des conditions expérimentales d’acculturation sur la perception d’identification-similarité et un effet de la perception d’identification-similarité sur les préjugés. Néanmoins, en l’absence d’un effet des conditions expérimentales d’acculturation sur les préjugés, nous ne pouvons conclure à un effet de médiation. De plus, aucun effet de la condition expérimentale de norme n’a été retrouvé dans ce modèle. Ces résultats sont résumés par la figure 5.3. Le modèle, cohérent avec les résultats de l’étude 6, ne s’est dont pas révélé en adéquation avec les données. Nous avons donc testé

notre deuxième modèle, supposant un effet des normes conforme avec l’interprétation de Roblain et al. (2016 ; Politi et al., under review).

Figure 5.3. Résumé des résultats obtenus avec les analyses testant le modèle n°1 de l’étude 7.

** : p < .01 ; *** : p > .001

Test du modèle n°2. En accord avec l’interprétation de base des auteurs de l’étude

originale (Roblain et al., 2016) et avec des travaux très récents des mêmes auteur.es (Politi et al., under review), nous avons donc testé l’adéquation avec les données d’un modèle alternatif, supposant une influence des normes culturelles d’intégration sur l’effet des conditions expérimentales d’acculturation sur la perception d’identification-similarité. Pour cela, nous avons tout d’abord effectué une analyse de variance testant l’effet de l’interaction Adoption de la culture dominante x Maintien de la culture d’origine x Normes culturelles d’intégration sur les préjugés. Cette analyse a révélé l’existence d’un effet significatif de cette interaction double sur les préjugés : F(1, 166) = 4.82, p = .029, η2 = .03. Nous avons donc souhaité savoir si cet effet d’interaction était médiatisé par la perception d’identification des minorités à la Belgique. Une nouvelle analyse de variance a révélé un effet significatif de cette interaction double sur la variable « perception d’identification-similarité » : F(1, 166) = 3.90, p = .050, η2 = .02. Une analyse de covariance a également montré que l’effet de l’interaction double sur les préjugés disparaissait lorsque la perception d’identification-similarité était intégrée comme co-variable dans l’analyse : F(1, 165) = 2.66, p = .105, η2 = .01.

Afin de tester nos hypothèses de manière plus ciblée, nous avons conduit une analyse de régression visant à tester l’effet de l’interaction entre le contraste C1 et la condition de normes d’intégration et sur la perception d’identification-similarité. Cette analyse ont révélé un effet significatif : F(1, 170) = 3.97, p = .048, η2 = .02. Nous avons décomposé cette interaction

à l’aide de l’approche « group code » (Aiken, Stein & Bentler, 1994). Pour cela, nous avons recodé la variable « Normes d’intégration », initialement codée de façon centrée (-1 = laïcité ; 1 = neutralité), en deux variables différentes. La première variable permettait de tester l’effet du contraste C1 dans la condition de laïcité (0 = laïcité ; 1 = neutralité) et la seconde permettait de tester l’effet du contraste C1 dans la condition de neutralité (0 = neutralité ; 1 = laïcité).

Figure 5.4. Effet de l’interaction Adoption de la culture dominante x Maintien de la culture

d’origine sur la perception d’identification dans la condition « norme de laïcité » (étude 7).

Figure 5.5. Effet de l’interaction Adoption de la culture dominante x Maintien de la culture

Les analyses de régression ont révélé que C1 n’a aucun effet sur la perception d’identification parmi les participant.es de la condition de neutralité : B = .02, t = .40, p = 688, IC 95% [-.08 ; .13], mais il a un effet significatif parmi les participant.es de la condition laïcité : B = .16, t = 3.63, p < .001, IC 95% [.07 ; .24]. Ces résultats sont présentés par les figures 5.4 et 5.5. Ainsi, au sein de la condition laïcité, les participant.es de la condition « adoption de la culture belge – non maintien de la culture d’origine » (M = 3.43, SD = .66) ont perçu les minorités comme s’identifiant plus à la Belgique que les autres participant.es (M = 2.80, SD = .86). Cet effet ne se retrouve cependant pas en condition neutralité.

Afin de tester la significativité de l’effet indirect de ce modèle de modération médiée, nous avons effectué un test bootstrap (n boots = 5000) en utilisant le modèle 7 de la macro PROCESS SPSS (Hayes & Preacher, 2013), incluant le contraste C1 comme prédicteur, les préjugés comme variable dépendante, la perception d’identification-similarité comme médiateur et la condition de normes d’intégration comme modérateur. Cette analyse a confirmé la significativité de l’effet indirect de l’interaction entre le contraste C1 et la condition de normes sur les préjugés via la perception d’identification-similarité : .04, IC 95% [.01 ; .09]. Cette analyse a également montré que l’effet indirect de C1 sur les préjugés via la perception d’identification était significatif pour les participant.es de la condition de laïcité : -.05, IC 95% [-.09 ; -.01] et non pour les participant.es de la condition de neutralité : -.01, IC 95% [-.03 ; .02]. En d’autres termes, le fait que les membres de groupes minoritaires soient présentés comme adoptant la culture dominante et ne maintenant pas leur héritage culturel peut amener le groupe majoritaire à percevoir ces minorités comme s’identifiant davantage à la Belgique, ce qui les amène à exprimer moins de préjugés, mais seulement pour les participant.es placé.es dans un contexte valorisant la (nouvelle) laïcité.

5.3.4. Discussion.

Cette étude avait pour objectif de tester en Belgique l’influence des normes de neutralité et laïcité sur la relation entre la perception d’adoption/maintien, la perception d’identification et les préjugés, afin d’examiner la possibilité selon laquelle la nature de l’influence des normes culturelles d’intégration est différente d’un pays à l’autre. Cette hypothèse repose notamment sur le raisonnement de Roblain et al. (2016) ainsi que sur les travaux très récents menés en Suisse par Politi et al. (under review). Pour cela, nous avons testé l’adéquation de nos données avec deux modèles. Le modèle n°1 supposait une influence des normes d’intégration cohérente avec les résultats de notre étude 6, c’est-à-dire une interaction entre ces normes et la perception d’identification sur les préjugés ou la discrimination. Le modèle n°2 supposait un effet des normes cohérent avec les résultats de Politi et al. (under review), c’est-à-dire une interaction

entre normes et perception d’adoption/maintien sur la perception d’identification. Les analyses n’ont révélé aucun effet de nos manipulations concernant les choix d’acculturation des minorités sur les préjugés. Nous avons malgré tout observé un effet de ces manipulations sur la perception d’identification des minorités à la Belgique (confirmant notre H1), variable qui, elle- même influençait les préjugés (confirmant notre H2). Nous ne pouvons toutefois confirmer l’adéquation de nos données au modèle n°1.

En revanche, les analyses ont confirmé l’adéquation de nos données avec le modèle n°2. Il semble que, placés dans un contexte valorisant la (nouvelle) laïcité en tant que norme d’intégration, les participant.es à qui les membres des groupes minoritaires étaient présentés comme adoptant la culture belge et ne conservant pas leur culture d’origine percevaient ces minorités comme plus identifiées à la Belgique, ce qui diminuait l’expression de préjugés à leur égard. En revanche, dans un contexte valorisant la neutralité, aucun effet de l’adoption/maintien des minorités n’était retrouvé. En d’autres termes, ces résultats suggèrent qu’un contexte valorisant la laïcité en Belgique amène la majorité à percevoir l’adoption de la culture belge associée au non-maintien de la culture d’origine comme un déterminant de l’identification des minorités à la Belgique. De plus, cette identification des minorités à la Belgique semble être un fort prédicteur de préjugés et ce, quelle que soit la norme d’intégration. Ces résultats suggèrent l’importance accordée par la majorité belge au fait que les membres de groupes minoritaires s’identifient à la Belgique. Cette piste devrait être explorée dans de futures recherches.

En France comme en Belgique, il semble donc que l’acculturation des minorités (que ce soit dans sa forme « adoption » ou dans sa forme « identification ») telle que perçue par la majorité interagit avec les normes culturelles d’intégration (inclusive vs. exclusive) pour façonner les attitudes et comportements de la majorité vis-à-vis des minorités. Ce constat laisse penser que ce processus pourrait être universel. De futures études devraient donc chercher à tester cette hypothèse dans d’autres pays afin de confirmer ce postulat. Néanmoins, les mécanismes d’actions de ces variables sur les préjugés et la discrimination semblent différents d’un pays à l’autre. Ainsi, nos résultats suggèrent que les normes culturelles d’intégration pourraient, en fonction du pays et de la culture, soit influencer le jugement de la majorité à l’égard des minorités sur la base de leurs comportements d’acculturation (adoption et identification, comme en France), soit influencer la conception majoritaire de la citoyenneté d’un pays (comme en Belgique, mais également en Suisse). Ces résultats, dans l’ensemble, viennent soutenir une approche universaliste de la psychologie sociale. En effet, ils suggèrent que certaines variables ont un effet sur les relations intergroupes quel que soit le pays. Néanmoins, les mécanismes d’action de ces variables diffèrent d’un pays à l’autre et d’une

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