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Des matériaux organiques aux matériaux inertes dans la définition d’un ordre social ordre social

Chapitre I : L’appropriation historique de la terre crue dans un espace rural et urbain français crue dans un espace rural et urbain français

2. De l’émergence à la dissolution sociale du pisé de terre

2.2 Rationalisation du champ de la construction par des travaux publics et le Bâtiment publics et le Bâtiment

2.2.1 Des matériaux organiques aux matériaux inertes dans la définition d’un ordre social ordre social

Au cours du XIXème et du XXème siècles, les structures sociales et les structures cognitives se modifient sensiblement et conduisent à un changement ontologique des matériaux de construction par une révolution symbolique. Les promotions et destitutions ontologiques de certains matériaux sont homologues à la modification de l’ordre social qui, par incorporation et institutionnalisation, modifie les structures cognitives, notamment celles dédiées au pur et à l’impur dans lesquelles sont hiérarchisés les matériaux. Des matériaux organiques ordinairement utilisés jusqu’alors sont peu à peu substitués par des matériaux inertes, en grande partie pour les chantiers de travaux publics.

La pureté d’un matériau peut variée au même titre que le rapport à la pollution, à la saleté. Selon Mary Douglas, la saleté ou la pollution « consiste à condamner tout objet, toute idée susceptible

de jeter la confusion sur, ou de contredire nos précieuses classifications. »244. Ainsi, ce n’est pas tant le matériau qui importe, mais la représentation que les agents s’en font, à savoir s’il convient ou non aux catégories de l’entendement constructif. La saleté et la propreté s’inscrivent dans des schèmes classificatoires résultant d’une incorporation et d’une institutionnalisation qui tendent à naturaliser un ordre privilégiant, à partir de la seconde moitié du XIXème siècle, des matériaux inertes aux propriétés chimiques irréversibles (mâchefer, brique cuite, béton de ciment, avec l’utilisation de liants tels que la chaux ou le ciment, etc.) plutôt que des matériaux organiques aux propriétés physiques réversibles (terre crue, bois, paille245, etc.).

L’opposition entre le pur et l’impur est homologue à la distinction du cuit et du cru246. La purification de la matière, des matériaux, peut notamment être réalisée par l’utilisation du feu. A ce propos, l’analyse phénoménologique du feu par Gaston Bachelard aborde différentes dialectiques247 pouvant être éclairantes. Il montre d’abord que la purification par le feu peut s’effectuer par désodorisation en éliminant les possibilités de putréfaction, ensuite, par l’homogénéisation de la matière lorsqu’elle passe l’épreuve du feu (la calcination), ou, enfin, par la symbolique et la vertu de la lumière du feu (comme celle du soleil) sur la matière. Cette dernière dialectique s’objective particulièrement dans le bâti lors de la période hygiéniste en architecture248 où les ouvertures du bâti

244 DOUGLAS Mary, De la souillure. Essai sur les notions de pollution et de tabou, Paris, La Découverte, 2001, p. 55.

245 Les propriétés physiques réversibles de certains matériaux peuvent être des atouts à certaines occasions propres à des structures sociales. Fernand Braudel rappelle « l’excellent engrais que fournit […] tout vieux toit de paille que l’on remplace ; sur la nourriture qu’il peut offrir au bétail en période de détresse » in BRAUDEL Fernand,

Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle, Tome 1 : Les Structures du Quotidien, Paris,

Armand Colin, 1986, p. 238.

246 LEVI-STRAUSS Claude, Mythologiques. Le cru et le cuit, Paris, Plon, 1978, 404 p.

247 BACHELARD Gaston, La psychanalyse du feu, Paris, Folio, 1985, 180 p. Notamment le chapitre VII.

248 GARDA Emilia, « Le matériau comme manifeste. Les années trente en Italie et les contradictions du Rationalisme », in Les cahiers de la recherche architecturale, n°29, Editions Parenthèses, 3ème trimestre 1992, Culture constructive, pp. 111-128.

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se multiplient et, comme évoqué précédemment, la terre crue n’est pas le matériau le plus adapté à ces aménagements.

Au-delà de la purification des matériaux par le feu, la lumière, il s’agit également d’éviter les problèmes de putréfaction liés à l’eau. A la fin du XVIIIème siècle, la Société royale de Médecine pouvait être considérée comme un entrepreneur de cause en ayant constitué les eaux stagnantes et l’humidité qui les accompagne comme étant la cause d’un problème démographique (hausse de la mortalité et baisse de la natalité) et d’un problème sanitaire (fièvres, mauvaises odeurs, rhumatismes, choléra, notamment depuis 1832, etc.) qui impliquaient l’élaboration et la mise en œuvre de politiques publiques. Comme le relève le sociologue Johan Goudsblom à propos de la gestion des épidémies telles que la lèpre, la peste, la syphilis et le choléra, « l’action sanitaire est fonction principalement […] de la « structure des affects » des classes supérieures »249. C’est en grande partie lorsque ces dernières sont exposées aux dangers sociaux et sanitaires qu’elles mettent en place des programmes d’action250. Pour faire face aux problèmes causés par l’eau, « la salubrité de l’espace habité passe par l’isolement de la

nappe d’eau souterraine et des eaux pluviales : pour la maison d’abord, pour toute la ville ensuite. »251 Ainsi, la putréfaction, associée à certains matériaux de construction organiques, est mise à l’écart, exclue de l’habitat et de l’espace urbain. La ville « est la mainmise de l’homme sur la nature »252, écrivait Le Corbusier. Le changement des représentations sociales des matériaux conduit à délaisser les matériaux organiques, crus, vivants, au profit des matériaux inertes, torréfiés, cuits, morts (comme le plâtre, les céramiques, le ciment, le fer, etc.).

La substitution des matériaux inertes aux matériaux organiques s’opère d’autant mieux qu’elle s’articule de façon cohérente et systématique avec les structures sociales dans lesquelles ils sont insérés. En matière de construction, la « noblesse méprise l’approche manuelle et son cortège de vulgarités : l’officier ne peut mêler son aristocratie à la pratique du constructeur ordinaire et s’en méfie ou la dédaigne. Elle a une haute estime de la pierre et du fer, matériaux de la science. »253 Ainsi, lors de l’unification du champ social, l’imposition d’un principe de vision de l’Etat bureaucratique relevant principalement de la noblesse de robe et de ses rapports avec l’industrie des matériaux participe grandement à privilégier des matériaux inertes. Dans ce cadre, les ingénieurs de l’Etat innovent pour « réduire la consommation énergétique de la fabrication (les fours), restreindre l’importation à longue distance (pouzzolanes italiennes), tirer meilleur parti des matériaux locaux (vases, calcaires), diminuer le volume de l’appareil le plus coûteux (mur de revêtement, béton, brique creuse), abaisser le prix global de la main-d’œuvre (rationalisation du chantier). »254 Les matériaux accompagnent le changement de

249 GOUDSBLOM Johan, « Les grandes épidémies et la civilisation des mœurs. » in Actes de la recherche en

sciences sociales, Vol. 68, juin 1987, Épidémies, malades, médecins. p. 10.

250Le contexte ne dispose pas la bourgeoisie à l’inaction. « La bourgeoisie a peur de sa mort : de sa mort physique

avec le choléra et de sa mort sociale avec la montée des luttes ouvrières. » in BUTLER Rémy et NOISETTE Patrice, Le logement social en France (1815-1981). De la cité ouvrière au grand ensemble, Paris, La Découverte, 1983, p.

48.

251 GUILLERME André, Bâtir la ville. Révolutions industrielles dans les matériaux de construction.

France-Grande-Bretagne (1760-1840), op. cit., p. 231.

252 LE CORBUSIER, Urbanisme, Paris, Flammarion, 2011, p. 1.

253 GUILLERME André, Bâtir la ville. Révolutions industrielles dans les matériaux de construction.

France-Grande-Bretagne (1760-1840), op. cit., p. 268.

254 Ibid., p. 267. Parmi les économies rendues possibles par les innovations, André Guillerme évoque par exemple celles permises par les nouveaux mortiers : « En vingt-cinq ans (1818-1844) les nouveaux mortiers permettent

d’économiser plus de 65 millions de francs dans la construction des écluses, 14 pour les barrages adjacents, 26 pour les grands ponts et les barrages isolés, 70 pour les ponts moyens, 25 les ponceaux, 23 les ponts suspendus. »

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l’espace urbain résultant d’une sédimentation pluriséculaire255, médiéval et baroque, de populations variées et successives, pour l’accommoder aux exigences des structures sociales.

Dans la France du XVIIIème et du XIXème siècles, les procédés de construction sont modifiés sensiblement par l’emploi plus large de nouveaux matériaux, de techniques de mise en œuvre simplifiées et l’affirmation d’une science de l’ingénieur256 dotée de la puissance étatique qui participent à améliorer la construction horizontale et verticale des ouvrages du Bâtiment et des travaux publics257 par un meilleur équilibre et une diminution des flexions. Les ajustements des matériaux à pied d’œuvre et le ragrément ordinaires des chantiers mobilisant des matériaux organiques déclinent au fur et à mesure que sont utilisés des matériaux inertes en raison de leur résistance mécanique, de leur régularité et de leur simplicité de mise en œuvre. Comme le soulèvent des historiens à propos des changements affectant la maison, celle-ci « plus haute est largement ouverte, donc mieux éclairée. »258 L’élargissement de l’espace des possibles constructifs se « diffuse, dans la masse, [avec] des solutions

qui sont intellectuellement possibles, effectivement désirées et économiquement réalisables dans des couches sociales qui n’y pouvaient prétendre. »259

Les rapports sociaux à l’œuvre entre les agents, fondant la « nébuleuse réformatrice »260 à la fin du XIXème, pour reprendre l’expression de Christian Topalov, suscitent une plus grande inclinaison à recourir à la science pour justifier leur programme d’action. Celles entre l’Etat et l’industrie sont particulièrement renforcées par un champ du pouvoir engagé dans l’espace social transnational, notamment par le colonialisme, et un champ économique où se développe à la fois l’appropriation privative des moyens de production et du produit du travail pour une accumulation monétaire indéfinie et aussi une division du travail par spécialisation et complémentarité de l’échange marchand, contribuant à une marchandisation des matériaux en les insérant dans une économie des échanges économiques en dépit de l’économie des échanges symboliques. Les luttes conduisent à définir un sens commun qui concourt à établir une hiérarchie sociale des matériaux, notamment par les relations objectives pouvant les caractériser.

Dans ce cadre, le déclassement symbolique de la terre crue s’opère d’autant plus facilement que la représentation du matériau peut être associée à celle de la matière du même nom, et, par suite,

in GUILLERME André, Bâtir la ville. Révolutions industrielles dans les matériaux de construction.

France-Grande-Bretagne (1760-1840), op. cit., p. 196.

255 LE ROY LADURIE Emmanuel (dir.), La ville des temps modernes. De la Renaissance aux Révolutions, Paris, Le Seuil, 1998, 654 p.

256Il est utile de préciser ici qu’il s’agit d’une science physique, la mécanique, appliquée à des ouvrages, non d’une science des matériaux telle qu’elle s’institutionnalise après la Seconde guerre mondiale.

257Les inspirations architecturales émanant des siècles passés ou de l’étranger, par le colonialisme par exemple, contribuent à élargir l’espace des possibles en matière de construction pour des édifices publics. « [Il] s’opère

une « ouverture » des références du style architectural, déjà opérée à travers le néo-égyptien des conquêtes impériales et l’arrivée sur le marché des images coloniales (l’Exposition universelle de 1851). En ce qui concerne les édifices publics construits dans la période, le catalogue historique se déploie : basiliques chrétiennes (Saint-Vincent-de-Paul), palais Renaissance (Tribunal de commerce), thermes romains (gare d’Orsay), colonnes crétoises du premier métropolitain de Formigé » in BUTLER Rémy et NOISETTE Patrice, Le logement social en France (1815-1981). De la cité ouvrière au grand ensemble, Paris, La Découverte, 1983, pp. 55 et 57.

258 BARDET J.-P. et al., Le bâtiment. Enquête d’histoire économique XIVe-XIXe siècles. Maisons rurales et urbaines dans la France traditionnelle, op. cit., p. 30.

259 Ibid., pp. 30-31.

260 TOPALOV Christian (dir.), Laboratoires du nouveau siècle. La nébuleuse réformatrice et ses réseaux en France

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celle-ci peut être aisément articulée à d’autres idées selon un certain ordonnancement et une certaine force d’affirmation qui varient selon les habitus des agents qui y sont exposés. Les amalgames ne sont pas à exclure. Par exemple, la matière terre peut être associée à l’espace rural, à l’agriculture, dans des structures sociales qui tendent à favoriser l’espace urbain. Elle peut être associée à ce qui est considéré comme de la saleté à l’intérieur d’un logement, ou à celle présente sur un vêtement pouvant être par ailleurs fabriqué avec de nombreux produits chimiques, etc.261 « L’impur, le sale, écrit Mary

Douglas, c’est ce qui ne doit pas être inclus si l’on veut perpétuer tel ou tel ordre. »262

L’homologie existante entre l’emploi d’une technologie (matériau de construction, énergie, etc.), allant de la basse technologie (« low-tech ») à la haute technologie (« high-tech »), et le niveau de développement technique d’un espace social ne résulte pas du progrès technique263, mais des rapports sociaux entre agents sous contrainte structurale qui co-construisent dans une lutte, sans perspective nécessairement téléologique, leur position dans un espace social. Si la construction en terre n’a pas persévéré au cours du XXème siècle, cela s’explique en grande partie et en dernière analyse par le fait que les agents ne pouvaient plus maintenir ou apprécier leur position dans différents champs (champ du pouvoir, champ économique, champ de la construction, etc.) avec ce matériau de construction. Le matériau ne pouvait plus constituer une arme dans la lutte pour apprécier, ou au moins maintenir, leur position sociale.

Encadré : Les stratégies d’adaptation aux structures sociales de l’entreprise Lafarge

Parmi les matériaux de construction qui connaissent un développement à la fin du XIXème siècle et qui s’imposent au cours du XXème siècle en raison de son ajustement aux structures sociales, le béton de ciment en constitue une illustration. L’histoire d’une entreprise qui le produit peut témoigner de la façon dont ce matériau a pu être diffusé à travers la France métropolitaine et dans d’autres pays. L’entreprise française Lafarge illustre cette promotion ontologique264.

Créée en 1833 par Auguste Pavin de Lafarge, c’est principalement par ses deux fils que l’entreprise se développe en exploitant des gisements de pierre calcaire et en étendant les produits de l’entreprise à l’international par le colonialisme et les travaux publics qui l’accompagnent265. Ainsi, dès 1864, l’entreprise s’internationalise en créant une succursale à Alger. A cette époque, elle s’installe aussi à Paris pour, selon Dominique Barjot, « s’imposer sur l’ensemble du territoire

261Mary Douglas donne d’autres exemples : « Ces souliers ne sont pas sales en eux-mêmes, mais il est sale de les

poser sur la table de la salle à manger ; ces aliments ne sont pas sales, mais il est sale de laisser des ustensiles de cuisine dans une chambre à coucher, ou des éclaboussures d’aliments sur un vêtement […] » in DOUGLAS Mary, De la souillure. Essai sur les notions de pollution et de tabou, op. cit. p. 55.

262 DOUGLAS Mary, De la souillure. Essai sur les notions de pollution et de tabou, op. cit., p. 59.

263 Les exemples de déterminisme technologique ne manquent pas. Pour la construction en terre, cette vision peut être illustrée dans le travail de l’architecte Jacques Vérité : « On a noté au début du XXème siècle que les

directions principales vers lesquelles se dirigeait l’évolution des matériaux de construction : augmentation de productivité tant dans leur production que dans leur mise en œuvre et recherche de qualité par la résistance

accrue des liants. Elle va aboutir, après la 2ème guerre mondiale à faire des matériaux à base de ciment (béton ou

agglomérés) ceux dont l’emploi est dominant. Il est intéressant de remarquer que ce résultat est dû à des progrès dans les technologies dont on avait noté qu’elles étaient à la base des développements des années 1850. » in

VERITE Jacques, Le matériau terre : réalités et utopies, op. cit. pp. 159-160.

264 BARJOT Dominique, « Lafarge : l'ascension d'une multinationale à la française (1833-2005) », in Relations

internationales, 2005/4 n° 124, pp. 51-67.

265 D’autres entreprises françaises du BTP, comme Bouygues ou Dumez, étendent leur activité à l’international par les colonies et des pays étrangers entre 1833 et 1914. Voir : BARJOT Dominique, « La grande entreprise française de travaux publics (1883-1974) », in Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°29, janvier-mars 1991, pp. 47-56.

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français. »266Cet aspect est tout à fait fondamental dans la compréhension de l’accroissement de l’emploi du béton de ciment et du confinement de matériaux relevant de procédés de construction régionaux. En s’implantant à Paris, l’entreprise Lafarge augmente considérablement la probabilité d’imposer ses produits à l’ensemble du territoire français en jouant de la domination symbolique de la capitale sur la métropole267et des collusions qu’elle offre pour une domination économique.

Comme l’indique Abel Chatelain, « au XXe siècle le ciment est devenu le produit de base de

la construction moderne. La progression de la fabrication est caractéristique : 985 000 tonnes de ciment sortaient des usines françaises en 1896, 6 228 000 en 1929. De 1945 à 1949, la production passe de 1 517 000 tonnes à 6 220 000. L’invention du four rotatif, au début du XXe siècle, lui a donné un élan décisif. Comme l’industrie des travaux publics, la production du ciment a été de plus en plus concentrée : 210 usines en 1934, 75 seulement en 1954 ; les deux tiers de la production sont fournis par trente et une usines appartenant à trois grandes sociétés : Chaux et Ciments Lafarge et du Teil ; Poliet et Chausson ; Ciments Français »268. L’utilisation du ciment croît considérablement et l’entreprise Lafarge consolide son activité à la fois par croissance interne, en innovant par exemple avec la fabrication du ciment de laitier en 1890 ou avec le ciment fondu en 1908, mais aussi par croissance externe puisqu’elle absorbe différentes entreprises concurrentes en France.

Au cours de son existence, l’entreprise surmonte les épreuves, comme la crise économique de 1929, où elle importe massivement du ciment depuis « les pays voisins à monnaie dépréciée »269. Elle poursuit sa consolidation en se structurant selon une organisation fayolienne, en développant son activité à l’international et en diversifiant ses produits. En 1947, un changement important s’effectue pour l’entreprise lorsqu’elle cesse d’être dirigée par la famille Lafarge pour passer sous la direction de managers. Pour financer son activité, elle émet des actions et des obligations dès les années 1960, participant à élargir le pouvoir actionnarial sur la gestion de l’entreprise270. Elle s’aligne sur le principe de vision du champ économique en participant à la mondialisation dès les années 1970 par sa cotation en Bourse et par une croissance externe transnationale par fusions-acquisitions des firmes concurrentes sur d’autres continents271. La fusion de deux firmes transnationales, Lafarge et Holcim, officialisée le 10 juillet 2015 pour créer l’entreprise LafargeHolcim, peut témoigner de ces opérations que les firmes doivent mener pour maintenir, voire apprécier, leur position dans le champ économique transnational.

266 BARJOT Dominique, « Lafarge : l'ascension d'une multinationale à la française (1833-2005) », art. cit., p. 53.

267 André Guillerme évoque l’efficience d’une implantation dans la capitale par les débouchés effectifs et potentielles qu’elle autorise et les collusions entre grandes entreprises qu’elle rend possibles : « Paris reste ainsi

un des centres de l’innovation constructive à l’échelle du royaume parce qu’on y bâtit beaucoup sans que cela soit mieux, parce qu’on y est plus aisé et parce que les grandes entreprises y ont leur siège. [L’industrialisation des

matériaux] s’immisce dans les villes de province à mesure de leur connexion aux voies navigables, puis après 1840 aux chemins de fer et vicinaux. » in GUILLERME André, Bâtir la ville. Révolutions industrielles dans les matériaux de construction. France-Grande-Bretagne (1760-1840), op. cit., p. 267.

268 CHATELAIN Abel, « Une grande industrie motrice française attardée : le Bâtiment », in Annales. Economies,

Sociétés, Civilisations, 13e année, n°3, 1958, pp. 578-579.

269 BARJOT Dominique, « Lafarge : l'ascension d'une multinationale à la française (1833-2005) », art. cit., p. 54.

270 Ibid., p. 57.

271 BARJOT Dominique, « « Lafarge (1993-2004) » Comment on devient firme mondiale », in Revue économique, 2007/1 Vol. 58, pp. 79-111.

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2.2.2 La rationalisation de la construction du Bâtiment par l’action publique

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