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Le marché du médicament en officine de ville en 2021

Dans le document LES COMPTES DE LA SÉCURITÉ SOCIALE (Page 108-112)

3. ECLAIRAGES

3.2 Le marché du médicament en officine de ville en 2021

• Le m arché du m édi cam ent en off ic ine de v ill e en 2021

rattrapage suite à la baisse de volumes en 2020 due à la Covid-19, puisque le nombre de boîtes vendues entre 2019 et 2021 a évolué en moyenne de seulement +0,1%, soit environ 1 pt de plus que l’évolution des années précédant la crise. Ce sont notamment les médicaments liés aux maladies hivernales qui ont soutenu la croissance des volumes, après une forte baisse du nombre de ces boîtes en 2020. La contribution de l’« effet prix » est naturellement négative car elle résulte des baisses de prix négociées par le comité économique des produits de santé (CEPS). Néanmoins elle est pour la deuxième année consécutive moins élevée que les années précédentes (-2,0 pts en 2021, -2,9 pts en 2020, contre -5,0 pts en 2019). La croissance du CAHT est in fine surtout portée par la contribution de l’« effet de structure » (avant introduction de l’effet assiette) toujours élevée (+6,7 pts de contribution, cf.

graphique 1). Au sein de cette composante, l’effet assiette précédemment défini contribue pour 5,0 pts, tandis que demeure un effet de structure « pur » résiduel matérialisant la recomposition à l’intérieur du catalogue d’officine.

Les classes thérapeutiques en hausse sont majoritairement portés par un « effet assiette » Les classes en croissance enregistrent une augmentation de leur CAHT de 2,0 Md€ entre 2020 et 2021 (+14% pour l’ensemble des classes concernées) et contribuent pour +10,0 pts à l’évolution du marché remboursable en ville (cf. tableau 1). Les cinq classes à la plus forte croissance (en évolution de +33% entre 2020 et 2021) contribuent à elles seules pour 3,6 pts, soit +710 M€, alors qu’elles représentent 14% du chiffre d’affaires total. La classe des « médicaments de l’appareil respiratoire », à laquelle appartiennent Kaftrio® et Kalydeco®, est la plus contributrice à la

croissance : +176 M€, soit une contribution au total de +0,9 pt. Sa contribution à la croissance tient principalement à « l’effet assiette » (+1,1 pt) avec la montée en charge de Kaftrio® sur le marché officinal après son inscription au remboursement de ville en juillet 2021 et la mise en place de deux extensions d’indication pour Kalydeco®. La classe des autres médicaments en relation avec le système nerveux contribue aussi fortement à la croissance (+166 M€ en 2021, soit une contribution de +0,85 pt à la croissance dont +0,7 pt d’effet assiette) avec l’arrivée d’un nouveau dosage de Vyndaqel®, et de Onpattro® en 2021 sur le marché officinal. Pour la troisième année consécutive, les médicaments de la classe des inhibiteurs d’interleukine sont en forte hausse (+161 M€, soit une contribution de +0,83 pt). Parmi les inhibiteurs d’interleukine, on peut citer Stelara® ainsi que Dupixent®, qui a fait l’objet d’une extension d’indication au cours de l’année 2021 dans le traitement de la dermatite atopique sévère de l’enfant. De même, les médicaments de la classe des inhibiteurs directs du facteur Xa (anticoagulants oraux) sont toujours en forte hausse (+116 M€ en 2020 et +114 M€ en 2021, soit une contribution de +0,58 pt à la croissance). Il s’agit notamment de Eliquis® et de Xarelto®, qui a eu une extension d’indication en juin 2021 pour des thromboemboliques veineux pédiatriques. Enfin, avec une contribution à la croissance de +0,47 pt, la cinquième place de ce classement est occupée par les médicaments ophtalmologiques, tels que Eylea® ou Lucentis®

indiqués dans le traitement de la Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge (DMLA). Les deux dernières classes du top cinq sont les seules dont l’effet assiette n’influence pas positivement la contribution à la croissance.

Tableau 1 – Top 5 des classes thérapeutiques ayant le plus contribué à la croissance du CAHT en 2021

Source : calculs DSS/SD6/6B d'après données GERS à fin décembre 2021.

Lecture : classe des inhibiteurs directs du facteur XA réalise un CAHT de 865 M€ en 2021, soit 4,1% du marché remboursable en ville. Cela représente une croissance de 114 M€, soit 0,58 point de l'évolution totale du marché en 2021 par rapport à l'année 2020.

Rang Classe thérapeutique Ephmra niveau 4 CA 2020 CA 2021 Croissance

2020-2021 (M€) Contribution

à la croissance Dt Contribution de l'effet assiette Part du CA

R07B1 - AUTRES PDTS DE L'APPAREIL RESPIRATOIRE 214 391 176 0,91 pt 1,1 pt 1,9%

dont Kaftrio® 0 122 122 31,1%

dont Kalydeco® 37 118 80 30,1%

N07X - AUTRES PDTS SYSTÈME NERVEUX 88 254 166 0,85 pt 0,7 pt 1,2%

dont Vyndaqel® et Vyndamax® 54 203 149 79,8%

dont Onpattro® 0 14 14 5,6%

L04C - INHIBITEURS INTERLEUKINE 425 586 161 0,83 pt 0,3 pt 2,8%

dont Dupixent® 48 108 60 18,4%

dont Stelara® 165 202 37 34,6%

B01F - INHIBITEURS DIRECTS FACTEUR XA 751 865 114 0,58 pt 0 pt 4,1%

dont Eliquis® 443 537 93 62,1%

dont Xarelto® 307 328 21 37,9%

S01P - PDTS ANTINEOVASCULARISATION 683 775 92 0,47 pt 0 pt 3,7%

dont Eylea® 324 389 65 50,2%

dont Lucentis® 356 385 29 49,6%

2 161 2 871 710 3,6 pts 2 pts 13,6%

13 955 15 911 1 956 10 pts 4,8 pts 75,3%

19 478 21 118 1 639 8,4 pts 5 pts 100,0%

1

2

3

4

5

Total des 5 premières classes Total des classes qui tirent positivement la croissance

Total marché ville remboursable

3 • Eclairages

3.2 • Le m arché du m édi cam ent en off ic ine de v ill e en 2021

Les classes thérapeutiques en baisse reflètent essentiellement des baisses de prix

Les classes en décroissance enregistrent une diminution de leur chiffre d’affaires de -0,3 Md€ entre

2020 et 2021 (soit

-5,7%) et contribuent pour -1,6 pt à l’évolution du marché remboursable en ville (cf. tableau 2). La baisse du CAHT global de l’ensemble des classes qui tirent négativement la croissance entre 2020 et 2021 a été presque trois fois moins importante que l’année précédente (-316 M€ en 2021 contre -911 M€ en 2020).

La baisse moyenne du CAHT sur l’ensemble des classes tirant négativement la croissance est de -615 M€ entre 2019 et 2021 contre -778 M€ en moyenne entre 2017 et 2019. De même, très peu de nouveaux médicaments sont arrivés dans le répertoire des médicaments remboursables dans les classes en décroissance, puisque l’effet assiette est de seulement +0,2 pt sur le total des médicaments qui tirent à la baisse le chiffre d’affaires.

Les cinq classes de médicaments ayant le plus contribué à la baisse du CAHT global en 2021 contribuent à hauteur de -97 M€ à cette diminution, soit -0,5 pt. Cela s’explique notamment par des baisses de prix ciblées réalisées le comité économique des produits de santé (CEPS), à hauteur de -45 M€ sur ces seules cinq classes. Au 1er rang, les médicaments de la classe des agonistes et des corticoïdes ont subi des baisses de prix et le produit Seretide Diskus® est passé dans le domaine public. La baisse du CAHT des médicaments indiqués dans le traitement de l’hépatite C (3ème rang) s’explique par une baisse du nombre de boites pour la deuxième année consécutive, soit une contribution de -0,1 pt à la croissance. Enfin, la classe des vaccins contre les pneumocoques (2ème rang), la classe des agents antinéoplasiques (4ème rang) et la classe des agents antithrombotiques (5ème rang) voient leur chiffre d’affaires diminuer, soit une contribution de -0,28 pt.

Tableau 2 – Top 5 des classes thérapeutiques ayant le plus tiré vers le bas la croissance du CAHT en 2021

Lecture : la classe des antiviraux hépatite C réalise un CAHT de 134 M€ en 2021, soit 0,6% du marché remboursable en ville. Cela représente une baisse de 20 M€, soit -0,1 point de l'évolution totale du marché en 2021 par rapport à l’année 2020.

La progression du marché des médicaments génériques se poursuit en 2021

Le chiffre d’affaires hors taxes du répertoire exploité (qui réunit les « groupes génériques », comprenant la spécialité de référence – médicaments princeps – et ses génériques) s’élève à 5,1 Md€ en 2021. Il représente 24,2% du marché global remboursable en ville et affiche une hausse de 1,5% en 2021, soit une contribution à la croissance de +0,1 pt. Le nombre de boîtes vendues au sein du répertoire exploité s’élève à 1,2 Md€ en 2021, soit 48,6% du nombre de boîtes remboursables en ville, en hausse de 4,6%. Le CAHT des médicaments génériques s’établit à 3,9 Md€, en hausse par rapport à 2020 (+3%), et représente 76,5%

du chiffre d’affaires du répertoire. Le CAHT des médicaments princeps diminue quant à lui de 4%, ce qui explique le rebond de la pénétration en valeur des

génériques en 2021. Le taux de pénétration des génériques dans le répertoire, en volume, s’élève ainsi à 84,0% en moyenne sur l’année 2021, en progression de 0,6 pt par rapport à 2020 (cf. graphique 2).

Graphique 2 – Taux de pénétration des génériques depuis 2012

Source : DSS/6B – Données GERS, marché de ville remboursable.

Lecture : en 2021, les génériques représentent 84% en valeur du répertoire et 76,5% en volume.

Rang Classe thérapeutique Ephmra niveau 4 CA 2020 CA 2021 Croissance

2020-2021 (M€) Contribution

à la croissance Dt contribution

de l'effet assiette Part du CA

R03F1 - AGONISTES B2 + CORTICO INHAL. 380 357 -23 -0,12 pt 0 pt 1,7%

dont Seretide Diskus® 97 57 -40 16,1%

J07D1 - VACCINS PNEUMOCOQUE 128 105 -23 -0,12 pt 0 pt 0,5%

dont Prevenar 13® 117 100 -17 95,0%

J05D3 - ANTIVIRAUX HEPATITE C 154 134 -20 -0,10 pt 0 pt 0,6%

dont Epclusa® 77 66 -11 49,6%

L01H1 - ANTINEOPL.INHIB.PROT KINASE BCR-ABL 201 184 -17 -0,09 pt 0 pt 0,9%

Sprycel® 26 18 -8 9,8%

B01C2 - ANTIAGREG.PLAQUET.ANTAG.RECEPT.ADP 107 93 -15 -0,07 pt 0 pt 0,4%

Clopidogrel BGR® 12 7 -5 7,2%

969 872 -97 -0,5 pt 0,1 pt 4,1%

5 523 5 207 -316 -1,6 pt 0,2 pt 24,7%

19 478 21 118 1 639 8,4 pts 5 pts 100,0%

Total marché ville remboursable 2

3

4

5

Total des 5 dernières classes

Total des classes qui tirent négativement la croissance 1

• Le m arché du m édi cam ent en off ic ine de v ill e en 2021

Le marché des biosimilaires est porté par l’arrivée de nouveaux produits

Le CAHT des médicaments biosimilaires est de 542 M€ en ville en 2021, en hausse de 91 M€ par rapport à 2020. Le chiffre d’affaires des biosimilaires représente 42% du marché composé des médicaments biologiques de référence et de l’ensemble des biosimilaires qui leur sont associés en 2021, contre 36% en 2020 (cf. graphique 3). En volume, les biosimilaires représentent 32% de ce marché (contre 31% en 2020). Le nombre de boîtes vendues s’élève ainsi à 4 millions, soit une hausse de 11% par rapport à 2020 (+12% en moyenne entre 2019 et 2021). Ce dynamisme est porté par l’arrivée sur le

marché de nombreux biosimilaires au cours des dernières années. En 2021, cinq nouveaux biosimilaires ont été commercialisés en ville : deux biosimilaires de la classe des anti-TNF (Nepexto® pour Enbrel® et Yuflyma® pour Humira®), un biosimilaire de Neulasta® (Nyvepria®) de la classe des facteurs de

croissance hématopoïétique

(G-CSF), et enfin un biosimilaire de Forsteo®

(Livogiva®) de la classe des hormones parathyroïdiennes.

Le taux de pénétration en volume des biosimilaires dans le marché bioréférents-biosimilaires est variable d’une classe à l’autre, en lien avec leur date d’arrivée sur le marché (cf. graphique 4).

Graphique 3 – Part de marché des médicaments biosimilaires en ville en 2021

Graphique 4 –Taux de pénétration en volume des médicaments biosimilaires par classe*

Encadré 1 • Nouveau regard sur la décomposition de la croissance

L’effet de l’élargissement de l’assiette des médicaments dans le champ de l’officine prend en compte positivement le chiffre d’affaires des médicaments nouvellement inscrits pendant un an suivant la date d’inscription et négativement le chiffre d’affaires des médicaments radiés durant l’année avant leur date de radiation. Il permet de mesurer les entrées nettes des sorties de médicaments dans le champ de l’officine, y compris les changements de périmètre entre le circuit de la rétrocession et le circuit d’officine. Il convient de noter que cet effet n’est pas uniquement un jeu à somme nulle au sein des dépenses remboursées (vrai pour le passage de rétrocession à l’officine, mais pas des nouvelles inscriptions par exemple), ni qu’il s’agit uniquement d’une contribution purement discrétionnaire : certes l’admission d’un nouveau médicament au remboursement relève des autorités de santé, mais l’impact de ces nouveaux médicaments est aussi de nature spontanée, lié à l’innovation notamment. Depuis 2018, cet effet ainsi défini contribue en moyenne à hauteur de 4,6 pts à la croissance du chiffre d’affaires remboursable. Les deux dernières années ont été influencées par les effets de la crise sanitaire puisqu’en 2020, il y a eu un ralentissement des mouvements d’élargissement de l’assiette des médicaments en officine, compensé par la suite en 2021 (+3,7% en 2020 et +5,0% en 2021, soit en moyenne +4,4% par an, comme par le passé). Jusqu’en 2020, la moitié de cet effet est dû au changement de circuits purs, de rétrocession à officine, tandis qu’en 2021 il est aux trois quarts porté par l’arrivée de nouveaux médicaments. En intégrant ce nouvel effet aux facteurs contributeurs à la croissance, les autres effets se modifient. C’est le cas principalement de l’effet structure qui voit son impact diminuer de 3,9 pts de pourcentage entre 2018 et 2021 (+8,4% en moyenne sans l’effet assiette à +4,6% en moyenne avec l’introduction de l’effet assiette). En l’absence de profondeur historique suffisante, l’effet assiette n’est pas techniquement calculable avant 2018. Seul, l’effet de structure 2017 « contenant » l’effet assiette 2017 peut être estimé à 4,6%. Or, ce résultat est très proche de l’effet de structure moyen hors effet assiette de 4,5% sur la période 2018-2021. Par suite, il est supposé que l’effet assiette serait donc quasi nul en 2017. Ainsi, l’analyse aboutit au fait que depuis 2018, la croissance du chiffre d’affaires hors taxe (CAHT) des médicaments remboursables délivrés en officine de ville est principalement portée par l’effet d’assiette (et notamment par le passage massif des médicaments rétrocédés vers le circuit d’officine) et par un effet de structure. Ce constat se confirme par la baisse des montants remboursés par l’Assurance Maladie en rétrocession depuis 2018 (-6,0% en moyenne entre 2017 et 2021).

L’effet de structure pur, quant à lui, est relativement stable depuis 2018 (+4,5% en moyenne entre 2018 et 2021). En 2021, cet effet est plus faible, (+2,8%) puisque la vente des médicaments a retrouvé sa structure d’avant crise (soit 4,4% en moyenne en 2020 et 2021). Pour rappel, du fait de la crise sanitaire en 2020, il y a eu une baisse de la consommation des médicaments contre les maladies hivernales qui sont des médicaments peu onéreux alors que la consommation des médicaments onéreux n’a pas été affectée dans la même ampleur (soit +6,0% d’effet de structure pur en 2020). Si les effets de structure pur et d’assiette moyens en 2020 et 2021 (+4,4% pour chacun des deux effets) sont dans la lignée des années précédentes, la croissance moyenne du CAHT des médicaments remboursables délivrés en officine de ville en 2020 et 2021 (+5,0% de moyenne), plus forte que les années d’avant crise, s’explique principalement par des baisses de prix plus faibles que par le passé ainsi

Graphique 5 – Décomposition de la croissance du CAHT de médicaments en officine de ville

-4,2% -5,0% -2,9% -2,0%

-1,2%

-1,8% -4,7%

2,5%

4,4% 4,7%

6,0% 2,8%

4,5% 5,2% 3,7%

5,0%

3,2% 2,7%

1,8%

8,4%

-8%

-3%

2%

7%

2018 2019 2020 2021

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