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Le « non-lieu de mémoire » de la nation française

CHAPITRE 3 : IDENTITE NATIONALE ET SOLIDARITE ORGANIQUE

1. Le « non-lieu de mémoire » de la nation française

1.1. L’immigration, objet illégitime pour les historiens

Nous avons vu que Noiriel donne une dimension normative à son travail d’historien en adoptant l’attitude du « chercheur engagé ». L’histoire de l’immigration qu’il entreprend au cours des années 1980 possède à ses yeux une fonction sociale qui consiste à remettre en question les évidences des Français sur leur identité collective, afin de donner aux descendants d’immigrés « la possibilité de situer leur histoire personnelle (ou celle de leur famille) dans la “grande” histoire de la nation française, afin qu’ils y aient une place légitime120 ». Une telle démarche lui paraît nécessaire dans la mesure où l’immigration française constitue encore, à la fin du XXe siècle, un « non-lieu de mémoire ». Cette expression, titre du chapitre qui ouvre le Creuset français, se réfère aux Lieux de mémoire121, ouvrage dirigé par l’historien Pierre Nora, dans lequel sont recensés et analysés l’ensemble des lieux, institutions, emblèmes etc. qui cristallisent le sentiment national. Cet ouvrage tente de décrypter les symboles qui sont à la base du processus d’identification collective et qui expliquent pourquoi un ensemble d’individus partagent le sentiment d’être citoyens de la

119 G. NOIRIEL, État, nation et immigration, op.cit., p. 366, note 75. 120 G. NOIRIEL, Le creuset français, op.cit., p. 11.

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République et membres de la nation française. Noiriel inverse la formule de Nora parce qu’il constate que l’immigration, qui devient pourtant massive en France dès le XIXe

siècle à cause d’une forte dénatalité122

et des besoins suscités par l’industrialisation, ne dispose pas de tels « lieux de mémoire », comme si elle s’était mystérieusement effacée du paysage et de l’imaginaire français. Ces lieux auraient pourtant pu exister, à Toul par exemple dans l’ancien centre de sélection qui recruta la majorité des immigrants d’Europe centrale dans l’entre- deux-guerres. Un musée comparable à celui qui fut ouvert sur Ellis Island, dans le centre d’accueil et de contrôle des premiers immigrants américains, aurait pu célébrer en effet l’épopée humaine des exilés venus construire la France moderne. Le fait qu’il ait été tout simplement rasé est symptomatique de l’amnésie collective dont semble souffrir les Français d’ici à l’égard des Français venus d’ailleurs123

.

En parlant de « non-lieu de mémoire », Noiriel ne se contente pas de diagnostiquer cette amnésie, il accuse aussi les historiens de la conforter. Le double sens de la formule qu’il utilise l’indique clairement. En tant que terme juridique, un « non-lieu » désigne une « décision du juge d’instruction ou de la chambre d’accusation selon laquelle il n’y a pas lieu de poursuivre en justice124 ». Avec cette formule, Noiriel compare implicitement les historiens à des juges. De même que les seconds disposent du pouvoir de rendre la justice, de même les premiers disposent du pouvoir de forger les identités. Ainsi, de même qu’un juge peut effacer une injustice en prononçant un non-lieu qui nie le bien-fondé de la plainte exprimée par une victime présumée, de même les historiens semblent avoir rendu un « non-lieu » en ce qui concerne les immigrés. En définissant l’identité française à partir des « lieux de mémoire », ils contribuent en effet à l’exclusion identitaire de ceux qui n’en possèdent pas. Le livre de Nora est ainsi, aux yeux de Noiriel, symptomatique du désintérêt des historiens à l’égard de l’immigration, comme si l’effacement de la présence immigrée dans l’imaginaire français se prolongeait dans les livres d’histoire. L’immigration, constate Noiriel, représente une sorte d’ « objet illégitime125

» pour les historiens. Il constate que l’immigration, d’abord objet

122 La chute de la natalité est plus précoce en France et plus prononcée que dans les autres pays européens. Après

avoir doublé entre 1789 et 1850, la population française stagne sous le Second Empire aux environs de 36 millions. Avant la Première Guerre mondiale, elle connaît un taux de natalité largement inférieur à celui des pays voisins : 18,2% contre 27% en Allemagne et 30% en Italie et en Espagne (Source : E. TEMIME « La France et ses étrangers (1789 – 1945) » in P. DEWITTE (dir.) Immigration et intégration, l’état des savoirs, La Découverte, 1999). Les 1,4 millions soldats tués pendant la Première Guerre mondiale ne firent qu’accentuer les angoisses des démographes et des politiques à propos du déclin de la nation française. L’immigration a permis de compenser le déficit démographique comme le rappelle Noiriel : « sans l’immigration, la population de la France n’aurait pas dépassé les 35 millions il y a dix ans » (G. NOIRIEL, Le creuset français, op.cit., p. 318).

123 Ibid., p. 24.

124 Dictionnaire Larousse 1998. 125

d’étude privilégié des juristes au début du XXe

siècle, puis des sociologues à partir des années 1960 et des psychologues à partir de la moitié des années 1970, a été chroniquement négligée par les historiens126. Les ouvrages adressés au grand public aussi bien que les plus spécialisés n’en font pas mention ou à peine. L’ouvrage d’Edouard Baratier sur la Provence127

ne consacre que quatre pages à l’immigration italienne. Celui de Jacques Toulemonde sur Roubaix128 n’évoque pas la présence des Belges, alors que ceux-ci constituaient la majorité absolue de la population de la ville au début de la Troisième République.

En tant que généalogiste, Noiriel s’efforce donc de dégager les présupposés qui pèsent sur le raisonnement des historiens et qui expliquent leur amnésie. Ainsi, ces derniers jugent évident que l’immigration a joué un rôle moins important dans la formation du peuple en France qu’aux États-Unis, ce qui justifierait le peu d’intérêt qu’ils attachent au phénomène. Pourtant, un examen des statistiques existantes prouve qu’il s’agit là d’un préjugé. Noiriel souligne en effet que « la mythologie américaine a toujours eu tendance à grossir la place de l’immigration dans l’histoire du pays129

». Alors qu’on imagine aisément un pays aux frontières largement ouvertes et perpétuellement gonflé par une foule de nouveaux migrants, il est bon de rappeler que même dans les périodes où l’afflux a été le plus massif, « jamais la population d’immigrants récents n’a dépassé 15% de l’ensemble de la population130

». Les points de passage étant transocéaniques, les États-Unis ont pu produire des statistiques plus précises sur leur immigration. Ce qui ne fut pas le cas de la France, pays doté de frontières plus perméables, ayant contribué ainsi à l’invisibilité des flux. Surtout, Noiriel insiste sur le fait que la France commence à devenir un pays largement ouvert à l’immigration à l’époque même où les États-Unis ferment de plus en plus leurs frontières avec le vote des lois restrictives dans les années 1920. Ainsi :

En 1930, la France est le pays qui compte le plus fort taux d’augmentation du nombre des étrangers au monde (515 pour 100 000 contre 492 aux États-Unis). À la fin des années 1960, la France est à nouveau au premier rang des pays industrialisés pour l’importance de sa population immigrée131

.

126

Aucune thèse d’histoire n’est consacrée à l’immigration au cours de la période 1951-1965. Au cours des périodes suivantes, on en décompte 2 sur 79 (1966-1974) puis 11 sur 292. (Source : CNDP, Répertoire des

thèses universitaires sur l’immigration, 1985. Tableau reproduit dans Le creuset français, op.cit., p. 17). 127 E. BARATIER, Histoire de la Provence, Toulouse, Privat, 1969.

128 J. TOULEMONDE, Naissance d’une métropole. Histoire et économique et sociale de Roubaix et Tourcoing au XIX e siècle, Tourcoing, Georges Frère, 1966.

129 G. NOIRIEL, Le creuset français, op.cit., p. 20.

130 J. BRUN, America, America. Trois siècles d’émigration aux États-Unis (1620-1920), Gallimard,

« Archives », 1980, p. 19.

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L’importance démographique de l’immigration se prolonge naturellement dans son importance économique, comme le rappelle Noiriel avec emportement :

La question de l’immigration, pour ce qui concerne la France, est indissolublement liée à l’industrialisation. C’est elle qui a permis à ce pays de conserver son rang sur la scène internationale, alors que beaucoup d’observateurs de la fin du XIXe siècle prédisaient un déclin irrémédiable. Il faudra bien qu’un jour cela figure aussi dans les manuels d’histoire ! Aujourd’hui, on estime que les immigrés recrutés depuis la Deuxième Guerre mondiale ont construit l’équivalent d’un logement sur deux, 90% des autoroutes du pays, une machine sur sept (G. Mauco, 1977). On n’a jamais évalué leur contribution pour les périodes antérieures, notamment dans les années 1920, quand la France était l’un des tout premiers producteurs mondiaux de minerai de fer avec une main d’œuvre étrangère dans sa quasi-totalité. Combien de milliards de kilowattheures, combien de centaines de millions de tonnes de charbon, d’acier et de produits laminés, ont-ils fabriqués ? De même, avant 1914, dans les filatures mécanisées, combien de tonnes de coton et de laine ont-ils transformés sur les métiers automatiques132 ?

Ces faits historiques attestent que, contrairement à ce que présupposent les historiens, « depuis un demi-siècle la question de l’immigration a une importance tant économique que sociale et politique plus grande en France qu’aux États-Unis133

». Ces faits se traduisent notamment au niveau de la mémoire individuelle. Noiriel constate que sur les trois dernières générations, « le souvenir vécu de l’ “expérience immigrante” est beaucoup plus répandu dans la population française que dans la population américaine134 ». Pourtant, en France, la mémoire collective, notamment celle que l’histoire contribue à forger, semble refuser d’intégrer les éléments nouveaux, culturellement inédits, que véhiculent les « mémoires immigrées ». Les historiens ont comme définitivement admis que l’immigration ne jouait pas de rôle dans la constitution de l’identité nationale. Le fait que la France soit un pays ancien, politiquement et administrativement unifié depuis plusieurs siècles, les a comme incités à postuler que les Français d’aujourd’hui héritaient d’une identité déjà constituée, à laquelle les immigrés s’agrégeaient sans la modifier.

La longue citation qui précède ne doit donc pas induire en erreur. Noiriel n’y dénonce pas une injustice que l’on pourrait définir en des termes utilitaristes. Les chiffres indiqués ne prétendent pas établir la valeur de l’immigration à partir d’un calcul des coûts et des bénéfices liés à ce phénomène. Il ne s’agit pas de défendre le groupe des immigrés comme si l’on avait affaire à une force sociale homogène, sorte de machine-outil dont on pourrait mesurer le rendement ou la contribution apportée au bien-être social global. L’injustice dénoncée relève

132 Ibid., p. 312-313.

133 Ibid.

134 Noiriel souligne la difficulté qu’il y a à établir et à comparer des statistiques françaises et américaines à

propos de la population d’origine étrangère. Toutefois, « en prenant comme base la catégorie des foreign born (nés à l’étranger) retenus par l’Administration américaine et en la comparant à une notion équivalente pour la France – à savoir les Français nés à l’étrangers, les naturalisés et les étrangers - on constate que les Américains ayant une origine étrangère proche constitue moins de 5% de l’ensemble de la population contre 12 à 13% pour la France au recensement de 1975 » (Ibid., p. 21-22).

d’un bien psychologique et symbolique qui touche à l’identité des personnes. Avoir oublié le rôle historique joué par les immigrés dans la constitution de la France moderne contribuerait à fausser le sens même de ce que signifie « être français ».

1.2. Un processus d’extériorisation confirmé par la sociologie

Si Noiriel pense que son devoir civique l’oblige à remettre en cause l’évidence identitaire qui sous-tend la position des historiens et qui motive leur désintérêt pour l’immigration, c’est parce qu’elle déborde largement le cadre de la discipline historique et qu’elle pèse sur la façon dont la plupart des Français perçoivent leur identité commune. Les historiens ne peuvent pas en effet négliger l’immigration sous prétexte qu’elle serait l’objet d’autres disciplines telles que la démographie, le droit, la sociologie ou la psychologie. Pour Noiriel, une telle division du travail ne résout pas le problème du non-lieu de mémoire mais tend au contraire à l’accentuer. Ainsi, le fait que la sociologie ait consacré de plus en plus d’études aux immigrés à partir des années 1960 n’a pas contribué à renouveler la perception de l’identité nationale. Noiriel constate que « la désertion du champ de la part des historiens conforte les sociologues dans ce qu’on peut appeler un véritable processus d’“extériorisation” de l’immigration par rapport au passé et au devenir de la société française135 ».

Influencés par un contexte théorique dominé par le marxisme, les sociologues des années 1960 ont eu tendance à se focaliser sur la figure de l’immigré travailleur et à analyser l’immigration comme un avatar de l’aliénation capitaliste. Or, en assimilant l’immigré à une simple force de travail délocalisée, ils ont implicitement adopté la même perspective instrumentale sur les immigrés que les responsables politiques :

Depuis les gouvernements des pays d’origine (qui encouragent l’émigré dans l’idée que son exil ne sera que temporaire) jusqu’aux pouvoirs publics français (qui favorisent les différentes formes de clandestinité pour améliorer la « souplesse » du marché du travail), en passant par toutes les chapelles de la sociologie, c’est dans un véritable consensus que se constitue l’image du travailleur immigré comme personnage « entre parenthèses », dont la présence en France ne peut être que temporaire136.

Par ailleurs, la perspective marxiste et la volonté de dénoncer l’aliénation capitaliste subie par ces nouveaux prolétaires ont contribué à enfermer les sociologues dans une logique de victimisation aux effets néfastes pour la recherche. En associant implicitement immigration et malheur, les sociologues n’ont fait que renforcer l’éclatement de ce domaine de recherche.

135 Ibid., p. 47.

136

Comme le remarque Noiriel, ce qui compte avant tout pour ces sociologues « c’est de mettre en valeur le caractère extrême, donc “exemplaire” du cas étudié : ce sont toujours les plus malheureux, les plus exploités, les plus à plaindre, bref les plus nouveaux qui sont choisis de préférence137. » Une telle surenchère qui accentue l’intérêt pour les derniers arrivés n’a fait que renforcer la tendance, déjà présente dans l’opinion publique et parmi les intellectuels, à envisager l’immigration sans recul historique et les difficultés d’intégration comme un problème toujours nouveau, sans précédent. La sociologie a, de ce point de vue, plus retardé qu’elle n’a favorisé la reconnaissance de l’immigration comme un objet d’étude historique. En se limitant au cas des derniers venus, elle est restée prisonnière de la perspective imposée par les enjeux politiques et les débats d’actualité et n’a pas su s’en dégager afin d’aborder l’immigration comme un processus social vieux de plus d’un siècle.

Pour Noiriel, le manque de recul historique explique notamment l’erreur d’analyse de Pierre Bourdieu à propos de la xénophobie des années 1980, que ce dernier associe à « la fin des migrations temporaires » et à « la prise de conscience tant chez les Français que chez les vieux immigrés du caractère définitif de leur installation en France138 ». Il est vrai que la crise des années 1970 et la fermeture des frontières qu’elle a provoquée se sont traduites par l’arrêt du turn-over caractéristique de l’immigration de travail. Craignant de ne plus pouvoir revenir travailler en France s’ils retournent vivre chez eux quelques années, nombre de travailleurs immigrés se sont définitivement installés et ont profité du droit au regroupement pour être rejoints par leur famille. Or Noiriel rappelle qu’à chaque grande crise économique traversée par la France depuis son industrialisation et à chaque retour concomitant de la xénophobie, les mesures protectionnistes adoptées par les gouvernements ont eu le même effet de stabilisation de la dernière vague d’immigrés139. Le passage d’une installation temporaire à une installation

définitive des immigrés à partir de la moitié de la fin des années 1970 n’a donc rien de nouveau. L’analyse de Bourdieu trahit ainsi, d’après Noiriel, la méconnaissance historique du phénomène migratoire et de l’installation des précédentes vagues d’immigration en France140

. Il semble donc que tout le bruit fait par les sociologues à propos des immigrés ait paradoxalement renforcé le silence des historiens. La figure de l’immigré travailleur conforte le préjugé identitaire selon lequel cette catégorie de population entretiendrait une relation

137 Ibid., p. 48.

138

Ibid., p. 49.

139 Ibid., chapitre 5 : « Trois crises ».

140 Noiriel rappelle ainsi qu’au milieu des années 1970 « les vieux Algériens sont dix fois moins nombreux que

les «vieux» Italiens et six fois moins nombreux que les « vieux » Polonais » et qu’« en 1982, la proportion est encore d’un Algérien pour cinq Italiens dans le groupe d’âge des soixante-cinq ans et plus. » (Ibid., p. 49).

d’extériorité avec la France, comme si les immigrés s’étaient toujours trouvés confrontés à la

même nation, comme s’ils étaient toujours venus s’installer dans une communauté culturelle déjà constituée. Tout en défendant la cause des immigrés, les sociologues se sont faits malgré

eux les complices du non-lieu de mémoire qui dissimule à ces derniers et à leurs enfants « la place légitime » qui leur revient dans l’histoire de la nation française. C’est la raison pour laquelle Noiriel dénonce ce non-lieu avec autant de vigueur. Le rétablissement de la vérité se joue pour lui sur le terrain de l’histoire. Il passe par une généalogie de l’identité nationale qui doit permettre d’élucider les causes du désintérêt des historiens pour l’objet « immigration » et du rapport d’extériorité entre l’immigration et la nation française que la majorité des Français, grand public et chercheurs confondus, semblent avoir définitivement admis.

1.3. L’a priori de l’enracinement des historiens républicains

L’expression de « non-lieu de mémoire » constitue, comme on l’a vu, une forme d’accusation. Précisons toutefois que Noiriel n’accuse pas personnellement les historiens d’avoir commis une faute morale à l’égard des immigrés. À l’instar du dernier Foucault, son but n’est pas d’entrer dans une polémique avec les personnes, mais de dégager une position épistémique et d’expliquer comment elle a rendu possible une certaine façon de problématiser le réel. Dénoncer le non-lieu de mémoire passe selon lui par le travail généalogique qui permet de montrer « comment la problématique, les concepts et les centres d’intérêt de l’histoire républicaine ont empêché la constitution de l’immigration en objet scientifique141

». La thèse de Noiriel consiste à affirmer que l’histoire de la France contemporaine est construite sur un « a priori de l’enracinement142 » qui pense l’identité nationale à travers l’ancrage dans les terroirs et qui, pour cette raison, ne permet pas de comprendre les enjeux véritables de l’être français à l’époque contemporaine.

Noiriel entreprend ainsi la généalogie du discours sur l’identité française afin de comprendre comment le thème des racines s’est progressivement imposé tant dans la discipline historique que dans la mémoire collective143. Pour y parvenir, il analyse les textes des historiens français post-révolutionnaires à qui incomba la tâche délicate de donner un visage particulier à l’idéal politique universel que représente la citoyenneté moderne. Telle

141 Ibid., p. 15.

142 Ibid., p. 64.

143 G. NOIRIEL, État, nation et immigration, op.cit., Belin, « Socio-histoires » 2001, chapitre 4 : « Nations,