• Aucun résultat trouvé

Chapitre I L’apparence facteur de justesse

2. Les principes d’accord liés à l’apparence

L’apparence en tant qu’objet social répond donc à certains principes généralisés et précisément ceux relevant du monde domestique. Ces principes sont admis et prévalent au sein d’une même culture, de la société en général ou d’une sous-culture, du milieu bancaire, cas particulier de notre étude. Il apparaît donc incontournable de définir et de comprendre les codes, les normes, les règles de l’apparence dans le secteur bancaire car ils régissent les principes généralisés en vigueur et permettent ainsi d’en identifier les fondements. Pour les définir, il s’agit d’établir des rapprochements qui fondent les accords des principes généralisés auxquels les individus souscrivent en ayant des conduites coordonnées et similaires. En effet, « Le rapprochement repose sur une relation, pouvant être explicitée ne serait-ce que par un mot, à quelque chose de plus général, commun aux objets rapprochés » (Boltanski, Thévenot, 1991, p. 48). Pour autant, les personnes amenées à juger, comme c’est le cas des recruteurs, ne sont pas obligées de fournir des explications issues de ces rapprochements, ne serait-ce que parce que le besoin de justification lié à ce monde n’est pas pertinent, ou tout simplement parce qu’il ne leur est pas demandé. Dans notre travail, il convient donc de définir les éléments qui permettent de montrer les relations qui déterminent les rapprochements de l’apparence sur la base du corps et du vêtement en tant que principaux objets qui la composent. En effet, l’apparence étant elle-même un objet, elle peut permettre aux acteurs, les recruteurs, d’avoir une conduite coordonnée, c'est-à-dire tendant à s’accorder sur des

généralités en faisant des rapprochements. L’intérêt que l’on peut porter à l’analyse de ces rapprochements porte sur le fait qu’elle peut permettre de comprendre comment les recruteurs les mettent en œuvre ou non pour justifier certaines de leurs actions comme l’embauche ou le refus d’embaucher un candidat. Ces rapprochements permettent d’approfondir et d’étudier les principes du jugement opéré par le recruteur et la coordination de leurs conduites dans l’évaluation du candidat. Autrement dit, cette analyse permettra de situer le type de registre d’action : la justesse, la justice, voire le « hors équivalence », comme la violence, dans lequel le recruteur se situe lors de la mise en œuvre de son jugement. Pour ce faire et malgré la multitude des éléments qui composent ces formes de rapprochement, il est possible d’en cerner et d’en identifier les principes puisque « c’est pourtant bien à traiter dans un même cadre d’analyse ces différentes modalités d’identification (« contrainte technique », « argument d’ordre esthétique » ou « point de vue moral ») qu’aspire notre entreprise » (Boltanski, Thévenot, 1991, p. 49-50). L’établissement des différents rapprochements de

notre étude s’est donc opéré en fonction de l’analyse du corpus et il apparaît qu’il se fonde sur la morale, les normes, les valeurs, l’esthétique ayant cours dans le monde bancaire et dans le monde domestique. Parfois ces rapprochements semblent évidents et partagés majoritairement par les recruteurs dans des situations comme celles de l’entretien d’embauche, alors il convient de dire que la situation est « naturelle, autrement dit qu’elle se tient. […] L’ordre ainsi constitué conduit à une qualification des personnes de la même façon qu’il détermine, à partir de leur rapprochement, une qualification des objets » (Boltanski, Thévenot, 1991, p. 52-53). De ce fait, l’apparence des candidats relève pour un certain nombre de recruteurs d’un véritable critère à prendre en compte lors de l’évaluation et permettant de qualifier les candidats, c'est-à-dire de mesurer certaines de leurs compétences ou aptitudes leur permettant d’être sélectionnés ou non pour les postes commerciaux. Ainsi, ces critères de qualification passent d’abord par le corps car il est porteur de valeurs. En effet, il est notamment vecteur d’une « excellence corporelle » c'est-à-dire une pratique corporelle respectant certaines valeurs et exprimant une certaine compétence ou un talent (Pagès-Delon, 1989, p. 96). Plus précisément,

« C’est par rapport à ces valeurs (et à leur hiérarchie) que se forment « les préférences » des acteurs sociaux, que va s’opérer un classement de leur pratiques (en souhaitables, recommandées, exigées, interdites) mais aussi et plus largement que va être jugée la manière dont celles-ci sont mises en œuvre et la qualité de leur maîtrise. […] Rapportée au corps, l’excellence s’établit sur une hiérarchie de valeurs dont rendent compte en partie les jugements portés sur les apparences » (Pagès-Delon, 1989, p. 96).

Comme nous l’avons déjà souligné, cette notion d’« excellence corporelle » se retrouve chez certains de nos enquêtés lorsqu’ils s’appuient sur l’apparence des candidats pour fonder leur jugement et la qualifient par des termes correspondant à des valeurs en cours dans l’institution bancaire « professionnel », « classique », « sérieux », « sobre », etc. Ces aspects se retrouvent encore chez Le Breton qui, se référant aux travaux de Mary Douglas,32

démontre comment le corps joue un rôle de support, de vecteur, de reflet de valeurs en cours dans une société ou dans une culture : « Le corps métaphorise le social et le social métaphorise le corps. Dans l’enceinte du corps, ce sont symboliquement des enjeux sociaux et culturels qui se déploient » (Le Breton, 2010, p. 88). Ces approches positionnant le corps des individus comme vecteur de valeurs sociales tout comme récepteur et/ou comme émetteur se retrouvent chez Goffman qui souligne l’ancrage et le rôle du corps des individus par rapport à la morale régnant dans une société.

« Quand un acteur se trouve en présence d’un public, sa représentation tend à s’incorporer et à illustrer les valeurs sociales officiellement reconnues, bien plus, en fait, que n’y tend d’ordinaire l’ensemble de son comportement. Il s’agit-là en quelque sorte, en adoptant le point de vue de Durkheim et de Radcliffe-Brown, d’une cérémonie, d’une expression revivifiée et d’une réaffirmation des valeurs morales de la communauté » (Goffman, 1973, p. 41).

Le corps est donc très souvent cité dans différents travaux pour son rôle et son impact dans les modèles sociaux. Il en est de même pour le vêtement qui s’inscrit dans cette même démarche, comme le souligne Monneyron : « Il me semble possible de voir dans le vêtement, non pas une apparence accessoire et souvent trompeuse, mais un modèle social déterminant des comportements et des manières d’être » (2001, p. 207). Ainsi, le corps et le vêtement s’inscrivent dans la culture bancaire et, en ce sens, ils contribuent à véhiculer certaines valeurs présentes dans ces institutions financières, valeurs que nous chercherons à décrypter.

2.1. L’apparence, reflet de valeurs professionnelles bancaires

L’apparence apparaît donc comme un vecteur de transmission, mais aussi de représentation des valeurs professionnelles propres au milieu bancaire. C’est le cas du corps qui véhicule par les manières d’être, de se tenir, de se mouvoir, certaines valeurs professionnelles fortement ancrées dans le secteur bancaire, comme la confiance qui repose notamment sur le sérieux, le respect, la retenue, etc. Le vêtement aussi traduit et révèle toute cette dimension de valeurs professionnelles ancrées dans les institutions rencontrées et c’est précisément en ce sens que notre étude s’est orientée. D’abord en référence à la posture de Barthes qui affirme que

« C’est donc expressément au niveau de la société que le vêtement doit se décrire, non en termes de formes esthétiques ou de motivations psychologiques, mais en termes d’institution ; l’historien et le sociologue n’ont pas à étudier seulement des goûts, des modes ou des commodités ; ils doivent recenser, coordonner et expliquer des règles d’assortiment ou d’usage, des contraintes ou des interdictions, des tolérances et des dérogations ; ils doivent recenser non des "images" ou des traits de mœurs, mais des rapports et des valeurs » (Barthes, 1957, p. 434).

Parmi les valeurs chères à ces institutions financières, la notion de confiance apparaît comme le socle fondateur des métiers bancaires33 comme dans beaucoup d’activités intrinsèquement liées à l’argent. Le corps, comme le vêtement, s’inscrivent dans un système de règles correspondant à un ensemble de valeurs prônées et recherchées par les banques, constituant ainsi une part de la culture bancaire. D’ailleurs, d’après Roux, l’importance de l’apparence

comme vecteur de valeurs serait d’autant plus forte dans un métier financier, notamment dans les fonctions commerciales visées dans le cadre de notre étude.

« Ce sont néanmoins les professions de service qui s’occupent de dimensions personnelles ou intimes des clients et parmi elles, les professionnels de l’argent, qui sont le plus tenus de manifester ce sérieux dans leurs habits et dans leurs habitus. Dans ce domaine, comme dimension de l’individu sur laquelle le travail de service agit, l’argent tient une place prééminente, analogue à celle du corps et des

affaires et problèmes personnels, parce qu’il n’est pas seulement une dimension individuelle, mais qu’il est constitué en territoire du moi. Ainsi, le sérieux des professionnels bancaires, qui exsude de leurs habits, de leur verbe parcimonieux et occasionnellement de leur politesse "navrée", est proche de celui des comptables ou des notaires, autres professions de l’argent ; mais aussi de celui d’autres professions travaillant "sur" d’autres dimensions intimes, comme les entrepreneurs de pompes funèbres » (Roux, 2007, p. 4).

Ce constat sur la façon dont l’apparence dans les métiers bancaires manifesterait certaines valeurs qui y règnent est repris par les professionnels interrogés. Il est exprimé dans notre corpus à travers notamment cet extrait d’entretien qui souligne le lien entre la confiance nécessaire dans la pratique du métier et la façon dont elle s’instaure par le vêtement et le corps.

«[…]c’est quand même des clients qui nous livrent une grande partie de leur vie donc ils ont quand même besoin d’avoir ce climat de confiance, heu, je dirais l’image du banquier quand même qui inspire confiance parce que c’est quelqu’un de sérieux, c’est quelqu’un qui connaît son travail, c’est quelqu’un … on sait que ce qu’on va lui raconter ça va pas être disséminé aux quatre vents dans les jours qui viennent. Donc l’aspect vestimentaire… j’irais plus loin c’est plus l’allure aussi. C’est pas uniquement les habits qu’on peut porter mais ce qu’on dégage, je pense que ça c’est très, très important et le client a une grande attente par rapport à ça et je pense qu’un client qui ne retrouverait pas ce qu’il attend par rapport à ça, ça peut l’amener effectivement à perdre confiance et puis changer de banque et de conseiller dans le meilleur des cas » (Monsieur Wi., Banque A).

Ainsi, l’instauration de la confiance en banque passe par un triptyque reposant sur la tradition, la moralité et la crédibilité. Ces trois piliers sont issus de l’identification des principes généralisés domestiques du monde bancaire34

et de l’analyse du corpus. Chacun d’eux s’illustre, pour reprendre les termes de Roux, à travers « l’habit » (le vestimentaire), et « l’habitus », le corps, le comportement. Il s’appuie sur des thèmes qui ont été recensés après une analyse des interviews réalisées. Il est à souligner que le vêtement représente un thème plus présent que le comportemental dans les propos des personnes interrogées, notamment parce que l’usage de la photographie apporte un focus plus important au vêtement qu’au corps. En effet, en tant que support figé et muet, la photographie ne permet pas de mettre en

lumière la mobilité, le mouvement propre au corps ou encore le son de la voix. Il n’en reste pas moins que tous ces éléments sont cités et soulignés par un certain nombre d’interviewés. Ainsi, il apparaît que du point de vue de l’apparence, la tradition est relayée par le classique, le formel et le masculin, la moralité par le propre, le droit et l’esthétique, la crédibilité par l’authenticité et le sérieux. L’ensemble de ces éléments a pour conséquence de transmettre la marque d’un professionnalisme touchant à la fois l’institution et ses représentants.

CONFIANCE

Tradition Moralité Crédibilité

Le classique Le formel Le masculin Le propre La droiture L’esthétique L’authenticité Le sérieux

=

PROFESSIONNALISME

Ce tableau synthétise et classe les données évoquées ci-dessus en répertoriant les différentes valeurs propres au milieu bancaire qui permettent à la confiance de s’instaurer et dont le résultat est de véhiculer un professionnalisme.

2.2. L’apparence reflet de valeurs morales

L’apparence contribue donc à refléter une morale basée sur des codes qui définissent ce qui est bien et ce qui est mal dans les institutions financières. Ces règles constituent des normes qui « sont enracinées sur des valeurs qui, elles, sont inscrites dans le réel ou basées sur le symbolique et qui sont perçues par l’ensemble d’une société comme étant estimables ou désirables » (Pagès-Delon M., 1989, p. 77). Plus généralement, cela induit que, dans le monde domestique, l’apparence d’une personne ne relève pas de l’avoir mais de l’être. Elle qualifie par conséquent les individus socialement et professionnellement par rapport aux codes en référence dans le milieu professionnel dans lequel ils évoluent. Plus précisément, « dans ces conditions, être réellement un certain type de personne, ce n’est pas se borner à posséder les

attributs requis, c’est aussi adopter les normes de la conduite et de l’apparence que le groupe social y associe » (Goffman, 1973, p. 76).

Par ailleurs, l’apparence contribue à qualifier les personnes au sens où elles respectent l’ordre social établi. Cet ordre est défini comme « un ensemble de normes morales qui régulent la manière dont les gens poursuivent leurs objectifs »35

(Nizet, Rigaux, 2005, p. 95). Toujours dans cette optique, le rôle de « la présentation physique de soi semble valoir socialement pour une présentation morale » (Le Breton, 1992, p. 98). Or, parler de morale de l’apparence c’est aussi faire le lien avec « une morale comportementale, qui rend caduque la dualité corps/esprit, ou corps/âme » (Pagès-Delon, 1989, p. 108). L’apparence dénote donc le respect ou non des normes sociales, des codes sociaux, de la convenance. « En tant qu’acteurs, les individus cherchent à entretenir l’impression selon laquelle ils vivent conformément aux nombreuses normes qui servent à les évaluer, eux-mêmes et leurs produits. Parce que ces normes sont innombrables et partout présentes, les acteurs vivent, bien plus qu’on ne pourrait le croire dans un univers moral » (Goffman, 1973, p. 237).

Dans le corpus, les normes qui induisent l’univers moral en vigueur dans la banque se traduisent par des mots tels que : « respect », « normes », « codes », « règles », « discipline », « conformité », etc. D’ailleurs, certains interviewés ont clairement conscience du rôle de l’apparence comme reflet de cette moralité en soulignant l’importance d’une certaine conformité vestimentaire comme moyen de traduction des normes en vigueur dans ce secteur professionnel :

« […] il y a une certaine conformité vestimentaire en tant que telle, c’est-à dire costume cravate ou autre, mais je pense que, dans l’inconscient, le client a besoin d’avoir la certitude qu’il a en face de lui un interlocuteur de qualité, un interlocuteur compétent, un interlocuteur sérieux, qui va s’occuper de son argent dans les meilleures conditions et le meilleur moyen pour le traduire c’est une attitude vestimentaire qui est conforme à cette exigence, voilà, j’crois qu’ça c’est vraiment un sujet de fond »

(Monsieur La., Banque F).

Fondamentalement, ces normes sont : « une sorte de guide pour l’action, soutenu par des sanctions sociales » (Goffman, 1973, p. 101). Ne pas les respecter engendre une inadéquation qui bouleverse l’ordre social établi. Le résultat est qu’une situation dite de justesse, qui est naturelle lorsque l’apparence des candidats est conforme au milieu professionnel bancaire, devient problématique lorsque les codes ne sont pas respectés. Dès lors, nous étudierons dans le chapitre suivant la façon dont les recruteurs gèrent cette situation et comment elle impacte

35 Goffman E., Behavior in public places : notes on the social organization of gatherings, The free press, Glencoe, p. 8.

ou non leur jugement. Il convient donc d’étudier la genèse de ces codes, de ces normes afin de comprendre comment et pourquoi l’apparence véhicule tant de significations.

2.2.1. Une morale fondée sur des symboles

Lors de la présentation de soi, l’apparence exprime un ensemble de valeurs ayant trait à la morale par les impressions émises. Ces perceptions ont souvent un fondement symbolique et elles ont davantage de poids que la réalité, mais elles permettent d’assurer, de démontrer, de garantir aux autres que chacun respecte et maitrise les normes en vigueur de la société dans lequel il interagit. Fondamentalement, ces impressions, dont l’ancrage est symbolique, constituent une réalité et il est difficile d’en faire abstraction au sein des sociétés. En effet, « toute apparence corporelle perçue semble être imaginaire et mythique parce que à travers elle, c’est une certaine relation entre l’individu et le monde de la nature, entre l’individu et les autres, entre l’individu et la société qui se révèle. Chaque composante de l’apparence corporelle : habits, parures, soins, hygiène, etc. est investie d’un symbolisme spécifique » (Pagès-Delon, 1989, p. 152). Cette dimension fictive, mais perçue comme réelle, de l’apparence est aussi soulignée par Le Breton qui montre que le corps s’inscrit aussi dans cette démarche.

« Le signifiant corps est une fiction. Mais une fiction culturellement opérante, vivante, si celle-ci n’est pas dissociée de l’acteur et donc si ce dernier est envisagé comme corporéité au même titre que la communauté de sens et de valeur qui dessine sa place, ses constituants, ses performances, ses imaginaires, de façon changeante et contradictoire d’un lieu et d’un temps à l’autre des sociétés humaines » (Le Breton, 1992, p. 37).

La valeur symbolique de l’apparence construite à la fois sur le vêtement et sur le corps inscrit donc les composantes d’une moralité en cours dans les sociétés et les cultures.

2.2.2. Une morale fondée sur des mérites

La morale traduite par l’apparence passe aussi par l’effort et le mérite en s’inscrivant à travers le vêtement et le corps. L’apparence d’un individu peut être la marque d’un effort pratiqué par rapport à l’entretien de son corps et de sa tenue vestimentaire. En ce sens, l’effort est considéré comme une véritable valeur morale et s’inscrit donc comme une valeur sociale. Car, l’apparence reflète « une morale de l’effort » propre à notre société dans laquelle règne concurrence, compétition et compétitivité (Pagès-Delon M., 1989, p. 105). En effet, l’effort

prend appui sur la notion de séduction qu’évoque Le Breton et il est intrinsèquement lié au soin du corps considéré comme un bien qu’on ne peut laisser à l’abandon. Le chercheur développe d’ailleurs cette idée en utilisant une analogie immobilière par l’usage d’un vocabulaire spécifique notamment lorsqu’il évoque le corps comme une « Propriété de premier ordre, objet (ou plutôt sujet) de toutes les attentions, de tous les soins, de tous les investissements, il convient de bien entretenir son capital santé, faire prospérer son potentiel corporel sous la forme symbolique de la séduction » (Le Breton, 2008, p. 193). Ainsi, l’effort marque le passage d’un corps objectivé à un corps subjectivé et induit pour le sujet une responsabilisation de l’usage de son corps entraînant une forme de culpabilité. En effet, le processus repose sur le triptyque : liberté-responsabilité-culpabilité et la notion de culpabilité résulte donc de cette liberté laissée au sujet. Il s’agit même selon Foucault (1972, p. 411-412) d’une « liberté fautive » engendrant par conséquent un aspect « moral ». Par conséquent, lorsque les individus mettent en œuvre des efforts pour prendre soin de leur apparence, leur démarche est appréciée, voire considérée comme un atout. C’est le cas par exemple de certains recruteurs qui peuvent être sensibles à cette démarche vis-à-vis des candidats comme