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Chapitre 5 Discussion

28- Les interventions de soutien à l’autonomie

- Offrir des choix

- Fournir toutes les informations nécessaires à une prise de décision éclairée - Planifier les soins avec la personne

- Construire une alliance avec la personne

- Prendre en compte la perspective de la personne et ses besoins - Partager l’autorité et le pouvoir

- Partager les décisions

- Encourager, sans pression, l’initiative, l’expérimentation et la prise de responsabilités - Éviter l’usage d’un vocabulaire contrôlant

- Instaurer des limites sans nuire à l’autonomie

Explications relatives aux interventions supportant l’autonomie. Dans cette section,

des explications seront fournies par rapport aux propositions d’interventions supportant l’autonomie recueillies dans le volume de (Deci & Flaste, 2018). Ainsi, offrir des choix est un élément clé du soutien à l’autonomie puisque l’opportunité d’exercer un choix, même le plus simple, renforce la motivation intrinsèque des personnes. Toutefois, pour arriver à un choix éclairé, en toute connaissance de cause, la personne doit avoir accès à toutes les

informations nécessaires. En ce sens, elle doit connaître les options possibles, les contraintes

et ainsi de suite.

La personne doit également pouvoir faire des choix quant à ce qui la concerne, dont ses soins. C’est pourquoi elle doit participer à la planification de ses soins. Par le fait même, le professionnel de la santé doit partager l’autorité et le pouvoir pour laisser place au partage

des décisions avec la personne. Il se crée alors une alliance, un partenariat avec la personne,

dans laquelle le professionnel doit tenter de voir le monde tel que la personne le voit, pour

25Tiré et adapté de Deci et Flaste (2018).

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saisir le mieux possible sa perspective et ses besoins. Dans cette alliance visant le partage du pouvoir, le professionnel doit encourager la personne à prendre des initiatives, expérimenter et prendre des responsabilités, toujours avec en tête, l’idée que le point de départ est la perspective de la personne, et non celle du professionnel. Le soutien à l’autonomie qui en découlera prendra place à travers les encouragements et non la pression.

Enfin, la notion de prise de responsabilités est liée à celle d’instaurer des limites sans

nuire à l’autonomie. Instaurer des limites réfère au fait qu’en toute circonstance, des limites

existent. Par exemple, dans le contexte de l’éducation, Deci et Flaste (2018) donnent l’exemple de l’obligation, pour les enseignants, de se conformer aux exigences des programmes ministériels. Toutefois, malgré la présence de limites, il est toujours possible de soutenir l’autonomie malgré tout, parce qu’il « […] reste presque toujours un peu de place pour décider quoi faire […] ou comment le faire » (Deci & Flaste, 2018, p. 162). Un exemple en lien avec le domaine de la santé serait la présence d’une maladie à déclaration obligatoire pour la personne. La personne ne pourrait pas choisir de refuser la déclaration aux instances de santé publique locales et à ses proches, mais elle pourrait choisir la manière de le faire et être impliquée dans le processus de déclaration. L’instauration de limites permet aussi la prise de responsabilités par la personne, en ce sens qu’elle est consciente de l’effet de ses choix sur son entourage et en est responsable. Si elle choisit ensuite de se conformer de son plein gré, en voyant les avantages de la contrainte rencontrée, elle aura une motivation extrinsèque avec un locus de contrôle plus interne – et donc plus autonome – que si la limite lui avait été imposée de façon autoritaire. Deci et Flaste (2018) indiquent aussi que d’instaurer des limites tout en soutenant l’autonomie signifie « […] se mettre au niveau de la personne à qui les limites sont fixées, en reconnaissant que cette personne est un individu proactif, plutôt qu’un objet à manipuler ou à contrôler. » (p.56). Les limites sont nécessaires en présence de situations où un plein choix est irréalisable ou désavantageux pour la personne. Par exemple, demander de faire un choix à une personne dans une circonstance où elle n’a pas la maturité ou la capacité cognitive de faire un tel choix, ou en présence d’une situation où faire un choix est source de stress pour la personne ne serait pas avantageux pour elle et nécessite donc des limites. Les limites de choix sont aussi nécessaires dans des

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circonstances où les droits de certaines personnes pourraient être bafoués ou en présence de choix impliquant des actions dangereuses, nocives ou irresponsables.

Pour soutenir l’autonomie des personnes en présence de limites, il est aussi possible de demander aux personnes de fixer leurs propres limites ou de choisir parmi plusieurs limites. En toute circonstance, il importe d’expliquer les raisons sous-jacentes aux limites et d’inviter la personne à réfléchir au sens de leur présence. Non seulement cette façon de faire permet de faciliter l’acceptation des limites, elle permet aussi d’augmenter le sentiment de la personne de faire partie du processus décisionnel et, comme mentionné précédemment, cela permet à la personne de comprendre les limites, saisir leur sens et parfois leurs bienfaits pour elle-même, puis de les faire siennes, créant ainsi une motivation plus autonome qu’en présence de limites imposées.

Quoi faire en présence de personnes qui ne veulent pas avoir le choix. Il est possible

de rencontrer des personnes qui mentionnent ne pas vouloir choisir ni être impliquées dans les décisions. Selon Deci et Flaste (2018), il s’agit de personnes qui ont été soumises à un contrôle excessif par le passé. Ils ajoutent que des personnes suffisamment contrôlées peuvent finir par agir comme si elles voulaient être contrôlées. Ils expliquent que ces personnes utilisent cette attitude comme stratégies d’autoprotection, en cherchant des indices de ce que les personnes en autorité attendent d’elles, pour éviter les problèmes. Ces personnes semblent en effet craindre d’être évaluées, et peut-être même punies, s’ils font le mauvais choix. Il peut être donc très difficile de soutenir l’autonomie d’une personne qui est habituée à être contrôlée (Deci & Flaste, 2018). En ce sens, Deci et Flaste (2018) suggèrent d’user de patience, afin de réveiller leur nature fondamentale et les « […] aider à retrouver la situation où ils sont énergiques, intéressés et avides de défis et de responsabilités » (p.164).

L’importance de fixer des objectifs. Dans le volume de Deci et Flaste (2018), il est

aussi indiqué comment fixer des objectifs tout en respectant l’autonomie des personnes. Ils précisent que fixer des objectifs est une chose importante, puisque ceux-ci aident les personnes à se mettre en action et à demeurer motivées. Mais pour être efficaces, ses objectifs doivent être personnalisés et représenter un défi optimal pour cette personne et non pas se

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résumer à une activité d’une simplicité démotivante ou d’une complexité stressante ou anxiogène pour elle. En ce sens, il faut là encore aborder la planification des objectifs en tentant de prendre le point de vue de la personne. Pour ce faire, rien de mieux que d’impliquer les personnes dans le processus de planification, puisque « […] le soutien à l’autonomie entraîne des objectifs optimaux envers lesquels les personnes s’engageront parce qu’elles jouent un rôle actif dans la formulation de ces objectifs. » (Deci & Flaste, 2018, p. 169). Ensuite, si les personnes ont participé à la définition de leurs objectifs, ils peuvent participer à l’évaluation de leur propre performance. Et si toutefois la performance se trouve sous la norme attendue – et telle que définie par la personne au départ – Deci et Flaste (2018) suggèrent de voir cela comme un problème à résoudre et non comme un sujet à critiques. De fait, la cause n’est peut-être pas la personne et son comportement, mais plutôt des normes mal définies au départ ou mal choisies, ou encore la survenue d’imprévus. Et si toutefois la personne est en cause, considérer la situation comme un problème à résoudre demeure la meilleure façon pour parvenir à des résultats plus positifs (Deci & Flaste, 2018).

Des comportements favorisant le soutien des trois besoins fondamentaux. Williams

(2014) identifie des comportements soutenant les trois besoins psychologiques fondamentaux – dont l’autonomie – dans le cadre de la relation professionnel-patient et visant la motivation de la personne pour l’adoption de bonnes habitudes de vie ou le changement de mauvaises habitudes. Ces derniers sont présentés au tableau 29.

185 Tableau 29

29- Les comportements supportant les besoins psychologiques fondamentaux26